Une fois
arrivé sur le trône, en 1285, le nouveau roi trouva les caisses de l’Etat
particulièrement amoindries, la croisade d’Aragon (qui fut un échec, comme
nous l’avons vu précédemment.) ayant coûté très cher.
Philippe IV, désireux d’assainir les finances
publiques, décida de s’en prendre aux personnes détenant le plus d’argent :
les juifs, les banquiers lombards, et l’Eglise (rappelons que les
ecclésiastiques étaient alors exempts d’impôts.). Quelques années après, le
roi s’attaqua aussi aux riches chevaliers de l’ordre du Temple, appelés
aussi les Templiers.
Buste de Philippe IV, château de Fontainebleau, Fontainebleau.
1° Premières
mésententes –
Très rapidement, le pape Boniface VIII s’indigna
des attaques portées par le roi de France contre le clergé. Cependant, étant
alors en plein conflit avec les Aragonais de Sicile et avec la famille
Colonna,
le pape dut reconnaitre la perte des biens ecclésiastiques (c’est à la même
époque, en 1297, que Boniface VIII canonisa Louis IX.).
Cependant, après avoir maté les Colonna, le pape
décida de revenir sur sa précédente décision. En 1300, il publia une bulle
pontificale, proclamant la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir
temporel.
Cependant, Philippe IV ne l’entendit pas de cette
oreille. En 1302, il décida de réunir un concile en France, afin de
condamner le pape pour ses propos. En outre, il convoqua aussi une assemblée
de nobles et de bourgeois parisiens à Notre Dame de Paris (il s’agissait de
la première réunion des Etats Généraux, même si cette appellation
n’était pas encore utilisée.).
En outre, afin de s’assurer du soutien de ses
sujets, les légistes de Philippe IV n’hésitèrent pas à falsifier la bulle
pontificale, la rendant injurieuse à l’égard du roi et de la France.
Les assemblées soutenant Philippe IV, ce dernier
décida alors d’envoyer une petite troupe armée en Italie, commandée par
Guillaume de Nogaret (ce dernier était un juriste, originaire du
Languedoc.). Ce dernier avait comme mission de capturer le pape, et de le
ramener en France afin de le juger et de le déposer.
2° L’attentat
d’Anagni (septembre 1303) – Une fois
arrivé en Italie, Guillaume de Nogaret rencontra les Colonna, qui étaient
toujours farouchement opposés au pape. Sciarra Colonna, un des
membres de la famille, décida de se joindre à la troupe française,
accompagné de ses hommes.
Formant dorénavant une escouade de plus d’un
millier d’hommes, Guillaume de Nogaret et Sciarra Colonna avancèrent vers
Anagni, ville où s’était réfugié le pape après avoir entendu que les
Français étaient à sa recherche (il s’agissait aussi de sa ville de
naissance.).
Lorsque Nogaret et Colonna rentrèrent dans le
palais épiscopal, ils s’aperçurent que le pape avait été abandonné par ses
partisans. Boniface VIII, assis sur son trône, déclara voici ma tête,
voici ma tiare ; je mourrai, certes, mais je mourrai pape. Selon
certains écrits, Sciarra Colonna, furieux contre le pape, aurait giflé ce
dernier avec son gantelet de fer, le faisant tomber à terre.
L'antentat d'Agnani, par A. DE NEUVILLE,
gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT,
France, 1875.
Boniface VIII fut alors fait prisonnier par la
petite troupe. Cependant, les habitants de a ville, honteux et confus
d’avoir abandonné le pape, décidèrent de contre attaquer : ils chassèrent
les Français et libérèrent le pape. Cependant, ce dernier mourut un mois
après, atteint de folie, sans doute ébranlé par sa dure captivité.
3° Philippe IV et le
nouveau pape –
Suite à l’attentat d’Anagni, beaucoup se rendirent
compte qu’il valait mieux ne pas s’opposer au roi de France. Suite à la mort
du pape, il y eut une année d’interrègne (les cardinaux italiens et français
s’opposant sur le choix du nouveau pape.).
La mort de Boniface VIII, par
Boccace, enluminure issue de l'ouvrage de casibus, France, XV°
siècle.
Finalement, le Français
Clément V qui fut élu (il fut le premier pape à s’installer dans le
Comtat Venaissin,
imité ultérieurement par ses nombreux successeurs.).
Le nouveau pape, allié du roi de France, fut donc
d’une aide précieuse à Philippe IV, lors de son conflit contre l’ordre du
Temple.
Le pape Clément V (?), copie en plâtre d'une sculpture de la cathédrale
Saint André à Bordeaux, XIV° siècle, Cité de l'architecture, Paris.
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