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Mythologie
 
 

 

 

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Les Carolingiens

 

CHAPITRE DEUXIÈME : Charlemagne (768 à 814)


III : Charlemagne et la papauté

 

            1° L’élection de Léon III au sacre de Charlemagne (décembre 795 à décembre 800) – En décembre 795, le pape Adrien I° mourut. Charlemagne, qui était un proche du défunt, voulut composer lui même son épitaphe, qui est parvenue jusqu’à nous.

Peu de temps après, fut élu un nouveau souverain pontife, Léon III, qui eut comme son prédécesseur des relations amicales avec le roi des Francs. Il lui envoya une ambassade solennelle pour lui offrir les clefs du tombeau de Saint Pierre et l’étendard de Rome ; c’était reconnaître en Charlemagne le défenseur de la papauté.

 

a) L’attentat d’avril 799 : cependant, Léon III, accusé d’avoir des mœurs dissolues, se trouva rapidement confronté à l’aristocratie romaine. Ainsi, le nouveau souverain pontife fut encore plus dépendant de Charlemagne que ne l’était son prédécesseur.

 

Le 25 avril 799, le pape fut agressé par les neveux d’Adrien I° au cours d’une procession. Jeté bas de sa monture, Léon III fut roué de coup et dépouillé de ses habits pontificaux. Selon certaines chroniques, ses agresseurs lui auraient crevé les yeux et tranché la langue, membres qui auraient plus tard repoussé miraculeusement.

Le supplice de Léon III, enluminure issue de l'ouvrage Grandes Chroniques de France, Paris, France, XIV°siècle.

Enfermé dans un monastère dans l’attente d’un jugement, Léon III fut alors délivré par le duc de Spolète, accompagné de missi envoyés par Charles.

  

b) Léon III et Charlemagne (été 799) : cependant Le pape se rendit alors à Paderborn, où il fut accueilli par le roi des Francs. Puis, à l’issue d’une courte procédure, Léon III fut disculpé des crimes dont il était accusé.

Le Saint-Père resta encore un mois en Saxe, ou il s’entretint à plusieurs reprises avec Charlemagne. Certains historiens pensent que les deux hommes auraient évoqué la renaissance de l’Empire d’occident (l’idée d’une restauration impériale avait fait son apparition à compter des années 790).

 

A l’automne 799, Léon III rentra à Rome, accompagné d’évêques francs chargés de récolter des informations sur l’attentant du mois d’avril. Selon les sources, le pape aurait été bien accueilli à son retour.

 

            2° Le nouveau sacre de Charlemagne, la renaissance de l’Empire d’occident (noël 800) – Charlemagne, quant à lui, décida de se rendre à Rome en personne, afin d’y rétablir le bon ordre. Il arriva dans la capitale romaine en novembre 800, et fut reçut comme il se devait.

 

a) Le procès de Léon III (novembre à décembre 800) : le roi des Francs convoqua donc une assemblée, composée de prélats francs et romains, destinée à juger les responsables de l’attentat d’avril 799. Les accusés renoncèrent alors à accuser le pape, rejetant la responsabilité du crime les uns sur les autres. Ces derniers furent condamnés à mort, mais la sentence fut finalement commuée en bannissement.

Léon III, afin d’être définitivement lavé de tout soupçon, prêta serment en déclarant être innocent des crimes qu’on lui reprochait.

Le serment de Léon III, XVI° siècle, musée du Vatican, Rome.

 

b) La renaissance de l’Empire d’occident (noël 800) : à l’issue du procès, les prélats discutèrent de l’accession de Charlemagne à la couronne impériale.

 

A cette date, le roi des Francs avait réussi à imposer son autorité sur un territoire immense, ayant comme frontière les Pyrénées, l’Oder, et le sud de la péninsule italique.   

En raison de la toute puissance de Charlemagne, la papauté avait peu à peu rompu ses relations avec Constantinople, le roi des Francs étant jugé plus capable d’assurer la défense de Rome que les souverains byzantins.

Cependant, outre les différents politiques, la cassure entre Rome et Constantinople fut amplifiée par les querelles religieuses. Ainsi, la papauté était hostile à la querelle de l’iconoclasme[1] ; le patriarche grec n’appréciait guère les innovations romaines en matière de foi (condamnation de plusieurs conciles orientaux ; célibat des prêtres ; Saint esprit qui procède du père, mais aussi du fils[2] ; etc.).

 

Le jour de noël de l’an 800, alors que la messe était célébrée dans la basilique Saint Pierre de Rome[3]. Alors qu’il priait, Charlemagne fut couronné Empereur d’occident par Léon III.

Le couronnement de Charlemagne, par Henry-Paul LEVY, 1874, le Panthéon.

Le roi des Francs fut fort courroucé par la démarche du pape, et protesta à la sortie de la messe, disant qu’il ne serait pas venu s’il avait été mis au courant des intentions du souverain pontife.

 

c) Charlemagne mécontent du couronnement ? : aujourd’hui, les sources dont nous disposons se contredisent concernant le couronnement impérial. Ainsi, Charlemagne fut t’il courroucé par le couronnement, ou bien par les modalités du couronnement ?

 

Dans la première hypothèse, l’on pourrait penser que le roi des Francs considérait qu’il avait autorité sur Rome (lui et son père Pépin III avaient sauvé les romains à maintes reprises contre les assauts lombards), et donc qu’il était le seul à pouvoir se couronner. Le pape, au contraire, affirmait ici le pouvoir spirituel de la papauté, supérieur au pouvoir temporel de Charlemagne[4].

Toutefois, il semble peu probable que le roi des Francs n’ait pas été averti de son propre sacre (la restauration impériale avait été évoquée lors des discussions de l’été 799, puis par l’assemblée des prélats en novembre 800). Ainsi, certains historiens pensent que Charlemagne aurait feint la colère, afin de se concilier les bonnes grâces des souverains byzantins, qui se considéraient comme seuls Empereurs légitimes.

 

Dans la seconde hypothèse, partagée par des travaux de recherche récents, Charlemagne aurait été courroucé par les modalités du sacre. Ainsi, le rituel traditionnel était celui de la proskynèse[5], qui exigeait une prosternation devant l’Empereur.

Au contraire, c’est alors que Charlemagne était à genoux que Léon III posa la couronne impériale sur sa tête[6].

Le sacre de Charlemagne, par Jean Fouquet, enluminure issue de l'ouvrage Grandes chroniques de France, Paris, France, XV°siècle.

 

Quoi qu’il en soit, pour la première fois depuis 476, un Empereur régnait sur une grande partie de l’Occident.

 

d) Les suites du sacre impérial : côté byzantin, le sacre de Charlemagne fut considéré comme une félonie, car les insignes du dernier Empereur d’occident avaient été envoyés à Constantinople en 476. Ainsi, les Grecs considéraient que Rome n’avait aucune autorité pour rétablir la dignité impériale, cette dernière étant en outre subordonnée à l’Eglise.

 

Toutefois, l’Impératrice Irène décida d’offrir sa main à Charlemagne, cette dernière étant soucieuse de réunir les deux Empires. Toutefois, ce projet fit long feu, car Irène fut renversée en octobre 802.

Ce n’est qu’une décennie plus tard que Charlemagne fut reconnu par les souverains byzantins.

Charlemagne portant la couronne impériale, par Albrecht DURER, vers 1514, Deutsches historisches museum, Berlin.

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[1] L’iconoclasme apparut à Constantinople à compter de 726 (ce mot provient du grec eikon (‘icône’.) et klastein (‘casser’.). Les iconoclastes étaient donc des destructeurs d’images). L’objectif était de mettre fin à l’adoration des représentations divines, assimilée à de l’idolâtrie par les souverains byzantins. La querelle de l’iconoclasme (à laquelle l’Eglise romaine était hostile) s’éteignit à compter de la fin du VIII° siècle.    

[2] La querelle du filioque empoisonna les relations entre Rome et Constantinople pendant plusieurs siècles. Selon les orthodoxes, le Saint esprit procède uniquement du Père.

[3] La basilique Saint Pierre de Rome avait été érigée au IV° siècle par l’Empereur Constantin. Au XVI° siècle, l’édifice, passablement dégradé, fut détruit pour donner naissance au monument que nous connaissons aujourd’hui.

[4] Le conflit entre les papes et les empereurs prendront une tournure sanglante au XIII° siècle.

[5] Ce dernier, hérité des Perses, avait été adopté par Alexandre le Grand. Le rituel fut plus tard repris par l’Empereur Dioclétien, et subsista à Constantinople jusqu’au XV° siècle.

[6] Un millier d’années plus tard, en décembre 1804, Napoléon prit soin de se couronner lui-même, en présence du pape. Voir à ce sujet le 4, section I, chapitre deuxième, l’épopée napoléonienne.  

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