1°
Dioclétien (285 à 313) – Dioclétien naquit à Dioclea, en Dalmatie, en
245 (le premier nom de ce personnage fut Dioclès.).
Buste de Dioclétien.
Ses parents étant de
basse extraction (ils étaient des descendants d’esclaves.), le jeune homme
décida de s’engager dans l’armée. Progressant rapidement sous le règne de
l’Empereur Probus[1],
Dioclétien fut nommé gouverneur de Mésie, consul, puis commandant de la
garde impériale.
Il
participa alors la guerre contre les Perses, en 283. Lorsque l’Empereur
Carus mourut, ce fut son fils Numérien qui lui succéda à la tête des armées.
Cependant, ce dernier fut retrouvé mort sous sa tente peu de temps après, et
les soupçons se portèrent sur Arrius Aper, son beau père.
Ce
dernier, arrêté, fut alors publiquement poignardé par Dioclétien. Voulut-il
punir le meurtrier ou bien, impliqué lui aussi dans le complot, voulut-il le
faire taire ?
Quoi qu’il en soit, Dioclétien fut acclamé Empereur par ses soldats (il prit
alors le nom d’Imperator Caesar Caius Aurelius Valerius Diocletianus Pius
Felix Augustus.), et décida de marcher contre Carin, le frère de
Numérien, qui était resté à Rome. Les deux armées se trouvèrent face à face
en Mésie, et Dioclétien fut vaincu. Cependant, Carin fut assassiné au cours
de la bataille par un de ses hommes, ce qui donna logiquement la victoire à
Dioclétien[2].
a)
Les prémices de la tétrarchie (285 à 293) : une fois au pouvoir,
Dioclétien se trouva confronté à de nombreuses difficultés. Il y eut
plusieurs soulèvements au sein de l’armée, l’Empire était en pleine crise
économique, et les Bagaudes s’étaient révoltés en Gaule.
L’Empereur décida donc d’associer son ami Maximien Hercule (de son
vrai nom Maximianus.) au pouvoir, un général provenant de Pannonie.
Buste de Maximien Hercule.
Ce dernier, d’origine modeste, naquit en 250. Il servit sous Aurélien et
Probus, avant de suivre Carus en Perse (c’est ainsi qu’il avait rencontré
Dioclétien, qui faisait lui aussi partie de l’expédition.).
En
285, ce dernier fut d’abord fait César (il se rebaptisa alors Aurelius
Valerius Maximianus Caesar.), et fut chargé de pacifier la Gaule. Il
mata rapidement la révolte des Bagaudes, qui avaient proclamé deux
Empereurs, Amandus et Aelianus.
Rentrant victorieux à Rome, il fut alors fait Auguste par Dioclétien en
avril 286, et considéré comme son frère (Maximien prit alors le surnom
d’Hercule : Imperator Caesar Marcus Aurelius Valerius Maximianus Pius
Felix Invictus Augustus Herculius.).
Dioclétien, de son côté, ayant mené quelques expéditions sur le limes, se
rebaptisa Imperator Caesar Caius Aurelius Valerius Diocletianus Pius
Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Sarmaticus Maximus Jovius.
Les deux hommes se partagèrent donc l’Empire, Dioclétien s’emparant de
l’Orient, Maximien Hercule recevant l’Occident. Cependant, Dioclétien
conservait la prééminence sur son collègue.
Par la suite, Maximien Hercule fut chargé de protéger le Rhin des attaques
menées au nord par les Chavions et les Hérules, et au sud par
les Burgondes et les Alamans. Au final, les barbares furent vaincus
(Maximien reçut alors les surnoms Germanicus Maximus Sarmaticus Maximus.),
mais les Romains durent évacuer la rive droite du Rhin. En outre, Maximien
dut reconnaître l’usurpateur Carausius, qui s’était proclamé Empereur
en Bretagne (l’actuelle Angleterre.).
Dioclétien, quant à lui, décida de s’attaquer à la Perse, reprenant ainsi
une campagne à peine entamée à la fin du règne de l’Empereur Probus. Les
Romains prirent rapidement l’avantage, et Varanes II, le roi de Perse, fut
contraint de signer la paix en 287. En outre, Dioclétien plaça Tiridate,
un protégé de Rome, sur le trône d’Arménie.
Les deux Augustes se rencontrèrent peu de temps après, suite à quoi
Dioclétien partit faire une tournée d’inspection sur le Danube. Il affronta
alors de nombreuses tribus barbares (Goths, Burgondes, Vandales, etc.[3]).
En
291, Dioclétien et Maximien Hercule se retrouvèrent à Milan. Devant les
difficultés (insurrection en Bretagne, en Egypte et en Maurétanie, menaces
barbares sur le Rhin, etc.), Dioclétien décida de s’adjoindre l’aide de deux
César, ces derniers devenant ainsi les lieutenants et successeurs des deux
Augustes.
Ce
n’est cependant qu’en mars 293 que la première tétrarchie fut mise en place.
b)
La première tétrarchie (293 à 305) : En mars 293, la première tétrarchie
fut officiellement instaurée. Deux généraux illyriens,
Constance Chlore[4]
et Galère furent ainsi faits Césars.
Buste de Constance Chlore, vers 293-306,
Altes museum, Berlin (à gauche) ; buste de Galère, vers 303, musée du
Colisée, Rome (à droite).
Constance Chlore (de son vrai nom Caius Flavius Julius Constantius.),
né vers 250, était un militaire en provenance d’Illyrie. Préfet du prétoire
de Maximien Hercule en 288, il fut alors adopté par ce dernier en 293, et
épousa sa fille Théodora (il dut répudier pour cela sa première
épouse Hélène.). Il prit alors le nom de Caius Flavius
Valerius Constantius Nobilissimus Caesar.
Buste d'Hélène.
Galère, quant à lui, était originaire de Mésie (ses parents étaient des
Daces.). Né vers 250, il épousa le métier des armes et ses qualités lui
permirent d’être rapidement remarqué par Dioclétien. Adopté par ce dernier,
il épousa sa fille Valéria (il dut lui aussi se séparer de sa
première épouse.), et prit le nom de Caius Galerius Valerius Maximianus
Nobilissimus Caesar.
Première tétrarchie (285
– 305)
Augustes
Césars
Orient
Occident
Orient
Occident
Dioclétien
Maximien Hercule
Galère
Constance Chlore
L’Empire fut donc divisé en 101 provinces, regroupées en douze diocèses, et
en quatre grandes régions (dirigées par les tétrarques) : Dioclétien prit
l’Orient (Egypte, Libye, Thrace) ; Maximien Hercule eut l’Italie et
l’Afrique ; Constance Chlore reçut la Gaule et la Bretagne ; Galère eut la
Grèce, la Macédoine, l’Illyrie et la Pannonie.
Il
convient cependant de noter que Dioclétien conservait néanmoins une position
supérieure à ces collègues, conservant la puissance législative, et portant
le titre de Primus Augustus[5].
Statue des quatre tétrarques, basilique
de Saint Marc, Venise (rapportée de Constantinople suite au pillage de la
ville en 1204, au cours de la IV° croisade.).
C’est à cette époque que Rome commença à perdre de son importance, les
quatre Empereurs ne résidant plus dans la capitale (Dioclétien résidait à
Nicomédie, Maximien Hercule à Milan, Constance Chlore en Bretagne, Galère à
Sirmium.). La garde prétorienne fut remplacée par la garde jovienne
et la garde herculienne (qui accompagnaient respectivement Dioclétien
et Maximien Hercule.). L’Italie perdit ainsi sa prééminence, finissant par
être traitée comme une simple province de l’Empire.
Au
final, bien que le système tétrarchique ne fut pas pérenne, la première
tétrarchie eut néanmoins un bilan plutôt positif.
En
Bretagne, en 296, Constance Chlore vint à bout de l’usurpateur Allectus,
qui avait succédé à Carausius après l’avoir assassiné.
En
Afrique, Maximien Hercule vint à bout des Maures révoltés, et il garda la
frontière du Rhin alors que Constance Chlore se trouvait en Bretagne.
En
Orient, Dioclétien mit fin à l’insurrection d’Egypte. Il s’empara
d’Alexandrie à l’issue d’un long siège (la ville s’était révoltée après
avoir proclamé Empereur l’usurpateur Achilleus.), et soumit la tribu
des Blemmyes.
Galère, quant à lui, eut à lutter contre le roi de Perse Narses, qui avait
chassé Tiridate du trône d’Arménie. Cependant, son armée fut écrasée, et ce
fut Dioclétien qui vint à bout de l’ennemi. La victoire fut écrasante, les
Romains parvenant à s’emparer du trésor de Narses et de la famille royale.
Le roi de Perse dut céder la Mésopotamie et quelques régions du nord du
Tigre (Dioclétien reçut alors le surnom de Persicus Maximus.).
c)
Réformes de Dioclétien : cependant, Dioclétien, en tant que Primus
Augustus, mit en place une profonde réforme de l’Empire.
Tout d’abord, il mit fin au Principat, qui prévalait depuis Auguste.
En effet, ce dernier avait officiellement sauvegardé les institutions
républicaines, bien que ces dernières fussent placées sous la responsabilité
de l’Empereur (Auguste ne voulait certes pas subir le même sort que son
grand oncle César, qui avait été assassiné pour avoir aspiré à la royauté.).
A
l’époque d’Auguste, le sénat avait encore un rôle important, et les légendes
quant à la tyrannie des rois de Rome étaient présentes dans toutes les
mémoires. Cependant, trois siècles plus tard, les mentalités avaient changé.
Dioclétien mit donc fin au principat, et fit de l’Empire une sorte de
monarchie à l’orientale, où le souverain est considéré comme un dieu de son
vivant. Il mit fin à cette fiction de la délégation du pouvoir par le
peuple, affirmant détenir son pouvoir des dieux (il s’agissait là de
sacraliser la personne de l’Empereur afin de se prémunir contre les
assassinats qui avaient été monnaie courante au III° siècle.). Le sénat
perdit ainsi les dernières miettes de pouvoir qu’il lui restait.
Dioclétien promulgua de nombreuses réformes économiques, qui eurent un effet
bénéfique (suppression de l’impôt sur les héritages, fixation d’un prix
maximum pour les denrées, réévaluation de la monnaie.).
Vers l'an 300, il fit construire les thermes de Dioclétien, à Rome,
sur la colline du Viminal. Pour construire cet édifice particulièrement
imposant, l'Empereur fut contraint de raser plusieurs quartiers de la
capitale.
Vestiges des thermes de Dioclétien, Rome,
été 2013.
d)
La Grande persécution (303 à 304) : Dioclétien laissa aussi son
empreinte dans l’Histoire pour les persécutions qu’il commit à l’égard des
Chrétiens. En effet, Dioclétien voulut remettre au goût du jour les vieilles
traditions romaines, et affirmer aux yeux de tous les origines divines des
tétrarques.
Entre février 303 et février 304, poussé par Galère, il publia quatre grands
édits : destruction des Saintes Ecritures et des temples chrétiens,
privation des charges des magistrats chrétiens ; arrestation du clergé ;
obligation pour les clercs de sacrifier ; obligation pour les chrétiens de
sacrifier.
L’Orient fut très touché par la Grande persécution, de par sa
proximité avec le pays où vécut Jésus Christ, mais la province la plus
ensanglantée fut l’Afrique.
Finalement, les persécutions prirent fin dans le courant de l’année 305,
suite à la fin de la première tétrarchie. Ces agissements mirent une fois de
plus le trouble au sein de l’Eglise, de nombreux chrétiens se demandant si
un sacrement reçut d’un lapsi (on appelait ainsi ceux qui avaient
abjuré leur foi.) était toujours valable, ou s’il fallait se baptiser à
nouveau après avoir abjuré[6].
Il
faut cependant noter qu’à cette époque, de nombreux chrétiens s’estimaient
‘souillés’ s’ils prenaient part à des activités liées de près ou de loin au
paganisme (armée, magistratures, théâtres, etc.).
e)
La fin de règne de Dioclétien : en 303, Dioclétien revint à Rome
faire célébrer son triomphe pour sa victoire contre les Perses, mais
l’accueil fut froid. Dioclétien, malade, repartit alors rapidement pour
Nicomédie suite aux festivités, préparant son abdication.
En
305, soit vingt ans après avoir associé Maximien Hercule à l’Empire,
Dioclétien décerna le titre de Primus Augustus à Galère (il reçut le nom d’Imperator Caesar
Caius Galerius Valerius Maximianus Pius Felix Invictus Augustus.),
et Maximin II Daïa fut ensuite fait César d’Orient (prenant le nom de
Caius Valerius Galerius
Maximinus Nobilissimus Caesar.).
Le
même jour à Milan, Maximien Hercule fut contraint de démissionner, cédant sa
place à Constance Chlore (ce dernier prit alors le nom d’Imperator Caesar
Caius Flavius Valerius Constantius Pius Felix Invictus Augustus.).
Sévère reçut alors le titre de César d’Occident[7]
(prenant le nom de Flavius
Valerius Severus Nobilissimus Caesar.).
Pièces de monnaies à l'effigie de Maximin
II Daïa (à gauche.) et de Sévère (à droite.).
Deuxième tétrarchie (305
– 306)
Augustes
Césars
Orient
Occident
Orient
Occident
Galère
Constance Chlore
Maximin Daïa
Sévère
Par la suite, Dioclétien se retira en Dalmatie. C’est dans les ruines du
palais où l’Empereur vécut ses derniers jours que fut édifiée la ville de
Spalato (aujourd’hui Split en Croatie.).
A
sa mort en 313, l’Empereur reçut la titulature suivante :Imperator Caesar Caius Aurelius
Valerius Diocletianus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus VII
Sarmaticus Maximus IV Persicus Maximus II Britannicus Maximus Carpicus
Maximus Armenicus Maximus Medicus Maximus Adiabenicus Maximus, Pontifex
Maximus, Jovius, Tribuniciae Potestatis XXII, Consul X, Imperator XXI, Pater
Patriae.
2° La deuxième tétrarchie (305 à 306) – La nomination de
Maximin Daïa et Sévère ne plut pas à Constance Chlore. Tout d’abord, il
regrettait de ne pas avoir pu nommer César son fils Constantin (de
son vrai nom Caius Flavius Valerius Constantinus.), né de sa première
femme Hélène et détenu par Dioclétien à Nicomédie.
Ensuite, il n’appréciait pas que les deux Césars fussent des proches de
Galère, le nouvel Auguste d’Orient.
En
effet, Maximin Daïa était le neveu de Galère. Né en 270 en Dacie, il était
le fils d’un berger. Sévère, quant à lui, originaire de Pannonie, était un
compagnon de beuverie de Galère.
Constance Chlore parvint néanmoins à récupérer son fils avant de se rendre
en Bretagne, menant une expédition contre les Pictes et les Calédoniens.
Pièce de monnaie à l'effigie de Constance
Chlore.
Cependant, en 306, Constance Chlore mourut à Eboracum (l’actuelle
York.). Aujourd’hui, nous ne pouvons affirmer avec certitude qu’il prévoyait
de s’insurger avec son fils contre les autres tétrarques, mais sa mort
provoqua une grave crise au sein du système tétrarchique.
Cet Empereur resta dans l’Histoire comme un souverain tolérant à l’égard des
chrétiens, appliquant avec une grande légèreté les édits de 303.
A
sa mort, il reçut la titulature suivante : Imperator Caesar Caius Flavius Valerius
Constantius Pius Felix Invictus Augustus, Pontifex Maximus, Tribuniciae
Potestati XIV, Imperator II, Consul VI.
3° La troisième tétrarchie (306), l’usurpation de Maximien
Hercule et Maxence – A la mort de Constance Chlore, Sévère, son César,
devint donc Auguste (Il prit alors le nom d’Imperator
Caesar Flavius Valerius Severus Pius Felix Invictus Augustus.).
Constantin, quant à lui, prit le titre de César d’Occident (recevant le titre
de Flavius Valerius Constantinus Caesar.).
Buste de Constantin (faisant partie à
l'origine d'une statue colossale), IV° siècle, musée du Colisée, Rome.
Troisième tétrarchie
(306)
Augustes
Césars
Orient
Occident
Usurpateurs (Rome)
Orient
Occident
Galère
Sévère
Maximien Hercule et Maxence
Maximin Daïa
Constantin
Cependant, Maximien Hercule, qui n’avait pas
accepté de devoir abandonner le pouvoir comme le lui avait demandé
Dioclétien, décida de se révolter en 306 avec son fils Maxence (ce
dernier était né en 283.).
Buste présumé de Maxence, vers 310, musée
du Colisée, Rome.
En fait, les deux hommes profitèrent du
mécontentement des Romains contre Galère. D’une part, ils refusaient de
payer une nouvelle taxe (l’impôt foncier.) ; d’autre part les sénateurs et
les prétoriens n’acceptaient pas que la ville soit désertée par les
Empereurs.
Les
Romains mirent alors Maxence sur le trône (il prit le nom d’Imperator
Caesar Marcus Aurelius Valerius Maxentius Pius Felix Invictus Augustus.),
et demandèrent à son père de le seconder[8].
Vestiges du palais de Maxence, Rome.
Sévère, Auguste d’Occident, ne pouvait pas
accepter cette usurpation, et décida de marcher contre les deux hommes.
Cependant, les soldats de Sévère étaient en grande
partie d’anciens soldats de Maximien Hercule, et, de ce fait, ils refusèrent
de marcher contre son fils. Sévère, abandonné par ses hommes qui rallièrent
donc Maxence, dut ainsi prendre la fuite.
Il se réfugia alors à Ravenne, où il fut assiégé
par Maximien Hercule. Finalement, début 307, Sévère se rendit contre la
promesse d’avoir la vie sauve. Les sources antiques diffèrent quant à son
décès : soit il aurait été mis à mort par son rival, soit il se serait
suicidé.
Sa titulature à sa mort fut la suivante : Imperator Caesar Flavius Valerius
Severus Pius Felix Invictus AugustusTribuniciae Potestati III, Imperator I,
Consul I.
4° La situation en 307, suite à la
mort de Sévère – Suite à la mort de Sévère, la confusion régnait de
nouveau. La tétrarchie, dont l’objectif initial était de pouvoir mieux
défendre l’Empire, était tombée dans les pires travers, chaque tétrarque
tentant de s’arroger le pouvoir.
La situation en 307
Augustes
Césars
Orient
Occident
Usurpateurs (Rome)
Orient
Occident
Galère
Constantin
Maximien Hercule et Maxence
Maximin Daïa
Dans le
courant de l’année 307, Galère décida d’intervenir militairement en Italie,
afin de mettre un terme à l’usurpation de Maximien Hercule et de son fils.
C’est alors que les deux hommes s’assurèrent de la neutralité de Constantin
en s’alliant avec lui (il épousa alors Fausta, la fille de Maximien
Hercule.).
Buste de Fausta, musée du Louvre, Paris.
Galère
ne parvint pas à vaincre les deux usurpateurs, et dut alors se résoudre à
quitter l’Italie.
Constantin, quant à lui, remportait de nombreuses victoires contre les
Francs qui tentaient de pénétrer en Gaule (il reçut alors le surnom de
Germanicus Maximus.).
Sa position vis-à-vis des chrétiens leur était déjà favorable, car il leur
accorda le libre exercice de leur religion.
Encouragé par les récentes victoires de Maxence en Afrique, ainsi qu’en
Italie contre Sévère et Galère, Constantin décida alors de se proclamer
Auguste (il prit alors le nom d’Imperator Caesar Flavius
Constantinus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus.).
5° De la réunion de Carnutum à
la mort de Galère (308 à 311) – Galère,
voyant que la situation était en train de lui échapper, demanda l’aide de
Dioclétien, qui s’était retiré dans son palais de Dalmatie.
La situation en
308, suite à la réunion de Carnutum
Augustes
Césars
Orient
Occident
Usurpateurs (Italie et
Hispanie)
Usurpateur (Afrique)
Orient
Occident
Galère
Licinius
Maximien Hercule et Maxence
Domitius Alexander
Maximin Daïa
Constantin
Une
importante réunion eut alors lieu à Carnutum, en Pannonie. Dioclétien
tenta de convaincre Maximien Hercule d’abdiquer une nouvelle fois (écartant
Maxence du pouvoir.), et Licinius fut choisi comme Auguste
d’Occident, à la place de Sévère (Constantin, quant à lui, retrouva sa place
de César d’Occident.).
Licinius
était né en Mésie vers 265. Tout d’abord paysan, il avait par la suite
rejoint les rangs de l’armée, où il se lia d’amitié avec Galère. En 308, il
prit le nom d’Imperator Caesar Caius Valerius Licinianus
Licinius Pius Felix Invictus Augustus.
Buste présumé de Licinius (peut être
celui de Galère), début du IV° siècle, musée du Colisée, Rome.
Cependant, cette réunion causa plus de torts qu’elle n’en résolut. En effet,
les usurpateurs n’abdiquèrent pas, et les Césars finirent par se
proclamer Augustes. Au final, en 310, l’Empire était entre les mains de
sept Empereurs.
La situation en
310
Augustes
Césars
Orient et Occident
Usurpateurs (Italie et
Hispanie)
Usurpateur (Afrique)
Orient et Occident
Galère, Licinius, Maximin Daïa,
Constantin
Maximien Hercule et Maxence
Domitius Alexander
Maximien Hercule n’accepta pas d’être écarté du
pouvoir, et son fils non plus.
Maxence décida donc d’étendre son influence, et
envoya donc ses armées en Hispanie, ou les populations locales le
reconnurent. Puis, par la suite, il se tourna contre Domitius Alexander,
vicaire d’Afrique[9],
qui s’était proclamé Empereur en 308.
Rappelons qu’à l’époque, l’Afrique du nord était
un pays fertile, et était considérée comme le grenier à blé de Rome. Lorsque
Maxence demanda à Domitius Alexander de le reconnaître comme souverain, en
308, ce dernier refusa, et se proclama Empereur à Carthage.
Carthage romaine au II° siècle après
Jésus Christ, musée du Bardo, Tunis.
Maxence ne put intervenir qu’au bout de plusieurs
mois, laissant les mains libres à Domitius Alexander pendant ce temps.
Finalement, ce dernier ne fut éliminé qu’en 310 par les troupes de Maxence.
Carthage fut alors prise et livrée au pillage.
Maximin Daïa, quant à lui, fut fortement courroucé de voir Licinius prendre
le titre d’Auguste, alors qu’il n’avait pas été César précédemment.
Il prit
alors le titre d’Auguste et décida de s’attaquer à Licinius (il prit alors
le nom d’Imperator Caesar Caius
Valerius Galerius Maximinus Pius Felix InvictusAugustus.).
De
son côté, Constantin reçut la visite de Maximien Hercule, son beau père.
Chassé de Rome par son fils en 307, il avait officiellement abandonné son
pouvoir au cours de la réunion de Carnutum en 308.
Constantin décida de l’accueillir, mais Maximien Hercule profita d’un excès
de confiance de son gendre pour se proclamer Empereur à nouveau. Se retirant
à Marseille, il fut livré à Constantin par les habitants de la ville.
Maximien Hercule mourut en 310. Aujourd’hui, l’on ne sait pas s’il fut
exécuté par son gendre ou bien s’il se suicida.
A
sa mort, il reçut la titulature suivante : Imperator Caesar Marcus Aurelius Valerius
Maximianus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus V Sarmaticus
Maximus III Persicus Maximus II Britannicus Maximus Carpicus Maximus
Armenicus Maximus Medicus Maximus Adiabenicus Maximus, Pontifex Maximus,
Herculius, Tribuniciae Potestatis XXI, Consul IX, Imperator XXI, Pater
Patriae.
Cependant, un autre décès allait changer la donne : la mort de l’Empereur
Galère en 311.
6° La situation à la mort de Galère (311) – En mai 311,
l’Empereur Galère mourut après une longue agonie. Selon de nombreux auteurs
antiques, l’Empereur payait ainsi le fruit de sa haine à l’encontre des
chrétiens. Il faut cependant noter que peu de temps avant son décès, Galère
révoqua néanmoins les édits de Dioclétien.
A sa mort, il reçut la titulature suivante :
Imperator Caesar Caius Galerius
Valerius Maximianus Pius Felix Invictus Augustus, Pontifex Maximus,
TribuniciaePotestatis XIX, Imperator VII, Consul VIII.
La situation en
311, suite à la mort de Galère
Augustes
Césars
Orient
Occident
Usurpateurs
(Italie, Hispanie,
Afrique)
Orient et Occident
Licinius, Maximin Daïa
Constantin
Maxence
Les tétrarques Maximin Daïa, Licinius et
Constantin décidèrent alors de s’entendre, et se partagèrent l’Empire en
311. Licinius céda l’Asie mineure, la Syrie et l’Egypte à Maximin Daïa ; en
contrepartie, ce dernier lui céda la Grèce, la Macédoine et la Thrace. En
outre, Constantin était officiellement reconnu comme Auguste d’Occident.
Peu de temps après, Constantin décida de se
débarrasser de son rival le plus gênant, son beau frère Maxence. Recevant
l’aide de Licinius, Constantin pénétra en Italie, et s’empara de nombreuses
villes. Il battit à Vérone Pompéianus, le préfet du prétoire, et
continua sa marche vers Rome.
Maxence décida alors de réagir, et décida de
lutter contre les troupes de Constantin. Les deux hommes s’affrontèrent
alors en octobre 312 à la bataille du pont Milvius (le pont Milvius,
surplombant le Tibre, se trouvait sur la route de Rome. Il était donc
essentiel pour Maxence de verrouiller ce passage stratégique.).
Constantin, dont les troupes étaient inférieures
en nombre selon les sources antiques[10],
eut alors une vision. Un chrisme[11]
apparut dans le ciel, et il vit ou entendit les mots ‘par ce signe tu
vaincras’[12].
La vision de la Croix par Constantin,
XVI° siècle, musée du Vatican, Rome.
La bataille du pont Milvius, par Jules
Romain, XVI° siècle, musée du Vatican, Rome.
La fortune fut du côté de Constantin, qui parvint
à repousser les troupes de son adversaire. Maxence décida de rentrer à Rome,
mais perdit la vie accidentellement au cours de sa retraite.
Arc de Triomphe de Constantin, Rome
(l'édifice fut érigé suite à la bataille du pont Milvius.).
Les auteurs antiques brossèrent un portrait bien
noir de Maxence, de par sa lutte contre Constantin, champion du
christianisme. Cependant, il faut noter que Maxence mit fin aux édits de
Dioclétien dans les régions qu’il eut sous son contrôle (Italie, Afrique,
Hispanie.), refusant de persécuter les chrétiens. En outre, il érigea
plusieurs bâtiments à Rome, dont la basilique de Maxence et le temple de
Romulus.
Cet édifice avait été érigé en l'honneur de son fils, Marcus Valerius Romulus,décédé en 309.
La basilique de Maxence, érigée vers 306,
Rome
Temple de Romulus, érigé vers 309, Rome.
7° La situation en 312, suite à la défaite de Maxence –
Suite à sa victoire contre Maxence, en octobre 312, Constantin fut accueilli
en libérateur à Rome. L’Afrique et l’Hispanie, des régions auparavant
contrôlées par Maxence, ne tardèrent pas à faire soumission au vainqueur.
Pièces d'or à l'effigie de Constantin,
IV° siècle, musée du Colisée, Rome.
La situation en
312
Augustes
Césars
Orient
Occident
Orient et Occident
Licinius, Maximin Daïa
Constantin
En 313, réunis à Milan, Licinius épousa
Constantia, la sœur de Constantin. En outre, les deux hommes publièrent
un édit de tolérance, resté dans l’histoire sous le nom d’édit de Milan.
Les chrétiens étaient ainsi libres d’exercer leur culte.
Cependant, c’est à la même époque que Maximin Daïa
profita de l’absence de Licinius pour attaquer ses provinces. Pénétrant en
Grèce, il s’empara de Byzance et d’Héraclée, et progressa jusqu’à
Andrinople.
Licinius partit précipitamment d’Italie, et
affronta les troupes de son adversaire. Maximin Daïa, vaincu, dut se retirer
devant les troupes de son rival. Il mourut peu de temps après, en mai 313.
Maximin Daïa fut toute sa vie opposé au
christianisme. D’une part il appliqua à la lettre les édits promulgués par
Dioclétien ; d’autre part il ne cessa jamais de nuire aux chrétiens, même
après les édits de tolérance de 311 et 313.
Sa titulature à sa mort fut la suivante : Imperator Caesar Caius Valerius
Galerius Maximinus Pius Felix InvictusAugustus, Tribuniciae Potestati
VIII, Imperator I, Consul III.
8° Constantin et Licinius seuls maîtres de l’Empire (313) –
Constantin et Licinius se retrouvaient ainsi maîtres de l’Empire romain.
Cependant, un premier conflit opposa les deux hommes, entre 315 et 316.
Licinius qui fut vaincu par son adversaire, dut lui abandonner une grande partie de ses
possessions occidentales (Grèce, Macédoine, provinces du Danube.).
Par la suite, Constantin transféra sa capitale à Sirmium (l’actuelle Sremska
Mitrovica en Serbie.), puis à Serdica (l’actuelle Sofia.).
La situation en
313
Augustes
Césars
Orient
Occident
Orient et Occident
Licinius
Constantin
Quelques années après, en 317, Constantin et
Licinius se retrouvèrent à Serdica, décidant de faire de leurs enfants
respectifs de nouveaux Césars.
Crispus
(de son vrai nom Flavius Julius Valerius Crispus Nobilissimus Caesar.)
était le fils aîné de Constantin, né d’un premier mariage avec Minervina
(Constantin avait dut la répudier afin d’épouser Fausta, la fille de
Maximien Hercule.). L’on ne sait rien de la jeunesse du jeune homme.
Pièce de monnaie à l'effigie de Crispus.
Son frère cadet, Constantin II
(de son vrai nom Flavius Claudius Constantinus Nobilissimus Caesar.),
né en 316, était le fils de Constantin et Fausta.
Nous en savons aussi très peu sur
le fils de Licinius, Caius Valerius Licinianus Licinius Iunior
Nobilissimus Caesar (appelé aussi Valerius Licinianus Licinius Nobilissimus
Caesar.).
La situation en
317
Augustes
Césars
Orient
Occident
Orient
Occident
Licinius
Constantin
Crispus et Constantin II
Licinius II
Cette situation resta stable jusqu’en 324, date à
laquelle Constantin décida de s’attaquer une nouvelle fois à Licinius.
En juillet, Constantin vainquit son rival à
Andrinople, puis s’empara de Byzance. Licinius fut une nouvelle fois vaincu
en Chalcédoine, en septembre 324.
Dans un premier temps, Constantin accorda la vie
sauve à son rival, mais se ravisa quelques mois après. Licinius fut donc
exécuté, ainsi que son fils.
A sa
mort, Licinius reçut la titulature suivante : Imperator Caesar Caius
Valerius Licinianus Licinius Pius Felix Invictus Augustus (ou Dominus
Noster Valerius Licinianus Licinius Augustus, Tribuniciae Potestati XVII,
Consul VI.).
En 324,
Constantin se retrouvait finalement seul maître de l’Empire.
[1]
Pour plus se renseignements sur le règne de Probus, voir le 6,
section VI, chapitre cinquième, histoire de la Rome antique.
[2]
Pour en savoir plus sur les règnes de Carus, Numérien et Carin,
reportez vous au 7 et 8, section VI, chapitre cinquième, histoire
de la Rome antique.
[3]
Nous en savons peu sur cette période, les sources antiques étant
lacunaires. En outre, cet Empereur ayant persécuté les chrétiens
avec violence, les auteurs ayant épousé cette religion ne furent
guère tendres avec Dioclétien.
[5]Primus Augustus signifie ‘Premier Auguste’ (concrètement, le
Primus Augustus avait un rang supérieur aux autres.).
[6]
Ceci est une des raisons qui donna naissance au schisme donatiste.
En effet, Donat, évêque de Cellae Nigrae en Numidie,
considérait le baptême comme nul s’il avait été donné de la main
d’un lapsi ; l’Eglise quant à elle réfutait cette thèse,
affirmant que le Christ était présent dans chaque baptême, et qu’il
ne disparaissait pas après que le baptisé ait abjuré.
[7]
A noter que ce fut la première fois depuis Sylla qu’un souverain
romain abandonna de lui-même son pouvoir.
[8]
Les sources antiques, souvent défavorables à Maxence (de par sa
lutte postérieure contre Constantin, défenseur de la chrétienté.),
affirment qu’il était un souverain insignifiant, et que les Romains
ont associé Maximien Hercule au pouvoir pour pallier à ce problème.
[9]
Les vicaires étaient les responsables des diocèses (l’Empire était à
cette époque divisé en 101 provinces et douze diocèses.).
[10]
Certains auteurs estimaient le rapport de force à 1 pour 10.
[11]
Un chrisme est un symbole constitué des deux premières lettres du
mot ‘Christ’ (en grec Χριστός.), soit X (chi.) et P (rho.). Ce
symbole est parfois entouré des lettres α (alpha.) et ω (oméga.).
[12]
En grec Εν Τουτω Νικα, ce qui donne In hoc signo vinces
en latin.