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Les Bourbons (XVI° - XIX° siècle)

 

CHAPITRE CINQUIEME : Louis XVI, du sacre à l'aube de la Révolution

 

I : Premières années de règne (1774 à 1776)

           

            1° La disparition de Louis XV (avril 1774) – Comme nous l’avons vu lors du chapitre précédent, Louis XV, quelques années avant de s’éteindre, avait vu disparaitre son épouse, Marie Leszczynska (juin 1768.) ; sa principale maitresse, la marquise de Pompadour (avril 1764.) ; ses deux filles aînées, les jumelles Henriette et Elisabeth (1752 et 1759.) ;  ainsi que son fils unique, Louis Ferdinand (décembre 1765.).

En outre, l’épouse de ce dernier, Marie Josèphe de Saxe, ainsi que le jeune Louis Joseph Xavier, fils aîné du couple, étaient eux aussi décédés (respectivement en mars 1767 et mars 1761.).

 

L’héritier du trône était donc Louis Auguste (futur Louis XVI.), fils de feu Louis Ferdinand, et donc petit fils de Louis XV.

Louis Auguste de France, par Louis Michel VAN LOO, 1769, château de Versailles, Versailles.

Le jeune homme, déjà orphelin alors qu’il n’avait pas encore quinze ans (il était né en août 1754.), fut alors marié à la jeune Marie Antoinette, fille de l’Empereur germanique François et de l’archiduchesse d’Autriche Marie Thérèse (le mariage fut célébré à la mi-mai 1770.).

L'Autel royal, groupe commémoratif du sacre de Louis XVI, d'après Simon Louis BOIZOT, 1774, musée Carnavalet, Paris.

L’objectif était de pérenniser la récente alliance entre la France et l'Autriche.

 

Louis Auguste, bien que n’étant pas à l’origine destiné à régner[1], reçut toutefois une bonne éducation, apprenant plusieurs langues (anglais, espagnol, latin, etc.), l’économie, l’histoire et la géographie. L’héritier du trône, au fil des années, afficha un goût prononcé pour la mécanique, la marine et la chasse.

 

            2° Louis XVI monte sur le trône (août 1774 à mai 1776) – Agé d’à peine vingt ans, le nouveau souverain était encore jeune lorsqu’il monta sur le trône. Selon certaines sources, Louis XVI aurait déploré de subir si tôt le joug de l’écrasante charge royale.

 

a) La formation du nouveau gouvernement : pendant tout l’été 1774, Louis XV fut contraint de former un nouveau gouvernement, tentant de trouver un équilibre entre les deux partis alors en place. Le premier était celui d’Etienne François, duc de Choiseul, ministre tombé en disgrâce à la fin du règne de Louis XV (il était soutenu par Etienne Charles Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse ; ainsi que par les membres des anciens parlement[2].). Le second, que certains historiens surnommèrent parti des dévots, regroupait Louis Stanislas, comte de Provence et frère du roi ; ainsi que les tantes de Louis XVI, qui critiquaient la conduite de Choiseul vis-à-vis de l’Eglise.

Marie Adélaïde de France (suite au décès de ses sœurs aînés, elle était la plus âgée des quatre filles de Louis XV encore en vie.), par Jean Marc NATTIER, vers 1750, musée Cognacq-Jay, Paris.

Ces dernières conseillèrent alors à leur royal neveu de choisir Jean Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas. Secrétaire d’Etat à la marine, ce dernier était tombé en disgrâce quelques années auparavant, après avoir critiqué la marquise de Pompadour, maîtresse et confidente de feu Louis XV.

Jean Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas, par Alexis Simon BELLE, château de Versailles, Versailles.

Maurepas, s’immisçant dans les hautes sphères de l’Etat, ne tarda guère à devenir officieusement le principal ministre de Louis XVI.

 

En juin 1774, Charles Gravier, comte de Vergennes, fut nommé secrétaire d’Etat aux affaires étrangères. Vergennes, travailleur infatigable, organisa si bien son administration et le classement des archives que ses réformes furent appliquées sous la Révolution et l’Empire.

Charles Gravier, comte de Vergennes, par A. J. MAZEROLLE, 1881, musée des Invalides, Paris.

A noter toutefois que Louis XVI, qui se méfiait de son épouse, ne s’entretint jamais avec elle des dossiers de Vergennes.

 

A la mi-juin 1774, Choiseul reçut l’autorisation de venir à Versailles. Plein d’espoir et soutenu par une partie de la noblesse, l’ancien ministre de Louis XV déchanta rapidement. En effet, le jeune souverain se montra froid, faisant comprendre à Choiseul qu’il n’avait pas besoin de ses services.

 

En juillet 1774, toujours afin de trouver un équilibre entre les deux partis, Louis XVI et Maurepas confièrent la charge de secrétaire d’Etat de la marine à Anne Robert Jacques Turgot, baron de l’Aulne. Ce dernier, proche du parti philosophique, avait participé à la rédaction d’articles économiques dans l’Encyclopédie, un ouvrage qui avait été interdit dans le passé[3].

Anne Robert Jacques Turgot, baron de l'Aulne, par Antoine GRAINCOURT, 1782, château de Versailles, Versailles.

 

Au cours de l’été, Louis XVI s’aperçut qu’une partie de la population parisienne, les patriotes, étaient ouvertement hostiles au garde des sceaux René Nicolas de Maupéou, marquis de Morangles et de Bully. Ce dernier, en 1771, avait ordonné la suppression du Parlement, considéré comme un frein à l’autorité royale.

René Nicolas de Maupéou, marquis de Morangles et de Bully.

Le jeune souverain, souhaitant se concilier les faveurs de son peuple, décida alors de renvoyer Maupéou à la fin du mois d’août 1774 (à noter que dans un premiers temps, les parlementaires ne furent pas rappelés.).

En outre, Louis XVI nomma Turgot au poste de contrôleur général des finances. Ce dernier savait qu’il était obligatoire de mettre en place des réformes, le budget de l’Etat étant alors à découvert de 80 millions de livres.

Dans un premier temps, Turgot ne fut pas critiqué par les parlementaires, le nouveau contrôleur étant un partisan de leur rappel. A cette époque, les principaux opposants de Turgot étaient les dévots et les courtisans vivant des largesses de l’autorité royale.

Dès le mois de septembre, Turgot promulgua une première loi, établissant la libre circulation du blé et autorisant l’import de céréales étrangères (l’objectif était de lutter contre les producteurs qui provoquaient des disettes afin de spéculer.).

 

A la mi-novembre 1774, les Parlements furent reconstitués, Louis XVI faisant fi de la réforme de Maupéou. Le roi de France se réservait toutefois le droit de suspendre les activités du Parlement de Paris en cas d’indiscipline avérée.

Cette décision de remettre en place les Parlements ne fut guère judicieuse, car les parlementaires, loin d’être reconnaissants envers le nouveau souverain, ne tardèrent pas à s’opposer au roi (leurs premières remontrances furent formulées dès le mois de décembre 1774.). Par la suite, ils firent tout leur possible pour de s’opposer aux nouvelles réformes portant atteinte aux privilèges de la noblesse.

 

b) Politique extérieure au début du règne de Louis XVI : au cours du règne de Louis XV, la France avait procédé à un changement d’alliance majeur. Autrefois ennemis implacables des Habsbourg (ces derniers, outre l’archiduché d’Autriche, détenaient aussi la couronne impériale.), les Bourbons avaient finalement décidé de se rapprocher d’eux.

En effet, le XVIII° siècle avait vu la carte géopolitique européenne se bouleverser totalement. Ainsi, si certains pays avaient perdu de leur influence, tels que l’Espagne, la Suède ou les Provinces Unies, de nouvelles puissances étaient apparues, dangereuses pour la France : l’Angleterre, dont le champ d’action ne cessait de croître[4] ; la Prusse, qui en quelques années avait réussi à s’imposer en tant que puissance européenne de premier plan[5] ; et la Russie, qui s’européanisait de pair avec son extension territoriale[6].

 

Vergennes, fidèle à l’alliance autrichienne, ne souhaitait toutefois pas que l’Autriche devienne trop puissante. Ainsi, pour contenir la puissance de l’archiduchesse Marie Thérèse, il fut donc décidé de s’allier avec une multitude de petits Etats (Gênes, le royaume de Piémont-Sardaigne, la Saxe, la Bavière, la Suède, les Provinces Unies, etc.).

En outre, des propositions d’alliances furent envoyées en Prusse et en Russie.

Enfin, dès l’été 1775, Vergennes apprit par le philosophe Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, qui se trouvait en Angleterre, que des émeutes avaient éclaté dans les treize colonies[7]. Vergennes décida donc d’y envoyer un émissaire afin de se rendre compte des besoins des colons révoltés (il préconisa en outre à Louis XVI d’envoyer un million de livres en Amérique du nord.).

Pierre Augustin Caron de Beaumarchais.

 

c) Du sacre de Louis XVI à l’éviction de Turgot (juin 1775 à mai 1776) : en juin 1775, Louis XVI fut couronnée dans la cathédrale de Reims, alors qu’au même moment des émeutes frumentaires agitaient le pays.

Louis XVI en costume de sacre, par Joseph Siffrède DUPLESSIS, 1777, musée Carnavalet, Paris.

Ces violents évènements s’achevèrent au début de l’été, les deux partis s’accusant l’un l’autre d’avoir déclenché l’insurrection.

 

A la fin du mois de juillet 1775, le parti dévot subit un nouveau revers, apprenant la nomination de Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes en tant que secrétaire d’Etat à la Maison du roi[8]. Ce dernier, proche des philosophes, décida d’interdire au clergé d’enlever les enfants protestants afin de les élever dans la religion catholique.

Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, attribué à Jean Antoine HOUDON, XVIII° siècle, château de Versailles, Versailles.

En octobre, la charge de secrétaire d’Etat à la guerre fut confiée à Claude Louis Robert, comte de Saint Germain (sous l’impulsion de Turgot et Malesherbes.). Le nouveau venu, ancien officier ayant combattu lors de la guerre de succession d’Autriche et la guerre de Sept Ans[9], décida de mettre en place de nouvelles réformes.

Saint Germain décida ainsi de réduire les effectifs de parade, ce qui permit d’augmenter les effectifs de l’armée régulière grâce aux économies réalisées. Toutefois, admirateur de la rigueur prussienne, le nouveau ministre interdit le jeu, les femmes, les dettes, ordonnant aux soldats de se rendre à la messe.

 

En fin d’année 1775, le prix du blé augmenta une fois de plus. Turgot alors critiqué pour ses lois libérales, d’autant plus qu’il travaillait à l’époque à diminuer les dépenses de la Maison du roi.

En janvier 1776, les corvées[10] furent abolies, remplacées par une compensation financière. En outre, afin de développer le commerce, le contrôleur général des finances décida de s’attaquer aux corporations[11], permettant à quiconque d’exercer le métier de son choix.  

 

Turgot, présentant son projet de réforme des droits féodaux à Louis XVI, fut alors vivement critiqué par les aristocrates et les parlementaires, ainsi que par l’entourage du roi (dont Marie Antoinette et Maurepas, principal ministre de Louis XVI.).

Le roi de France tenta de résister pendant un temps, puis, le 12 mai 1776, il dut finalement se résoudre à renvoyer Turgot.

la démission de Turgot, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

Malesherbes, dépité, présenta alors sa démission au roi de France.

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[1] Ses frères aînés, Louis et Xavier, étaient respectivement décédés en 1761 et 1754.

[2] Rappelons que René Nicolas de Maupéou, marquis de Morangles et de Bully, avait instauré en 1771 une loi supprimant les Parlements.

[3] Les premiers tomes de l’Encyclopédie furent publiés entre dès 1751, mais la publication fut suspendue en 1757, suite à la tentative de meurtre opérée contre Louis XV. Ce n’est qu’en 1762, suite à la dissolution de l’ordre des jésuites, que la publication put reprendre.

[4] Suite au traité de Paris, en 1763, la France avait été contrainte de céder à l’Angleterre tout le Canada et la rive est du Mississipi.

[5] Au cours de la guerre de succession d’Autriche, la Prusse était parvenue à s’emparer de la Silésie, riche région minière appartenant alors à l’Autriche.

[6] D’un territoire ne dépassant pas les frontières de Moscou au Moyen âge, la Russie était parvenue à s’étendre considérablement, acquérant des ports sur la mer Baltique et la mer Noire, accroissant considérablement son activité commerciale.

[7] Les treize colonies étaient les établissements que les colons anglais avaient érigé sur la côte est de l’Amérique du nord, entre le XVII° et le début du XVIII° siècle. Les treize colonies étaient le Massachusetts, le New Hampshire, le Rhode Island, le Connecticut, le New York (à ne pas confondre avec la ville du même nom.), le New Jersey, la Pennsylvanie, le Delaware, le Maryland, la Virginie, la Caroline du nord, la Caroline du sud, et la Géorgie.

[8] Le secrétaire d’Etat à la Maison du roi gérait la Maison du roi (frais de bouche, dépenses somptuaires, serviteurs, écurie.), les Bâtiments du roi (constructions, entretiens, restaurations, mécénat.), les affaires du clergé catholique et protestant, l’administration de Paris et des provinces (police, entretien des rues, censure.)

[9] Cliquez sur les liens ci-joints pour en savoir plus sur la guerre de succession d’Autriche et à la guerre de Sept Ans.

[10] Au Moyen âge, le seigneur pouvait réquisitionner ses sujets afin de les faire travailler sans les rémunérer. En règle générale, la corvée ne concernait qu’une ou deux journées par an, exception faites des pauvres et des serfs, qui restaient taillables et corvéables à merci. La corvée royale, par contre, ne fut instaurée que sous le règne de Louis XV. L’objectif était de réquisitionner des travailleurs pendant quelques jours par an, afin de leur faire construire ou restaurer des routes. Dans certaines régions de France, il était possible de racheter ces jours de corvées contre une petite somme d’argent.

[11] Les corporations, apparues au Moyen âge, étaient en situation de monopole au XVIII° siècle. Elles déterminaient les salaires, la qualité de la production, les prix à la vente, etc.

 
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