CHAPITRE QUATRIÈME :
Charles VII le Victorieux, du désespoir à la victoire
IV : La fin de la guerre de Cent Ans (1448 - 1453)
Suite à la mise en place des
compagnies d’ordonnance, Charles VII était dès lors à la tête d’une armée
capable de combattre efficacement les Anglais.
Portrait de Charles VII, par Jean
FOUQUET, vers 1445, musée du Louvre, Paris.
En outre, malgré le mécontentement de la
population, assommée par les lourdes taxes, les finances du royaume étaient
dorénavant en bon état.
1° La petite ordonnance – En avril 1448,
afin de parfaire la création de sa nouvelle armée, le roi de France créa la
petite ordonnance, obligeant chaque paroisse à fournir un archer
entrainé et équipé, en cas de mobilisation.
La création des francs
archers, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles
de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.
Pour compenser les charges
qu’impliquaient la formation d’un tel combattant, les paroisses furent
dispensées de la taille. Lors de la mise en place de cette réforme, la
France comptait en ses rangs près de 8 000 francs-archers, soit quasiment
autant que l’Angleterre.
2° La campagne de Normandie –Cependant, si Charles VII était à la tête d’une
nouvelle armée, il ne pouvait pas se lancer dans une offensive contre
l’Angleterre, une trêve ayant été signée entre les deux belligérants en
avril 1444.
Royaume de France et royaume d'Angleterre
lors des campagnes de Charles VII (1451 à 1453).
Pour se relancer dans le conflit, le roi de France
se devait donc de trouver un prétexte valable.
a) La campagne de Normandie (juillet à novembre 1449) :
Lors de la signature de la trêve de Tours, les
Anglais s’étaient engagés à quitter rapidement le Maine, une région qu’ils
occupaient alors. Cependant, quatre ans après, ils n’avaient
toujours pas respecté leurs engagements.
Le roi de France chargea donc Richemont et Brézé
de marcher sur le Maine. Les deux hommes s’emparèrent rapidement du Mans, et
les Anglais durent se retirer vers la Normandie.
Le siège du Mans, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles
de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.
William Pole, comte de Suffolk, et Edmond
Beaufort, duc de Somerset, auxquels Henri VI avaient confié le pouvoir,
furent marris d’apprendre la perte du Maine.
Revanchards, les Anglais décidèrent de contre
attaquer en Bretagne, le contexte étant alors favorable. En effet, Jean V,
décédé en 1442, avait laissé les rênes du duché à son aîné François I°.
Cependant, si le nouveau duc était favorable à l’alliance française, son
jeune frère, Gilles, était partisan des Anglais[1].
Suffolk et Somerset s’assurèrent alors les
services d’un aventurier aragonais, François de Surienne. Ce dernier,
en mars 1449, s’empara de la cité de Fougères.
François de Surienne et ses hommes
s'emparent de Fougères, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de
l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France,
XV°siècle.
Les Anglais se hâtèrent de se dédouaner en
désavouant Surienne, mais Charles VII ne fut pas dupe. Pendant quelques
mois, le roi de France préféra mettre en place des négociations avec
l’Angleterre, qui n’aboutirent pas.
Ce n’est donc qu’en juillet 1449 que Charles VII
décida de passer à l’offensive (à noter que le roi reçut un nouveau subside
de 150 000 livres de la part des états de langue d’oc.).
Charles VII en Normandie, par
Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles
VII, Paris, France, XV°siècle.
Au mois d’août, Charles VII entreprit sa marche
sur la Normandie, une zone où les Anglais étaient considérés comme des
envahisseurs (la région s’était révoltée à plusieurs reprises contre
l’Angleterre, comme nous l’avons vu précédemment.).
L'armée française en
Normandie, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage
Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.
L’armée royale entreprit alors une série de
sièges, qui ne s’éternisèrent pas grâce à la puissante artillerie des frères
Bureau. Les Français s’emparèrent donc rapidement de Lisieux, Verneuil,
Mantes, Château Gaillard, Coutance, Saint Lô, Carentan, etc.
Prise de Verneuil, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France,
XV°siècle.
La redition de Mantes, par
Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles
VII, Paris, France, XV°siècle.
Le siège de Château Gaillard,
par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France,
XV°siècle.
Au mois d’octobre, les Anglais détenaient toujours
Rouen, mais ne disposaient que d’une garnison de 300 hommes.
Les habitants de la ville, apprenant la venue
prochaine des troupes de Charles VII, ne tardèrent pas à se révolter contre
les Anglais. Edmond Beaufort, qui se trouvait dans la cité, chargea alors le
vieux Talbot de châtier les insurgés.
Edmond Beaufort à Rouen, par Jean Chartier, enluminure issue de l'ouvrage Chronique,
Belgique, XV°siècle.
Charles VII et son armée arrivèrent alors sous les
murs de Rouen. Beaufort tenta un temps de négocier, mais quelques boulets de
canons bien ajustés le contraignirent à accepter une reddition sans
conditions.
Le siège de Rouen, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles
de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.
A la fin du mois d’octobre, le duc de Somerset se
retira à Caen, offrant contre sa liberté 50 000 écus d’or, les places fortes
de Caudebec, Honfleur, Montivilliers et Tancarville. En outre, Talbot fut
momentanément retenu comme otage entre les mains des Français.
Le siège de Honfleur, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles
de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.
Charles VII s’étant emparé de la cité, il ordonna
alors que l’on ouvre une enquête sur le procès de Jeanne d’Arc.
La redition de Rouen, par Jean Chartier, enluminure issue de l'ouvrage Chronique,
Belgique, XV°siècle.
En novembre, Surienne accepta de rendre Fougères
au connétable, sentant que les Anglais ne lui seraient plus d’un grand
secours.
Le siège de Fougères, par Jean Chartier, enluminure issue de l'ouvrage Chronique,
Belgique, XV°siècle.
La redition de Fougères, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de
l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.
En 1450, les Anglais avaient perdu la
quasi-totalité de leurs possessions en Normandie. En Angleterre, Suffolk et
Somerset se retrouvaient de ce fait dans une situation difficile. Honnis par
le parti belliciste, les deux hommes étaient contraints de mener une contre
attaque sur le continent s’ils voulaient conserver leur rang.
Le moral de Charles VII n’était cependant pas lui
non plus au beau fixe : non seulement son fils Louis ne cessait de comploter
contre lui, en outre sa maîtresse Agnès Sorel mourut en février 1450[2].
La Vierge et l'Enfant entourés d'anges
(la vierge a été ici représentée sous les traits d'Agnès Sorel), par Jean
Fouquet, 1455.
b) Contre attaque anglaise et bataille de Formigny (avril 1450) :
la campagne de Normandie prit fin avec l’arrivée
de l’hiver. Cependant, les Anglais, bien décidés à prendre leur revanche,
profitèrent de cette accalmie pour préparer leur contre offensive.
C’est ainsi qu’au mois de mars 1450, Suffolk
envoya en France un contingent d’environ 3 500 hommes, commandés par
Thomas Kyrielle.
L'armée anglaise en Normandie, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de
l'ouvrage Vigiles de Charles
VII,
Paris, France, XV°siècle.
La petite armée, débarquant à Cherbourg, fut
rapidement rejointe par les effectifs de la garnison anglaise se trouvant
alors dans la cité. Les Anglais décidèrent alors d’assiéger Valognes, une
cité entre les mains des Français.
Charles VII, apprenant la prise de la ville par
l’ennemi, envoya une armée pour stopper la progression ennemie, commandée
par Jean II de Bourbon (le fils de Charles I° de Bourbon.).
Richemont, qui se trouvait alors en Bretagne, leva lui aussi un contingent
afin de rejoindre l’armée royale.
Longeant la côte vers Caen, les Anglais arrivèrent
dans le village de Formigny le 14 avril au soir. Ils le fortifièrent alors à
la hâte, avant d’y passer la nuit. Le lendemain matin, le duc de Bourbon se
retrouva face à face avec l’armée anglaise, sans être parvenu à faire la
jonction avec les troupes de Richemont (afin
de protéger le duché de Bretagne, François
I° avait divisé son armée de 4 000 soldats en deux moitiés, confiant l'une
au connétable de Richemont.).
François I° et son armée, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de
l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.
Le duc de Bretagne François
I° et le connétable Arthur III de Richemont, par Martial d'Auvergne,
enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris,
France, XV°siècle.
Les 3 000 soldats français faisaient face à une
armée anglaise comptant plus de 7 000 combattants.
Les Anglais, dès le début du combat, adoptèrent
leur stratégie habituelle, plaçant leurs archers en première ligne et
plantant des pieux en terre afin de se protéger des charges de cavalerie.
Décidant de ne pas attendre le connétable, Jean II
de Bourbon décida de placer ses troupes hors de portée des flèches
anglaises, et commença à canonner l’ennemi grâce aux deux couleuvrines dont
il disposait.
Si dans un premier temps, les anglais accusèrent
des pertes à cause de la canonnade, ils décidèrent de réagir et chargèrent
l’artillerie française.
La bataille de Formigny, par Jean Chartier, enluminure issue de l'ouvrage Chronique,
Belgique, XV°siècle.
La bataille de Formigny, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de
l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.
L’armée française se retrouvait alors en difficulté, d’autant plus que seule
une moitié des Anglais étaient partis à l’attaque.
C’est alors qu’apparurent Richemont et ses hommes, qui chargèrent sans coup
férir l’arrière de l’armée anglaise. Les archers anglais, désemparés par
l’assaut des Bretons, préférèrent se battre jusqu’à la mort plutôt que de
souffrir l’amputation de leur index (en effet, les Français coupaient le
doigt des archers anglais qu’ils capturaient, afin d’empêcher ceux-ci de
porter à nouveau les armes contre la France.).
La bataille de Formigny, par Henri LEHMANN, 1837, château de
Versailles, Versailles.
Au
soir de la bataille, les Anglais avaient perdu près de 5 000 hommes, tués ou
capturés par les Français. Par contre, les troupes de Richemont et du duc de
Bourbons eurent des pertes moins sévères, perdant environ 500 soldats
(certaines chroniques peu objectives affirment que les Français ne perdirent
que douze hommes.).
Cette sanglante défaite marqua la fin définitive de la présence anglaise en
Normandie. En effet, dans le courant de l’été 1450, Richemont s’empara
d’Avranches, et marcha sur Caen (son armée étant entretenue grâce aux
subsides de Jacques Cœur.).
Le siège de Caen, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France,
XV°siècle.
Somerset, qui se trouvait dans la cité, se résigna à capituler après que les
Français aient fait pleuvoir quelques boulets sur la ville (en juillet 1450,
il quitta la ville pour se rendre à Calais.).
La redition de Caen, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.
Charles VII entre dans Caen, par Jean Chartier, enluminure issue de l'ouvrage Chronique,
Belgique, XV°siècle.
Au
mois d’août, les Français s’emparèrent de Falaise, Domfront et Cherbourg,
mettant fin à la présence anglaise en Normandie.
Le siège de Cherbourg, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France,
XV°siècle.
A
noter qu’à la même époque, le duc de Bretagne François I°, qui avait fait
assassiner son frère Gilles en avril 1450, mourut à son tour. Il fut alors
remplacé par son frère cadet Pierre II.
Les funérailles de François I°, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de
l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.
William Pole, comte de Suffolk, fut quant à lui jugé pour haute trahison et
banni d’Angleterre. Il fut assassiné alors qu’il se trouvait sur le navire
l’emmenant en Flandre.
3° La campagne de Guyenne – Cependant, si
les Anglais avaient abandonné la quasi-totalité de leurs possessions dans le
nord de la France, ils restaient encore très présent en Guyenne. En effet,
la région était entre les mains des Anglais depuis des siècles[3],
et ses habitants n’avaient jamais connu la domination française.
C’est pour cette raison que la campagne de Guyenne fut bien moins aisée que
celle de Normandie, où les populations locales considéraient les Anglais
comme des envahisseurs.
a) La campagne de Guyenne (été 1451) : l’attaque contre l’Aquitaine
fut décidée dès la fin de l’année 1450, cependant, l’hiver était déjà trop
avancé pour que l’expédition se mette en marche.
En
avril 1451, Charles VII confia son armée à Dunois, nommé lieutenant général
de Guyenne. En outre, une flotte franco-espagnole, commandée par Jean le
Boursier, pénétra l’embouchure de la Gironde.
Dunois, Brézé et Jacques
Coeur au cours de la campagne de Guyenne, par Martial d'Auvergne, enluminure
issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France,
XV°siècle.
Les Aquitains, n’attendant aucun secours des Anglais, n’eurent pas d’autre
choix que de se défendre par leurs propres moyens. Cependant, ils ne purent
lutter bien longtemps contre les soldats de Charles VII, qui s’emparèrent de
nombreuses places fortes très rapidement.
En
juin, les Français arrivèrent sous les murs de Bordeaux. La ville ne
recevant aucune aide de la part des Anglais, décida alors d’ouvrir ses
portes au roi de France.
Négociations devant Bordeaux, par Jean Chartier, enluminure issue de
l'ouvrage Chronique,
Belgique, XV°siècle.
Le siège de Bordeaux, par Jean de Wavrin,
enluminure issue de l'ouvrage Chroniques d'Angleterre, Belgique, XV°
siècle.
La redition de Bordeaux, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de
l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France,
XV°siècle.
Suite à la chute de Bordeaux, la quasi-totalité des villes de Guyenne
décidèrent de déposer les armes. Seule Bayonne décida de résister, mais la
cité fut finalement prise en août 1451.
Le Siège de Bayonne, par Martial
d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France,
XV°siècle.
A
noter que Jacques Cœur, à la fin de l’été 1451, fut arrêté sur les ordres du
roi de France, accusé d’avoir empoisonné Agnès Sorel, d’avoir comploté avec
le dauphin, et de s’être livré à des malversations financières.
Bien qu’étant innocent au moins pour les deux premiers chefs d’accusation,
Jacques Cœur fut néanmoins condamné en mai 1453 au bannissement perpétuel, à
la confiscation de tous ses biens, et à payer une amende de 300 000 écus.
b) Contre attaque anglaise et bataille de Castillon (1453) : Charles
VII, bien que victorieux une fois de plus, ne tarda pas à être contesté par
les Bordelais. En effet, ces derniers vivaient de leurs exportations de vin
vers l’Angleterre, et la victoire française n’arrangeait pas leurs affaires.
En outre, les nouvelles taxes imposées par Charles VII afin d’assurer
l’entretien des garnisons françaises furent très mal acceptées.
C’est alors qu’un contingent anglais mené par le vieux Talbot[4]
débarqua sur les côtes de Guyenne, en octobre 1452.
Les Bordelais, trop heureux d’apprendre cette nouvelle, ne tardèrent pas à
ouvrir leur portes aux Anglais, et Talbot s’empara sans coup férir des
principales places fortes de Guyenne.
Les Anglais entrent dans Bordeaux, par Martial d'Auvergne, enluminure issue
de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France,
XV°siècle.
L’hiver arrivant, Charles VII décida de ne prendre les armes qu’au printemps
1453. Talbot, quant à lui, demanda des renforts à Henri VI, qui n’arrivèrent
cependant pas.
Peu de temps avant de se mettre en marche, Charles VII signa l’ordonnance de
reformation de la justice, faisant du parlement de Paris le plus important
tribunal du royaume (les tribunaux provinciaux virent donc leurs
attributions largement diminuées.).
Au
mois de mai 1453, Charles VII se dirigea vers l’Aquitaine. Il mit
immédiatement le siège devant Castillon, une forteresse située à l’est de la
Libourne, clef de la vallée de la Dordogne.
Au
mois de juillet, bien que n’ayant pas reçu de renforts, Talbot décida malgré
tout de marcher à l’encontre des Français. Partant de Bordeaux à la tête
d’une armée d’environ 8 000 hommes, le vieux chef de guerre était bien
décidé à renouveler les exploits anglais de Crécy, Poitiers ou Azincourt.
Les 10 000 soldats composant l’armée de Charles VII, équipés de quelques 300
pièces d’artillerie, s’étaient solidement retranchés sur un terrain situé
non loin de Castillon et attendaient impatiemment l’arrivée de l’ennemi.
Bombarde en fer forgé (à gauche.), petite bombarde (à droite.),
bombarde-mortier (en haut à droite.), vers 1450, musée des Invalides, Paris.
Talbot donna l’ordre de charger l’ennemi, et les Anglais se ruèrent sur la
position française. C’est alors que les 300 pièces d’artillerie firent leur
office, fauchant les premières lignes de l’armée anglaise.
Talbot et ses hommes arrivèrent non sans mal à engager le corps à corps avec
l’ennemi, quand soudain la cavalerie bretonne, qui était jusque là restée en
réserve, vint achever la débandade anglaise.
Au
soir de la bataille, les Anglais eurent à subir de lourdes pertes, Talbot
lui-même ayant trouvé la mort au cours de la bataille. Au final, seul un
petit millier de soldats anglais parvint à s’échapper, rejoignant Castillon.
La bataille de Castillon, par Charles Philippe LARIVIERE, XIX° siècle,
château de Versailles, Versailles.
Au
contraire, les Français n’avaient pas perdu cent hommes.
Charles VII l’ayant emporté sur les Anglais, il ne rencontra pas de grandes
difficultés lors de cette nouvelle campagne de Guyenne.
Pendant l’été, les Français s’emparèrent des places fortes de Guyenne, mais
il fallut attendre octobre 1453 pour que Bordeaux ouvre ses portes au roi de
France.
Le siège de Bordeaux, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France,
XV°siècle.
Cette fois ci, Charles VII décida de punir les Bordelais, supprimant leurs
privilèges communaux, suspendant le parlement de la ville, et exigeant une
indemnité de guerre de 100 000 écus. En outre, les Bordelais ayant le plus
collaboré avec les Anglais furent chassés de la ville.
C’est ainsi que la guerre de Cent Ans prit fin, après plus de 115 années de
luttes sanglantes. Henri VI, sombrant dans la folie comme l’avait fait son
grand père maternel Charles VI[5],
entraina l’Angleterre dans une violente guerre civile.
Cependant, si aujourd’hui nous considérons que la guerre de Cent Ans
s’acheva en 1453, aucun traité n’y mit officiellement fin. En effet, les
Anglais détenaient toujours Calais, et à cette date n’avaient pas encore
perdu tout espoir de remettre un jour le pied en France[6].
Royaume de France et royaume d'Angleterre
à la fin de la Guerre de Cent Ans (1453).
A
noter enfin que si en 1453, la France renaissait de ses cendres, bien loin
de là un Empire millénaire s’écroulait : en effet, Constantinople tomba
entre les mains des Turcs en mai 1453, cité toujours entre leurs mains
aujourd’hui[7].
La prise de Constantinople par les Turcs, par Jean Chartier, enluminure
issue de l'ouvrage Chronique,
Belgique, XV°siècle.
Sic transit gloria mundi ; ainsi passe la gloire du monde…
[1]
Les deux jeunes hommes étaient donc les neveux du connétable de
Richemont, ce dernier étant le frère du défunt Jean V.
[2]
La jeune femme ayant le tube digestif infesté de vers, elle avait absorbé
une importante quantité de mercure afin de se purger. Cependant, la
quantité de produit qu’elle avala se révéla mortelle. S’agit donc il
d’une erreur médicale ou bien d’un empoisonnement ?
[3]
La région était passée entre les mains des Anglais par le mariage
d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II Plantagenêt, en 1154.
[4]
Talbot, né vers 1385, avait plus de 60 ans en 1452.
[5]
Henri VI, rappelons le, était le fils du roi d’Angleterre Henri V et
de Catherine de Valois, fille du roi de France Charles VI le Fou.
[6]
Ce n’est que sous le règne de Louis XI que la paix fut
officiellement signée entre la France et l’Angleterre, suite à la
signature du traité de Picquigny, en août 1475.
[7]
Pour en savoir plus sur la prise de Constantinople par les Turcs,
voir le 8, chapitre quatrième, l’Empire Byzantin.