Le rituel de vérification de la virilité des papes
Faux ! Mais précisons d'emblée que mensonge,
particulièrement grivois, est directement rattaché à la
légende de Jeanne la papesse.
Au XVI° siècle, date à laquelle le mythe de cette femme pape commençait à être
battu en brèche, le monde chrétien entamait un violent conflit, opposant
catholiques et protestants. L'histoire de Jeanne la papesse, pour les
opposants à la toute puissance de l'Eglise romaine, était un exemple
édifiant de la corruption du clergé catholique.
C'est ainsi qu'apparut le mythe des chaises percées, censé prouver la
véracité de la légende de Jeanne la papesse.
L'Eglise, souhaitant éviter qu'une femme ne soit à nouveau élue pape, aurait
alors mis en place au Moyen âge un rituel de vérification. Le
souverain pontife, récemment élu, devait s'assoir sur une chaise trouée en
son centre. Sous les yeux d'une multitude de curieux, un ecclésiastique
passait alors sa main sous le siège du saint père, afin de vérifier l'état
de ses parties génitales.
Si ce dernier était bien un homme, le vérificateur s'écriait : Duos habet
et bene pendentes ! (ce qui signifie "il en a deux, et bien pendantes
!"). L'assemblée s'exclamait alors : Deo gracias ! ("rendons grâce à
Dieu !").
Le prétendu rituel de vérification de la
virilité des papes, image extraite de la bande dessinée Borgia, par
Alejandro JODOROWSKY et Milo MANARA, 2004, éditions Drugstore.
En réalité, la chaise sur laquelle devait s'assoir le nouveau pape n'était
pas percée volontairement, dans le but de procéder à la vérification. En
outre, le siège en question ne datait pas du Moyen âge, mais bien de
l'Antiquité.
En effet, l'objet incriminé portait le nom de chaise curule. A
l'époque de la Rome antique, il était un symbole du pouvoir, réservé aux
hauts magistrats (tels que les consuls, dictateurs[1],
maîtres de cavalerie, préteurs, édiles curules, etc[2].).
Finalement, la fonction de ces chaises curules se perdit suite à la chute de
l'Empire romain. Ainsi, à l'époque moderne, personne ne savait plus à quoi
servait ces sièges. Ainsi, leur design très particulier (en effet,
ils laissaient apparaitre un trou entre les jambes.) échauffa rapidement les
esprits des Européens de l'époque moderne... d'où l'apparition de ce
légendaire rituel de vérification !
En réalité, le pape s'asseyait bien dans une chaise curule, ce qui était une
tradition depuis l'Antiquité (rappelons qu'il s'agissait à l'origine d'un
symbole de pouvoir.), mais personne ne lui touchait quoi que ce soit...