Les Mérovingiens
CHAPITRE PREMIER : Les Francs avant Clovis
II :
Us et
coutumes des Francs |
1° Coutumes
vestimentaires – Comme de nombreux peuples germains, les Francs avaient
les yeux bleus, la peau blanche, et une haute taille. Ces derniers, vêtus
d’habits courts et serrés, avaient pour coutume de laisser pousser leur
chevelure sur le devant du crâne. Par ailleurs, s’ils n’arboraient pas la
barbe, les Francs portaient volontiers la moustache.
Les Francs furent aussi
présentés par certains auteurs antiques comme vigoureux, robustes,
insensibles aux coups et à la douleur car élevés « à la dure », et adorant
se battre.
2° Coutumes
religieuses – A l’instar des autres peuples originaires de Germanie, les
Francs ne s’étaient pas convertis au christianisme, préférant vénérer un
panthéon de divinités scandinaves.
Le chef de dieux était
Odin (appelé aussi Wotan ou Wuodan selon les régions), qui
avait perdu un œil lors de sa quête du savoir. Divinité guerrière, il était
détenteur de la lance
Gungnir, qui revenait dans sa main après avoir été lancée sur
une cible, et chevauchait un cheval octopode nommé Sleipnir.
Avec son épouse Frikka,
Odin avait donné naissance à un fils, Thor (ou Thunor,
Donnar), dieu de la foudre. Ce dernier était équipé du marteau magique
Mjöllnir, dont le manche était si brûlant qu’il devait le tenir avec
des gants de fer.
Selon la légende, l’univers
était divisé en neuf mondes, les dieux vivants à Asgard, les humains
à Midgard. Les hommes morts les armes à la main pouvaient cependant
rejoindre le monde des dieux, étant emmenés au Walhalla (ou Valhöl),
le palais d’Odin .
Tout comme les Gaulois en
leur temps, les Francs n’érigeaient pas de temples en l’honneur de leurs
dieux, les rites se déroulant en forêt, autour d’un rocher, ou dans une
caverne.
3° Coutumes
militaires – Contrairement aux Romains, qui comptaient beaucoup sur la
cavalerie ,
les Francs se battaient à pied (seul le chef combattait à cheval, ce dernier
ayant comme objectif d’être bien vu par ses troupes pour transmettre les
ordres).
Ils utilisaient plusieurs
armes lors des batailles, dont le scramasaxe, un couteau mi-long
dépourvu de garde ; l’angon, une lance dont la pointe était armée de
crochets recourbés (tout comme le pilum romain, l’objectif de l’angon
était de se planter dans le bouclier de l’ennemi, le lanceur marchait
ensuite sur l’angon afin de découvrir le corps de son adversaire) ; et la
fameuse francisque, une hache de jet à simple tranchant
(peu précise, elle faisait d’importantes blessures, mais était aussi
utilisée pour casser les boucliers ennemis). A noter que les Francs
faisaient aussi usage de la spatha,
une épée
longue utilisée à l’origine par la cavalerie romaine (cette dernière
permettait de toucher l’ennemi au sol plus facilement).
Francique, travail mérovingien, VI° siècle après Jésus-Christ, musée des
Invalides, Paris.
A noter que les forgerons
francs disposaient d’un savoir-faire assez avancé, capables de forger des
armes solides (en acier, ou bien en fer renforcé avec du manganèse).
Scramasaxe (en haut) et spatha (en bas), VI°-VII° siècle, Deutsches historisches museum, Berlin.
Au combat, les Francs
avaient pour habitude de combattre sans cuirasse, ni casque, de portant
qu’un bouclier de cuir dans la main gauche. Ces derniers disposaient d’une
stratégie sommaire, combattant en formation triangulaire immobile (le
cunei).
4° Coutumes
royales – En raison de sources lacunaires concernant cette période, il
serait difficile de dire avec certitude si la monarchie franque était
héréditaire. Cependant, certaines traditions des rois francs nous sont
connues, telles que l’élévation sur le pavois.
Ainsi, le nouveau souverain
prenait pied sur un pavois (un bouclier de grande taille), qui était
ensuite porté par ses hommes.
Ce rite, longtemps considéré
comme d’origine germanique, fut en réalité utilisé par les souverains
romains. Nombre d’entre eux furent élevés sur le pavois par leurs légions,
comme l’Empereur Julien l’Apostat en 360.
Symbolisant l’accès aux
cieux, à la sphère divine, le rituel du pavois fut critiqué par l’Eglise,
qui parvint à lui substituer la cérémonie du sacre.
A noter que la tradition du
pavois subsista à Constantinople, capitale de l’Empire romain d’Orient,
jusqu’au début du VII° siècle.
Roi guerrier, le chef des
Francs était le seul à combattre à cheval. Se présentant comme l’incarnation
d’Odin sur le champ de bataille, il combattait aux côtés de ses guerriers,
qu’il accompagnait au Walhalla s’il était tué combat.
Un autre symbole de la
royauté résidait dans la chevelure des souverains francs. A l’image du
légendaire héros biblique Samson, le port des cheveux longs était
symbole de puissance (et à contrario, la tonte était symbole de faiblesse).
A noter cependant que si
cette coutume est antérieure à la conversion des Francs au christianisme, la
chevelure fut le symbole de la royauté pendant plusieurs siècles (les
souverains déchus étant tondus).
Enfin, chose impensable dans
notre contexte contemporain, le royaume franc n’était pas une entité
publique, mais au contraire un patrimoine privé.
Ainsi, selon la tradition
germanique, le royaume franc était la propriété du souverain, qui à sa mort
était tenu de le transmettre à ses héritiers. Afin que le partage soit
équitable, chaque enfant de sexe masculin recevait donc une région du
royaume, ainsi que le titre de roi.
Comme nous le verrons au
cours de ce chapitre, cette tradition, consacrant l’émiettement de royaume
des Francs, fut source d’une multitude de conflits et d’un fort
affaiblissement de la monarchie.
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