Suite au décès de son père, Charles
VII put enfin se considérer comme roi de France, bien que n’ayant pas été
sacré à Reims (en effet, la ville était alors entre les mains des
Anglo-bourguignons.).
Portrait de Charles VII, par Jean
FOUQUET, Bnf, Paris.
A
cette époque, la guerre reprenait de plus belle : Charles VII était désireux
d’en découdre avec l’Angleterre, afin de reconquérir son trône ; quant au
duc de Bedford (régent pendant la minorité d’Henri VI.), il souhaitait faire
disparaître les dernières poches de résistance à la domination anglaise.
Plusieurs batailles eurent lieu, entre 1422 et 1429, cependant, elles ne
donnèrent l’avantage au camp français.
1° Bataille de Cravant (juillet 1423) – Comme nous
l’avons vu précédemment, la bataille du Vieil Baugé avait été un franc
succès pour Charles VII, qui avait peu après mis le siège devant Chartres.
Cependant, le retour d’Henri V en France et sa contre-attaque contre les
forces franco-écossaises avait obligé le Valois à se retirer.
Au
cours de l’été 1423, Charles VII décida de tenter de rétablir les
communications entre Bourges et la Champagne, confiant le commandement du
contingent franco-écossais à John Stuart et
Louis I° de Bourbon,
comte de Vendôme.
Cependant, les Anglo-bourguignons, commandés par Thomas Montaigu,
comte de Salisbury eurent tôt fait d’apprendre la manœuvre de Charles VII.
Ils se rendirent donc à la rencontre des Franco-écossais, qu’ils
rencontrèrent près de Cravant, un petit village situé non loin d’Auxerre.
Les deux armées, situées l’une en face de l’autre sur les rives de l’Yonne,
se firent face pendant plusieurs heures. En effet, les Anglais hésitaient à
attaquer, leurs adversaires étant deux fois plus nombreux qu’eux (4 000
Anglo-bourguignons contre 8 000 Franco-écossais.).
La bataille de Cravant, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de
l'ouvrage Vigiles de Charles
VII,
Paris, France, XV°siècle.
Finalement, Thomas Montaigu décida d’attaquer : ses hommes traversèrent le
fleuve, protégés par les flèches anglaises.
La
bataille semblait être gagnée pour John Stuart et Louis I° quand une troupe
anglo-bourguignonne parvint à franchir un pont gardé par des Ecossais. Les
Anglo-bourguignons, parvenant à encercler leurs ennemis, prirent alors
l’avantage.
Cependant, les Ecossais firent d’un échec un désastre : en effet, ces
derniers refusèrent de fuir, et se firent tailler en pièces.
Au
soir de la bataille, les Franco-écossais déploraient la perte de 6 000
hommes, morts ou capturés (dont John Stuart et Louis I°.).
Les Anglo-bourguignons, quant à eux, avaient perdu moins d’un millier
d’hommes.
2° Bataille de la Brossinière (septembre 1423) – En
septembre 1423, le capitaine anglais William Pole, avait lancé une
chevauchée en direction du Maine et de l’Anjou, à la tête de 3 000 hommes
partis de Normandie.
Yolande d’Aragon (belle mère de Charles VII.), qui se trouvait alors dans sa
ville d’Angers, décida de ne pas laisser ces exactions impunies. Il fut
alors décidé de mettre en place une expédition, commandée par Ambroise de
Loré (commandant de la place forte de Sainte Suzanne.) et Jean VIII
d’Harcourt, comte d’Aumale (ce dernier était gouverneur de la Touraine,
de l’Anjou et du Maine.).
Fin septembre, les Français eurent tôt fait de rattraper leurs adversaires,
alourdis par leur butin. Lorsque les Anglais aperçurent l’ennemi, ils
plantèrent des pieux en terre, et décidèrent de se battre.
L’affrontement eut lieu à la Brossinière, une commune de Mayenne. Au final,
la bataille fut un franc succès pour les Français, qui écrasèrent les
Anglais sans trop de difficultés.
Environ 1 500 Anglais furent tués, et William Pole fut capturé. Dans l’autre
camp, les pertes furent minimes.
Cependant, bien que les Français aient été victorieux, ce succès était bien
trop modeste pour compenser la gravité de la défaite de Cravant.
3° Bataille de Verneuil (août 1424) – En 1424, des
partisans de Charles VII s’emparèrent de la forteresse d’Ivry (située non
loin du Mans.). Le duc de Bedford décida alors de répliquer immédiatement,
et mit le siège devant les murs du château.
Les assiégés, pris de court, acceptèrent de rendre Ivry à l’Angleterre si
aucune aide ne venait à leur secours.
Charles VII décida alors d’envoya un contingent franco-écossais à Ivry,
commandé par John Stuart (qui avait été libéré.) et
Jean II de Valois,
comte d’Alençon.
Dans un premier temps, les commandants de l’armée franco-écossaise voulurent
lancer une attaque contre les Anglais. Cependant, ces derniers occupant une
solide position, il fut donc décidé de détourner leur attention.
En
effet, les archers écossais se déguisèrent en archers anglais, et partirent
s’emparer de la cité de Verneuil, se trouvant non loin de là.
Lorsque le duc de Bedford apprit la prise de la ville par les
Franco-écossais, il abandonna le siège d’Ivry et marcha sur Verneuil.
John Stuart et Jean II, préférant lutter contre les Anglais plutôt que subir
un siège, décidèrent donc de livrer bataille.
Dans un premier temps, les deux armées restèrent l’une en face de l’autre.
En effet, une fois de plus, les Franco-écossais (entre 10 000 et 20 000
hommes.) étaient en supériorité numérique face aux Anglais (moins de 10 000
hommes.).
La bataille de Verneuil, par Jean Chartier, enluminure issue de l'ouvrage
Chronique,
Belgique, XV°siècle.
Les archers anglais, faisant face à l’aile gauche française, tentèrent de
planter des pieux dans le sol afin de se protéger. Cependant, la chaleur
ayant durci la terre, les archers eurent du mal à s’acquitter de leur tâche.
Les chevaliers français y virent alors une opportunité, et décidèrent de
charger. Leur assaut fut une réussite, mais ils décidèrent d’aller tout
droit jusqu’aux bagages anglais.
La bataille de Verneuil, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de
l'ouvrage Vigiles de Charles
VII,
Paris, France, XV°siècle.
Le
duc de Bedford en profita alors pour attaquer l’infanterie française, qui se
retrouva contrainte de reculer, se réfugiant à Verneuil.
La bataille de Verneuil, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de
l'ouvrage Vigiles de Charles
VII,
Paris, France, XV°siècle.
Thomas Montaigu, qui avait lancé l’attaque contre les Ecossais, reçut alors
l’aide du duc de Bedford, qui attaqua les arrières de l’ennemi. Les hommes
de John Stuart, encerclés, furent alors massacrés par les Anglais.
La
bataille de Verneuil fut un nouvel échec pour Charles VII, qui perdit
près de 7 000 hommes au cours de cet affrontement, dont 4 000 Ecossais (dont
John Stuart.).
Les Anglais, quant à eux, bien que victorieux, avaient perdu environ 1 500
hommes (un chiffre largement supérieur aux pertes subies à Azincourt.).
4° Trêve avec la Bourgogne (automne 1424) – Après ces
sanglantes, défaites, Charles VII se retrouvait dans une bien mauvaise
situation. Cependant, le destin joua en sa faveur, car Philippe le Bon, dans
le courant de l’année 1424, commença à prendre ses distances avec les
Anglais.
Philippe le Bon, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT,
France, 1875.
En
effet, Humphrey de Lancastre, duc de Gloucester et frère cadet
d’Henri V, avait épousé Jacqueline de Bavière en mai 1423. Cette
dernière, fille de Guillaume IV, comte de Bavière, invita son époux à
s’emparer du Hainaut (le duc de Gloucester s’empara de la province en
octobre 1424.).
Philippe le Bon, fortement courroucé par le comportement des Anglais et de
Jacqueline de Bavière, décida alors de signer une trêve de quatre années
avec Charles VII, au cours de l’automne 1424.
Cependant, Humphrey de Lancastre tomba amoureux d’une suivante de sa femme,
et repartit en Angleterre avec elle après avoir fait casser son mariage avec
Jacqueline de Hainaut.
Au
mois de mars 1425, le duc de Bourgogne se rendit auprès de la jeune femme
afin d’en découdre.
A
partir de 1428, les possessions de Jacqueline de Hainaut passèrent sous la
domination de Philippe le Bon.
5° Charles VII et son entourage – En mars 1425, Charles
VII, toujours à la recherche d’alliés, parvint à obtenir le soutien d’Arthur
III de Richemont, frère de Jean V, duc de Bretagne. En effet, le Breton
épousa Marguerite de Bourgogne, fille de Jean sans Peur, et veuve du dauphin
Louis (ce dernier était décédé en décembre 1415.).
Cette alliance matrimoniale était le résultat de plusieurs années
d’intrigues menées par Yolande d’Aragon, belle mère de Charles VII.
Arthur III, prisonnier à Azincourt, avait connu cinq années de captivité à
Londres. Au cours de sa détention, certaines sources affirment qu’il se
serait rapproché des Anglais.
Charles VII, nommant le Breton connétable, parvint de fait à faire sortir la
Bretagne de sa connivence avec l’Angleterre (en octobre 1425, ce
rapprochement fut officialisé lors de la signature du traité de Saumur.).
Au
mois de juin, Arthur III, se trouvant alors à Bourges, décida de chasser de
l’entourage de Charles VII certains de ces conseillers. En effet, le Valois,
au début de son règne, était entouré de favoris dotés d’une intelligence
médiocre et parfois même malhonnêtes.
En
février 1427, le connétable fit arrêter et exécuter Pierre de Giac,
favori du roi. Ce dernier fut accusé d’avoir puisé dans les caisses de
l’Etat, alors qu’il demandait à ce que soient levés de forts subsides pour
continuer la guerre.
Pierre de Giac fut alors remplacé par Georges de La Trémoille, un
proche d’Arthur III. Cependant, ce dernier vola autant d’argent au roi que
ne l’avait fait Pierre de Giac.
Le
connétable ne tarda guère à se rendre compte du comportement abusif de La
Trémoille, et tenta de s’attaquer à ce dernier. Cependant, en septembre
1427, le favori du roi accusa Arthur III de s’être allié avec les Anglais.
De ce fait, le connétable quitta Bourges, et entamma une véritable guerre
civile contre La Trémoille.
Charles VII, voyant le triste spectacle, ne sut pas s’opposer au conflit
opposant les deux protagonistes. A cette époque, les caisses de l’Etat
étaient vides, et les armées royales n’étant pas payées, se livraient au
brigandage.
6° La journée des Harengs (février 1429) – Charles VII,
frappé d’apathie, ne s’opposait plus à la progression anglaise, bien que ces
derniers ne possédaient qu’un faible contingent en France.
En
septembre 1427, les Anglais avaient mis le siège devant Montargis.
Cependant, Jean de Dunois (fils illégitime de Louis d’Orléans, il
était surnommé le bâtard d’Orléans.), et Etienne de Vignolles
(surnommé La Hire, ce qui signifiait ‘coléreux’ en ancien français.),
commandants l’armée française, parvinrent à chasser leurs ennemis.
La bataille de Montargis, par
Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles
VII,
Paris, France, XV°siècle.
Au
cours de l’été 1427, le conseil de régence décida de s’attaquer à Orléans,
sans que le duc de Bedford n’ait été consulté. L’objectif était alors de
s’emparer de la cité, afin de pouvoir s’attaquer plus facilement à Bourges,
là où résidait alors Charles VII. Les Anglais arrivèrent donc sous les murs
d’Orléans en octobre 1428.
La
défense de la cité fut confiée alors confiée à Jean de Dunois. Orléans,
dotée de murs solides, de larges fossés, et équipée de 70 canons, était
prête à soutenir un siège.
Le siège d'Orléans, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles
VII,
Paris, France, XV°siècle.
Au
mois de février 1429, les Français apprirent que Chartres allait envoyer
entre 400 et 500 tonneaux de vivres auprès des forces anglaises se trouvant
devant Orléans (il s’agissait en majorité de harengs, destinés aux fêtes du
carême.). Une escorte de 1 500 anglais, commandée par John Fastolf,
accompagnerait le convoi.
Charles I° de Bourbon (petit fils du duc de Bourbon Louis II.),
commandant une petite troupe franco-écossaise, décida alors d’attaquer le
convoi de ravitaillement (les Français, une fois encore, était deux fois
plus nombreux que les Anglais.). L’affrontement eut lieu dans du Rouvray, à
35 kilomètres au nord d’Orléans.
Les Anglais, voyant qu’ils étaient attaqués, formèrent le carré avec les
chariots de victuailles.
Dans un premier temps, les Français utilisèrent leur artillerie, une arme
relativement nouvelle à cette époque. Cependant, les Ecossais décidèrent de
partir à l’assaut, ce qui obligea l’artillerie à se taire.
Cependant, les Anglais parvinrent à repousser efficacement les Ecossais, et,
voyant que Charles I° tardait à lancer l’assaut, ils décidèrent de contre
attaquer.
La journée des harengs, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
Les Français prirent alors la fuite, laissant plusieurs centaines de
victimes derrières eux.
Au
soir de la bataille, 400 Ecossais et 200 Français étaient morts ; quant aux
Anglais, ils n’avaient pas perdu dix hommes (selon les sources de l'époque.).
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