Le béton, utilisé depuis le XIX° siècle, est
aujourd'hui employé à de nombreux usages : bâtiments, édifices, ponts,
trottoirs, etc.
Mais à l'instar du bitume, dont nous avons parlé lors d'un précédent
article, le béton n'est pas une invention contemporaine, contrairement à ce que l'on pourrait
croire...
Pont du Jardin des plantes de Grenoble, premier ouvrage au monde en
béton coulé, réalisé en 1855.
Le béton est un matériau de construction composé
d'un liant (généralement du ciment), de granulats fins (sable ou
gravillons), et de granulats lourds (graviers). En règle générale,
pour fabriquer un mètre cube de béton, l'on utilise la règle du « 1-2-3
» : 350 kilogrammes de ciment, 700 kilogrammes de sable, et 1
050 kilogrammes de gravier.
Toutefois, ces matériaux ne sont pas une
invention moderne. Ainsi, les premiers mortiers, utilisés dans la
région du Tigre et de l'Euphrate (correspondant à l'Irak actuel),
firent leur apparition dès le septième millénaire avant Jésus
Christ. A cette date, en raison d'une carence en pierre, les
habitants de la région utilisèrent pour leurs constructions un
mortier composé d'argile et de boue. En Egypte,
vers 2600 ans avant Jésus Christ, les maçons utilisèrent un matériau
similaire, puis le perfectionnèrent en y ajoutant de la chaux (ou du
gypse) et du sable. Ce mortier, bien plus solide, fut utilisé pour
la construction des pyramides ou des temples.
Puis, vers 500 avant notre ère, les
Grecs installés en Italie[1]
utilisèrent un composé dans lequel était ajouté des fragments de roches pouzzolaniques (il s'agissait de fragments volcaniques trouvés dans
la région de Pouzzoles, non loin du Vésuve[2]).
Cette technique fut par la suite reprise par les Romains, qui
utilisèrent aussi un mortier de tuileau, composé de chaux, de sable,
et de
fragments de terre cuite (briques ou tuiles).
Enfin, au cours du premier siècle de notre ère, les Romains donnèrent
naissance à l'opus caementicium (du latin
caementum, qui a donné naissance au mot « ciment
»), mélange de mortier et de gravier.
Ce composé, se durcissant avec l'âge, avait aussi l'avantage de ne pas se
dégrader sous l'eau.
Ce savoir faire romain permit la construction de nombreux édifices,
tels que le pont du Gard (vers 40 après Jésus Christ), le Panthéon de Rome
(125), les thermes de Caracalla (216), la basilique de Maxence (vers 313), etc.
Le Panthéon, Rome (la coupole de
l'édifice resta une des plus grande au monde jusqu'à la fin du XV° siècle.).
S
uite aux invasions
barbares, la formule du béton romain se perdit, à l'instar de nombreux
savoir-faire de cette époque. Pendant le Moyen-âge, seul fut utilisé de mortier
à base de chaux, bien moins solide que le béton romain, et résistant moins bien
à l'eau.
Au milieu du XVIII° siècle, le
Britannique John Smeaton donna naissance à un mortier composé de calcaire
calciné. Ce matériau étant résistant à l'eau, il fut utilisé lors de la
construction d'un phare situé dans la Manche, en 1756. Ce dernier resta en usage
jusqu'en 1877, date à laquelle l'érosion du rocher sur lequel était construit
l'édifice le rendit instable (à noter toutefois que la base du phare fut jugée
trop solide pour être détruite).
John Smeaton (en arrière plan, le phare
qu'il a construit).
Cependant, ce n'est qu'au début du
XIX° siècle que le principe du béton fut véritablement « réinventé
» : en 1817, le
Français Louis Vicat, sorti de l'Ecole
des Ponts et Chaussées, découvrit le clinker, un constituant du
béton, qui résulte de la cuisson d'un mélange composé de 75 % de calcaire et de
25 % de silice. Toutefois, Vicat décida de ne pas déposer de brevet, préférant
partager son invention avec le reste du monde plutôt que de faire fortune.
Ainsi, ce fut le
Britannique Joseph Aspdin qui déposa un brevet sur des travaux similaires
en 1824. Ce dernier donna alors naissance au ciment Portland (ce composé
fut baptisé ainsi car sa couleur rappelait celle des roches de la presqu'île
britannique de Portland, située dans la Manche), qui est encore utilisé
aujourd'hui.
[1]
Rappelons que les cités grecques avaient commencé à coloniser le
pourtour méditerranéen dès le VI° siècle avant Jésus Christ. Ainsi, le sud de
l'Italie, jusqu'à la conquête romaine, fut baptisé Grande Grèce.
[2]
A noter que la pouzzolane est encore utilisée aujourd'hui dans la
confection de certains bétons.