CHAPITRE TROISIÈME : L'époque classique (V°
- IV° siècles avant Jésus Christ)
I :
La démocratie
athénienne
1° L’œuvre de Clisthène – Suite à la chute des pisistratides, les
aristocrates tentèrent de mettre en place une nouvelle oligarchie avec
l’aide du roi de Sparte, Cléomène.
C’est alors qu’un dénommé Clisthène, à
la tête de la faction populaire, renversa les nobles de la cité. Remodelant
la constitution de Solon, il mit en place une démocratie à Athènes, à
laquelle tout les citoyens de la cité pourraient participer (exception faite
des métèques et des esclaves.).
- Les classes sociales à Athènes :
Athènes était alors composée de trois classes d’individus.
Tout d’abord, les citoyens, les hommes[1]
libres de plus de 18 ans, nés de parents athéniens, et ayant effectué leur
service militaire (l’éphébie.). Ces derniers avaient le droit de
participer à la vie politique de la cité (ils pouvaient siéger aux
assemblées, voter, devenir magistrats.), se marier, participer au culte
public, posséder des biens mobiliers, etc. Par contre, ils payaient un impôt
spécial et devaient remplir bénévolement certaines charges publiques.
Les Métèques, quant à eux, étaient les
étrangers qui n’habitaient pas dans la cité d’où ils étaient originaires (le
mot vient du grec meto, ‘qui a changé’ et oikos, ‘maison’.).
Métèque vendant du thon, représentation figurant sur un vase grec du
IV° siècle avant Jésus Christ.
Métèque vendant du thon, détail issu du vase représenté ci-dessus.
S’ils voulaient être protégés par leur cité d’accueil, ils devaient être
‘parrainés’ par un citoyen athénien, le prostatès[2]
(il arrivait que les métèques soient d’anciens esclaves affranchis. Dans ce
cas là, c’est l’ancien maître qui était prostatès.). Les citoyens payaient
un impôt spécial, les métèques aussi : il s’agissait du metoikion (12
drachmes pour un homme, 6 pour une femme.). En outre, les commerçants
métèques (ainsi que les étrangers de passage.) qui voulaient vendre leurs
denrées sur l’agora d’Athènes devaient payer une autre taxe, la xeniká.
Enfin, si les métèques faisaient leur service militaire (ils n’avaient
cependant pas le droit de commander une trière[3].)
et pouvant assister aux fêtes religieuses, il leur était interdit de détenir
des biens fonciers et de se marier. Des différences entre cités étaient
cependant notables : Athènes, par exemple, traitait convenablement ses
métèques, ces derniers pouvant résider dans cette cité pendant toute leur
vie. A Sparte, par contre, les métèques étaient moins biens lotis (les
Spartiates pratiquaient à intervalles réguliers la xénélasie,
l’expulsion générale de tous les étrangers.).
Les esclaves étaient les plus mal lotis de la
société. Il s’agissait là pour la plupart du temps de prisonniers de guerre
ou d’étrangers acheté à des marchands d’esclaves. Les esclaves n’avaient
aucun droit (du moins à Athènes.) : s’il commettaient un délit ils étaient
fouettés (alors que les citoyens étaient punis d’une amende.) ; leur
témoignage n’était juridiquement pas recevable, sauf sous la torture ; s’ils
étaient tués, leur assassin ne risquait que l’exil (la peine requise pour
les homicides involontaires.) ; etc. Les esclaves pouvaient cependant être
affranchis par leurs maîtres, et devenaient donc des métèques. Ils devaient
alors payer l’impôt des affranchis, en plus du metoikion.
Enfin, abordons le cas des étrangers de passage
dans la cité. Ces derniers, tout comme les esclaves, n’avaient aucun droit.
En cas de problème, ils devaient se rapprocher du proxène de la
ville, un citoyen dont la charge était de s’occuper des citoyens des autres
cités. S’il le souhaitait, l'étranger de passage pouvait obtenir le statut
de métèque au bout d'un mois de résidence dans la ville.
Notons toutefois qu’à l’époque de Clisthène,
Athènes comptait environ 300 000 habitants, dont à peine le tiers étaient
des citoyens.
- La réorganisation territoriale de l’Attique :
Clisthène remodela tout d’abord l’organisation politique d’Athènes, tentant
de désagréger l’ancien système des clans. L’Attique (la zone géographique
regroupant Athènes et les territoires alentours.) fut divisé en trois
région : l'astu (la zone urbaine), la mesogée (la zone rurale
à l’intérieur des terres), la paralia (la zone côtière). Chaque
région contenait dix trittyes, soit trente au total (chaque trittye
contenait un nombre variable de dèmes, 100 au total dans toute
l’Attique.). Enfin, Clisthène supprima les quatre anciennes tribus
d’Athènes, et en mit dix nouvelles en place (les phylai.) :
en effet, trois trittyes se réunissant formaient une tribu. Clisthène fit en
sorte que ces tribus (composées de 10 dèmes chacune.) ne forment pas une
entité géographique cohérente, réunissant des trittyes éloignées les unes
des autres. Les tribus ne formaient pas non plus une quelconque unité
sociale ou économique.
La réorganisation
territoriale de l'Attique.
- Les assemblées :
Clisthène fit en sorte que le système politique athénien repose
principalement sur deux assemblées : l’ecclésia et la boulê.
L’ecclésia existait déjà sous Solon. Elle
réunissait les plus pauvres des citoyens sur la colline du Pnyx, quatre fois
par mois. Clisthène fit de cette assemblée le lieu de réunion de tous les
citoyens grecs. Une fois réunis, ces derniers débattaient, votaient (lois et
déclaration de guerre.), et élisaient les stratèges.
Deuxième lieu de réunion, la boulê. Cette
dernière se composait de 500 membres, les bouleutes. Chaque tribu
tirait au sort 50 citoyens, qui ensuite entraient au sein de cette assemblée
(50 citoyens pour 10 tribus, donc 500 membres.). La boulê avait pour
fonction d’examiner les projets de loi, d’administrer la cité, et d’exécuter
les décisions de l’ecclésia. Doté de telles fonctions, la boulê, au fil des
années, prit de plus en plus d’importance vis-à-vis de l’ecclésia.
- Les charges :
Clisthène modifia aussi les charges de la cité.
En premier lieu, une nouvelle charge fit son
apparition, celle de stratège. Ces derniers étaient élus pour un an
par l’ecclésia (rééligibles indéfiniment.), et au nombre de dix (un par
tribu.). Les stratèges devenant les véritables chefs de la cité, le rôle des
archontes fut revu à la baisse. Etant toujours issus de la classe la plus
riche de la cité, il ne furent plus dès lors élus, mais tirés au sort.
- Les tribunaux :
enfin, la justice était rendue par deux tribunaux distincts, l’aréopage
(constitué d’anciens archontes.), et le tribunal populaire de l’Héliée (les
juges siégeaient dehors, sous le soleil, Hélios en grec.). Ce
tribunal, composé de 6 000 héliastes (600 par tribus), tirés au sort
annuellement, avait pour fonction de réexaminer les décisions rendues par
l’aréopage (les anciens archontes faisant parfois preuve d’une cer
taine
sévérité vis-à-vis de citoyens issus d’une autre classe que la leur.).
[2]
Les Métèques, mêmes accompagnés d’un prostatès, avaient cependant
moins de droits que les citoyens, mais bien plus que les esclaves.
[3]
Les trières étaient les navires que les Grecs utilisaient à
l’époque. Elles étaient appelées ainsi car elles comptaient trois
rangs de rameurs (la trière pouvait avancer bien qu’il n’y ait pas
de vent.). À l'avant se trouvait un éperon de bronze, destiné à
couler les navires adverses.