La
république romaine (VI° - I° siècle avant Jésus Christ)
III: Impérialisme Romain en Méditerranée
1° Relations entre Rome et Carthage – Les relations entre
Rome et Carthage furent longtemps amicales. En effet, les deux cités
signèrent de nombreux traités au fil des siècles (le premier datant de la
fondation de la république, en 509 avant Jésus Christ.), dont les objectifs
furent de sauvegarder les intérêts des deux cités (en 348, Carthage interdit
aux Romains de commercer dans la cité ; en 279 avant Jésus Christ, les
Carthaginois envoyèrent une flotte contre Pyrrhus.).
Cette bonne entente persista jusqu’au milieu du III° siècle avant Jésus
Christ. En effet, à cette époque, les Grecs ne pouvaient plus s’assurer la
domination de la Méditerranée, laissant Rome et Carthage face à face.
Les Carthaginois représentaient un réel danger pour les Romains : en effet,
Carthage possédait une bonne partie des rivages de l’Afrique du Nord et de
l’Espagne, ainsi que de nombreuses îles de Méditerranée (La Corse, la
Sardaigne, les Baléares, et une partie de la Sicile.). Les Romains, effrayés
que Carthage puisse passer facilement en Italie du sud, devaient faire en
sorte d’écarter cette rivale dangereuse.
De
l’autre côté, les Carthaginois n’étaient pas non plus enchantés de voir Rome
prospérer à ce point. En effet, cette cité, qui au départ, ne représentait
aucun danger (V° siècle avant Jésus Christ.), s’était finalement emparée, au
fil des siècles, de l’ensemble de la botte italienne.
Rome et les États de Méditerranée, 267
avant Jésus Christ (vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de
faire un zoom).
2° Histoire de Carthage – Selon la légende,
Carthage fut fondée par la légendaire Didon. Cette dernière était originaire
de Tyr, où elle avait épousé Sychée, un riche marchand phénicien.
Cependant, ce dernier fut tué par le roi Pygmalion, le frère de la
jeune femme, jaloux de ses richesses. Didon décida alors de s’enfuir, avec
ses compagnons et l’argent de son mari. Elle se rendit alors sur la côte
libyenne, où elle fonda Carthage.
Didon construisant Carthage, par
William TURNER, 1815, National gallery, londres.
Par la suite, Didon rencontra Énée
(l’ancêtre des fondateurs de Rome.), et tomba amoureux de ce dernier. Ce
dernier, préférant suivre sa destinée, quitta Carthage, et Didon, ivre de
douleur, décida de se suicider[1]
(elle se jeta dans un bûcher après s'être
poignardée.).
Le suicide de Didon,
par Boccace, enluminure issue de l'ouvrage de casibus, France, XV°
siècle.
L’histoire de Didon n’est qu’une légende, mais elle se base sur des faits
réels. En fait, Carthage était une colonie de Tyr, fondée par les Phéniciens
(Ils se partageaient la Méditerranée avec les Grecs, au début du premier
millénaire avant notre ère.).
Les Phéniciens étaient de remarquables marins et commerçants, et parvinrent
à amasser de colossales sommes d’argent au fil des siècles (ils avaient la
réputation d’être aussi riches que les Perses, ce qui n’est pas peu dire.).
Au début, ces derniers furent influencés par la culture égyptienne, puis,
par la suite, s’imprégnèrent de culture grecque (vers le IV° siècle avant
Jésus Christ.). Ce sont les phéniciens qui firent redécouvrir l’écriture au
Grecs, au cours du VIII° siècle avant Jésus Christ (l’alphabet phénicien, ne
comportant que des consonnes, fut amélioré par les Grecs, qui y ajoutèrent
des voyelles.). La redécouverte de l’écriture apporta un grand nombre de
changements en Grèce (transcription de lois, poésies, mythes, etc.).
Peu à peu, la langue phénicienne s’implanta dans tous les territoires
conquis (Afrique, Espagne, etc.).
Les Carthaginois, quant à eux, payèrent un tribu à Tyr jusqu’au VII° siècle
avant Jésus Christ, cette cité ne pouvant alors plus s’opposer à la
progression des Grecs. Puis, au fils des siècles, Carthage étendit sa
domination sur les territoires phéniciens.
La grande spécialité des artisans carthaginois
était la fabrication de masques en verre peint, et en exportaient partout
sur les côtes de la mer Méditerranée.
Masques
carthaginois en verre peint.
Au final, au milieu du III°
siècle avant Jésus Christ, les Carthaginois se retrouvèrent à la tête d’un
important empire.
3° La première guerre punique (264 à 241 avant
Jésus Christ) – Bien que la guerre soit inévitable à plus ou moins long
terme, Rome ne pouvait se permettre de s’en prendre à Carthage sans raisons.
En effet, comme à chaque fois, les Romains devaient obligatoirement mener
une bellum justum, une guerre juste (sans quoi ils n’auraient pas
l’aval des dieux.). Heureusement pour eux, un évènement aller leur donner un
bon prétexte pour attaquer.
a)
Les causes de la première guerre punique : En 289 avant Jésus
Christ, Agathoclès, tyran puis roi de Syracuse, mourut. Cependant, il
laissait sans activité de nombreux mercenaires, surnommés les Mamertins
(en effet, ils étaient originaires de Mammertum, dans le Bruttium.). Ces
derniers avaient été recrutés par Agathoclès, alors que ce dernier, tentant
de s’emparer de toute la Sicile, s’était attiré les foudres de Carthage. Les
Mamertins luttèrent donc contre les troupes carthaginoises débarquées en
Sicile, et le conflit s’acheva finalement sur un statu quo (en 306
avant Jésus Christ.). Par la suite, Agathoclès épousa Théoxène, une
fille de Ptolémée I° (le roi d’Égypte[2].),
et de leur union naquit Lanassa, qui épousa plus tard Pyrrhus
d’Épire.
A
la mort d’Agathoclès, les Mamertins décidèrent donc de s’emparer de Messine,
et s’y installèrent.
Cependant, en 269 avant Jésus Christ, les Mamertins furent chassés de la
ville par Hiéron II, le nouveau roi de Sicile (ce dernier, arrivé au pouvoir
l’année précédente, comptait sur un coup d’éclat pour asseoir son autorité
sur l’île.).
Les Mamertins firent alors appel à Rome. Cependant, les Romains furent moins
prompts que les Carthaginois. En effet, lorsque le consul Appius Claudius
Caudex parvint à Rhegium (une cité du sud de l’Italie, très proche de
Messine, située en Sicile.), il se rendit compte que Messine avait été prise
par les Carthaginois.
Les Mamertins parvinrent néanmoins à reprendre la ville, qui fut alors
assiégée par Carthage au cours de l’hiver 264 – 263 avant Jésus Christ. Les
Carthaginois s’emparèrent alors à nouveau de Messine, mais en furent peu
après chassés par les Romains, alliés aux Mamertins.
C’est ainsi qu’éclata la première guerre punique. A noter que
‘punique’ provient du latin punici, qui signifie ‘phénicien’ (les
phéniciens avaient été baptisés ainsi car ils exportaient la couleur
pourpre, appelée phoinix, en grec.).
b)
Succès romains : après avoir été chassés de Messine, les Carthaginois
décidèrent de regrouper leurs forces à Agrigente. Cependant, cette cité fut
prise en 261 avant Jésus Christ par les consuls Appius Claudius Caudex et
Marcus Valerius Messala, après plusieurs mois de siège. Les troupes
romaines pillèrent alors Agrigente, et réduisirent la population en
esclavage. La cité de Segeste connut un sort similaire.
Les Romains, fiers de leurs succès, décidèrent de chasser les Carthaginois
de Sicile, et entreprirent alors la construction d’une imposante marine de
guerre (en effet, Rome avait jusqu’ici livré des combats terrestres
uniquement, contrairement aux Carthaginois qui étaient des marins réputés.).
En
260 avant Jésus Christ, la marine romaine était prête à en découdre avec les
Carthaginois. Finalement, naviguant près de la côte nord de la Sicile, les
Romains rencontrèrent leurs ennemis. Les deux adversaires s’affrontèrent
donc, au cours de la bataille de Mylae.
Les Romains, menés par le consul Caius Duilius Nepos, étaient à la
tête d’environ 130 vaisseaux de guerre (ces derniers avaient été construits
en se servant d’un navire carthaginois capturé comme modèle.). Les Romains,
bien que disposant d’une flotte conséquente, savaient qu’ils n’avaient pas
l’expérience maritime des Carthaginois. Caius Duilius Nepos inventa alors le
système du corbeau : il s’agissait d’une passerelle munie d’un croc, censée
faciliter considérablement l’abordage.
La bataille de Mylae, par Vincentius
BELLOVACENSIS, enluminure issue de l'ouvrage Speculum historiale,
France, XV°
siècle.
Finalement, les Romains transformèrent ce combat naval en une succession de
batailles d’infanterie. Ainsi, forts de leurs expériences passées, ils
parvinrent à vaincre les Carthaginois, qui perdirent plus d’une quarantaine
de navires dans la bataille (alors que ces derniers avaient une flotte aussi
importante que les Romains au début du combat.).
La
bataille de Mylae fut la première victoire maritime de Rome.
Cependant, alors que les Romains parvenaient à les vaincre sur mer, les
Carthaginois l’emportaient sur terre. En 259 avant Jésus Christ, ils
vainquirent Rome et les Mamertins à Enna, Camarina et Therma.
Cependant, les Romains remportèrent de nouvelles victoires maritimes contre
Carthage (bataille de Tyndaris en 257, bataille d’Ecnome en 256 avant Jésus
Christ.). Ainsi, ils parvinrent à isoler les troupes carthaginoises
implantées en Sicile.
c)
Succès carthaginois : les Romains, qui s’étaient pratiquement rendus
maîtres de la situation en Sicile, décidèrent de s’attaquer directement à
leur cité rivale, Carthage. En 256 avant Jésus Christ, les Romains
débarquèrent en Afrique. Le consul qui commandait les troupes romaines,
Marcus Atilius Regulus, était un homme d’expérience (il avait été nommé une
première fois consul en 267 avant Jésus Christ, et s’était emparé de
Brindisi, dernière cité indépendante du sud de l’Italie[3].).
Cependant, en 255 avant Jésus Christ, le général Xanthippe (un mercenaire
spartiate à la tête de l’armée carthaginoise.) écrasa les troupes romaines
au cours de la bataille d’Utique. La défaite romaine fut totale, et nombre
d’entre eux (dont Regulus.) furent faits prisonniers.
Les Carthaginois proposèrent alors un marché à Regulus. Ils lui proposèrent
de se rendre à Rome, afin de négocier la paix entre les deux cités (et lui
demandèrent de revenir à Carthage s’il échouait.). Regulus accepta, et
rentra à Rome. Lorsqu’il s’adressa au sénat, il plaida contre toute attente
en faveur de la continuation de la guerre contre Carthage. Une fois ceci
fait, respectueux de la parole donnée, il retourna se livrer aux
Carthaginois. Ces derniers, ayant eu vent du double jeu auquel s’était livré
Regulus, s’emparèrent de lui. Le Romain fut alors torturé[4]
et mis à mort.
Le supplice de Regulus, par
Boucicaut, enluminure datant de 1415, France.
Regulus devint alors pour nombre de ses compatriotes un modèle de vertu, de
respect de la parole donnée (la Fides, la bonne foi, était une notion
particulièrement importante à Rome, tant et si bien qu’elle était divinisée[5].).
Après avoir été anéantis sur terre, les Romains le furent aussi sur mer : la
même année, en 255 avant Jésus Christ, leur flotte fut détruite lors d’une
violente tempête. Malgré ce, ils parvinrent tant bien que mal à reconstituer
une nouvelle flotte et à s’emparer de la quasi-totalité de la Sicile.
Cependant, les Carthaginois remportèrent sur le Romains la bataille navale
de Drepanum, en 249 avant Jésus Christ. En outre, les derniers navires de la
flotte romaine ayant survécu à la bataille sombrèrent peu de temps après, au
cours d’une violente tempête.
En
248 avant Jésus Christ, les Carthaginois profitèrent de leur succès pour
débarquer sur la côte nord ouest de la Sicile, dirigés par le général
Hamilcar Barca.
Buste à l'effigie d'Hamilcar Barca (comme
nous l'avons mentionné plus haut, les Carthaginois étaient très influencés
par l'art grec. En effet, cette statue ressemble à s'y méprendre à celle du
stratège grec Périclès, que vous pouvez voir
ici).
Ce
dernier, accompagné d’une troupe de mercenaires, s’empara du mont Heirktê,
près de Palerme. Sa stratégie fut bonne car son positionnement rendait très
difficile toute attaque ennemie. Ainsi, Hamilcar put commencer sa conquête
de la Sicile dans de bonnes conditions.
Entre 248 et 241 avant Jésus Christ, Hamilcar s’empara d’une bonne partie de
l’île (en 244 avant Jésus Christ il transféra ses forces sur les pentes du
mont Eryx, d’où il put soutenir une garnison carthaginoise, assiégée dans
Drepanum.
d)
Les dernières années du conflit : cependant, Rome ne baissa pas les
bras, et décida de reconstruire une nouvelle flotte de guerre, en 243 avant
Jésus Christ. Une fois prête, les Romains livrèrent contre les Carthaginois
quelques batailles navales de moindre importance, au cours de l’année 242
avant Jésus Christ.
En
241 avant Jésus Christ, les Romains affrontèrent une nouvelle fois les
Carthaginois. Au cours de la bataille des îles Aegates, ils écrasèrent ces
derniers, qui durent se résoudre à mettre un terme à ce conflit.
Les Carthaginois signèrent alors la paix de Lutatius, s’engageant à
abandonner la Sicile (les troupes d’Hamilcar se retirèrent invaincues.), à
restituer à Rome tous les prisonniers de guerre, et à verser une indemnité
de 3 200 talents d’or en guise de dédommagement.
La
Sicile devint alors la première province romaine, et Syracuse, bien
qu’alliée de Rome, conserva son autonomie. La flotte romaine devint ainsi
une puissance prépondérante en Méditerranée (par la suite, en 238 avant
Jésus Christ, les Romains parvinrent aussi à s’emparer de la Corse et de la
Sardaigne, ce qui constitua la deuxième province romaine.).
4° Rome suite à la première guerre punique – Rome, après
s’être assuré la domination du sud de la botte italienne, décida de livrer
bataille au nord. Les Romains commencèrent par vaincre les Gaulois en
Étrurie, au cours de la bataille de Télamon, en 225 avant Jésus Christ. Par
la suite, de nouveaux affrontements eurent lieu dans la plaine du Pô,
jusqu’en 221 avant Jésus Christ. Les Gaulois furent alors à nouveau vaincus
par les Romains, qui soumirent la Gaule cisalpine, et s’emparèrent de
Mediolanum (Milan.).
Rome dut aussi livrer deux guerres navales, contre les pirates Illyriens
(ces derniers attaquaient les navires romains, qui prospéraient depuis la
disparition de la puissance maritime grecque.). La première guerre
Illyrienne se déroula entre 229 et 228 avant Jésus Christ, à l’issue de
laquelle les Romains furent vainqueurs. Ces derniers s’emparèrent alors de
la cité de Dyrrachium, située au nord de l’Épire (une deuxième guerre opposa
Rome aux pirates Illyriens, de 221 à 219 avant Jésus Christ. Les Romains
l’emportèrent une nouvelle fois).
A
Rome, les nouvelles conquêtes entraînèrent un certain changement. Tout
d’abord, il fut crée les promagistratures, en 227 avant Jésus Christ (à
l’origine, il n’existait que le poste de proconsul ; les charges de
propréteurs et de procurateurs furent crées bien plus tardivement.). Les
proconsuls étaient les gouverneurs des provinces romaines, et recevaient
parfois la mission d’achever une conquête. Le pouvoir qu’ils possédaient
était de type consulaire, et les proconsuls étaient choisis parmi d’anciens
consuls ou d’anciens préteurs.
En
outre, en 219 avant Jésus Christ, la Lex Claudia fit en sorte que les
sénateurs ne puissent plus se livrer à des activités commerciales ou
industrielles. Ainsi, la classe des chevaliers fit à Rome une montée en
puissance spectaculaire.
5° Carthage suite à la première guerre punique – Carthage
sortit vaincue du conflit qui l’avait opposée à Rome, devant abandonner la
Sicile et faire de nombreuses concessions. Cet échec provoqua le
ressentiment de nombreux Carthaginois, car Hamilcar Barca, qui s’était
emparé d’une bonne partie de la Sicile, avait été forcé de rentrer en
Afrique, invaincu.
Mais Carthage dut livrer un nouveau conflit, cette fois ci contre ses
propres mercenaires révoltés.
a)
La guerre des mercenaires (241 à 237 avant Jésus Christ) : en fait,
les Carthaginois, contrairement aux Romains, employaient de nombreux
mercenaires (rappelons que Xanthippe, le général qui écrasa les troupes de
Regulus à la bataille d’Utique, était un Spartiate.). Toutefois, les
mercenaires furent de tout temps une arme à double tranchant, ces derniers ne se battant pas pour
défendre leur cité, mais
uniquement pour gagner de l’argent. Ainsi, les mercenaires impayés et sans
emplois employés par Carthage ne tardèrent guère à poser problème.
En effet, ces derniers se révoltèrent en 241 avant Jésus Christ, car Carthage,
qui devait payer une indemnité de guerre de 3 200 talents d’or à Rome, ne
pouvait plus payer ses mercenaires.C’est ainsi que se déclencha la
guerre des mercenaires, ces derniers se révoltant et pillant le pays.
Les insurgés étaient dirigés par trois hommes : le Libyen Matho
(mercenaire, il avait participé à la première guerre punique, en Sicile.),
le Gaulois Autarite (il avait combattu les Romains à Agrigente.), et
l’esclave campanien Spendios (il s’était enfui de chez son maître, un
Romain.). Au départ uniquement composée de mercenaires, l’armée des insurgés
furent bientôt rejoints par les paysans libyens asservis (Matho, de par ses
origines, parvint à convaincre ces derniers de le rejoindre.), mais aussi
par des brigands, qui voyaient dans cette révolte un bon moyen de
s’enrichir.
En
239 avant Jésus Christ, Matho commença par s’emparer d’Hippo Acra, puis il
parvint ensuite à prendre Tunis (il y installa son poste de commandement.).
Par la suite, il décida d’aller mettre le siège devant Carthage. Cependant,
les mercenaires assiégèrent au même moment d’autres cités, comme Utique et
Bizerte.
Les Carthaginois assiégés firent alors appel à Hamilcar Barca, le plus
réputé de leurs généraux (rappelons qu’il avait été forcé de quitter la
Sicile sans avoir été battu par les Romains.). Ce dernier mit alors en place
une petite armée, de nouveaux mercenaires étant recrutés par le gouvernement
(à noter que certains mercenaires étaient restés fidèles à Carthage.). En
outre, Rome accepta de libérer certains prisonniers de guerre carthaginois,
de peur que les rebelles ne parviennent à prendre Carthage.
Accompagné d’une dizaine de milliers d’hommes et d’environ 70 éléphants de
guerre, Hamilcar parvint à briser le siège de Carthage, puis chassa les
troupes de Spendios et d’Autarite, qui assiégeaient Utique. En outre,
Hamilcar reçut l’appui du prince numide Naravas et de ses 2 000
cavaliers (ce dernier était un fervent admirateur du général carthaginois.).
Ensemble, ils parvinrent à vaincre les troupes de Spendios une nouvelle
fois.
Par la suite, les Carthaginois décidèrent de négocier avec les rebelles. Un
noble de la cité, Giscon, fut alors envoyé auprès d’eux en tant
qu’ambassadeur. Spendios et Autarite, de peur que leurs mercenaires ne se
rendent, décidèrent de jeter Giscon vivant dans une fosse, après lui avoir
coupé les pieds et les mains.
Hamilcar, en représailles, fit écraser par ses éléphants les
prisonniers qu’il détenait. Par les atrocités qui avaient été commises, le
conflit se transforma en guerre inexpiable.
Spendios et Autarite continuèrent alors à piller les campagnes d’Afrique,
multipliant les exactions à l’égard des populations civiles fidèles à
Carthage. Finalement, Hamilcar parvint à encercler l’armée des deux hommes
dans le défilé de la scie, en 238 avant Jésus Christ. Acculés, privés de
vivres, les mercenaires durent se résoudre à manger de la chair humaine,
tant la faim les tenaillaient.
Hamilcar demanda alors à rencontrer les généraux de l’armée rebelle.
Spendios et Autarite acceptèrent, et les Carthaginois s’emparèrent alors
d’eux. Les insurgés, ne voyant pas leurs chefs revenir, pensant que ces
derniers les avaient trahis, décidèrent de supplicier les généraux restants.
Hamilcar partit ensuite mettre le siège devant Tunis, cité détenue par Matho
et ses hommes. Spendios et Autarite furent alors crucifiés sous les murs de
la ville.
Matho décida alors de quitter la ville, sachant qu’il n’avait pas les moyens
de soutenir un siège. Il parvint alors à s’enfuir, accompagné par ses
hommes, brisant le siège du général carthaginois Hannibal.
Par la suite, il parcourut la campagne, se lançant dans une guérilla sans
pitié. Finalement, il dut se résoudre à affronter Hamilcar, en 237 avant
Jésus Christ. A l’issue de la bataille de Leptis Parva, les insurgés furent
vaincus à plate couture. Matho fut capturé, emmené à Carthage, puis torturé
à mort.
b)
Hamilcar, maître de Carthage : suite à la guerre des mercenaires,
Hamilcar s’imposa comme le seul maître de la ville, bénéficiant d’un fort
courant de sympathie de la part de ses compatriotes.
Après avoir mis en place une nouvelle armée, Hamilcar décida de mettre le
cap sur l’Hispanie (l’actuelle Espagne.), en 236 avant Jésus Christ
(l’objectif étant de compenser la perte de la Sicile, de la Sardaigne et de
la Corse.). Les Carthaginois, négociant ou combattant les Ibères,
parvinrent à faire main basse sur de vastes étendues de territoires (la zone
sud est du pays.). Cependant, Hamilcar mourut lors du siège d’Hélikè
(Elche.), au cours de l’hiver 229 – 228 avant Jésus Christ.
6° La deuxième guerre punique (219 à 202 avant Jésus Christ)
– Suite à la sanglante guerre des mercenaires, Carthage parvint malgré
tout à se relever. En effet, outre son activité commerciale florissante, la
cité reçut une aide primordiale de la part d’Hamilcar, parti s’emparer de
l’Hispanie. En effet, ce dernier y trouva des mines d’argent et d’étain, ce
qui permit de rétablir la situation économique de Carthage.
a)
Les causes de la deuxième guerre punique : Hamilcar avait emmené avec
lui en Hispanie son fils Hannibal, alors âgé de 9 ans (il était né en
246 avant Jésus Christ.). Ce dernier fut éduqué par le Spartiate Sosylos,
qui lui apprit les lettres grecques, l’histoire d’Alexandre, et l’art de la
guerre (rappelons qu’à l’époque, les Carthaginois étaient très influencés
par la culture grecque.).
Lorsque Hamilcar mourut, en 229 avant Jésus Christ, ce fut le beau frère
d’Hannibal, Hasdrubal le beau, qui prit le commandement.
Pièce de monnaie à l'effigie d'Hasdrubal
le beau.
En 226 avant
Jésus Christ, il signa un traité avec les Romains : l’Èbre fut choisie comme
frontière séparant la zone d’influence des deux cités. Puis, en 221 avant
Jésus Christ, il fonda Carthagène (Carthago Nova signifiant ‘Nouvelle
Carthage’.). La même année, Hasdrubal fut tué par un esclave gaulois dont il
avait tué le maître.
Hannibal prit alors le commandement de l’armée.
Buste d'Hannibal.
Tout d’abord, il décida
d’étendre la domination carthaginoise sur le centre de l’Hispanie. En 220
avant Jésus Christ, il assiégea Sagonte, qui s’empressa de demander une
alliance avec Rome.
Les Romains voyaient évidemment d’un mauvais œil cette nouvelle montée en
puissance des Carthaginois. Ces derniers étaient alors en train de mettre la
main sur de vastes vallées fertiles, des mines d’argent et d’étain, et
pouvaient en outre compter sur l’appui des combattants Ibères soumis à
Carthage. Rome se devait de faire quelque chose pour empêcher cette
expansion, mais devait cependant respecter la pax deorum (la paix des
dieux.), et ne se lancer que dans une bellum justum (une guerre
juste.).
Des ambassadeurs romains furent alors envoyés en Hispanie, et demandèrent
audience à Hannibal. Ces derniers argumentèrent que les Carthaginois ne
pouvaient pas s’emparer de la ville, car le traité de 241 avant Jésus Christ
(signé à la fin de la première guerre punique.) stipulait que Carthage ne
devait pas s’attaquer à une cité alliée de Rome. Hannibal, de son côté,
s’appuya sur le traité de 226 avant Jésus Christ, qui lui reconnaissait une
complète souveraineté sur tout le territoire situé au sud de l’Èbre (Sagonte
était située dans cette zone.).
Les négociations aboutirent à une impasse, et Hannibal passa outre les
imprécations des ambassadeurs romains. En 219, il s’empara de Sagonte,
déclenchant ainsi la deuxième guerre punique.
Rome et les États de Méditerranée, 218
avant Jésus Christ (vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de
faire un zoom).
b)
Victoires d’Hannibal en Italie : Hannibal savait que sa flotte était
de loin inférieure à celle des Romains, et que ces derniers comptaient
attaquer l’Hispanie et l’Afrique. Rassemblant sous ses ordres une armée
comptant environ 50 000 fantassins, 10 000 cavaliers et 40 éléphants, il
décida de porter la guerre en territoire romain, en passant par les Alpes.
Au même moment, il envoya des guerriers ibères en Afrique, afin de défendre
Carthage ; de même, de Libyens vinrent assurer les possessions
carthaginoises en Afrique (ainsi, Hannibal faisait en sorte d’éviter tout
risque d’insurrection dans ses territoires.).
Au
printemps 218 avant Jésus Christ, Hannibal commença sa longue marche,
franchissant les Pyrénées. Dans le sud de la Gaule, les tribus réagirent de
différentes façons à l’approche de l’armée carthaginoise. Jusqu’à la vallée
du Rhône, il trouva des tribus neutres, voire parfois qui s’allièrent à
Hannibal (avant son départ, le Carthaginois avait envoyé des émissaires
auprès de ces tribus gauloises.). Cependant, lorsque Hannibal et ses hommes
franchirent le Rhône, ils rencontrèrent des tribus qui leur furent hostiles
(au cours des affrontements qui eurent lieu, les Carthaginois perdirent plus
d’une dizaine de milliers d’hommes, ainsi qu’un millier de cavaliers.).
A
la mi-octobre 218 avant Jésus Christ, Hannibal et ses hommes commencèrent à
gravir les pentes des Alpes, harcelés par les tribus autochtones. Les
éléphants d’Hannibal ne purent supporter le froid des premières neiges, et
moururent presque tous avant que l’armée carthaginoise ne pénètre en Italie.
Hannibal franchissant les Alpes,
gravure de Nicolas Henri TARDIEU et d'Antoine DIEU, XVIII° siècle.
La
marche depuis l’Hispanie avait été éprouvante. En effet, après le passage
des Alpes, l’armée d’Hannibal ne rassemblait plus que 20 000 fantassins et
5 000 cavaliers environ. Heureusement pour ces derniers, ils furent bien
accueillis par les Gaulois Boïens, récemment soumis par les Romains.
Au même moment, Rome décidait de diviser ses
forces en deux. Un premier corps expéditionnaire, dirigé par le consul
Tiberius Sempronius Longus, devait se rendre en Afrique et attaquer
Carthage. Le second, sous le commandement du consul Publius Cornelius
Scipio (francisé en Scipion.), devait débarquer en Gaule, afin
d’empêcher à Hannibal de pénétrer en Italie.
Cependant, la révolte des Gaulois Boïens empêcha la mise en application de
ce plan. Sempronius et ses hommes, alors en Sicile, firent rebrousse chemin,
tout comme les troupes de Scipion, stationnées à Marseille (à noter qu’une
partie de ces troupes partit pour l’Espagne, sous le commandement de
Gnaeus Cornelius Scipio Calvus, le frère de Scipion.).
Scipion et ses hommes débarquèrent ensuite en Italie, et marchèrent contre
l’armée d’Hannibal (ce dernier s’était emparé de Turin.). Franchissant le
Pô, puis le Tessin, Scipion fit monter le camp, puis partit en
reconnaissance avec sa cavalerie. C’est alors qu’ils rencontrèrent Hannibal
et sa cavalerie, eux aussi en reconnaissance (décembre 218 avant Jésus
Christ.).
Le combat du Tessin,
tapisserie composée vers 1688, musée du Louvre, Paris.
Les jaculatores de Scipion (les ‘lanceurs de javelots’.), surpris par
la présence de l’armée carthaginoise, préférèrent se réfugier derrière la
cavalerie romaine. Hannibal décida alors d’encercler l’ennemi, écrasant
ainsi les jaculatores. Scipion et ses hommes, se voyant cernés,
décidèrent donc de fuir.
La
bataille du Tessin, bien que s’apparentant plus à une simple escarmouche,
fut néanmoins la première victoire qu’Hannibal remporta sur les Romains.
Suite à cet échec, Scipion décida de reculer. Il
se réfugia au bord du fleuve Trébie, attendant de faire la jonction avec les
troupes de l’autre consul, Tiberius Sempronius Longus, revenu de Sicile. Les
deux armées se rejoignirent peu après, en décembre 218 avant Jésus Christ.
Hannibal, voyant que les Romains ne l’attaquaient pas (ils comptaient sur
une division des soldats faisant partie de l’armée carthaginoise.), décida
de prendre l’initiative. Le 25 décembre 218 avant Jésus Christ, il ordonna à
son frère Magon de se placer en embuscade, accompagné de 1 000
fantassins et de 1 000 cavaliers. Au petit matin, alors qu’il régnait dans
la plaine un froid glacial, Hannibal donna l’ordre à ses cavaliers numides
de franchir le fleuve. Sempronius, n’acceptant pas d’être ainsi nargué par
l’ennemi, ordonna à ses hommes de poursuivre les cavaliers ennemis, bien que
la brume ne permette pas d’avoir un bon champ de vision. Les Romains durent
donc traverser le fleuve, glacial à cette époque de l’année, et se rendirent
compte, une fois sur l’autre rive, que les Carthaginois les y attendaient.
Hannibal et Sempronius placèrent leurs troupes de la même manière :
l’infanterie au centre, la cavalerie sur les flancs. Cependant, bien que les
Romains soient supérieurs en nombre (45 000 contre 30 000.), ils ne
parvinrent à l’emporter. Tout d’abord, leur cavalerie fit défection,
laissant leur infanterie sans protection. Les Carthaginois s’engouffrèrent
donc dans la brèche, infligeant de lourdes pertes aux Romains. En outre,
Magon et ses hommes sortirent de leur cachette, et attaquèrent les arrières
de l’infanterie romaine. C’est alors que plutôt de reculer et de retraverser
la rivière glacée, les Romains décidèrent de percer l’infanterie
carthaginoise, au prix de lourdes pertes (certains parvinrent ainsi à
rejoindre Plaisance.).
La
bataille de la Trébie fut une nouvelle victoire pour Hannibal (selon
certaines sources, c’est au cours de cet affrontement que moururent les
derniers éléphants de guerre.), mais la première d’une aussi grande
importance. En effet, les Romains perdirent 20 000 hommes, tués ou capturés
par l’ennemi ; les Carthaginois eurent de leur côté des pertes très
limitées.
Suite à la bataille de la Trébie, Hannibal partit hiverner à
Bologne, où il reçut l’appui de nombreuses tribus gauloises. Puis, en juin
217 avant Jésus Christ, il décida de marcher sur l’Étrurie (C'est alors
qu'il progressait à travers les marais étrusques qu'Hannibal perdit un oeil,
à cause de l'humidité et des variations de température trop
importantes.).
Hannibal sur la route de Rome,
gravure d'Henri Motte, 1878.
Le
sénat décida alors de mettre sur pied une nouvelle armée, commandée par le
consul Caius Flaminius Nepos (environ 20 000 fantassins et 3 000
cavaliers.). Les soldats romains partirent donc à la poursuite d’Hannibal.
Au soir du 20 juin 217 avant Jésus Christ, après plusieurs jours de marche,
l’armée établit son camp dans le vallon du lac Trasimène. Au petit matin,
les Romains se mirent en marche. Comme d’habitude, les chariots de vivres
furent placés au milieu, les soldats sur les côtés, les gradés à l’avant du
convoi.
C’est alors qu’Hannibal et ses soldats (environ 30 000 hommes et 10 000
cavaliers.), qui s’étaient dissimulés sur les hauteurs à l’abri du
brouillard, derrière les collines entourant le vallon, se ruèrent sur les
Romains. Flaminius et les gradés furent tués les premiers, ce qui eut pour
effet de désorganiser totalement le reste de l’armée. Certains moururent sur
place, alors que d’autres tentèrent de fuir en passant par le lac (de
nombreux Romains moururent noyés, du fait de leur équipement.).
Le Numide Maharbal, commandant de la cavalerie d'Hannibal, poursuivit
alors les Romains qui tentaient de s'échapper.
Rattrapés par leurs ennemis, les fuyards acceptèrent de se rendre, à
condition qu'ils aient la vie sauve.
Suite à la bataille du lac Trasimène (qui s’apparente cependant plus à une
embuscade.), les Romains qui avaient été faits prisonniers furent en grande
partie exécutés, mais Hannibal relâcha les alliés de Rome (espérant que ces
derniers se rallient à lui à l’avenir.). Au final, l’armée romaine perdit
15 000 hommes, alors que les Carthaginois n’eurent qu’un millier de tués
(principalement des Gaulois, qui étaient les moins disciplinés des
auxiliaires d’Hannibal.).
Rome, qui venait de subir trois sanglantes défaites coup sur
coup, n’avait plus les moyens, pour le moment, de lever une nouvelle armée.
Le sénat nomma donc un dictateur pour tenter d’arranger la situation. Ils
choisirent Fabius Maximus Verrucosus Quintus, dit Cunctator
(‘le temporisateur’.). En effet, ce dernier se lança dans des opérations de
guérilla, refusant à Hannibal de l’affronter en bataille rangée. Cependant,
le sénat n’apprécia guère les méthodes du Cunctator, jugées trop
humiliantes. Les sénateurs firent donc en sorte qu’il soit accompagné d’un
maître de cavalerie (qui était une sorte de général en chef du dictateur[6].),
Minucius Rufus, qui était un de ses opposants politiques. A cause de
cela, les plans du Cunctator ne se déroulèrent parfois pas comme prévu.
Cette même année 217 avant Jésus Christ, Gnaeus Cornelius Scipio Calvus
détruisit les réserves d’Hannibal en Hispanie.
En 216 avant Jésus Christ, deux nouveaux consuls romains furent
élus : Caius Terentius Varro (francisé en Varron.) et Lucius
Aemillius Paullus (francisé en Paul Émile. Ce dernier, déjà consul en
219 avant Jésus Christ, s’était illustré au cours de la deuxième guerre
illyrienne.).
Hannibal, affaibli par les actions intentées contre lui par le Cunctator,
souhaitait affronter les Romains au cours d’une bataille rangée. Marchant
sur l’Apulie, Hannibal espère bien affronter et vaincre les Romains une
nouvelle fois.
Le
consul Paul Emile, un patricien, était d’avis de continuer la lutte
d’harcèlement à l’encontre des troupes d’Hannibal, à l’instar du Cunctator.
Son confrère Varron, un plébéien, voulait quant à lui affronter les hommes
du Carthaginois une bonne fois pour toute (l’armée romaine était composée de
86 000 hommes et de 9 000 cavaliers, contre 55 000 hommes et 10 000
cavaliers pour les troupes d’Hannibal.).
Le
2 août 216 avant Jésus Christ, le consul Varron et ses hommes affrontèrent
les troupes d’Hannibal, au cours de la bataille de Cannes[7].
La bataille de Cannes,
par François Nicolas CHIFFLART, 1863, Petit palais, Paris.
A
cette époque, l’armée romaine n’était pas encore professionnelle, les
soldats étaient tous des citoyens qui s’étaient engagés pour défendre leurs
biens. La formation des manipules et l’équipement dépendaient de l’âge et
des revenus des soldats : les plus jeunes étaient placés à l’avant, les plus
riches étaient équipés de lourdes cuirasses (les plus fortunés avaient les
moyens d’entretenir un cheval, et abandonnaient l’infanterie pour rejoindre
les rangs de la cavalerie.).
Varron, comme c’était l’usage, disposa l’infanterie au centre, les troupes
auxiliaires sur les côtés, et la cavalerie sur les ailes.
Hannibal, qui se savait en position d’infériorité numérique, fit une
nouvelle fois preuve de son génie militaire : il envoya sa cavalerie
s’attaquer à la cavalerie romaine. Puis, il disposa son infanterie en ligne
(beaucoup plus longue que le rectangle formé par les Romains.).
Varron fit sonner l’assaut, et l’infanterie chargea les Carthaginois.
Hannibal fit alors reculer le centre de sa ligne de front, faisant en sorte
que les ailes de cette dernière prennent les Romains en tenaille.
En
outre, comme les cavaliers carthaginois parvinrent à l’emporter sur les
cavaliers romains, ils vinrent prêter main forte au reste de l’armée
d’Hannibal. L’armée romaine, encerclée, fut massacrée.
Au
final, si Varron parvint à s’échapper, Paul Émile perdit la vie au cours de
l’affrontement, tout comme environ 50 000 Romains (10 000 autres furent
capturés.). De leur côté, les Carthaginois n’avaient perdu que 6 000 hommes
environ (une nouvelle fois, beaucoup de Gaulois furent tués.).
La
bataille de Cannes reste dans l’Histoire comme un chef d’œuvre tactique,
mais aussi comme une des plus sanglantes défaites de Rome.
Le soir de la victoire, les hommes d'Hannibal félicitèrent leur chef.
Maharbal proposa alors au Carthaginois de marcher sur Rome. Cependant, sans
que l'on ne sache trop pourquoi, Hannibal déclina la proposition de son
allié. Maharbal lui répondit alors "les dieux n'ont pas tout donné au même
homme; tu sais vaincre, Hannibal, mais tu ne sais pas profiter de la
victoire."
Hannibal comptant les anneaux des chevaliers
romains tués à la bataille de Cannes, par Sébastien SLODTZ, vers 1688, musée du
Louvre, Paris.
c)
Enlisement en Italie : suite à cette brillante victoire, Hannibal ne
marcha pas sur Rome, mais sur Capoue, qui lui ouvrit ses portes. Apprenant
la nouvelle de la défaite romaine, de nombreux peuples firent défection,
dans le Samnium, le Bruttium, en Lucanie et en Apulie.
Aujourd’hui, l’on ne sait pas exactement pourquoi Hannibal préféra il
s’installer à Capoue plutôt que de prendre Rome. Selon la tradition, le
Carthaginois n’aurait pas su exploiter sa victoire, tout comme Pyrrhus
quelques décennies auparavant. Mais la réalité n’est elle pas plus
complexe ? Comme nous l’avons vu au cours des affrontements précédents,
Hannibal avait toujours fait en sorte de s’attirer la sympathies des alliés
de Rome (libération des prisonniers, etc.). Le Carthaginois souhaitait sans
doute faire en sorte que les Romains perdent tous leurs alliés, et se
retrouvent seuls et impuissants face à Carthage.
A
noter cependant que si Hannibal l’avait emporté sur les Romains sur terre,
ces derniers lui restaient bien supérieurs sur mer. De cette manière, les
Carthaginois ne pouvaient pas compter sur des renforts, et durent se
débrouiller par eux même (c’est pour cette raison qu’Hannibal ne s’empara
pas de Brindisi, de Naples ou de Rhegium.).
Hannibal passa donc quelques mois dans la ville (c’est l’épisode que l’on
appelle les délices de Capoue.), attendant des renforts et tentant de
nouer des alliances.
En 215 avant Jésus Christ, Hannibal ne reçut qu’un faible
renfort de la part de son frère Magon. En effet, quelques mois auparavant,
ce dernier était parti enrôler de nouveaux soldats en Hispanie, et avait
décidé de s’emparer de la Sardaigne, avant d’accoster en Italie. Seulement,
les autochtones vivant dans l’île se montrèrent très hostiles aux
Carthaginois. Magon perdit de nombreux hommes, et dut se résoudre à
rejoindre son frère avec un effectif réduit.
Au printemps 215 avant Jésus Christ, Hannibal
s’allia avec Philippe V de Macédoine. C’est ainsi que débuta la première
guerre de Macédoine[8].
Cependant, cette alliance ne fut pas des plus heureuses.
Buste de Philippe V, II°
siècle après Jésus Christ (copie romaine d'après l'antique), musée
national de Rome, Rome.
En
effet, le roi de Macédoine ne put rien faire contre les Romains. D’une part,
il ne put débarquer en Italie, Rome ayant installé une flotte à Brindisi ;
d’autre part, il ne parvint pas à s’emparer des positions romaines en
Illyrie (Dyrrachium et Apollonia.).
Afin de mettre fin à la menace, Rome fit en sorte d’attaquer Philippe V sur
ses arrières. Ils s’allièrent ainsi à des ennemis de la Macédoine : la Ligue
étolienne en 212, Sparte en 211, le royaume de Pergame en 209 avant Jésus
Christ.
Au
final, Philippe V signa la paix avec les Romains en 205 avant Jésus Christ,
une fois qu’Hannibal n’eut plus la moindre chance de l’emporter.
Toujours en 215 avant Jésus Christ, Hiéron II, tyran de
Syracuse, mourut. Son petit fils Hiéronyme prit alors le pouvoir,
renouvelant l’alliance avec Rome. Cependant, de graves troubles agitèrent la
ville, peu après l’accession du nouveau roi au trône. Hiéronyme décida alors
de quitter l’alliance romaine, mais cela ne calma pas la population. En 214
avant Jésus Christ, le roi et la famille royale furent massacrés.
L'assassinat de Hiéronyme, par Boccace,
enluminure issue de l'ouvrage de casibus, France, XV°
siècle.
Hannibal profita de la situation et s’empara alors de la ville. De là, il
put échafauder tranquillement ses plans de conquête de la Sicile.
Proclamant la liberté des cités grecques[9],
le Carthaginois se présenta comme un conquérant imprégné d’hellénisme,
reléguant les Romains au rang de barbares. D’ailleurs, ce discours
fonctionna, car de nombreuses cités grecques de Sicile ou d’Italie du sud
décidèrent de le rejoindre (comme Tarente, Crotone et Thurioi, en 212 avant
Jésus Christ.).
De leur côté, les Romains élurent consul le Cunctator, en 215 et
en 214 avant Jésus Christ. Ce dernier, s’appuyant sur l’Étrurie, l’Ombrie et
le Latium restés fidèles, recommença à harceler les troupes d’Hannibal.
Cette stratégie porta ses fruits, et les difficultés du carthaginois se
firent de plus en plus importantes.
En
213 avant Jésus Christ, le consul Marcus Claudius Marcellus, après
avoir tenté de faire revenir Syracuse dans l’alliance romaine, décida de
faire le siège de la ville. Les Romains durent alors se battre contre une
armée de 25 000 hommes en provenance de Carthage, dirigée par Himilcon.Défait par Marcellus, le Carthaginois dut reculer, et partit occuper
Agrigente.
Le
siège de Syracuse fut long, la cité étant continuellement ravitaillée par
les navires carthaginois. Cependant, ces derniers, inférieurs au Romains, ne
purent apporter aucune aide militaire à la ville.
En
211 avant Jésus Christ, Marcellus parvint à s’emparer de Syracuse, et les
Romains pillèrent la ville. C’est au cours du sac de la ville que le savant
Archimède, qui était en train de tracer des figures géométriques dans le
sable, fut tué par un soldat romain.
La mort d'Archimède,
gravure du XVIII° siècle (d'après le tableau de Pier Francesco Mola, XVI°
siècle).
Les Romains parvinrent aussi à reprendre pied en Italie. Profitant du fait
qu’Hannibal soit occupé à Tarente (la cité lui avait ouvert ses portes, mais
la garnison romaine n’avait pas déposé les armes.), ils assiégèrent Capoue
en 212 avant Jésus Christ. Bien qu’Hannibal les obligea à abandonner le
siège de la cité, les Romains revinrent à la charge en 211 avant Jésus
Christ. Le Carthaginois décida de faire diversion et de marcher sur Rome.
Cependant, les Romains refusèrent de l’affronter, tirant les leçons de leurs
erreurs passées. Hannibal, sans disposer de machines de siège, décida de se
retirer dans le sud de l’Italie.
En
211 avant Jésus Christ, Capoue tomba, tout comme Tarente, en 209 avant Jésus
Christ (30 000 habitants furent réduits à l’esclavage, pour avoir soutenu
Carthage.).
Par la suite, les Romains vainquirent Hannibal par deux fois, à Salapia (208
avant Jésus Christ.), et à Grumentum (207 avant Jésus Christ.).
d)
Offensive des Scipion en Hispanie : cependant, il ne faut pas oublier
que les Romains se battirent aussi en Hispanie. Publius Cornelius Scipio et
son frère, Gnaeus Cornelius Scipio Calvus, s’y battaient depuis 218 avant
Jésus Christ.
En
215 avant Jésus Christ, ils soutinrent en Hispanie la révolte du roi Numide
Syphax, ce qui empêcha les Carthaginois d’envoyer des renforts à
Hannibal en Italie. Cependant, ce dernier fit la paix avec Carthage en 212
avant Jésus Christ.
Hasdrubal, le frère d’Hannibal, eut ainsi les mains libres pour s’attaquer
aux armées romaines en Hispanie. Les frères Scipion, chacun à la tête d’une
armée, se trouvaient alors en Andalousie. En 211 avant Jésus Christ, les
Carthaginois attaquèrent les deux armées séparément, et l’emportèrent (les
Scipion furent tués au cours des deux batailles.). Les restes des deux
armées se retirèrent alors sur l’Ebre.
Publius Cornelius Scipio Africanus, plus connu sous le
nom de Scipion l’Africain, succéda à son père, Publius Cornelius
Scipio, tué en 211 avant Jésus Christ.
Buste de Publius Cornelius Scipio
Africanus, conservé au musée du Capitole, Rome.
Le jeune homme, nommé proconsul en
Hispanie (alors qu’il n’avait jamais été consul.), remporta de nombreuses
victoires.
En
209 avant Jésus Christ, Scipion commença par s’emparer de Carthagène, puis
parvint à se concilier les faveurs
des chefs ibères.
La prise de Carthagène, tapisserie composée vers 1688,
musée du Louvre, Paris.
En effet, suite à la prise de la cité, Scipion s’était emparé de la fiancée
d’Allutius, un chef ibère. Bien que la demoiselle fut d’une
grande beauté, le Romain préféra la restituer à son compagnon, sans
demander de rançon. Allutius, touché par la générosité de Scipion,
s’engagea du côté de Rome, et incita de nombreux chefs ibères à en
faire autant.
La continence de Scipion,
par Niccolo del ABATE, XVI° siècle, musée du Louvre, Paris.
Par la suite, le Romain
l’emporta sur Hasdrubal à la bataille de Baecula, ; s’empara de Gadès
(actuellement Cadix.) en 207 avant Jésus Christ ; vainquit Magon à Ilipa[10] ;
et finalement réussit à conquérir toute la moitié sud de l’Espagne.
La bataille d'Ilipa, par Titus Livius (traduction de Pierre Bersuire), enluminure issue de l'ouvrage
Ab urbe condita,
Rouen, France, XV°siècle.
Lorsque Scipion rentra à Rome, en 206 avant Jésus Christ, les hostilités
avaient prit fin en Hispanie. Auréolé de gloire, il fut acclamé par le
peuple.
Cependant, suite à la bataille de Baecula,
Hasdrubal, bien qu’ayant perdu beaucoup d’hommes, décida de rejoindre son
frère Hannibal en Italie.
Hivernant en Gaule, Hasdrubal parvint à compléter les effectifs de son armée
grâce à des contingents de Gaulois. Franchissant les Alpes à la tête d’une
armée de 60 000 soldats, il se rendit dans le nord de l’Italie.
En
face de l’armée carthaginoise se trouvaient le consul Marcus Livius
Salinator[11]
et ses soldats. Ces derniers furent cependant rejoints par les troupes de
l’autre consul, Claudius Nero, qui avait eu vent de la marche d’Hasdrubal
vers l’Italie.
Tentant de dissimuler au Carthaginois que ce dernier n’avait pas une mais
deux armées en face de lui, les hommes de Claudius Nero passèrent la nuit
dans le camp de Salinator.
Cependant, Hasdrubal découvrit la ruse des Romains, et décida de fuir, se
sachant en infériorité numérique. Les deux consuls firent alors sonner la
charge, et les deux belligérants s’affrontèrent au cours de la bataille du
Métaure[12].
Les Carthaginois furent vaincus, et Hasdrubal mourut au cours du combat. Sa
tête fut tranchée et envoyée à son frère Hannibal.
e)
Offensive en Afrique : Magon, frère d’Hannibal, parvint à prendre la
fuite, suite à la bataille d’Ilipa. Il se rendit ensuite en Ligurie et
s’empara de Gênes (206 avant Jésus Christ.). Cependant, il ne put porter
assistance à son frère. En effet, les troupes du consul Quintilius Varus
vinrent à sa rencontre, et parvinrent à le vaincre. S’enfuyant à nouveau,
Magon rejoignit Hannibal avec les quelques hommes qui lui restaient.
En
outre, en 205 avant Jésus Christ, les Romains mirent fin à l’alliance entre
Hannibal et Philippe V de Macédoine, se dernier se rangeant du côté de Rome.
Hannibal se retrouvait de plus en plus en difficulté, sa volonté de voir les
alliés de Rome le rejoindre ayant échoué.
En 204 avant Jésus Christ, Rome décida d’élire consul le jeune
Scipion, bien que celui-ci n’ait pas l’âge légal. Ce dernier était alors
favorable à une expédition contre Carthage, contrairement au Cunctator.
Quoi qu’il en soit, après avoir passé quelques mois à réunir des troupes
(Scipion fit appel à des volontaires, ce qui ne se faisait pas à l’époque.),
Scipion embarqua pour l’Afrique.
L'arrivée en Afrique, tapisserie composée vers 1688,
musée du Louvre, Paris.
Les premiers mois de l’expédition furent laborieux : Scipion, assisté dans
sa lutte par Massinissa, un prince Massyle (ce dernier était opposé à
Syphax, roi des Massaessyles, qui était allié avec Carthage.), remporta
quelques petits combats contre les Carthaginois, mais ne parvint cependant
pas à s’emparer d’Utique (les Romains furent en effet attaqués par les
troupes de Syphax.). Par la suite, Scipion et ses hommes durent hiverner sur
la côte, non loin de Carthage.
En
203 avant Jésus Christ, Scipion et Massinissa parvinrent à vaincre l’armée
carthaginoise, assistée par les troupes de Syphax, au cours de la bataille
des grandes plaines. Le roi des Massaessyles fut alors capturé par les
Romains. Par la suite, Scipion présenta Syphax enchaîné sous les murs de
Cirta. La ville décida alors de se rendre (les Romains s’emparèrent de Tunis
peu après.).
Au
mois de juin 203, Carthage accepte de faire la paix avec Rome. Scipion dicta
les condition de reddition : Evacuation des soldats carthaginois en
territoire romain (Italie, Gaule.), cessation de l’Hispanie à Rome, flotte
réduite à 20 navires, paiement d’une indemnité de guerre de 5 000 talents.
Cependant, alors que des ambassadeurs carthaginois
s’étaient rendus à Rome pour ratifier le traité de paix, Hannibal et Magon
furent appelés en Afrique. Le conflit, que l’on croyait achevé, redémarra.
Hannibal, s’alliant avec Vermina, le fils de Syphax, décida de
s’attaquer aux troupes de Scipion. Les deux armées s’affrontèrent au cours
de la bataille de Zama, le 19 octobre 202 avant Jésus Christ.
La bataille de Zama, par Titus Livius,
enluminure issue de l'ouvrage Ab urbe condita
(traduction de Pierre Bersuire), France, XV°
siècle.
Hannibal, qui l’avait toujours emporté sur les Romains, bien qu’étant à
chaque fois en infériorité numérique, avait ce jour ci une armée plus
importante que celle de Scipion (50 000 fantassins, 4 000 cavaliers et 80
éléphants de guerre pour Hannibal ; 35 000 fantassins et 9 000 cavaliers
pour les Romains.).
La
stratégie d’Hannibal reposait sur le rôle prépondérant des éléphants. Les
mercenaires gaulois, placés en deuxième ligne, et l’armée carthaginoise,
placée en troisième ligne, devaient attaquer ensuite, profitant de la
débandade des Romains. Sur les ailes se trouvait la cavalerie (celle des
Carthaginois d’un côté, celle de Vermina de l’autre.).
En
face, Scipion avait tiré les leçons des échecs passés. En effet, au lieu de
disposer l’infanterie romaine en un gros bloc rectangulaire, il la divisa en
plusieurs manipules, laissant des passages libres entre elles. Quant à la
cavalerie, une partie fut placée sur l’aile gauche, l’autre (celle de
Massinissa.) sur l’aile droite.
Hannibal fit alors sonner la charge, et les éléphants s’avancèrent vers les
lignes romaines. Cependant, le bruit des trompettes de guerre des Romains
effraya les pachydermes, qui, se retournant, firent de gros dégâts au sein
de l’armée carthaginoise. En outre, les éléphants qui parvinrent à passer
furent évités sans dommages par les manipules. Les Romains profitèrent du
passage des éléphants pour les accabler de traits.
Une fois que les pachydermes ne représentèrent plus un danger, les deux
armées s’affrontèrent. Seulement, les éléphants ayant déjà fait de gros
dégâts dans les rangs carthaginois, les Romains n’eurent pas de mal à
prendre l’avantage.
C’est alors que la première ligne carthaginoise, composée de mercenaires
gaulois, décida de se réfugier derrière la troisième ligne. Cependant, les
soldats carthaginois refusèrent de laisser passer les Gaulois, et durent se
battre contre eux, en plus des Romains.
Par la suite, Scipion fit entourer l’armée carthaginoise, reprenant la
tactique qu’avait employé Hannibal au cours de la bataille de Cannes. Les
Romains écrasèrent alors leurs ennemis, qui durent se résoudre à prendre la
fuite.
La Bataille de Zama,
Tapisserie composée vers 1688.
Les Carthaginois perdirent 20 000 hommes au cours de la bataille de Zama, et
10 000 furent capturés. Les Romains, quant à eux, n’eurent environ qu’un
millier de morts.
Auréolé de gloire, Scipion reçut alors son surnom d’Africain[13].
Carthage, suite à cette défaite, dut se résoudre à
signer avec Rome un traité de paix encore plus dur que le précédent. La cité
dut abandonner l’Hispanie et les Baléares, sa flotte fut réduite à 10
navires, et dut payer une indemnité de guerre de 10 000 talents. En outre,
il fut interdit aux carthaginois de se lancer dans une expédition militaire
sans recevoir l’aval de Rome.
Quant à Massinissa, roi des Massyles, il reçut quelques années après les
territoires de Vermina. Ce dernier, qui n’avait pas été présent à Zama, se
présenta peu de temps après la bataille face à l’armée romaine. Vermina et
ses hommes subirent une lourde défaite, et, en 200 avant Jésus Christ, après
quelques années de guerre, il demanda à faire la paix avec Rome. Vermina fut
alors destitué, et son royaume échut à Massinissa. Le royaume de Numidie fut
alors unifié, sous l’égide d’un seul souverain.
Par la suite, Hannibal resta à Carthage pendant quelques années. Cependant,
menacés par ses adversaires politiques, il fut contraint de s’exiler auprès
du roi Antiochos III, en Syrie[14].
Se rendant en Asie mineure, il servit plusieurs rois, comme nous le verrons
au cours des chapitres suivants.
7° Rome à la conquête de la Méditerranée – Suite à la
deuxième guerre punique, Rome se trouvait à la tête d’un véritable Empire.
Mais Rome, au début du II° siècle avant Jésus Christ, n’était pas encore
assez puissante pour s’attaquer aux royaumes d’Orient, alors entre les mains
des descendants des diadoques[15].
Rome mit alors en place une stratégie à double objectif : d’une part,
consolidation de ses nouvelles possessions (Hispanie, Corde, Sardaigne,
etc.) ; de l’autre, action diplomatique et militaire à l’encontre des Etats
pouvant représenter une menace.
a)
Les conflits hors du territoire romain : en ce qui concerne les
conflits qui eurent lieu hors du territoire romain, il est bon de prendre en
compte la géopolitique de l’époque. L’épopée d’Alexandre III, mort en 323
avant Jésus Christ[16],
était encore présente dans tous les esprits. Cependant, suite à son décès,
ses généraux, les diadoques, se partagèrent son Empire, et ne purent
s’empêcher de se faire la guerre.
Au
début du II° siècle avant Jésus Christ, les diadoques étaient tous morts
depuis longtemps, et les territoires conquis par Alexandre se réduisaient
comme peau de chagrin. En effet, de nombreux petits royaumes, profitant de
l’état de guerre constant et de la perte de pouvoir des souverains,
obtinrent ainsi leur indépendance (par exemple la Bythinie, le Pont,
Pergame, en Asie mineure.).
Rome sut profiter des velléités indépendantistes de ces petits royaumes, et
s’allia donc avec eux contre les descendants des diadoques.
Le premier conflit à éclater, suite à la deuxième
guerre punique, fut la seconde guerre
macédonienne[17](200 à 196 avant Jésus Christ). Rome,
Pergamme et Rhodes eurent à affronter Philippe V de Macédoine (il descendait
d’Antigone Monophtalmos, un des diadoques.).
Cette guerre éclata suite à la prise de l’île de Chios par Philippe V, en
201 avant Jésus Christ. L’année suivante, le royaume de Pergame et Rhodes,
inquiet de la montée en puissance des Macédoniens dans la mer Egée, décida
de faire appel à Rome.
Les Romains, après deux années de luttes indécises, affrontèrent une
nouvelle fois l’armée de Philippe V en 197 avant Jésus Christ, au cours de
la bataille de Cynocéphales.
L’armée romaine, sous le commandement du consul Titus Quinctius
Flamininus, comptait en ses rangs plus de 30 000 soldats, ainsi que
quelques milliers de troupes auxiliaires (archers de Crète, cavaliers
numides, etc.). De son côté, Philippe V alignait la fameuse phalange
macédonienne[18],
rassemblant plus de 20 000 soldats.
Comme nous pouvons le constater, le roi de Macédoine partait avec un
inconvénient, celui d’être en infériorité numérique face aux Romains.
Cependant, Hannibal avait prouvé à maintes reprises, au cours de la deuxième
guerre punique, que le nombre ne faisait pas tout, et que la tactique devait
jouer un rôle de premier plan.
Mais Philippe V lança ses soldats dans un assaut frontal, utilisant une
tactique très ancienne, déjà utilisée par Alexandre le Grand et son père, il
y a de cela plus de 100 ans.
Les Romains, bien plus mobiles que les soldats grecs, contournèrent ces
derniers dès que l’assaut fut lancé, les attaquant sur les flancs. La
phalange, difficile à manoeuvrer, ne pouvait se retourner et combattre. En
outre, les actions individuelles étaient prescrites, les soldats devaient
tenir le rang et ne jamais ne battre seuls.
Au
final, la légion romaine, n’attaquant pas de front, écrasa sans problèmes
l’armée de Philippe V. 8 000 grecs moururent, 5 000 furent faits
prisonniers. Les Romains, quant à eux, avaient perdu moins d’un millier
d’hommes.
Ce
fut la première fois que les Romains battirent les Macédoniens au cours
d’une bataille rangée. La Macédoine, qui fut un temps un pays à la tête d’un
Empire immense, perdait plus qu’une bataille à Cynocéphales.
Peu de temps après, le roi de Macédoine dut faire la paix avec Rome. En 196
avant Jésus Christ, Philippe V signa le traité de Tempé avec Flamininus : le
roi perdit toutes ses possessions en Grèce et en Asie mineure ; s’engagea à
payer une indemnité de guerre de 1 000 talents ; livra la quasi-totalité de
sa flotte aux Romains ; et devint allié de Rome. Cette dernière décida
cependant de laisser son royaume à Philippe V, car la Macédoine était un
Etat tampon entre l’Illyrie et la Grèce.
En
196 avant Jésus Christ, Flamininus déclara l’indépendance des cités grecques[19]
au cours des Jeux Isthmiques (ils se déroulaient en effet dans l’isthme de
Corinthe.). Mais en réalité, les cités grecques passèrent simplement d’une
domination macédonienne à une domination romaine...
En 192 avant Jésus Christ, les Romains durent s’opposer à un
autre descendant des diadoques : Antiochos III, roi de Syrie[20]
(il descendait de Seleucos, un des diadoques.).
Pièce de monnaie à l'effigie
d'Antiochos III.
Ce
souverain fut sans doute un des plus illustres représentants de la famille
des Séleucides.
Lorsque Antiochos III arriva au pouvoir, le royaume séleucide était dans un
triste état : les souverains précédents avaient perdu beaucoup de régions à
l’est, et à l’ouest, l’Égypte lagide dominait totalement la partie orientale
de la mer Méditerranée.
Antiochos III, qui rêvait de reconstituer l’Empire d’Alexandre, décida
d’entamer une politique de conquêtes et de rétablissement de l’autorité
royale : tout d’abord, le séleucide soumit la Perse et la Médie (221 avant
Jésus Christ), ainsi que la moitié est de l’Asie mineure (216 et 214 avant
Jésus Christ.). Puis, il rassembla une armée de 100 000 hommes, et mena
plusieurs campagnes en Arménie, Bactriane et Parthie, qui furent
victorieuses (210 à 205 avant Jésus Christ.). Il avança même jusqu’en Inde,
où les souverains de la région, effrayés par une si grande armée, décidèrent
de faire la paix. Ensuite, en 204 avant Jésus Christ, Antiochos III lança
une série d’excursions sur les côtes du golfe persique. Enfin, la même
année, le séleucide attaqua l’Égypte, profitant de la mort du roi, remplacé
sur le trône par son fils, un enfant de cinq ans (Antiochos s’empara alors
de la Palestine, de la Syrie, d’Éphèse, et de toute la côté hellespontique.
En 195 avant Jésus Christ, Rome, voyant d’un mauvais œil les prétentions
impérialistes d’Antiochos III, obligèrent les Égyptiens à faire la paix avec
lui (l’Égypte commença dès lors sa lente décadence.).
Antiochos III, fort de ses multiples victoires, fit l’erreur de ne pas tenir
compte de la montée en puissance de Rome. En effet, le séleucide abritait le
célèbre Hannibal à sa cour, ce qui le rendit suspect aux yeux des Romains.
En
192 avant Jésus Christ, Antiochos III décida de marcher sur la Grèce,
désirant réaliser à l’ouest ce qu’il était parvenu à faire à l’est.
Cependant, Rome et ses alliés ne l’entendirent pas de cette oreille, et
décidèrent d’en découdre. Ainsi débuta donc la guerre de Grèce.
Le
conflit ne fut cependant pas long. En effet, en 191 avant Jésus Christ, les
Romains arrêtèrent Antiochos III aux Thermopyles, obligeant le Séleucide à
rentrer en Asie (Hannibal, à qui le Séleucide avait confié une flotte de
guerre, fut lui aussi battu par les Romains. Il dut s’exiler à nouveau pour
ne pas tomber entre les mains des Romains[21].).
Suite à ces victoires, Rome décida de poursuivre l’offensive, envoyant des
troupes en Asie, commandées par Scipion l’asiatique, frère de Scipion
l’Africain. Antiochos III fut alors battu à la bataille de Magnésie du
Sipyle (190 avant Jésus Christ.), et fut contraint de faire la paix avec les
Romains. Il signa alors la paix d’Apamée (188 avant Jésus Christ.),
abandonnant toutes ses possessions en Asie mineure (données au royaume de
Pergame.) ; livra la quasi-totalité de sa flotte aux Romains ; et fut
contraint de payer une indemnité de guerre de 12 000 talents.
(A
noter que les Romains étaient pénétrés en Galatie, en 189 avant Jésus
Christ, un territoire allié d’Antiochos III.)
Rome n’eut pas à intervenir en Grèce pendant plus d’une
quinzaine d’années. Seulement, lorsque Persée de Macédoine monta sur le
trône, à la mort de son père Philippe V (179 avant Jésus Christ.), le
nouveau souverain tenta de mettre fin à la domination romaine en Grèce[22].
Tétradrachmes à l'effigie de Persée, vers 170 avant Jésus
Christ, Altes museum, Berlin.
Persée, multipliant les alliances avec les ligues grecques, commençait à
gagner en puissance, ce qui inquiétait fort les royaumes voisins. En 172,
une plainte fut déposée devant le sénat romain par Eumène II, roi de
Pergame. Ainsi débuta la troisième guerre macédonienne.
Cependant, le conflit commença mal pour les Romains. Les cités grecques ne
voulurent pas les aider, ni l’Épire et l’Illyrie. En outre, Eumène II devant
faire face à une insurrection galate, il ne put pas aider ses alliés
romains.
Persée remporta une victoire sur les troupes romaines à la bataille de
Callinicus, en 171 avant Jésus Christ. Cependant, les mois qui suivirent ne
purent donner la victoire à aucun des deux camps.
En
168 avant Jésus Christ, le sénat romain envoya en Grèce le consul Lucius
Aemilius Paulus (francisé en Paul Emile. Il était le fils du consul du
même nom, tué à la bataille de Cannes[23].).
Ce dernier envoya alors une partie de son armée vers la côte, afin de faire
croire à une manœuvre de débordement. Puis, avec le reste de ses hommes, il
passa par les montagnes de Macédoine afin de prendre Persée à revers.
Le
roi, apprenant la manœuvre romaine, envoya un contingent de 10 000 hommes à
leur rencontre. Ces derniers, se faisant battre par les Romains, se
replièrent, et Persée fut donc obligé de changer de position. Il se dirigea
alors vers le nord, puis décida d’établir le campement près de la cité de
Pydna.
Au
matin de la bataille, les deux forces en présence étaient de taille
équivalente. Les Romains avaient une armée de 40 000 hommes, les
Macédoniens, quant à eux, étaient 45 000.
L’assaut fut donné dans l’après midi. Au départ, le terrain étant favorable,
les phalanges macédoniennes enfoncèrent les lignes romaines. Ces derniers
laissèrent alors progresser leurs ennemis, puis les attaquèrent sur les
flancs.
En
fait, tout comme à Cynocéphales, les soldats macédoniens ne purent résister
aux légionnaires. La phalange, trop rigide, montra une nouvelle fois son
infériorité à la légion romaine. L’échec fut sanglant pour les Macédoniens,
qui perdirent près de 30 000 hommes à la bataille de Pydna (20 000 tués et
10 000 prisonniers.).
Paul Emile reçut alors son surnom de Macedonicus (ce qui signifie ‘le
Macédonien’.).
Quant à Persée, il se réfugia par la suite à Amphipolis, où il tenta en vain
de lever de nouvelles troupes. Puis, il se réfugia sur l’île de Samothrace,
qui fut soumise à un blocus par les Romains. Persée et son fils Philippe se
rendirent contre la promesse qu’ils auraient la vie sauve.
L’année suivante, en 167 avant Jésus Christ, la monarchie macédonienne fut
abolie ; le royaume de Macédoine fut divisé en quatre districts autonomes
(sous domination romaine, évidemment.). La dynastie des Antigonides fut la
première à être éliminée par les Romains.
En
Grèce, Rome s’assura de la soumission des cités grecques en multipliant les
attaques contre les insoumis, réduisant en esclavage les Grecs les plus
hostiles aux Romains, etc.
Cependant, en 149 avant Jésus Christ, la Macédoine se révolta,
faisant ainsi éclater la quatrième guerre de Macédoine.
L’intervention romaine fut rapide. En 148 avant Jésus Christ, les Romains
réprimèrent un soulèvement en Macédoine (la région devint alors une province
romaine.). Puis, en 146, ce fut la totalité de la Grèce qui tomba sous la
domination de Rome, suite au sac de Corinthe.
Un autre conflit eut lieu en même temps que la quatrième guerre
de Macédoine : la troisième guerre punique. En 151 avant Jésus
Christ, Carthage venait de finir de rembourser sa dette, et commençait à
retrouver une certaine prospérité économique.
Les sénateurs romains savaient que Carthage ne représentait pas un danger
(la cité ne possédait ni armée, ni flotte de guerre.), et voulaient attaquer
à un moment où leur rivale n’était pas puissante, afin de préserver les
générations futures. Soutenus par Caton (ce dernier clôturait ses discours
au sénat par la phrase Delenda est Carthago, ce qui veut dire ‘il
faut détruire Carthage’.), les sénateurs décidèrent alors de déclarer la
guerre à Carthage.
Rome utilisa un prétexte pour intervenir, arguant que les Carthaginois
empiétaient sur le territoire de leur allié Massinissa.
L’expédition fut commandée par Publius Cornelius Scipio Æmilianus
(francisé en Scipion Emilien.),le fils de Paul Emile le Macédonien
(il était aussi le fils adoptif de Scipion l’Africain.). Les Romains
débarquèrent en Afrique, et mirent le siège devant Carthage. Les
Carthaginois ne purent s’opposer à leurs ennemis en bataille rangée, mais
résistèrent pendant trois ans.
En
effet, la ville ne tomba qu’en 146 avant Jésus Christ. La ville fut
détruite, les Romains y répandirent du sel pour rendre le sol stérile, puis
maudirent ce territoire.
Scipion Emilien reçut alors le surnom d’Africanus Minor (‘Second
Africain’.).
A
la fin de la guerre, les territoires appartenant à Carthage formèrent la
province romaine d’Afrique.
A noter qu’en 133 avant Jésus Christ, le roi de Pergame mourut
sans laisser d’enfants. Sur son testament, il désigna Rome comme héritière
de toutes ses possessions en Asie mineure. Le royaume de Pergame devint
alors la province romaine d’Asie, en 129 avant Jésus Christ.
b)
Les conflits sur le territoire romain : les conflits qui eurent lieu
sur le territoire romain furent quasiment aussi nombreux et aussi violents
que les conflits menés à l’extérieur.
Le premier conflit éclata avant la fin de la deuxième guerre
punique, en 203 avant Jésus Christ. Les Romains durent en découdre contre
les Gaulois Boïens, ces derniers profitant de la guerre contre Hannibal pour
se révolter. Cette guerre fut longue, et ne prit fin qu’en 191 avant Jésus
Christ (par la suite, en 183 avant Jésus Christ, les Romains créèrent les
colonies de Mutina (aujourd’hui Modène.) et de Parme.).
Un autre conflit éclata en Hispanie, en 197 avant Jésus Christ.
En fait, au cours de la deuxième guerre punique, les ibères avaient fait un
bon accueil aux troupes romaines, commandées par Scipion l’Africain. Les
autochtones voyaient en effet les Romains comme ceux qui allaient les
libérer du joug carthaginois. Cependant, les Ibères déchantèrent bien vite
lorsqu’ils se rendirent compte que Rome ne fit que continuer la politique
colonialiste des Carthaginois.
L’Hispanie fut alors divisée en deux provinces romaines : l’Hispanie
ultérieure et l’Hispanie citérieure. Rome, tout comme Carthage
l’avait fait précédemment, exploita les ressources minières et agricoles du
pays.
C’est dans ce contexte que la guerre éclata en 197 avant Jésus Christ. Les
Ibères et les Lusitaniens (les peuples vivant au nord de l’actuel Portugal.)
se révoltèrent contre Rome, ainsi que de nombreuses tribus d’Hispanie non
soumises aux Romains.
Ce
fut le consul Marcus Porcius Cato (francisé en Caton l’Ancien.)
qui reçut la tâche de mettre fin à l’insurrection. Soumettant les tribus
ibères situées sur les hauts plateaux en 195 avant Jésus Christ, il eut
droit au triomphe en rentrant à Rome[24].
Cependant, ce conflit ne prit véritablement fin qu’en 179 avant Jésus
Christ.
En Corse et en Sardaigne, des révoltes éclatèrent aussi.
Récemment libérés de la tutelle carthaginoise, les habitants de ces îles
n’acceptèrent pas de tomber sous la tutelle de Rome.
Un
premier conflit éclata en 181 avant Jésus Christ, se répandant rapidement
sur les deux îles. Les Romains furent inflexibles, et massacrèrent les
insurgés.
Cependant, quelques années après, la Corse fut le théâtre d’une nouvelle
insurrection populaire. Les Romains débarquèrent à nouveau sur l’île, en 166
avant Jésus Christ, et mirent fin à la rébellion, en 163 avant Jésus Christ.
La
Sardaigne se révolta à nouveau, mais bien plus tard, en 126 avant Jésus
Christ (Rome mata une nouvelle fois les insurgés sans grande difficultés.).
Cependant, la situation en Hispanie se dégrada à nouveau, en 147
avant Jésus Christ. Les Lusitaniens, menés par leur chef Viriatus, se
soulevèrent contre Rome.
Les Romains décidèrent naturellement d’intervenir, tentant de mettre fin à
l’insurrection. Cependant, contre toute attente, Viriatus et ses hommes
parvinrent à battre les troupes romaines à plusieurs reprises. Dès lors,
voyant cela, les Ibères décidèrent de reprendre la lutte, eux aussi (en 143
avant Jésus Christ.).
Le
consul Fabius Maximus Servilianus fut alors envoyé en Hispanie à la
tête d’une armée, mais il fut pris au piège par Viriatus. Ce dernier, au
lieu de massacrer les Romains, décida de signer la paix et de les laisser
repartir chez eux. Ce geste de clémence du Lusitanien lui donna quelques
années de répit.
(A
noter que la répression romaine à l’encontre des Ibères ne prit pas fin,
elle.).
Quelques années après, en 139 avant Jésus Christ, le consul Servilius
Caepio (il succéda à Servilianus.) décida de passer à l’attaque. Mais
Viriatus, à cette époque, ne parvint pas à motiver ses hommes, las de la
guerre. Le Lusitanien décida alors de négocier avec Caepio. Cependant, ce
dernier soudoya les proches de Viriatus pour qu’ils le tuent.
La mort de Viriatus, par
José de MADRAZO, musée du Prado, Madrid.
A
la mort de leur chef, les Lusitaniens ne voulurent pas continuer la guerre.
Rome put alors s’emparer des territoires de feu Viriatus.
Rome ne put cependant mater l’insurrection ibère qu’en 133 avant Jésus
Christ, suite à la prise de Numance. Ce fut Scipion Émilien (qui avait déjà
fait le siège de Carthage, au cours de la troisième guerre punique.) qui fut
chargé de prendre la ville d’assaut. Le Romain décida alors de faire le
siège de la ville. Les habitants de Numance, voyant que tout espoir était
perdu, et sachant que les Romains étaient impitoyables envers les insurgés,
décidèrent de se suicider. Par la suite, la ville fut rasée.
C’est dans le sang que s’acheva donc la pacification de l’Hispanie (à noter
que la partie nord ouest du pays ne fut réellement conquise que sous le
règne d’Auguste.).
[1]
Cette histoire nous est contée par Virgile dans l’Énéide. Pour un
résumé de l’œuvre, reportez vous au 5, section I, chapitre premier,
histoire de la Rome antique.
[2]
Pour en savoir plus sur Ptolémée I° et les conflits entre Diadoques,
je vous invite à vous reporter au chapitre quatrième, histoire de
la Grèce antique.
[3]
Pour plus de détail sur la fin de la guerre dans le sud de l’Italie,
référez vous au 6, section II, chapitre troisième, histoire de la
Rome antique.
[4]
Les Carthaginois l'écrasèrent entre deux planches cloutées.
[5]
Plus de détails sur la déesse Fides en 7, section II, chapitre
troisième, histoire de la Rome antique.
[6]
Pour en savoir plus sur les charges de dictateur et de maître de
cavalerie, voir le 3, section II, chapitre deuxième, histoire de
la Rome antique.
[7]
A ne pas confondre avec la ville de Cannes, située en France.
[8]
Pour plus de détails sur Philippe V et la première guerre de
macédoine, voir le 4, section VIII, chapitre quatrième, histoire
de la Grèce antique.
[9]
La liberté des cités grecques était proclamée par les diadoques qui
souhaitaient se concilier les bonnes grâces de ces dernières. Pour
en savoir plus sur les conflits entre diadoques, reportez vous au
chapitre quatrième, histoire de la Grèce antique.
[10]
Par la suite, Magon se dirigea vers Gênes, en Ligurie.
[11]
Il fut surnommé Salinator, car il fit voter, quelques années après
la deuxième guerre punique, une loi sur le sel.
[12]
Le Métaure étant un fleuve coulant non loin de là.
[13]
Scipion l’Africain est parfois désigné sous le nom d’Africanus
Major, pour le différencier de son fils adoptif, lui aussi
surnommé Scipion l’Africain (Africanus Minor.)
[14]
Voir à ce sujet le 7, section III, chapitre quatrième, histoire
de la Rome antique.
[15]
Pour en savoir plus sur les diadoques, leurs descendants, et les
conflits qui les opposèrent, reportez vous au chapitre quatrième,
histoire de la Grèce antique.
[16]
Pour plus de détails sur les conquêtes d’Alexandre le Grand, voir la
section IX, chapitre troisième, histoire de la Grèce antique.
[17]
Plus de renseignements sur la première guerre macédonienne en 6,
section III, chapitre quatrième, histoire de la Rome antique
ou en 4, section VIII, chapitre quatrième, histoire de la Grèce
antique.
[18]La phalange était une
formation de combat d’infanterie. Elle était composée d’une dizaine
de rangées de soldats, appelés les hoplites. Ces derniers
avaient dans leur main droite une longue pique de plus de cinq
mètres de long, et un bouclier dans leur main gauche. Les hoplites
évoluaient en rangs serrés, et la stratégie de la phalange reposait
sur l’unité entre les soldats : leur gros bouclier ne protégeait que
le côté gauche de leurs corps, mais en contrepartie il protégeait le
côté droit du corps de leurs camarades.
Les
hoplites avaient acquis une grande renommée en combattant aux côtés
d’Alexandre le Grand, voyageant jusqu’aux portes de l’Inde.
[19]
La liberté des cités grecques était proclamée par les diadoques qui
souhaitaient se concilier les bonnes grâces de ces dernières. Pour
en savoir plus sur les conflits entre diadoques, reportez vous au
chapitre quatrième, histoire de la Grèce antique. Hannibal,
au cours de la deuxième guerre punique, l’avait fait, afin de se
présenter comme un souverain empreint d’hellénisme (voir le 6,
section III, chapitre quatrième, histoire de la Rome antique).
[20]
Pour en savoir plus sur Antiochos III, voir le 3, section IX,
chapitre quatrième, histoire de la Grèce antique.
[21]
Il se réfugia en Bithynie, dont le roi Prusias II était en guerre
contre le royaume de Pergame (allié des Romains.). Cependant, Rome
apprenant où s’était réfugié Hannibal, demanda au roi de Bythinie de
livrer le Carthaginois. Ce dernier, pour ne pas être pris par les
Romains, décida de s’empoisonner, en 183 avant Jésus Christ.
[22]
Pour en savoir plus sur Persée de Macédoine, voir le 5, section VIII,
chapitre quatrième, histoire de la Grèce antique.
[23]
Pour plus de détails sur la bataille de Cannes, voir le 6, section
III, chapitre quatrième, histoire de la Rome antique.
[24]
A Rome, l’on célébrait la cérémonie du triomphe en l’honneur de
généraux romains qui avaient remporté une victoire contre l’ennemi
(le général défilait alors dans les rues de Rome à la tête de ses
troupes.). Lors du triomphe, les soldats avaient le droit de railler
leur général (l’objectif étant d’appeler le vainqueur à la
modestie.). Par contre, lorsque toutes les conditions n’étaient pas
requises, les généraux devaient se contenter d’une ovatio (ce
terme provient du mot ovin, car c’était ce type d’animal qui était
sacrifié lors de la cérémonie.).