II : Les souverains de
la XXVI° dynastie (VII°
siècle à VI° siècle avant Jésus Christ)
1° Psammétique I° (vers 664 à 610
avant Jésus Christ) – Dans sa jeunesse, alors qu’Assurbanipal avait
confirmé les droits de Nekao I° sur le trône de Saïs, Psammétique fut
vraisemblablement emmené en tant qu’otage par les Assyriens, et vécut
quelques années à la cour de Ninive[1].
Stèle à l'effigie d'Assur-Sharat, épouse
d'Assurbanipal, VII° siècle avant Jésus Christ, Pergamon museum, Berlin.
Revenant en Egypte quelques années plus tard,
Psammétique commença par prêter main forte à son père, puis, à la mort de ce
dernier, le jeune homme hérita du trône de Saïs (664 avant Jésus Christ.).
Tête de pharaon, sans doute Psammétique I°, musée du Louvre, Paris.
A
noter que le défunt, comme nous l’avons indiqué plus tôt, n’était pas le
fondateur de la XXVI° dynastie, mais seulement le quatrième membre de cette
lignée.
Psammétique, dès le début de son règne, profita des troubles qui
ensanglantaient alors l’Egypte afin d’augmenter son pouvoir.
En
effet, à cette époque, les Assyriens avaient pénétré une fois de plus en
Egypte, afin de punir les intrigues de Tanoutamon, dernier souverain de la
XXV° dynastie. Le pharaon, écrasé par les armées d’Assurbanipal, fut
contraint de se réfugier en Nubie, où il ne fut pas pourchassé[2].
Char assyrien, fragment de relief du
palais de Ninive, VII° siècle avant Jésus Christ, Pergamon museum, Berlin.
S’appuyant sur ces mercenaires cariens et ioniens, Psammétique sut profiter
du vide causé par l’éviction de Tanoutamon. Le roi de Saïs parvint ainsi à
assoir rapidement sa domination sur la Basse Egypte (Neferkarê et son fils
Penamon, gouverneurs de Tanis, firent rapidement soumission).
Contrepoids de collier au nom de Psammétique I°, musée du Louvre, Paris.
Toutefois, bien que s’étant emparé de la moitié nord de l’Egypte,
Psammétique dut attendre plusieurs années avant de pouvoir réunifier le
pays.
Finalement, vers 655 avant Jésus Christ, le roi de Saïs se fit reconnaitre à
Thèbes, cité encore très liée à la dynastie des pharaons nubiens.
Psammétique convainquit alors la divine adoratrice d’Amon, Amenardis II
(sœur de Taharqa.), d’adopter sa fille Nitocris[3].
Couvercle de boîte au nom de Nitocris, divine adoratrice d'Amon, musée du
Louvre, Paris.
La princesse Nitocris
intronisée "divine adoratrice d'Amon" (Amon, à droite, intronise la jeune
fille en posant la main sur sa tête ; Horus, à gauche, participe à la
cérémonie.), musée du Louvre, Paris.
En
outre, les derniers partisans des Nubiens furent chassés de la cité.
Suite à la réunification de l’Egypte, Psammétique décida de faire de Memphis
la nouvelle capitale de son royaume. Ce souverain s’attacha à réorganiser
l’administration et l’armée, s’appuyant sur des mercenaires grecs (armée de
terre.) et phéniciens (marine.).
Stèle de Psammétique I° (le pharaon, maître des Deux Terres, est représenté
faisant des dévotions au dieu Atoum.), British museum, Londres.
A
noter que de nombreux Grecs vinrent s’installer en Egypte, y fondant
plusieurs colonies.
Par ailleurs, Psammétique parvint à s’affranchir de la tutelle assyrienne,
le royaume connaissant un conflit de succession suite au décès
d’Assurbanipal, vers 627 avant Jésus Christ.
Toutefois, la domination de Psammétique ne se fit pas sans heurts. En effet,
plusieurs chefs libyens du delta décidèrent de se révolter contre le nouveau
pharaon, vers 653 avant Jésus Christ. Psammétique décida alors de riposter,
et parvint à vaincre ses adversaires après plusieurs mois de campagne.
Psammétique, régnant pendant plus de cinquante ans, tenta tant bien que mal
de redonner à l’Egypte une partie de son éclat d’antan.
Psammétique présente une image du dieu Osiris, musée du Louvre, Paris.
2° Nekao II (vers 610 à 595 avant Jésus
Christ) – Suite à la disparition de Psammétique, ce fut son fils
Nekao II (que le défunt pharaon avait eu avec son épouse
Mehetenoueskhet.) qui monta sur le trône.
a)
La mort d’Assurbanipal, la naissance du royaume de Babylone : à cette
époque, comme nous l’avons vu précédemment, le royaume d’Assyrie était en
pleine crise, suite aux problèmes liés à la succession du défunt
Assurbanipal.
Ce
dernier, décédé vers 626 avant Jésus Christ, avait désigné son fils
Assuretililâni pour lui succéder. Toutefois, l’autorité du nouveau
souverain fut rapidement contestée par Nabopolassar, gouverneur de
Babylone (la cité était alors nominativement sous contrôle assyrien.).
Assuretililâni décida donc de livrer bataille contre les insurgés, mais
trouva la mort lors de l’affrontement. Nabopolassar, victorieux, décida de
se faire proclamer roi de Babylone, tandis que Sinshariskhun, frère
du défunt, se fit proclamer roi d’Assyrie.
Maquette de la ville de Babylone au V°
siècle avant Jésus Christ, Pergamon museum, Berlin.
Par la suite, les Babyloniens parvinrent à l’emporter sur les Assyriens à
plusieurs reprises, s’emparant même de Ninive, leur capitale (vers 612 avant
Jésus Christ.). Assur Uballit II, successeur de Sinshariskhun, décida
alors de déplacer la capitale de son royaume à Harran, cité qui fut
également prise vers 610 avant Jésus Christ (la capitale fut alors déplacée
à Karkemish.).
b)
Nekao II contre les Babyloniens : vers 609 avant Jésus Christ, Nekao
II décida de porter secours aux Assyriens, vaincus à plusieurs reprises par
les Babyloniens.
Traversant le Proche Orient afin de rejoindre les troupes d’Assur Uballit
II, Nekao II fut stoppé par les armées de Josias, roi de Juda.
L’objectif de ce dernier était d’empêcher les Egyptiens de prêter main forte
aux Assyriens.
Les deux armées s’affrontèrent alors au cours de la bataille de Megiddo[4],
au cours de laquelle le roi Josias trouva la mort. Les Egyptiens sortirent
donc vainqueurs de l’affrontement, leurs adversaires ayant quitté le champ
de bataille suite au décès de leur souverain.
Selon la Bible, le trône de Juda échut à Joachaz, fils cadet de
Josias. Cependant, fort de sa victoire, Nekao II décida de s’emparer du
nouveau souverain et le fit prisonnier. Par ailleurs, il exigea un tribut et
plaça Eliakim, fils aîné de Josias, sur le trône de Juda (ce dernier
prit alors le nom de Joachim.).
Nekao II, reprenant son voyage vers Karkemish, nouvelle capitale du royaume
assyrien, arriva sous les murs de la ville vers 605 avant Jésus Christ (les
Egyptiens avaient livré quelques combats contre les Babyloniens avant
d’arriver dans la capitale.).
C’est alors que Nabuchodonosor II (qui avait succédé à son père
Nabopolassar vers 605 avant Jésus Christ.), décida de s’attaquer à ses
ennemis.
Toutefois, bien qu’assistés par les Egyptiens, les Assyriens furent
finalement vaincus suite à la bataille de Karkemish.
Le
royaume d’Assyrie cessa d’exister et Nekao II dut rentrer précipitamment en
Egypte, abandonnant ses possessions au Proche Orient.
L'Egypte et les royaumes d'Asie (600 avant Jésus Christ).
c)
Nekao II, politique intérieure et fin de règne : Nekao II, de retour
en Egypte, décida de se concentrer sur le développement du commerce en
Méditerranée et en Afrique.
Entreprenant de creuser un canal reliant le Nil à la Mer Rouge, ce pharaon
aurait aussi chargé une flotte phénicienne de réaliser une circumnavigation[5]
du continent africain (selon l’historien grec Hérodote.).
Ce
pharaon mourut vers 595 avant Jésus Christ, après une quinzaine d’années de
règne.
3° Psammétique II (vers 595 à 589 avant Jésus
Christ) – Peu après la disparition de Nekao II, ce fut Psammétique
II (un fils que le défunt avait eu avec son épouse Chapenouapet.)
qui s’empara du pouvoir.
a)
Politique extérieure, alliances contre Babylone : le nouveau
souverain, dès le début de son règne, se rendit compte du danger que
représentait l’expansionnisme babylonien, orchestré par Nabuchodonosor II.
Cylindre gravé au nom de Nabuchodonosor II, VI° siècle avant Jésus Christ,
musée du Vatican, Rome.
Psammétique II, soucieux de contrecarrer les projets de son adversaire,
décida donc de mettre en place une politique d’alliances avec les petits
royaumes du Proche Orient (il s’empara en outre de certaines cités
réticentes, s’appuyant sur les mercenaires grecs qui combattaient au sein de
l’armée égyptienne.).
b)
La guerre contre le royaume de Napata : toutefois, Psammétique II fut
attaqué sur ses arrières par les souverains du royaume de Napata, qui
n’avaient pas perdu espoir de s’implanter à nouveau dans la moitié sud du
pays (leurs ancêtres, pharaons de la XXV° dynastie, étaient parvenus à
s’emparer de toute l’Egypte avant d’en être chassés par les Assyriens[6].).
Anlamani, roi de Napata, fut le premier à passer à l’offensive. Puis,
suite à son décès vers 593 avant Jésus Christ, ce fut son frère Aspelta
qui continua la lutte.
Statuette à l'effigie d'Amanimalel,
belle-mère d'Anlamani, vers 630 avant Jésus Christ, Neues museum, Berlin.
Psammétique II décida alors de riposter. Pénétrant en territoire ennemi, le
pharaon s’empara sans coup férir des plus importantes cités du royaume, et
les livra au pillage.
Les Egyptiens furent alors confrontés à l’armée nubienne, mais cette
dernière fut vaincue suite à la bataille de Pnoubs.
Par la suite, Psammétique II mit le siège devant Napata, la capitale
nubienne, qui chuta faute de secours. La cité fut elle aussi pillée, et ses
nombreux trésors durent rapatriés en Egypte.
Les souverains de Nubie, vaincus, furent alors contraints de se replier sur
Méroé, cité qui devint la nouvelle capitale du royaume.
Gourde au nom de Psammétique II, musée du Louvre, Paris.
Suite à cette campagne, les statues représentant les pharaons nubiens de la
XXV° dynastie furent martelées ou retaillées (l’on supprima l’un des deux
uraeus ornant le front de ces souverains, symboles de leur domination sur
l’Egypte et la Nubie.).
Psammétique II rentra en Egypte vers 591 avant Jésus Christ, à l’issue d’un
conflit qui fut sans doute plus long et plus difficile que ne le laissent
présager les sources égyptiennes.
En
effet, le pharaon décida de ne pas poursuivre l’ennemi, mais préféra retirer
ses troupes. L’armée égyptienne avait sans doute accusé d’importantes pertes
suite à cette expédition.
c)
Activité architecturale et fin de règne : Psammétique II, souverain
conquérant, sut aussi être un souverain bâtisseur. Soucieux d’imiter ses
lointains prédécesseurs, ce pharaon fit ériger plusieurs monuments : une
chapelle dédiée au dieu Osiris à Karnak, une autre à Philae (relatant sa
campagne contre les Nubiens.), un obélisque dans le grand temple de Râ à
Héliopolis[7],
etc.
Obélisque du Montecitorio, Rome (à la fin
du I° siècle avant Jésus Christ, l'Empereur Auguste emporta cette œuvre à
Rome, symbole de sa victoire contre l'Egypte.).
A
noter que ce souverain fit marteler les inscriptions portant le nom de son
père, Nekao II (les raisons de son geste nous sont aujourd’hui méconnues.).
Psammétique II mourut vers 589 avant Jésus Christ, à l’issue d’un règne
court mais marquant.
Il
fut vraisemblablement inhumé dans la nécropole royale de Saïs, mais son
tombeau fut sans doute pillé suite à la première invasion perse[8].
4° Apriès (vers 589 à 570 avant Jésus Christ)
– A la mort de Psammétique II, ce fut son fils Apriès (que le
défunt avait eu avec son épouse Takhout.) qui s’empara du pouvoir.
Tête de pharaon, peut être
Apriès, musée du Louvre, Paris.
a)
Politique extérieure, alliances contre Babylone, chute de Jérusalem :
le nouveau souverain, à l’instar de son père, décida de multiplier les
alliances au Proche Orient afin de contrecarrer la toute puissance des
Babyloniens.
Toutefois, Apriès ne put rien faire lorsque Nabuchodonosor II décida de s’en
prendre au royaume de Juda, alors gouverné par le roi Sédécias (à
noter qu’il était un des fils de Josias.). En effet, les armées égyptiennes
envoyées en renfort furent rapidement vaincues par les Babyloniens.
De
ce fait, Jérusalem, la capitale, fut assiégée vers 589 avant Jésus Christ,
et selon la Bible, le siège dura pendant 18 mois.
Les Babyloniens finirent cependant par faire céder leurs adversaires, et la
cité, livrée au pillage, fut réduite à l’état de ruines. Sédécias, capturé,
assista à l’exécution de ses fils, et eut les yeux crevés (capturé par
Nabuchodonosor II, le roi déchu mourut en captivité dans des conditions que
nous ignorons aujourd’hui.).
Nabuchodonosor II fait aveugler Sédécias, après avoir mis ses fils à mort,
par Vincentius Bellovacensis, enluminure issue de
l'ouvrage Speculum historiale, France, XV°siècle.
Nabuchodonosor II fait exécuter les fils de Sédécias, par François Xavier
FABRE, 1787, Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts, Paris.
b)
L’expédition de Lybie, le coup d’Etat d’Ahmosis II : Apriès, quant à
lui, fut appelé à l’aide par un souverain de Libye, ce dernier étant en
proie aux attaques des Grecs, qui tentaient de s’implanter dans la région.
Le
pharaon préféra alors ne pas faire appel à ses mercenaires grecs, et envoya
en Libye un contingent composé uniquement de combattants égyptiens.
Toutefois, cette troupe se fit écraser par les Grecs de la cité de Cyrène.
La
nouvelle de cet échec provoqua des remous en Egypte, les militaires
égyptiens s’attaquant aux mercenaires (Grecs pour la plupart.) composant
l’armée royale.
Par la suite, un coup d’Etat orchestré par l’armée destitua Apriès, et porta
Ahmosis II au pouvoir (à noter que ce dernier avait participé à
l’expédition de Psammétique II contre le royaume de Napata.).
Tête d'Ahmosis II, vers 550 avant Jésus
Christ, Neues museum, Berlin.
c)
Activité architecturale d’Apriès : à noter qu’Apriès, au cours de son
règne, fit ériger plusieurs monuments : des obélisques dans le temple de
Neith à Saïs, un palais à Memphis, ainsi que quelques sphinx (dont l’un fut
retrouvé récemment dans les eaux d’Alexandrie.).
Sphinx à l'effigie d'Apriès,
musée du Louvre, Paris.
5° Ahmosis II (vers 570 à 526 avant Jésus
Christ) – Aujourd’hui, nous ne savons que peu de choses sur la vie
d’Ahmosis II avant son couronnement (à noter que ce souverain est souvent
désigné sous son nom grec, Ahmosis ou Amasis ; son nom de Sa Râ,
Iâhmes, signifie « né de la lune. »).
Buste d'Ahmosis II, musée du Louvre, Paris.
a)
L’usurpation d’Ahmosis II : issu d’une famille de militaires
d’origine libyenne, Ahmosis II épousa très tôt le métier des armes,
participant, comme nous l’avons évoqué précédemment, au conflit mené par
Psammétique II contre le royaume de Napata[9].
Buste de Tashereteneset, mère de pharaon (le nom du souverain fut effacé
suite aux invasions perses ; peut être s'agissait il d'Ahmosis II.), British
museum, Londres.
Quelques années après, suite à l’échec d’Apriès en Cyrénaïque, ce dernier
envoya Ahmosis II auprès des insurgés, afin de tenter de mettre fin à la
crise.
Toutefois, Ahmosis II, au lieu d’obéir aux ordres du pharaon, préféra
prendre la tête des rebelles et s’empara du pouvoir.
Apriès, chassé d’Egypte vers 570 avant Jésus Christ, décida de rejoindre la
cour de Babylone afin de trouver des renforts[10].
Nabuchodonosor II accueillit Apriès avec faste, et lui confia une petite
armée.
Toutefois, les efforts du pharaon déchu furent vains : en effet, ses troupes
furent vaincues par celles d’Ahmosis II au cours d’une bataille, et Apriès
lui-même trouva la mort au cours de l’affrontement (vers 567 avant Jésus
Christ.).
b)
La mort de Nabuchodonosor II, coup d’envoi de la Reconquista égyptienne
: suite à la disparition d’Apriès, Ahmosis II avait dès lors les mains
libres (à noter qu’il épousa une des filles de son défunt rival, afin
d’assoir son autorité[11].).
De ce fait, à l’instar de ses prédécesseurs, le nouveau pharaon décida de se
lancer dans une politique radicalement anti-babylonienne, ces derniers se
faisant alors de plus en plus menaçants.
Toutefois, Ahmosis II bénéficia de circonstances favorables, car la mort de
Nabuchodonosor II, vers 562 avant Jésus Christ, entraîna une longue querelle
de succession dont le royaume de Babylone ne se releva pas.
Le
pharaon, décidant donc de profiter de la situation, marcha sur le Proche
Orient, s’emparant de nombreux territoires, et parvint même à s’emparer de
l’île de Chypre (pour la première fois de l’histoire de l’Egypte.).
A
cette époque, la renaissance saïte atteignit son apogée : en effet,
les frontières de l’Egypte étaient alors semblables à celle du Nouvel
Empire, et dans un contexte géopolitique bien plus ambigu qu’au cours des
siècles précédents (ces possessions furent toutefois bien moins durables.).
Gourde au nom d'Ahmosis II, musée du Louvre, Paris.
c)
Commerce, activité architecturale, relations extérieures : Ahmosis
II, à l’instar de ces prédécesseurs, entretint de bons rapports avec les
Grecs. Recrutant toujours des mercenaires en provenance de Grèce, le pharaon
s’allia avec plusieurs cité hellénistiques, envoya des offrandes au temple
d’Apollon à Delphes[12],
et accueillit de nombreux penseurs grecs à sa cour.
Cette bonne entente avec les cités grecques favorisa une forte croissance
des activités commerciales de l’Egypte. Par ailleurs, certaines villes
maritimes ouvrirent leurs portes aux colons grecs, qui purent s’installer
dans certains quartiers de la cité afin de favoriser les échanges
commerciaux.
Récoltant d’importantes richesses (en outre, Ahmosis II mit en place une taxe
sur les revenus du clergé.), ce souverain, à l’instar de ses nombreux
prédécesseurs, se lança dans une intense activité architecturale.
Ainsi, il fit reconstruire le temple d’Osiris à Abydos, embellit le temple
de Philae, etc.
Tête de pharaon, peut être Ahmosis II (ou Apriès ?), musée du Louvre, Paris.
Toutefois, malgré cette apparente prospérité, un nouveau royaume se faisait
de plus en plus menaçant. En effet, les Perses, sous la domination de
leur roi Cyrus II, grignotaient peu à peu les possessions des
Babyloniens
(membre de la
dynastie des Achéménides, le père de ce souverain, Cambyse I°,
s’était emparé du trône de Perse au cours de la première moitié du VI°
siècle avant Jésus Christ[13].).
Tête de Perse
,
XXVII° dynastie, 525 à 404 avant Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.
De
ce fait, Ahmosis II décida de passer une alliance avec Nabonide, roi
de Babylone, ainsi qu’avec Crésus, roi de Lydie (la Lydie était une
région se trouvant dans la moitié ouest de l'Asie Mineure ; à ne pas
confondre avec la Libye, située à l'ouest de l'Egypte.).
Toutefois, les efforts d’Ahmosis II furent vains, car Crésus fut vaincu par
Cyrus II vers 548 avant Jésus Christ ; Nabonide fut emprisonné suite à la
prise de Babylone par les Perses vers 539 avant Jésus Christ.
Suite à ces évènements, les Perses, menés par Cambyse II (Cyrus II
était décédé vers 529 avant Jésus Christ dans des circonstances méconnues.),
ne tardèrent guère à marcher contre l’Egypte…
Tombe de Cyrus II, Pasargades, Iran.
C’est dans ce contexte sombre qu’Ahmosis II mourut, vers 526 avant Jésus
Christ.
Vraisemblablement inhumé dans la nécropole royale de Saïs, le tombeau de ce
pharaon fut sans doute pillé suite à la première invasion perse.
6° Psammétique III (vers 526 à 525 avant Jésus
Christ) – Suite au décès d’Ahmosis II, ce fut son fils, Psammétique
III, qui s’empara du pouvoir.
Toutefois, ce dernier ne sut profiter des acquis que lui avait légué son
père, se retrouvant confronté au puissant roi de Perse Cambyse II, moins
d’un an après son accession au trône.
En
effet, vers 525 avant Jésus Christ, les Perses décidèrent de passer à
l’offensive. Dans un premier temps, ils s’emparèrent des possessions
égyptiennes au Proche Orient, puis franchirent le Sinaï.
Psammétique III, à cette époque, pensait pouvoir s’appuyer sur ces alliés
grecs, situés en Afrique, en Grèce et en Asie Mineure. Toutefois, ces
derniers firent défection, préférant sans doute ne pas s’attirer les foudres
des Perses.
De
ce fait, Psammétique III ne put compter que sur ses propres forces, et fit
marcher son armée vers la cité de Péluse (la ville, se situant au nord est
du delta du Nil, était de ce fait une place forte de première importance.).
Ce
fut sous les murs de la cité que les deux belligérants s’affrontèrent, au
cours de la bataille de Péluse. Selon Hérodote, les Perses auraient
fait graver des motifs à tête de chat sur leurs boucliers, et les Egyptiens,
par respect pour cet animal sacré, n’auraient pas osé les attaquer.
De
ce fait, les troupes de Psammétique III, déjà vraisemblablement en état
d’infériorité numérique face à l’ennemi, furent taillées en pièces par les
Perses.
Le
pharaon décida alors de quitter le champ de bataille (ayant perdu près de
50 000 hommes selon les sources antiques.), et se réfugia dans Péluse.
Toutefois, Cambyse II s’appuya une fois de plus sur les superstitions des
Egyptiens, catapultant des chats dans la cité. Les Egyptiens, incapables de
riposter, durent alors quitter la ville et se replièrent à Memphis, la
capitale.
Ils furent toutefois rapidement suivis par les Perses[14],
qui assiégèrent la cité. L’armée royale, incapable de résister, décida
alors de déposer les armes.
Ainsi, Psammétique III fut capturé par l’ennemi et Cambyse II fit une entrée
triomphante dans la capitale.
Les sources sont assez divergentes quant aux derniers jours du pharaon
vaincu. Selon certains récits, Psammétique III se serait donné la mort peu
après sa défaite ; selon d’autres, ce souverain aurait été emmené à Suse
couvert de chaines (il s’agissait d’une des principales villes du royaume
perse.), et aurait été exécuté peu après.
La défaite de
Psammétique III signa le glas de la XXVI° dynastie. En effet, le fils du
pharaon vaincu fut lui aussi éliminé par Cambyse II, qui ne souhaitait pas
voir se manifester un potentiel rival.
[1]
Au cours de l’Antiquité, la prise d’otage était monnaie courante. En
effet, celui qui remportait la victoire capturait quelques éléments
des populations vaincues, afin de s’assurer de leur soumission
(toute révolte de leur part entraînait la mise à mort des captifs.).
A noter toutefois que les conditions de vie des otages n’étaient pas
aussi terribles que l’on pourrait l’imaginer aujourd’hui. En effet,
les ravisseurs tentaient souvent de démontrer leur opulence aux
captifs de haut rang.
[2]
Pour en savoir plus sur ces évènements, voir le 3, section I,
chapitre neuvième, Histoire de l’Egypte antique.
[3]
A noter qu’à cette époque, le pouvoir politique était détenu par les
divines adoratrices d’Amon.
[4]
Ne pas confondre cette bataille avec la précédente du même nom,
livrée au XV° siècle avant Jésus Christ, opposant le pharaon
Thoutmosis III au roi de Qadesh, vassal du royaume de Mitanni.
[5]
L’on parle de circumnavigation lorsque un navigateur effectue le
tour d’un continent par la voie des mers.
[6]
Pour en savoir plus sur la XXV° dynastie, voir la section I,
chapitre neuvième, Histoire de l’Egypte antique.
[8]
Nous évoquerons cette page de l’Histoire dans une section
postérieure.
[9]
Pour plus de renseignements sur ce conflit, référez vous au b), 3,
section II, chapitre neuvième, Histoire de l’Egypte antique.
[10]
Selon d’autres sources, Apriès aurait été capturé par Ahmosis II
avant de pouvoir s’enfuir. L’usurpateur, après avoir longuement
hésité, aurait alors fini par livrer Apriès à la foule qui le lyncha.
[11]
A cette époque, la tradition voulait que le pouvoir royal se passe
par les femmes.
[12]
Pour en savoir plus sur les origines mythologiques du temple de
Delphes, voir le 7, section II, chapitre premier, Mythologie
grecque.
[13]La
dynastie des Achéménides fut baptisée du nom de son fondateur,
Achéménes, l’arrière grand père de Cambyse I°.
[14]
Selon Hérodote, Cambyse II avait fait attacher des cages remplies de
chats sur son cheval, afin de dissuader les Egyptiens de lui tirer
dessus.