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Les mensonges de l'Histoire


La bataille de Valmy, miraculeuse victoire

Faux ! La bataille de Valmy, victoire remportée contre les troupes austro-prussiennes qui avaient envahi le pays, permit aux révolutionnaires français de consolider leurs positions, puis de proclamer la première république le lendemain de l'affrontement.

Toutefois, il semblerait que la bataille de Valmy renferme encore des parts d'ombres. Ainsi, cet affrontement s'acheva t'il sur une victoire française ? Fut-elle véritablement miraculeuse ? Et enfin, contribua elle à écarter tout risque d'invasion étrangère ?

Le départ de 1792, par François RUDE, façade de l'Arc de Triomphe de l'Etoile, Paris.

 

La bataille de Valmy se déroula le 20 septembre 1792, alors que la France était en guerre contre l'Autriche depuis le mois d'avril[1].

Les relations entre les deux pays étaient tendues depuis le début de la Révolution française, en juillet 1789, Marie-Antoinette, l'épouse de Louis XVI, étant la sœur de Léopold II, archiduc d'Autriche (ce dernier était aussi souverain du Saint Empire romain germanique[2]).

En août 1791, Léopold II et Frédéric-Guillaume II, roi de Prusse, signèrent la déclaration de Pillnitz, les deux souverains réaffirmant leur solidarité envers les aristocrates émigrés et Louis XVI (les deux hommes n'étaient guère motivés par une intervention contre la France, préférant plutôt participer au partage de la Pologne[3]).

Toutefois, en mars 1792, Léopold II mourut, et son fils François II monta sur le trône. Ce dernier, moins conciliant que son père, fut perçu comme une menace, et les discussions sur le bien fondé d'une guerre contre l'Autriche reprirent au sein de l'Assemblée législative[4] : pour Louis XVI, une rapide défaite permettrait de mettre un terme à la révolution ; les feuillants, députés modérés favorables à la monarchie constitutionnelle, étaient hostiles à un conflit qui pouvait se révéler dangereuse pour le nouveau régime ; enfin, les députés les plus extrémistes étaient partisans de la guerre.

Le 20 avril 1792, sur proposition de Louis XVI, la guerre fut finalement votée à l’unanimité moins une voix.  

 

La guerre contre l'Autriche débuta mal, car l'armée était complètement désorganisée. En effet, de nombreux officiers de l'armée française, issus de l'aristocratie, avaient émigré en masse depuis le début de la révolution.

Ainsi, au cours du printemps, l’armée fut incapable de résister aux troupes autrichiennes, laissant la frontière nord-est dégarnie. Puis, en juillet 1792, la Prusse décida d’intervenir dans le conflit aux côtés de l’Autriche, prenant Longwy et Verdun à la fin du mois.

A Paris, l'annonce de ces revers provoqua le mécontentement de la population. Au soir du 9 août, les sans-culottes[5] menés par Georges Danton[6], prirent possession de l’Hôtel de ville et formèrent une commune insurrectionnelle.

Au petit matin, les insurgés prirent d'assaut les Tuileries, contraignant Louis XVI et sa famille à demander asile auprès de l'Assemblée législative. Le roi fut alors démis de ses fonctions et plus tard emprisonné.

La prise des Tuileries, le 10 août 1792, école française, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

A l'été 1792, la situation était anarchique :  il n’y avait plus de roi en France ; la commune insurrectionnelle de Paris, entité non élue, s’arrogeait tous les pouvoirs, au détriment de l’Assemblée législative ; suite à la destitution du roi, il avait été décidé de procéder à l'élection d'une Convention nationale, mais le taux d'abstention fut particulièrement élevé.

 

Le général français Charles François du Perrier du Mouriez, commandant de l’armée du Nord, ayant appris que les Austro-prussiens s’étaient emparés de Verdun, décida alors de se replier vers la Champagne. Il fit alors jonction avec les troupes du général français François Etienne Christophe Kellermann, commandant de l’armée de la Moselle. Les deux hommes, à la tête de 50 000 soldats, décidèrent alors de s’établir sur la butte de Valmy.

Charles François Dumouriez, général en chef de l'armée du Nord en 1792, par ROUILLARD (à gauche) ; François Christophe Kellermann, général en chef de l'armée de la Moselle en 1792 (à droite), château de Versailles, Versailles.

Charles Guillaume Ferdinand, duc de Brunswick-Lunebourg, commandant de la coalition austro-prussienne, était alors à la tête d’une armée de 80 000 hommes. Rencontrant l’armée française au petit matin du 20 septembre 1792, il ordonna à ses hommes de bombarder la position ennemie, qui ne tarda pas à répliquer. Cependant, le feu de l'artillerie n'ayant fait guère de victimes, le duc de Brunswick-Lunebourg décida vers 11 heures de faire avancer ses troupes vers le plateau défendu par les Français.

La bataille de Valmy, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

Kellerman, se sachant en infériorité numérique, ordonna alors à ses troupes de laisser avancer l'ennemi, puis de charger baïonnette au canon. Entendant les Français crier à tue-tête « vive la Nation ! », les Prussiens stoppèrent leur avancée, contraignant le duc de Brunswick-Lunebourg à sonner la retraite. En fin d'après midi, vers 16 heures, les coalisés tentèrent une nouvelle attaque, qui fut à son tour avortée. Finalement, le duc de Brunswick-Lunebourg décida de se retirer du champ de bataille.

 

La bataille de Valmy fit 300 morts côté français, contre 180 pour les Prussiens, ce qui peut être considéré comme dérisoire par rapport aux forces en présence.

Aujourd’hui encore, les causes de la victoire de Valmy n’ont pas été totalement éclaircies. Les Prussiens furent-ils tant impressionnés par la furia francese qu'ils refusèrent de combattre ? Certains historiens, au contraire, avancent que le duc de Brunswick-Lunebourg aurait été acheté par Danton, grâce aux diamants de la couronne de France (qui avaient été volés quatre jours plus tôt). D’autres, au contraire, pensent que le roi de Prusse aurait ordonné au duc de Brunswick-Lunebourg de rentrer au pays, ayant besoin de ses troupes en vue du partage de la Pologne. Enfin, certains avancent l’hypothèse d’une épidémie de dysenterie au sein de l’armée prussienne, causée par la consommation de raisins trop verts.

Caricature anglaise critiquant la retraite des Autrichiens à Valmy (les sans culottes, à droite, représentés sans pantalons, poursuivent l'ennemi souffrant de diarrhée), 1792, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

Le « miracle » de Valmy fut acclamé par des cris de joie lorsque la nouvelle parvint dans la capitale, le 21 septembre 1792, alors même que Paris n'était toujours pas à l'abri d'une nouvelle invasion[7]. Les députés de la Convention nationale, réunis pour la première fois le même jour, profitèrent de ce succès pour proclamer l'abolition de la royauté et la création de la première république.

En effet, la bataille de Valmy fut présentée comme une victoire de patriotes et de citoyens-soldats, prêts à combattre pour la sauvegarde de la nation (alors que plus de la moitié des combattants étaient des soldats de métier). Cet affrontement, qui en réalité ne fut qu'une simple canonnade, est donc encore considéré aujourd'hui comme un évènement-clef de notre histoire nationale, s'inscrivant dans la légende révolutionnaire et républicaine.  

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[1] Dès l'année suivante, l'Angleterre, les Provinces-Unies (c'est à dire les Pays-Bas) et l'Espagne rejoignirent le conflit aux côtés de l'Autriche. Cette alliance fut plus tard baptisée Première coalition (en référence aux six autres coalitions organisées par les puissances européennes contre la France, de 1798 à 1815).

[2] A noter que le Saint Empire romain germanique, héritier du royaume de Charlemagne, était composé de plusieurs centaines de principautés, indépendantes de facto. Ainsi, Léopold II ne régnait guère que sur ses possessions personnelles, à savoir l'Autriche.

[3] La Pologne, divisée une première fois en 1772 par la Prusse, l’Autriche et la Russie, subit deux nouveaux partages en 1793 et 1795, entrainant sa disparition.

[4] L'Assemblée législative s'était réunie pour la première fois le 1er octobre 1791.

[5] Les sans-culottes, généralement issus des basses classes de la société, ne portaient pas de culotte mais un pantalon, signe distinctifs des travailleurs manuels (le bonnet phrygien, avant d'être le symbole de la liberté, servait à protéger les cheveux).

[6] Danton était un avocat né en octobre 1759. Prenant part à la Révolution française, il devint rapidement le leader du club des cordeliers, rassemblant des révolutionnaires extrémistes, puis s'inscrivit au club des jacobins. N'étant pas élu député lors des élection de septembre 1791, à cause de l'hostilité des modérés, Danton fut nommé substitut du maire de Paris.

[7] Les Prussiens quittèrent la France le 22 octobre 1792, n'ayant pas été poursuivis par les troupes françaises (preuve, selon certains historiens, d'un accord secret entre les deux belligérants).

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