1° Premières années de règne d’Henri IV –
Comme nous
l’avons vu précédemment, Henri IV, suite à la déposition de son rival
Richard II, était monté sur le trône d’Angleterre.
Henri IV, gravure issue de l'ouvrage
Cassell's history of England, Angleterre, 1902.
Couronnement d'Henri IV et mort de
Richard II, par Jean de Wavrin, enluminure issue de l'ouvrage Chroniques
d'Angleterre, Belgique, XV° siècle.
Cependant,
l’arrivée du nouveau roi au pouvoir ne fut pas applaudie des deux mains par
tous les barons. En effet, tout au long de son règne, Henri IV dut se
défendre contre des tentatives de coup d’Etats ou d’assassinats (c’est pour
cette raison qu’il fit vraisemblablement éliminer Richard II, afin
que les partisans du roi déposé ne soient plus tentés de le remettre au
pouvoir.).
2° La révolte du
Pays de Galles (1399 à 1415) –
Cependant,
l’arrivée d’Henri IV au pouvoir ne fit pas que des mécontents en Angleterre,
mais aussi au Pays de Galles. En effet, les Gallois étaient des partisans de
Richard II, son père et lui ayant porté le titre de prince de Galles pendant
de nombreuses années.
a) Les causes
de la guerre : la mésentente entre Henri IV et les Gallois commença
lorsque le roi d’Angleterre donna le titre de baron de Ruthyn à Reginald
Grey. Ce dernier était dès lors à la tête d’Etats se trouvant à l’est du
Pays de Galles, et n’appréciait guère les Gallois.
Suite à une
querelle territoriale, Reginald Grey fut convoqué devant le Parlement
anglais en 1399, suite au dépôt d’une plainte effectuée par son voisin,
Yvain IV de Galles
(à noter que son père Yvain III de Galles avait combattu aux côtés de
Charles V, roi de France.).
Statue d'Yvain IV de Galles, Cardiff.
Le baron de
Ruthyn étant un ami d’Henri IV, Yvain fut débouté, et en outre le roi
d’Angleterre demanda au Gallois de lui fournir des troupes en vue d’une
expédition contre l’Ecosse.
Yvain, refusant
d’obéir au roi, fut alors considéré comme traitre à la couronne.
a) Les
premières années de la révolte (1400 à 1402) : en septembre 1400, Yvain
décida de se proclamer prince de Galles, puis commença par s’attaquer au
château Ruthin, appartenant à Reginald Grey. Par la suite, les insurgés
s’attaquèrent à plusieurs cités, adoptant une stratégie de guérilla.
Henri IV, qui
était alors en route vers l’Ecosse, décida de changer de route et se dirigea
vers le nord du Pays de Galles. Souffrant du mauvais temps et des attaques
éclair des insurgés, Henri IV ne put mettre un terme à la révolte, qui prit
de l’ampleur au cours de l’hiver.
En effet, début
1401, le nord et le centre du Pays de Galles se rallièrent à Yvain, et de
nombreuses cités anglaises furent pillées.
Henri IV décida
alors de confier la lutte contre les insurgés à Henri Percy, comte de
Northtumberland, et à son fils Henri Percy II, surnommé
Chauds
Eperons
(il fut surnommé ainsi en raison de son caractère emporté.).
En mars 1401,
Henri Percy II promit le pardon à tous les Gallois révoltés, excepté Yvain
et ses partisans. Comme la plupart des insurgés acceptèrent la proposition
des Anglais, le prince de Galles se retrouva dans une situation délicate.
Cependant, la
révolte galloise prit un nouveau tournant en juin 1401. A cette date, des
Anglais résidant dans la région de Pembrokeshire (située au sud ouest du
Pays de Galles.), assistés par quelques mercenaires flamands et des soldats
anglais, décidèrent de s’attaquer aux troupes d’Yvain, qui campait non loin
de là. A noter que les Anglais, qui étaient environ 1 500, étaient trois
fois plus nombreux que les insurgés.
Les deux
belligérants s’affrontèrent alors au cours de la bataille de Mynydd
Hyddgen, et les Gallois furent finalement victorieux (200 Anglais furent
tués et un grand nombre furent faits prisonniers.).
Henri IV,
apprenant la nouvelle, décida de mener une nouvelle expédition vers le
centre du Pays de Galles, afin que la révolte de se répande pas dans le sud
de la région. Commettant plusieurs exactions afin de rappeler aux Gallois
que les insurgés seraient punis, Henri IV et ses troupes furent à nouveau
attaqués par les rebelles. Ces derniers, utilisant une stratégie de
guérilla, causèrent de nombreux dommages à l’armée anglaise, sans jamais
l’affronter en combat singulier.
En outre,
souffrant aussi du mauvais climat, Henri IV décida de se retirer, sans avoir
pu mettre un terme à ma révolte.
Voyant
l’inefficacité de l’expédition du roi d’Angleterre, Henri Percy et son fils
commencèrent à critiquer ouvertement les méthodes d’Henri IV, considérant
que la répression ne faisait qu’augmenter l’hostilité des Gallois.
Le roi
d’Angleterre décida alors de répliquer fin 1401, promulguant une série de
lois anti-galloises : les Gallois n’avaient plus le droit d’acheter des
terres en Angleterre, de porter les armes, de se marier avec des Anglais ou
des Anglaises, de faire du commerce, etc.
Les Gallois qui
n’étaient pas entrés en rébellion n’eurent alors d’autre choix que de se
révolter contre l’Angleterre.
Début 1402, Yvain
parvint à s’emparer de son ennemi Reginald Grey, l’emprisonnant pendant un
an et recevant une importante rançon de la part d’Henri IV contre sa
libération.
Puis, en juin
1402, Yvain et ses hommes affrontèrent une armée anglaise qui avait été
envoyée à leur poursuite, au cours de la bataille de Bryn Glas.
Edmond Mortimer,
à la tête d’une armée de près de 8 000 hommes, décida alors de lancer
l’assaut contre les Gallois, qui n’étaient que 3 000. Cependant, ces
derniers étaient installés au sommet d’une colline, et firent pleuvoir moult
flèches sur les Anglais qui avaient donné l’assaut.
Parvenant
finalement à rentrer en contact avec les insurgés, les Anglais pensaient
pouvoir l’emporter. C’est alors qu’ils furent attaqués sur leurs flancs et
leurs arrières par l’autre moitié de l’armée d’Yvain, qui jusque là était
restée cachée dans les bois.
Massacrés, les
cadavres des Anglais furent alors mutilés par des femmes galloises, en
représailles des exactions commises par Henri IV lors de son expédition dans
le centre du Pays de Galles l’année passée (à noter qu’Yvain, parvenant à
capturer Edmond Mortimer, ne reçut pas de rançon de la part d’Henri IV.).
A noter que suite
à ces victoires galloises, la France commença à soutenir les insurgés, afin
de faire pression sur l’Angleterre.
b) La révolte
devient nationale (1403) : suite à ses victoires contre l’Angleterre,
Yvain décida de se rendre dans le sud et dans l’ouest du Pays de Galles,
afin d’amplifier la révolte (1403.).
Yvain reçut ainsi
le ralliement de nombreuses cités, et s’empara de plusieurs forteresses
anglaises. En outre, de nombreux gallois, servant dans l’armée anglaise ou
travaillant pour des patrons anglais, décidèrent de rejoindre les troupes
d’Yvain.
Recevant le
soutien des Français, les insurgés tentèrent alors de s’emparer du château
de Caernarvon, l’ancienne résidence royale des souverains de Galles,
et résidence occasionnelle des rois d’Angleterre depuis la conquête du pays
par Edouard I°.
En guise de
représailles,
Henri de Montmouth,
le fils d’Henri IV, décida de saccager Sychart, le village ou résidait
Yvain, ainsi que Glyndyfrdwy, le village ou Yvain s’était proclamé prince de
Galles.
Cependant, la
révolte prit un nouveau tournant, lorsque Henry Percy et son fils décidèrent
de rallier Yvain de Galles en juillet 1403. Peu de temps après, les rebelles
levèrent une armée dans le Cheshire, une région anglaise favorable à Richard
II (le défunt souverain y avait recruté de nombreux archers.).
Les insurgés
décidèrent alors de marcher vers la cité de Shrewsbury, sans avoir reçu le
soutien d’Yvain (ce dernier se trouvant alors dans le Carmarthenshire,
n’avait sans doute pas été mis au courant de la défection d’Henry Percy et
son fils.). Néanmoins, quelques Gallois vivant à la frontière du Cheshire
décidèrent de rejoindre l’armée des rebelles.
Henri IV,
apprenant la nouvelle, décida alors d’affronter les insurgés. Marchant vers
Shrewsbury, les deux armées se retrouvèrent rapidement l’une en face de
l’autre. Dans un premier temps, des négociations eurent lieu. C’est alors
que certains partisans de Percy furent tentés d’accepter les conditions
d’Henri IV, l’armée royale comptant 25 000 hommes, et celle des insurgés
seulement 15 000.
Cependant, les pourparlers n’aboutirent pas, et l’assaut fut donné en début
d’après midi.
Dans un premier
temps, les deux camps se livrèrent à un duel d’archers, qui causa de grandes
pertes des deux côtés (c’est ainsi qu’Henri de Montmouth fut atteint d’une
flèche en plein visage, gardant une cicatrice à vie.).
Cependant,
lorsque les deux armées s’affrontèrent au corps à corps, la supériorité
numérique eu raison des rebelles. En outre, la mort de Chauds Eperons, le
fils d’Henri Percy, entraîna le découragement de ses hommes, qui décidèrent
alors de fuir.
A l’issue de la
bataille de Shrewsbury, les rebelles avaient perdu 10 000 hommes, et
Henri IV au moins 5 000.
Yvain, de son
côté, décida d’ériger le Pays de Galles en Etat indépendant. Ainsi, il
convoqua un parlement dans la cité de Machynlleth, où il se fit couronner
roi.
c) La triple
entente : Yvain, après son couronnement, décida de rechercher des
alliés, se tournant vers Henri Percy et Edmond Mortimer.
Il fut décidé que le Pays de Galles s’étendrait jusqu’aux rivières Severn et
Mersey, englobant le Cheshire et d’autres régions se trouvant sur la
frontière. Yvain recevrait le Pays de Galles, Henri Percy aurait le nord de
l’Angleterre, et Edmond Mortimer le sud.
En outre, Yvain
se tourna vers la France, et reçut ainsi une aide militaire. Les Ecossais,
quant à eux, se lancèrent dans des opérations de piraterie dans la Manche, à
l’encontre des navires anglais. Les Bretons ne furent pas en reste,
dévastant plusieurs cités côtières anglaises en 1403.
En 1405, une
armée franco-galloise se lança dans un raid dans l’ouest du Pays de Galles.
S’emparant de plusieurs cités, les rebelles tombèrent nez à nez avec l’armée
anglaise. Cependant, Henri IV décida de ne pas attaquer et fit rebrousse
chemin.
d) La fin de
la rébellion (1406 à 1412) : cependant, dès 1406, les choses changèrent.
En France, le roi Charles VI avait sombré dans la folie, son frère et
tuteur Louis d’Orléans avait été assassiné par son cousin Jean sans
Peur, duc de Bourgogne (ce dernier était le fils de Philippe le Hardi,
lui-même fils du défunt roi de France Jean II.). La France sombrait
alors dans la guerre civile, et Yvain ne pouvait plus recevoir l’aide
française (il promit alors au pape Benoît XIII l’allégeance de
l’Eglise galloise à l’Eglise d’Avignon, sans succès.).
Cependant, outre
la défection française, le sort des armes cessa de sourire aux Gallois.
En effet, au
printemps 1406, Gruffudd ab Owain Glyndŵr (le fils d’Yvain.) se lança
à l’assaut du château d’Usk (cette forteresse entre les mains des Anglais se
trouvait dans le Monmouthshire, au sud est du Pays de Galles.).
Repoussés, les
Gallois se réfugièrent dans la forêt de Monkswood, où ils affrontèrent les
Anglais qui les poursuivaient. Cependant, la bataille de Pwll Melyn
fut un échec pour les Gallois, qui furent écrasés par l’ennemi.
Tudur ap Gruffudd,
le frère d’Yvain, fut tué ; Gruffud ab Owain Glyndŵr fut capturé (ce
dernier, emprisonné à la tour de Londres, y mourut de la peste bubonique six
années plus tard.).
Henri de
Montmouth, qui depuis peu prenait une place de plus en plus importante au
sein du royaume, décida de mettre fin aux méthodes de son père, qui ne
consistaient qu’à lancer d’inefficace expéditions punitives.
Le prince décida
en effet de mettre en place un blocus économique du pays, coupant le Pays de
Galles de son approvisionnement en nourriture et en armes.
Dans le courant
de l’année 1407, cette stratégie commença à porter ses fruits, de nombreux
seigneurs gallois demandant le pardon de l’Angleterre.
En février 1408,
le comte de Northumberland, rallié par des alliés écossais, décida de
marcher sur le nord de l’Angleterre. Son objectif était de déposer Henri IV
et de placer son allié Edmond Mortimer sur le trône.
Se dirigeant vers
le sud, les insurgés rencontrèrent alors une petite armée, dirigée par
Thomas Rokeby, sheriff du Yorkshire.
Les deux
belligérants se lancèrent à l’assaut, mais les Anglais furent une fois de
plus victorieux grâce à la puissance de feu de leurs archers.
Henry Percy trouva
la mort au cours de la bataille de Bramham Moor,
alors qu’il tentait de prendre la fuite. Ses hommes, quant à eux, furent
quasiment tous éliminés.
Par la suite, une
fois que les Anglais se sentirent suffisamment forts, ils décidèrent de
mettre le siège devant les fiefs d’Yvain : dans un premier temps, la
forteresse d’Aberyswyth (qui ne tarda guère à tomber.), puis ensuite le
château d’Harlech, défendu par Edmond Mortimer.
Edmond Mortimer,
qui défendait la forteresse, mourut peu de temps avant sa chute ;
Marguerite, la femme d’Yvain, plusieurs de ses filles et plusieurs
filles de Mortimer furent alors capturées. Ces dernières furent alors
emprisonnées à la tour de Londres, où elles moururent avant 1415.
Yvain, privé du
soutien de ses deux anciens alliés, Henri Percy et Edmond Mortimer, décida
de se lancer à nouveau dans une stratégie de guérilla, comme au début de la
révolte.
Lançant un raid
dans la région du Shropshire en 1410, Yvain perdit la plupart de ses
capitaines suite à des erreurs de commandement (capturés, la plupart d’entre
eux furent par la suite exécutés.).
e) La
disparition d’Yvain (après 1412) : suite au raid manqué contre
Shropshire, Yvain ne fit plus parler de lui et disparut de la scène
publique.
Lorsque Henri IV
mourut, en 1413, son fils Henri de Monmouth (devenu Henri V.), décida
de mettre en place une politique plus conciliante vis-à-vis des Gallois.
En 1415, alors
qu’il se préparait à la guerre contre la France, Henri V offrit son pardon à
Yvain, par l’intermédiaire de Maredudd ab Owain Glyndŵr, le fils de
ce dernier.
Maredudd refusa
ce pardon dans un premier temps, peut être sous la pression de son père,
mais décida finalement de l’accepter en 1421, sans doute suite à la mort
d’Yvain.
3° Dernières
années de règne d’Henri IV –
Au cours des
dernières années de son existence, Henri IV laissa une grande partie du
pouvoir à son fils, Henri de Monmouth (comme nous l’avons vu précédemment,
c’est lui qui dirigea le conflit contre le pays de Galles.). En effet, Henri
IV était atteint d’une maladie de peau, peut être la lèpre ou un symptôme de
la syphilis.
Le roi
d’Angleterre mourut alors en mars 1413, des suites de sa maladie. Ce fut
ainsi son fils, Henri V, qui monta sur le trône.
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