L'invention de l'imprimerie marqua une étape dans
l'histoire de l'humanité, à l'instar de l'apparition du langage ou
d'internet. Cependant, pendant plusieurs millénaires, des scribes de
l'Egypte antique jusqu'aux moines copiste du Moyen-âge, la technologie ne
permettait pas une diffusion rapide du savoir. Mais, comme nous l'avons tous appris à l'école, Johannes Gutenberg[1]
donna naissance à l'imprimerie au XV°
siècle. Cette nouvelle invention, connaissant un
rapide succès, fut un des évènements majeurs de la Renaissance[2].
Cependant, il semblerait que la réalité, une fois encore, soit bien plus
complexe qu'on ne pourrait le croire.
Johannes Gutenberg, musée des Arts & Métiers, Paris.
En réalité, l'humanité découvrit très vite le
procédé de l'imprimerie, la xylographie faisant son appariation en Chine au VI° siècle de notre ère.
Cette invention permettait la reproduction rapide de textes ou de dessins,
grâce à l'emploi de morceaux de bois gravés. A cette époque, la xylographie
connut un important succès, étant plus rapide et moins chère que les
procédés de reproduction à la main.
Par ailleurs, alors qu'à l'origine les textes
étaient gravés sur un seul morceau de bois, les caractères mobiles firent
leur apparition en Chine au XI° siècle. Ceci permettait une cadence de
travail plus rapide, les caractères de bois étant plus faciles d'utilisation
qu'une planche entière. A la même époque furent inventés les caractères en
terre cuite, plus solides que les morceaux de bois, qui s'abîmaient au fil
des impressions. Enfin, les caractères métalliques firent leur apparition en
Corée au début du XIII° siècle.
Xylographie des mille Bouddhas, VIII° siècle après Jésus Christ.
Au fil des siècles, la
xylographie s'exporta hors du continent asiatique, d'abord dans le monde musulman,
à compter du X° siècle
(cependant, cette invention fut interdite à la fin du XV° siècle), puis
ensuite en Europe (peut-être au XIV° siècle, bien que cette datation fasse
débat parmi les historiens).
En 1430, l'on retrouve aux Provinces-Unies un dénommé Jean Coster,
qui aurait imprimé plusieurs ouvrages en utilisant des caractères de bois. A
la mort de ce dernier, en 1440, un de ses employés, Jean, aurait
enlevé tout le matériel afin de le transporter chez lui, à Mayence.
Selon la légende, ce Jean serait en réalité le frère aîné de Gutenberg, qui
utilisa le matériel de Coster pour perfectionner les méthodes d'imprimerie,
faisant appel à des caractères de plomb et non de bois.
En réalité, l'Histoire n'a pas gardé de traces de Jean Coster, et il est
aujourd'hui impossible de savoir si ce récit est véridique ou pas.
En 1450, Gutenberg parvint à convaincre un riche banquier, Johann Fust, de
financer son projet d'imprimerie. Ce dernier accepta, prêtant 800 florins à
son partenaire, un somme considérable pour l'époque. Les deux hommes
décidèrent alors de publier une Bible, seul ouvrage capable à l'époque de
connaître un succès immédiat.
Les travaux d'impressions se poursuivirent de 1452 à 1454, mais la Bible de
Gutenberg n'eut pas le succès escompté. Mécontent d'avoir perdu
d'importantes sommes d'argent, Johann Fust porta l'affaire devant les
tribunaux. La Justice ayant tranché en faveur du banquier, ce dernier fit
saisir l'atelier d'imprimerie de Gutenberg, puis procéda à l'édition du
Psalmorum codex (recueil de psaumes en latin et en couleurs), qui connut
un certain succès. Par la suite, Fust s'installa à Paris, contribuant à
l'essor de l'imprimerie.
Quant à Gutenberg, ce dernier sortit ruiné de son association avec Fust. En
1465, l'archevêque de Mayence lui accorda une rente et le titre de
gentilhomme, mais il mourut trois ans plus tard, largement méconnu de ses
contemporains.
Un atelier d'imprimerie au XV° siècle.
Comme nous avons pu le constater, Gutenberg n'inventa ni l'imprimerie
(apparue en Chine au VI° siècle), ni les caractères métalliques (apparus en
Corée au XIII° siècle). Cependant, ce dernier fut le premier à utiliser une
presse à imprimer (inconnue des Orientaux), mais aussi de l'encre
d'imprimerie (plus épais que l'encre de Chine utilisé en Orient, ou l'encre
mélangé à l'eau des moines copistes).
Par ailleurs, si la Bible de Gutenberg n'eut pas le succès escompté,
l'imprimerie se diffusa en l'espace de quelques décennies dans toutes les
grandes villes d'Europe. Preuve de cet engouement, l'on comptait 200
millions de livres imprimés dès le XVI° siècle, un chiffre multiplié par
trois au siècle suivant
[1]
De son vrai nom
Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg
(à noter qu'en français, l'on écrit parfois
« Guntemberg »
avec un G). Ce dernier naquit en Allemagne au début du XV° siècle.
[2]
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