CHAPITRE TROISIÈME : L'époque classique (V°
- IV° siècles avant Jésus Christ)
V : L'Empire athénien
1° La Ligue de Délos – En 479, alors que la menace perse semble avoir
été écartée pour de bon, la Ligue de Corinthe se disloqua. En 477 avant
Jésus Christ, Athènes décida d’organiser un congrès, invitant toutes les
cités grecques à y participer. C’est ainsi que fut créée la Ligue de
Délos, dont l’objectif était, à l’origine, de se protéger contre les
exactions des Perses. La Ligue regroupait alors près de 200 cités de la mer
Egée, de l’Hellespont et d’Asie mineure (les Athéniens chassèrent les tyrans
pro-perses de ces cités, et s’y installèrent.). À noter que Sparte décida de
ne pas faire partie de la Ligue de Délos.
Athènes présidait le conseil fédéral de la
ligue, dont le but était d’arbitrer les litiges entre membres. En outre, la
ville avait comme tâche de collecter les fonds destinés à la mise en place
(et à l’entretien[1].)
d’une flotte de guerre permanente de 200 navires (et donc environ 40 000
marins.). Soit les cités possédaient une flotte, et la fournissait à la
Ligue (comme ce fut le cas des îles de Chios, Samos et Lesbos.), soit les
cités étaient trop petites et envoyaient un tribut en nature (ce fut
l’Athénien Aristide qui fixa le montant de cet impôt fédéral, baptisé
phoros.). Les fonds, quant à eux, étaient entreposés sur l’île de Délos,
considérée comme sacrée par les Ioniens. La cotisation annuelle était à 460
talents (ce qui permettait d’entretenir une flotte de 200 trières pendant 9
mois.).
Les trésoriers, les hellénotames,
étaient des magistrats athéniens élus ; Athènes fournissait la majeure
partie de la flotte et des marins (Thémistocle avait demandé, dès 483 avant
Jésus Christ, à ce que la cité construise des trières en grande quantité.) ;
la monnaie en cours était celle d’Athènes (frappée de la chouette, symbole
d’Athéna.) ; etc.
Grâce à la mise en place de la ligue de Délos,
Athènes commença à étendre sa sphère d’influence, devenant une vraie
thalassocratie[2].
Car en effet, cette alliance, qui à l’origine devait être une protection
contre les Perses, ne fut plus destinée, au fils des années, qu’à servir les
intérêts d’Athènes.
Sparte et ses alliées, quant à eux, décidèrent
d’organiser la Ligue du Péloponnèse.
2° Cimon contre les Perses –
Au cours des premières années d’existence de la Ligue, l’Athénien Cimon mena
un combat sans merci contre les Perses. Ce dernier, remportant de nombreuses
victoires, parvint à prendre le contrôle des cités grecques d’Asie mineure.
Cimon, qui n’était pas un démocrate, désirait
que Sparte entre dans la ligue, afin de mettre un terme aux idées
démocratiques qui étaient en vogue à l’époque. En outre, Sparte pourrait
offrir une protection terrestre à Athènes, ce qui lui faisait alors défaut.
Au niveau politique, Cimon considérait que le
pouvoir devait être entre les mains des citadins aisés, contrairement à
Thémistocle qui pensait que c’était les thètes qui devaient être favorisés.
En 472, Thémistocle fut ostracisé dans des conditions un peu douteuses, et
Cimon resta seul à la tête de la cité[3].
Ostrakon portant le nom de Thémistocle.
Désireux qu’Athènes soit efficacement protégée,
il acheva la construction des longs murs (il s’agissait de deux murailles
qui reliaient Athènes à son port, le Pirée.).
Au cours de cette période, Athènes
prit une place de plus en plus dominante au sein de la Ligue, s’attirant le
mécontentement de nombreuses cités. En 469 avant Jésus Christ, Skyros fut
envahie, sa population réduite à l’esclavage, et remplacée par des clérouques[4].
La même année, Naxos fut attaquée car elle avait voulu quitter la Ligue. En
465 avant Jésus Christ, ce fut au tour de Thasos de se révolter (comptant en
vain sur l’aide de sparte.), mais la cité fut assiégée et ruinée par les
Athéniens.
Au cours de la même année 465, un violent
tremblement de terre provoqua à Sparte la révolte des hilotes[5]
de la ville. Ces esclaves, alors en grande supériorité numérique,
s’enfuirent et décidèrent de se rebeller contre leurs maîtres. Sparte décida
alors de faire appel à Athènes afin de mettre fin à ces troubles. Après
quelques discussions animées à Athènes (Cimon était favorable à
l’intervention, alors que son adversaire Ephialtès considérait que
l’interventionnisme athénien posait déjà suffisamment problème comme cela.),
un contingent de hoplites se dirigea vers le Péloponnèse. Cependant, les
Spartiates, en 462 avant Jésus Christ, décidèrent de renvoyer les Athéniens
chez eux (qui jugeaient l’aide dérisoire et/ou tardive.).
Suite à cet échec, Cimon fut ostracisé,
laissant le champ libre à Périclès et Ephialtès. Toutefois, ce dernier mourut
assassiné en 461 avant Jésus Christ, date à laquelle Périclès fut élu
stratège.
Buste de Périclès, copie romaine d'un original datant du V° siècle avant Jésus
Christ, musée du Vatican, Rome (on ne représenta jamais Périclès sans casque à cause de la
malformation de son crâne.).
3° Périclès – En 460 avant
Jésus Christ, désireux de poursuivre la lutte contre les Perses, Périclès
envoya la flotte athénienne auprès des Egyptiens qui s’étaient une nouvelle
fois révoltés (suite à la mort du roi Xerxès en 465 avant Jésus Christ.).
Cependant, l’expédition se termina de manière désastreuse en 454 avant Jésus
Christ.
En 454 avant Jésus Christ, Périclès décida de
transférer le trésor de Délos à Athènes. En outre, le conseil fédéral de la
ligue fut remplacé par l’assemblée des citoyens athéniens, et il fut décidé
que le phoros serait réexaminé tous les quatre ans par la boulê. Par la
suite, il fut décidé d’imposer aux cités alliées un tribut plus ou moins
grand selon qu’elles étaient favorables ou pas à Athènes (les percepteurs
athéniens venaient chercher le phoros accompagnés de navires de guerre.).
Athènes était alors une cité fleurissante, au
faîte de sa gloire, qui dictait aux cités de la Ligue leur organisation
politique et constitutionnelle, ainsi que leurs règlements administratifs.
La ville s’embellit à cette époque, Périclès
ayant rapporté le trésor de la ligue à Athènes afin de s’en servir pour
financer le Parthénon (1/60° de l’or collecté y fut consacré.). C'est aussi
à cette époque que fut construite la statue chryséléphantine de Zeus
olympien[6].
Vue de l'Acropole depuis le temple de Zeus olympien (à ne pas confondre avec
le temple de Zeus olympien situé à Olympie).
Comme sous Cimon, Périclès continua la
politique expansionniste de la ville : prise d’Egine et de Tanagra en 457
avant Jésus Christ, prise de Chypre en 450 avant Jésus Christ (Cimon, qui
avait été rappelé par Périclès en 451 avant Jésus Christ, commandait
l’expédition, mais y trouva la mort.).
Peu de temps après, en 449 avant Jésus Christ,
Périclès signa un traité avec le roi de Perse Artaxerxés, mettant ainsi
officiellement fin aux guerres médiques : les Grecs s’engageaient à ne plus
intervenir en Asie, et les Perses, de leur côté, acceptaient en échange de
ne plus intervenir dans la mer Egée. Cette paix de Callias (du nom de
l’homme politique grec qui la négocia.) consacrait le triomphe d’Athènes et
de Périclès.
Cependant, l’on ne sait pas aujourd’hui si
cette paix fut réellement respectée par les deux belligérants.
En 446 avant Jésus Christ, une paix de 30
ans fut conclue entre Sparte et Athènes. Les deux villes s’engageaient
ainsi à mettre fin au climat de tension qui régnait entre elles. Sparte
promettait de ne pas tenter de gagner à sa cause les cités alliées
d’Athènes, et vice versa.
C’est alors qu’éclata la révolte de Samos, en
440 avant Jésus Christ (la cité s’opposait à Milet, concernant la possession
de Priène.). Samos disposait d’une flotte importante au sein de la Ligue.
Après avoir été vaincus une première fois par Athènes, les habitants de la
cité en appelèrent aux Perses. La lutte reprit alors, et se solda en 439
avant Jésus Christ, par la défaite de Samos.
4° Le siècle de Périclès – En
effet, c’est ainsi que fut baptisée cette période de développement
intellectuel et artistique en Grèce.
Comme nous l’avons vu au point précèdent, le
Parthénon (un sanctuaire dédié à Athéna.), endommagé lors du conflit de 480
avant Jésus Christ, fut rénové (Périclès utilisant une partie du trésor de
la Ligue.). Les travaux furent confiés au sculpteur Phidias, et s’achevèrent
à la fin du V° siècle avant Jésus Christ, bien après la mort de Périclès.
L'acropole d'Athènes (vous trouverez ci-dessous les photographies des
monuments visés sur ce document).
Face arrière du Parthénon, août 2011.
Frises ornant autrefois le Parthénon (à noter qu'elles étaient à l'origine
peintes et décorées.). Ces dernières, bien conservées jusqu'en septembre
1687, furent gravement endommagées à cette date, suite à un affrontement
entre Vénitiens et Ottomans. Ces derniers, qui détenaient alors la cité,
avaient placé des explosifs dans l'Acropole, qu'un boulet de canon tiré par
un navire vénitien fit exploser. Quelques siècles plus tard, en 1802,
l'Anglais Thomas Bruce, comte d'Elgin, décida de rapatrier les frises du
Parthénon à Londres. Par la suite, elles furent vendues au British Museum,
où elles se trouvent aujourd'hui.
L'Erechteion, août 2011.
Les Propylées, août 2011.
Le temple d'Athéna Niké.
La cité comptait parmi ses plus illustres
citoyens des auteurs comme Eschyle (qui écrivit Les Perses, une pièce
relatant l’histoire de la seconde guerre médique.), Euripide (Médée,
Electre, Iphigénie en Tauride, etc.), Sophocle (Antigone.).
Le théâtre, à l’origine une simple cérémonie religieuse, se transforma
radicalement, pour devenir l’ancêtre de ce que nous connaissons
aujourd’hui.
Mais Athènes n’était pas la seule cité à
posséder des intellectuels. La Grèce comptait alors de nombreux savants
philosophes, comme Thalès de Milet, Hérodote, Thucydide, etc.
[2]
Thalassocratie vient du grec thalassa (‘mer’.) et cratos
(‘pouvoir’.).
[3]
Les historiens ont constaté que les ostrakon (les tessons
d’argile sur lesquels on écrivait le nom de l’individu.) concernant
l’ostracisme de Thémistocle furent rédigés par moins de dix
personnes différentes, alors que près de 6 000 citoyens votèrent ce
jour là.
[4]
Les clérouques étaient des colons athéniens qui s’installaient dans
les zones annexées, montant des colonies militaires.
[5]
Les hilotes de Sparte avaient le même statut que les serfs du Moyen
âge.
[6]
Pour en savoir plus sur la
La statue chryséléphantine de Zeus olympien,
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