Faux ! En réalité, Guillotin ne fut pas
l'inventeur de la guillotine ; au contraire, il ne fit que démocratiser son
usage
.
Sous l'Ancien Régime, les condamnés à mort subissaient des peines capitales
aussi diverses que variées : les aristocrates étaient décapités à la hache
ou à l'épée, les voleurs étaient pendus, les hérétiques étaient brûlés, les
assassins étaient roués vifs[1],
les faux monnayeurs étaient ébouillantés, les régicides étaient écartelés,
etc.
Le médecin Joseph Ignace Guillotin, élu député du Tiers Etat de la
ville de Paris aux Etats Généraux de 1789, proposa que tous les condamnés à
mort soient exécutés selon le même mode opératoire. L'objectif était double
: d'une part, égaliser les châtiments entre nobles et roturiers ; d'autre
part, mettre en place une peine capitale plus "humaine" et plus rapide[2].
Buste de Joseph Ignace Guillotin, par Henri Théophile
BOUILLON, 1892, salle du jeu de paume, Versailles.
En octobre 1791, l'Assemblée législative vota une loi déclarant que tout
condamné à mort aurait la tête tranchée.
A la fin du XVIII° siècle, il existait déjà des machines qui permettaient de
décapiter des condamnés (de tels instruments existaient en Europe du Nord
depuis la fin du Moyen âge.). Toutefois, la proposition de Guillotin ne fut
pas immédiatement appliquée car ce dernier n'avait pas sous la main de
machine véritablement fiable.
C'est à ce moment là qu'entra en scène le médecin Antoine Louis, qui
modifia le prototype de Guillotin en le dotant d'une lame oblique[3]
(au lieu d'une lame horizontale, qui ne permettait pas d'offrir aux
condamnés une mort sûre et rapide.).
Modèle réduit de guillotine, début du
XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.
En avril 1792, la machine d'Antoine Louis fut testée sur Nicolas Jacques
Pelletier (ce dernier avait commis un vol avec violences en début
d'année.), qui fut guillotiné sur la place de Grève (actuellement place de
l'Hôtel de Ville.). Il fut le premier d'une longue série...
A noter toutefois que la foule, venue voir le spectacle, fut déçue par la
rapidité de l'exécution et hua le bourreau.
Une exécution capitale sur la place de la révolution, par
Pierre Antoine DEMACHY, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.
La machine d'Antoine Louis porta initialement son nom, et fut ainsi baptisée
Louison ou Louisette. Surnommée aussi la Veuve, le
rasoir national, ou encore la cravate à Capet, c'est finalement
le nom de guillotine qui resta dans les esprits (au grand dam de
Guillotin, qui n'aimait guère que son nom soit associé à un tel engin.).
Précisons toutefois que ni Antoine Louis, ni Joseph Guillotin ne firent les
frais de la raccourcisseuse patriotique. En effet, le premier mourut
en 1792 à l'âge de 70 ans, le second mourut en 1814 d'une infection à
l'épaule gauche[4].
A noter enfin que la guillotine favorisa très vraisemblablement l'essor de
la Terreur, la rapidité d'exécution permettant d'éliminer un plus grand
nombre de condamnés. En d'autres termes, les révolutionnaires auraient ils
pu condamner à mort autant de personnes si la peine capitale avait été la
pendaison ou la décapitation à la hache ?
[1]
Lors de ce supplice, le condamné était
attaché sur une roue. Le bourreau lui brisait alors les membres avec une barre
de fer, achevant son travail en défonçant la poitrine du criminel. Ce dernier
était ensuite laissé sur la roue, agonisant jusqu'à son trépas.
[2] En effet,
bien qu'étant un procédé sanglant, la guillotine écourtait les
souffrances des condamnés. Les pendus pouvaient agoniser pendant de
longues minutes, et il arrivait que le bourreau frappe plusieurs fois
pour trancher le cou d'un supplicié...
[3] Certaines
sources affirment que c'est Louis XVI en personne, passionné de
mécanique, qui aurait donné l'idée à Antoine Louis d'adopter une
lame oblique.
[4] Guillotin fut
toutefois emprisonné au cours de la Terreur, lors du règne de
Robespierre. Il fut libéré suite à l'arrestation de ce dernier.