Cependant, si la tradition
accorde la paternité de l'Apocalypse à l'apôtre Jean, fils de Zébédée,
ce contemporain du Christ en fut-il véritablement l'auteur ?
Tapisserie de l'Apocalypse, fragment de la bête sortie de
la mer, XIV° siècle.
Dans un premier temps, il
convient de préciser que le terme « apocalypse » provient du grec
apokalupsis signifiant « découvrir, dévoiler » au sens littéral, et « révéler » dans la
sémantique religieuse.
Ainsi, ce n'est qu'au fil des siècle que ce mot commença à être utilisé
pour désigner la fin des temps.
A noter que l'Apocalypse de Jean n'est pas le premier texte de nature
apocalyptique, ce genre littéraire étant déjà présent dans plusieurs
livres de l'Ancien Testament. Par ailleurs, il existe de nombreux textes
apocryphes (c'est à dire dont l'authenticité n'est pas reconnue
par l'Eglise) s'inspirant du récit de Jean : l'Apocalypse de Paul,
l'Apocalypse de Pierre, l'Apocalypse de Jacques, etc.
L'identité de l'auteur de l'Apocalypse de Jean, texte rédigé vers 95
après Jésus Christ, fut rapidement sujet à controverse. A Rome, ce récit
fut attribué à l'apôtre Jean par Justin de Naplouse, un
philosophe chrétien condamné à mort vers 165. En Orient, par contre,
l'évêque Papias d'Hiérapolis (cité se trouvant dans l'actuelle
Turquie) considérait que l'auteur de l'Apocalypse était Jean le
Presbytre (dans l'Antiquité, ce titre était donné à l'ancien
responsable d'une communauté), un disciple de l'apôtre Jean.
Ainsi, dans la tradition catholique, l'Apocalypse fut attribuée à
l'apôtre Jean, alors que du côté des chrétiens orthodoxes, la canonicité
du texte a longtemps été critiquée.
Aujourd'hui, les historiens considèrent toutefois que l'auteur de
l'Apocalypse est inconnu. Ce dernier, se présentant dans le premier
paragraphe du récit sous le nom de Jean, et indiquant qu'il fut
contraint à l'exil sur l'île de Patmos en raison de sa foi, est donc
surnommé Jean de Patmos : Jean, votre frère, et qui ai part avec vous à la tribulation et au
royaume et à la persévérance en Jésus, j’étais dans l’île appelée
Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus.
L'auteur de l'Apocalypse, ne se présentant ni comme un proche du Christ,
ni comme le responsable d'une communauté religieuse, ne peut donc être
rapproché de l'apôtre Jean ou de Jean le Presbytre.
A noter par ailleurs que l'exil de l'auteur à Patmos fait polémique,
car, comme nous l'avons vu dans un article précédent, il ne semble pas y
avoir eu des persécutions dans l'Empire romain, à la fin du I° siècle de
notre ère.
Cependant, si l'identité de l'auteur de l'Apocalypse reste encore
aujourd'hui sujet à controverse, il en est de même pour l'Evangile
selon Jean. En effet, le texte, datant de 90 après Jésus Christ, ne
mentionne ni le nom de l'auteur, ni celui de l'apôtre Jean.
C'est pourtant à compter de la seconde moitié du II° siècle que ce
récit commença à être baptisé
« Evangile selon Jean »
(quoique parfois attribué à Jean le Presbytre, que nous avons mentionné
plus tôt), tradition plus tard reprise par l'Eglise catholique et les
chrétiens orthodoxes.
Aujourd'hui, l'auteur de l'Evangile selon Jean, comme celui de
l'Apocalypse, nous reste encore inconnu