CHAPITRE CINQUIEME :
Louis XVI, du sacre à l'aube de la Révolution
II :
La guerre d'indépendance américaine (1776 à 1783)
1° La situation en Amérique du
nord à l’aube du conflit (1754 à 1774) – Les tensions entre l’Angleterre
et les treize colonies existaient depuis maintenant quelques décennies.
a)
La guerre de Sept Ans : au cours des premières années de la guerre de
Sept Ans(le conflit éclata en 1756, mais les premiers affrontements
en Amérique du nord eurent lieu dès 1754.), les Français remportèrent
plusieurs succès contre les Britanniques. En effet, ces derniers souffraient
des carences du recrutement, peu de colons étant intéressés par la carrière
des armes (selon l’usage, un officier américain devait obéir à un officier
anglais, même si ce dernier était d’un grade moins élevé.).
William Pitt, premier ministre du roi d’Angleterre Georges III,
décida alors de faire un geste envers les colons. Il supprima la distinction
entre soldats anglais et soldats américains, promit que l’effort de guerre
serait remboursé, etc.
Georges III, par Anna Rosina VON LISIEWSKI, 1779, Deutsches historisches museum, Berlin.
Grâce à ses mesures, de nombreux colons décidèrent alors de s’engager, ce
qui permit aux Anglais de remporter de nombreuses victoires contre les
colonies françaises. En 1762, à l’issue du conflit, tout le Canada tomba
entre les mains de la couronne britannique, les territoires à l’est du
Mississipi furent cédés aux treize colonies, ceux à l’ouest furent cédés à
l’Espagne[1].
Toutefois, suite à l’éviction de Pitt, Georges III décida d’adopter une
attitude moins conciliante envers les treize colonies. Ce dernier décida
ainsi que les colons devaient assumer une partie du coût de la guerre ; en
outre, il préféra maintenir une petite armée en Amérique du nord,
officiellement pour se prémunir contre les actions des Français du Canada ou
des Espagnols de Floride. Les colons n’apprécièrent guère ces nouvelles
mesures.
b)
La proclamation royale (octobre 1763) : en octobre 1763, Georges III
rédigea un nouveau traité, intitulé proclamation royale. Le souverain
avait un objectif double : d’une part, angliciser au plus vite les régions
francophones du Canada et hispaniques de Floride ; mais aussi apaiser les
relations avec les Indiens, auxquels étaient cédés les ex-territoires
français situés à l’est du Mississipi.
La
proclamation prévoyait la création de trois colonies ; deux en Floride (à
l’est et à l’ouest de la région.), et une au Québec. En outre, les colons
qui s’étaient implantés sur les terres cédées aux indiens devaient évacuer
les lieux.
Enfin, il fut décidé d’ériger une série de fort à la frontière ouest des
treize colonies, dans l’objectif de s’assurer du bon respect de la
proclamation. Ces avant postes ayant comme objectif de protéger les colons,
il fut décidé qu’ils en assumeraient le financement.
L'Amérique du Nord en 1776.
A
part les indigènes, aucun Américain ne fut satisfait par ce traité : ni les
Canadiens francophones (les seigneurs perdaient tous leurs droits, les
catholiques ne pouvaient plus entrer dans l’administration[2],
le clergé ne percevait plus la dîme[3].),
ni les colons anglais (ces derniers considéraient que céder les territoires
de l’est du Mississipi aux Indiens était une tentative de mettre à mal leur
volonté d’expansion vers l’ouest.).
c)
Dix années de lois coercitives (1763 à 1774) : la proclamation royale
ne fut que le prélude d’une série de lois qui désagrégèrent peu à peu les
relations entre les treize colonies et la métropole. Suite à la guerre de
Sept Ans, les finances de l’Angleterre étaient au plus mal ; à contrario,
les treize colonies étaient en pleine croissance. Georges III et les
parlementaires jugèrent donc qu’il était du devoir des colons de participer
au remboursement de la dette.
En
avril 1764, le Parlement de Londres promulgua le Sugar Act (‘loi sur
le sucre’.), maintenant les taxes sur le sucre importé[4],
mais étendant ces dernières à d’autres produits (vins, cafés, piments,
etc.). Très impopulaire dans les treize colonies, le Sugar Act provoqua une
crise dans la production de rhum.
Peu de temps après, le Parlement vota le Currency Act (‘loi sur les
devises’.), qui assurait à l’Angleterre le contrôle du système monétaire des
colonies américaines.
En
1765, le Stamp Act (‘loi sur le timbre’.) fut promulgué. Il fut donc
décidé qu’un timbre fiscal était dorénavant obligatoire pour tous les
documents officiels, journaux, testaments, jeux de cartes, livres, etc.
Cette réforme provoqua l’indignation des treize colonies. Toutefois, si le
Sugar Act ne concernait que les marchands, le Stamp Act visait tous les
colons d’Amérique du nord. Furieux, ces derniers s’attaquèrent alors aux
entrepôts de timbres, et menacèrent les collecteurs de taxes.
C’est à partir de cette date que se regroupèrent les colons mécontents, se
présentant comme les Sons of Liberty (‘fils de la liberté’.). Ces
derniers en appelèrent au boycott des produits anglais, rappelant que le
Parlement de Londres était en pleine inégalité car il imposait des taxes à
un peuple n’ayant pas de représentation politique sur le continent.
Mécontentement des colons américains
suite à la promulgation du Stamp Act, illustration issue de l'ouvrage
History of the United States, par Benjamin ANDREWS, Etats Unis, 1912.
En
mars 1766, la loi fut finalement abrogée, mais le conflit n’était pas éteint
pour autant.
En
mars 1765, le Parlement anglais promulgua le Quartering Act (‘loi sur
le cantonnement des troupes’.), prévoyant désormais que si les casernes
étaient trop petites pour loger tous les militaires, ces derniers logeraient
dans des étables, chez les marchands, voire même dans des maisons inhabitées (tous frais causé par cette occupation serait alors à la charge
des colons.).
Nouvelle levée de boucliers dans les colonies, plus particulièrement dans la
cité de New York.
L’année suivante, en mars 1766, le Declaratory Act (‘loi
déclaratoire’.) fut voté par les parlementaires anglais. L’objectif de cette
loi était de rappeler que le Parlement de Londres avait toute autorité pour
imposer des lois aux treize colonies.
En
1767 furent promulgués les Townshend Acts, du nom de Charles
Townshend, chancelier de l’échiquier (cette charge était
similaire à celle d’un ministre des finances aujourd’hui.).
Ces lois prévoyaient la mise en place de taxes sur les produits importés
dans les treize colonies (thé, papier, verre, peinture, etc.).
En
outre, devaient être mis en place un bureau de douane à Boston (sous
surveillance de l’Angleterre.), un système de garde-côtes afin de lutter
contre la contrebande, et trois cours maritimes afin de punir les
contrevenants aux nouvelles lois.
Les colons anglais n’apprécièrent guère cette nouvelle taxe, décidant de
boycotter les produits anglais et de se tourner vers la contrebande. A
Boston, les Sons of Liberty attaquèrent le bureau de douane, ayant appris
qu’un contrevenant du nom de John Hancock avait été arrêté par les
douaniers anglais.
John Hancock.
En
mars 1770, les colons affichèrent leur désapprobation en organisant une
manifestation à Boston. Les soldats anglais reçurent alors l’ordre de tirer
sur la foule, ce qui causa la mort de sept personnes. Le Massacre de
Boston fut rapidement mis en exergue par les Sons of Liberty comme étant
le symbole de la tyrannie anglaise.
Le massacre de Boston,
illustration issue de l'ouvrage History of the United States, par
Benjamin ANDREWS, Etats Unis, 1912.
Au
final, la nouvelle taxe ayant fait perdre beaucoup d’argent à la couronne
(le coût du poste de douane à Boston était plus élevé que les recettes
récoltées grâce aux Townshend Acts.), cette dernière fut finalement abrogée
en mars 1770 (mais la taxe sur le thé fut néanmoins maintenue.).
En
mai 1773, le Tea Act (‘loi sur le thé’.) fut promulgué au Parlement
de Londres. La loi accordait le monopole de la vente du thé à la
Compagnie anglaise des Indes orientales, qui connaissait alors de graves
difficultés financières.
Evidemment, cette nouvelle taxe ne fut guère appréciée par les treize
colonies. Les colons tentèrent alors de boycotter les produits de la
Compagnie, favorisant une fois de plus une efficace contrebande. Suite à ces
mesures, il devint difficile pour les navires de la Compagnie d’accoster à
bon port ; ainsi, ces derniers demandèrent l’aide de l’armée afin de
débarquer leur thé.
En
décembre 1773, soixante Sons of Liberty décidèrent de mener une expédition
punitive, déguisés en indiens Mohawks[5].
En fin de soirée, ils grimpèrent sur les navires de la Compagnie, ouvrirent
les tonneaux, et jetèrent par-dessus bord plus de 40 tonnes de thé.
La Boston Tea Party, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
La
Boston Tea Party, bien que suscitant des réactions mitigées[6],
resta néanmoins un des évènements annonciateurs de la guerre
d’indépendance américaine.
Le
roi d’Angleterre, quant à lui, n’apprécia guère la Boston Tea Party. Ainsi,
afin de répliquer de manière ferme face à cet évènement, le Parlement de
Londres promulgua une série de lois au cours de l’année 1774.
En
mars fut voté le Boston Port Bill (‘loi sur le port de Boston’.),
prévoyant que le port de la ville serait fermé jusqu’à ce que les habitants
de la cité remboursent les dommages causés aux navires de la Compagnie.
En
avril, les parlementaires anglais promulguèrent le
Massachussets Bay Regulating Act[7]
(‘loi sur le gouvernement du Massachusetts’.). Dorénavant, les membres du
conseil de la colonie seraient désignés par le roi ; les officiers seraient
choisis par le gouverneur ; et les rassemblements publics étaient interdits
sans autorisation.
En
mai, ce fut au tour du Impartial Administration of Justice Act (‘loi
sur l’administration de la justice’.) d’être voté par le Parlement de
Londres. Dorénavant, les gouverneurs des treize colonies, nommés par le roi
d’Angleterre, pouvaient renvoyer un procès en Angleterre (si un colon était
jugé en Angleterre plutôt que dans sa colonie, le jugement serait bien plus
sévère.).
En
juin 1774 fut promulgué un second Quartering Act, prévoyant que désormais
les soldats pourraient loger chez les colons si les casernes étaient trop
petites pour loger tout un régiment.
Enfin, toujours au cours du même mois fut voté le Quebec Act (‘loi
sur le Québec.’), agrandissant considérablement les frontières de la
nouvelle province anglaise (cette dernière s’étendait désormais du golfe
Saint Laurent jusqu’au sud des grands lacs[8].).
Les Anglais nommèrent ces lois les Punitive Acts (‘lois punitives.’)
ou Coercitive Acts (‘lois coercitives’.), car ils considéraient que
ces textes avaient été promulgués pour punir les colons de leur
désobéissance. Dans les treize colonies, ces mesures furent surnommées les
Intolérable Acts (‘lois intolérables.’).
2° Le Premier Congrès Continental, évènement déclencheur de
la guerre d’indépendance américaine éclate (septembre à octobre 1774) –
Suite à la promulgation des Intolerable Acts, les colons décidèrent de se
réunir au sein d’une assemblée indépendante de la couronne britannique.
Ainsi, en septembre 1774, les colons se rendirent à Philadelphie[9],
participant au Premier Congrès Continental (à noter que douze
colonies seulement furent représentées, la Géorgie n’ayant pas envoyé de
députés.).
L'Independance Hall à Philadelphie, illustration issue de l'ouvrage
The Life of Georges Washington, par John MARSHALL, Etats Unis, 1926.
A
cette date, l’assemblée était encore très partagée sur la marche à suivre.
Certains députés, tels que Samuel Adams, considéraient que la rupture
avec l’Angleterre était consommée, et qu’il fallait maintenant établir un
gouvernement indépendant. D’autres, au contraire, tels que
Joseph Galloway, souhaitaient mettre en place une assemblée législative
américaine, qui aurait comme tâche d’examiner les projets de loi en
provenance du Parlement de Londres.
Samuel Adams.
Ne
parvenant pas à s’entendre sur les relations à mettre en place vis-à-vis de
l’Angleterre, les colons décidèrent néanmoins de mettre en place un boycott
des marchandises britanniques, ainsi que de suspendre leurs exportations
vers l’Angleterre.
Il
fut aussi prévu de mettre en place des comités de surveillance dans les
treize colonies, afin de veiller à la bonne application du boycott.
A
noter que ce fut lors ce Premier Congrès Continental que les députés
employèrent le terme d’Américain pour désigner les colons des treize
colonies.
3° La campagne de Boston (septembre 1774 à février 1776) –
Les Anglais, apprenant la tenue du Congrès Continental à Philadelphie,
décidèrent alors de répliquer par les armes. A noter toutefois que les
Américains, à cette date, avaient des sentiments partagés quant à l’attitude
à prendre face à l’Angleterre.
L’on estime que 40% de la population, les Patriots (‘patriotes.’),
étaient favorables aux rebelles ; 20%, les Loyalists (‘loyalistes.’)
restaient fidèles à l’Angleterre ; le reste de la population préférant
rester neutre lors du conflit (certains changèrent de camps au cours de la
guerre.).
a)
La bataille de Lexington & Concord (avril 1775) : suite à la Boston
Tea Party, le général Thomas Gage, commandant en chef de l’armée
britannique en Amérique du nord, avait été chargé d’occuper Boston et de
pacifier la colonie du Massachusetts. En septembre 1774, Gage s’attaqua
alors à un dépôt de poudre, situé non loin de Boston.
Thomas Gage.
Puis, au cours du mois d’avril 1775, Gage décida d’envoyer un petit
contingent de 700 hommes vers Lexington, cité se trouvant non loin de
Boston. L’objectif était alors de s’emparer des deux chefs de la résistance,
Samuel Adams et John Hancock.
Un
groupe de trois cavaliers, Paul Revere, Samuel Prescott et
William Dawes, fut alors chargé de prévenir Adams et Hancock de
l’arrivée des troupes anglaises[10].
Certains cavaliers s’arrêtèrent à Lexington (où se trouvaient les deux
hommes.), mais d’autres continuèrent leur route jusqu’à la cité de Concord.
La chevauchée de Paul Revere.
Les soldats britanniques, arrivant à Lexington à l’aube, trouvèrent alors 80
miliciens face à eux. Toutefois, les Anglais étaient en forte supériorité, et
les Américains furent rapidement repoussés.
N’ayant pas réussi à s’emparer d’Adams et de Hancock (les deux hommes
s’étaient échappés pendant la nuit.), les hommes de Gage avancèrent alors
jusqu’à Concord, tentant de s’emparer d’armes et de munitions entreposées là
par les rebelles. Toutefois, les habitants de la cité ayant été prévenus de
l’arrivée des troupes anglaises, les Britanniques ne trouvèrent presque
rien.
Finalement, les soldats anglais décidèrent de rentrer à Boston. Ces derniers
furent alors harcelés par les miliciens lors du chemin du retour. Les
Anglais, suite à la bataille de Lexington & Concord, perdirent près
de 1 500 hommes.
La bataille de Lexington & Concord.
b)
Le siège de Boston, la bataille de Chelsea Creek (début mai 1775) :
au cours de la bataille de Lexington & Concord, les Anglais avaient subi
d’importantes pertes ; les miliciens, quant à eux, étaient de plus en plus
nombreux (près de 15 000.), en provenance de la plupart des treize colonies.
L’objectif des rebelles était maintenant d’assiéger Boston afin d’en chasser
les troupes anglaises (à noter que certains loyalistes, vivant en périphérie
de la cité, décidèrent d’abandonner leurs foyers afin de rejoindre Boston.).
Les Anglais, assiégés, érigèrent alors une série de forts sur les collines
de la ville. Toutefois, bien que ravitaillés par la marine anglaise[11],
les troupes britanniques furent toutefois contraintes ne mettre en place des
mesures de rationnement.
Les rebelles, quant à eux, ne restèrent pas inactifs. Début mai 1775, ces
derniers s’emparèrent de Fort Ticonderoga (mal défendu mais possédant des
canons.) et de Fort Crown Point[12].
Ils lancèrent aussi un raid contre le Fort Saint Jean, parvenant peu après à
capturer un navire de guerre qui mouillait sur le lac Champlain.
Fort Ticonderoga.
Cette expédition victorieuse fut d’un grand secours à l’armée
continentale, récemment crée par le Second Congrès Continental.
Les Anglais assiégés dans Boston, ayant besoin de ravitaillement, décidèrent
alors de lancer des raids sur les îles avoisinant la cité. Les rebelles
parvinrent néanmoins à détruire d’importants stocks de blé, mettant en
pratique la stratégie de la terre brûlée. En outre, lors de la bataille
de Chelsea Creek, les colons parvinrent à s’emparer d’un schooner
anglais. Après l’avoir dépouillé de ses armes, munition et vivres, le petit
navire fut détruit.
c)
Le siège de Boston, la bataille de Bunker Hill (juin 1775) : à la
mi-mai 1775, les Anglais assiégés dans Boston reçurent du renfort. Gage,
dorénavant à la tête d’une armée de 6 000 hommes, décida de fuir la cité en
passant par le village de Charlestown, situé sur une presqu’île au nord de
Boston.
Les rebelles décidèrent alors de mettre en place des fortifications afin de
barrer le passage à l’ennemi. Lors de la bataille de Bunker Hill, les
Anglais parvinrent finalement à s’emparer de Charlestown, mais au prix
d’importantes pertes. En effet, ces derniers eurent 200 tués et 800 blessés[13],
pour moins de la moitié du côté des rebelles.
La bataille de Bunker Hill, dessin issu de l'ouvrage
Georges Washington, par Calista MC CABE-COURTENAY, Etats Unis, 1917.
Suite à cette victoire à la Pyrrhus, les Britanniques ne furent plus en
mesure de lancer de nouvelles offensives contre l’ennemi.
d)
Le siège de Boston, les mesures prises par le Second Congrès Continental
(mai à juillet 1775) : alors que la cité de Boston était assiégée par
les rebelles, les députés des treize colonies se réunirent une nouvelle fois
à Philadelphie, au cours du Second Congrès Continental (mai 1775.).
Intérieur de l'Independance Hall à Philadelphie,
illustration issue de l'ouvrage My Native Land, par James COX,
Etats Unis, 1903.
Cette fois ci, la question n’était plus de savoir quelle attitude adopter
face à l’Angleterre, mais de mettre en place les moyens permettant aux
Américains de rivaliser avec les Britanniques.
Ainsi, en juin 1775, il fut décidé de la création d’une armée continentale,
commandée par George Washington[14].
En outre, une marine américaine fut aussi créée.
Georges Washington, par Charles W. Peale, 1780, Metropolitan museum of art,
New York.
Benjamin Franklin, savant et député de Philadelphie, proposa un
projet de constitution, faisant des treize colonies une confédération.
Benjamin Franklin, par Joseph Siffrède DUPLESSIS, XVIII°
siècle, musée Carnavalet, Paris.
A
noter que ce Congrès dura bien plus longtemps que son prédécesseur, ne
prenant fin qu’en mars 1781.
e)
Le siège de Boston, l’arrivée de Washington (juillet à novembre 1775) :
Washington, arrivant sous les murs de Boston au cours du mois de juillet,
décida alors de mettre en place de nouvelles fortifications.
Toutefois, à part quelques escarmouches qui n’aboutirent à rien, aucun des
deux camps ne parvint à prendre l’avantage.
La
fin de l’année approchant, les deux camps décidèrent de prendre leur
quartier d’hiver, chacun étant confrontés à d’importants problèmes. Côté
américain, la poudre manquait (les rebelles reçurent des lances afin de
faire face à une éventuelle attaque britannique.) et la solde n’était pas
payée ; côté anglais, les vivres et le bois manquait (de vieilles maisons
furent alors détruites pour alimenter les feux.), en outre, les assiégés
souffraient de la variole et du scorbut.
Poire à poudre, Amérique du nord, vers 1750, musée des Invalides, Paris.
f)
La fin du siège de Boston, les fortifications de Dorchester (février à
mars 1776) : Washington, craignant que son armée ne déserte lors de
l’hiver, avait tenté un raid contre Boston en fin d’année, avant de faire
machine arrière.
En
effet, il préféra installer sur les collines de Dorchester les canons pris
lors du raid contre le Fort Ticonderoga (février 1776.). Le colonel Henry
Knox s’acquitta de cette difficile tâche en transportant les lourds
canons sur des traineaux.
Henry Knox, illustration issue de l'ouvrage
Georges Washington, par Henry CABOT, Etats Unis, 1899.
William Howe, qui avait remplacé Thomas Gage à la tête de l’armée
britannique, se rendit compte que la situation dans Boston n’était désormais
plus tenable. Menacés par les canons américains, les Britanniques tentèrent
de lancer une contre-attaquer sur la position ennemie, en vain. En outre, la
position américaine était hors de portée des canons anglais.
William Howe,illustration issue de l'ouvrage
History of the United States, par Benjamin ANDREWS, Etats Unis, 1912.
Finalement, Howe décida d’abandonner Boston (les vents étant défavorables,
les Anglais ne purent embarquer sur leurs navires qu’à la mi-mars 1776.).
Washington, suite à la prise de Boston, décida alors de faire route vers la
ville de New York.
4° L’invasion du Québec (juin 1775 à octobre 1776) –
Début mai 1775, comme nous l’avons vu précédemment, les rebelles avaient
lancé un raid contre le Fort Saint Jean, parvenant peu après à capturer un
navire de guerre qui mouillait sur le lac Champlain. Cette attaque surprise
avait inquiété les Québécois, autant anglophones que francophones, ces
derniers souhaitant prendre leurs distances avec la rébellion américaine.
a)
Le Second Congrès Continental déclare la guerre au Québec (juin 1775.) :
au cours des deux Congrès Continentaux, les députés des treize colonies
avaient invité les Québécois à rejoindre la révolte, en vain.
Dans un premier temps, il ne fut pas décidé de s’attaquer au Québec.
Toutefois, apprenant que le gouverneur de la région s’était rapproché des
Iroquois et qu’il avait lancé des travaux de fortification au Fort Saint
Jean, les députés décidèrent alors de riposter.
Manchettes wampum (il s'agissait
vraisemblablement d'un symbole guerrier.), XVIII° siècle, musée du Quai
Branly, Paris.
Ainsi, en juin 1775, le général Philippe Schuyler fut chargé de
chasser les Britanniques du Québec.
Philippe Schuyler.
b)
La bataille de Longue Pointe et la chute du Fort Saint Jean (septembre à
novembre 1775.) : en septembre 1775, les rebelles tentèrent un raid sur
Montréal, mais furent vaincus lors de la bataille de Longue Pointe.
Au
même moment, Schuyler assiégeait Fort Saint Jean ; toutefois, la place forte
étant bien défendue, elle ne capitula qu’au cours du mois de novembre 1775 (Schuyler,
tombant malade lors du siège, fut alors remplacé par le brigadier-général
Richard Montgomery.).
Richard Montgomery,
illustration issue de l'ouvrage History of the United States, par
Benjamin ANDREWS, Etats Unis, 1912.
c)
La chute de Montréal et le siège de Québec (novembre 1775 à mai 1776.) :
suite à la prise du Fort Saint Jean, Montréal ouvrit ses portes aux rebelles
sans combattre (mi-novembre 1775.). Montgomery proposa aux Québécois de
rejoindre le camp des insurgés, puis partit en direction de Québec.
A
noter qu’en septembre 1775, Benedict Arnold, qui n’avait pas obtenu
le commandement de l’armée d’invasion du Québec, décida de rejoindre
Washington au siège de Boston. Arnold réussit alors à convaincre son
interlocuteur du bien fondé d’une attaque de Québec par l’est, et reçut un
millier d’hommes.
Benedict Arnold,
illustration issue de l'ouvrage History of the United States, par
Benjamin ANDREWS, Etats Unis, 1912.
Arrivant sous les murs de Québec à la mi-novembre à la tête d’une armée
affaiblie (il n’avait plus que 600 hommes et aucun canon.), Arnold décida
alors d’attendre Montgomery, qui arriva début décembre 1775.
Les troupes firent alors jonction, réunissant ainsi un millier de
soldats.
La
cité de Québec fut alors rapidement assiégée par l’armée des rebelles. Les
Américains, confrontés au rude hiver canadien, décidèrent donc de lancer un
raid contre la ville, à la fin du mois de décembre.
La
bataille de Québec fut toutefois un échec, Montgomery et 50 de ses
hommes y trouvèrent la mort, 400 rebelles furent capturés, et Arnold fut
blessé.
La mort de Montgomery sous les murs de
Québec,illustration issue de l'ouvrage History of the
United States, par Benjamin ANDREWS, Etats Unis, 1912.
Les Américains, bien que très affaiblis par la bataille, continuèrent
d’assiéger la cité. En avril 1776, Arnold fut cependant limogé et remplacé
par le brigadier-général David Wooster (qui lui-même fut remplacé peu
de temps après par le brigadier-général John Thomas.).
Au
printemps 1776, les Américains étaient parvenus à aligner 3 000 hommes sous
les murs de Québec, mais ses derniers furent alors frappés par une épidémie
de Variole.
Au
mois de mai, apprenant que des navires britanniques approchaient de Québec,
Wooster décida alors de lever le siège et de reculer vers Montréal.
L'arrivée des navires britanniques, dessin issu de l'ouvrage
Georges Washington, par Calista MC CABE-COURTENAY, Etats Unis, 1917.
d)
La bataille de Trois Rivières, la fin de l’invasion du Québec (mai 1776 à
octobre 1776.) : arrivant à Québec au début du mois de juin, les
Britanniques décidèrent alors de descendre le long du fleuve Saint Laurent,
en direction de Montréal.
Le
général William Thompson, qui avait succédé à John Thomas, atteint
par la variole, décida alors de barrer le chemin à l’ennemi (juin 1776.).
Toutefois, la bataille de Trois Rivières fut un échec pour les
Américains, qui perdirent près de 300 hommes (60 tués ou blessés, et un peu
moins de 250 prisonniers.).
Le
Congrès Continental, comprenant que l’invasion était un échec, ordonna aux
Américains d’évacuer Montréal, et de détruire de Fort Saint Jean.
Au
cours du mois de juillet, les rebelles entreprirent de fortifier le Fort
Ticonderoga, afin de faire face à la menace anglaise. Puis, en octobre 1776,
Arnold fut autorisé à lancer une expédition contre Valcour, une petite île
du lac Champlain.
L’expédition fut toutefois un échec, et les Américains furent une fois de
plus repoussés par les Anglais. Ces derniers occupèrent même le Fort Crown
Point, avant de l’évacuer finalement en novembre 1776.
Suite à cette invasion manquée du Québec, le Congrès Continental décida de
ne plus mener d’expédition à l’étranger, considérant que la guerre devait
avoir lieu dans les treize colonies.
5° La déclaration d’indépendance américaine (4 juillet 1776)
– Le Second Congrès Continental, contrairement au premier, avait cessé
de tergiverser quant à l’attitude à adopter face à l’Angleterre.
Au
printemps 1776, il fut donc décidé de rédiger une déclaration
d’indépendance. La tâche fut alors confiée au Committee of Five
(‘comité des cinq.’), rassemblant John
Adams[15],
Benjamin Franklin, Thomas Jefferson[16],
Robert Livingston et Roger Sherman.
Thomas Jefferson, par John TREMBULL, 1788, Metropolitan museum of art, New
York.
Elaborant une première ébauche, Jefferson fut vraisemblablement le principal
auteur du texte. Terminée puis amendée au cours du mois de juin, la
déclaration d’indépendance fut signée par le Second Congrès Continental le 4
juillet 1776[17].
Brouillon de la déclaration d'indépendance, rédigé par Thomas Jefferson,
texte issu de l'ouvrage
Memoir, Correspondence And Miscellanies From The Papers Of Thomas Jefferson, par
Thomas JEFFERSON, Etats Unis, 1830.
Le
texte, très inspiré de la philosophie des lumières (précisons que Jefferson
était francophile.) insiste sur plusieurs droits inaliénables de l’être
humain : la vie, la liberté et la recherche du bonheur.
La
déclaration critique aussi l’attitude de l’Angleterre vis-à-vis des treize
colonies : le refus de mettre en place une assemblée américaine,
l’installation d’une armée permanente en Amérique du nord, la mise en place
de taxes abusives.
Enfin, considérant que les actions militaires menées contre les treize
colonies sont des agissements tyranniques, le texte ne reconnait plus
Georges III comme le légitime souverain.
Suite à l’acceptation du texte, ce dernier fut très rapidement diffusé.
Affichée dans de nombreuses villes et villages, la déclaration
d’indépendance fut un important outil de propagande pour les Américains.
Ce
texte arriva en France un mois après sa proclamation officielle à
Philadelphie.
A
noter qu’au mois de juillet 1776, des émissaires américains arrivèrent à
Versailles. La guerre n’ayant pas encore permis aux Américains de prendre
l’avantage, Vergennes refusa de faire intervenir officiellement la France
dans le conflit.
Par contre, il accepta de donner un million de livres, 200 canons et
quelques milliers de fusils à Beaumarchais, qui, par l’intermédiaire d’une
maison de commerce franco-espagnole, put ainsi porter secours aux insurgés.
6° La campagne de New York et du New Jersey (1776) –
Comme nous l’avons vu précédemment, le général William Howe, commandant en
chef de l’armée britannique, avait décidé de quitter Boston à la mi-mars
1776.
a)
Combats dans New York (1776.) : suite à ce revers de fortune,
les Anglais décidèrent alors de se diriger vers New York, débarquant à Staten Island en juin 1776.
Washington, arrivant peu de temps après, décida alors de diviser son armée
en plusieurs groupes, vraisemblablement pour occuper plus de terrain (les
rebelles étaient 19 000 contre plus de 22 000 Anglais.). Profitant de cette
erreur stratégique, Howe décida alors d’attaquer l’ennemi, remportant la
bataille de Long Island en août 1776.
La bataille de Long Island.
Washington s’étant remplié vers l’île de Manhattan, Howe décida d’attaquer
l’ennemi à la mi-septembre. Une fois de plus, les rebelles furent contraints
de reculer, se réfugiant à Harlem.
A
la fin du mois d’octobre, Howe décida d’encercler la position de Washington,
et les deux belligérants s’affrontèrent lors de la bataille de White
Plains (‘plaines blanches[18].’).
Les Américains furent vaincus une fois de plus, et durent abandonner le
terrain à l’ennemi.
Suite à l’affrontement, Howe ne poursuivit pas les rebelles, préférant
assiéger Fort Washington, dans l’île de Manhattan. S’emparant de la place
forte à la mi-novembre 1776, les Anglais parvinrent aussi à prendre Fort Lee
(situé sur la rivière Hudson.) quelques jours après.
A
la fin de l’année 1776, les anglais étaient maîtres New York, une position
qu’ils occupèrent jusqu’à la fin de la guerre d’indépendance américaine.
b)
Combats dans le New Jersey (hiver 1776.) : suite à la prise de New York,
les Anglais poursuivirent les rebelles jusqu’à la fin de l’année 1776. Ces
derniers, franchissant le fleuve Delaware début décembre, se réfugièrent
alors en Pennsylvanie.
S’étant emparés de New York et d’une bonne partie du New Jersey, les
Britanniques décidèrent alors de prendre leurs quartiers d’hiver,
considérant que la campagne de 1776 était terminée.
Toutefois, Washington décida de contre-attaquer, franchissant le Delaware le
jour de noël. Les Américains parvinrent alors à vaincre un petit contingent
anglais lors de la bataille de Trenton (26 décembre 1776.).
La traversées du Delaware, dessin issu de l'ouvrage
Georges Washington, par Calista MC CABE-COURTENAY, Etats Unis, 1917.
Apprenant la défaite, Howe envoya du renfort afin de reprendre Trenton.
Toutefois, grâce à une manœuvre audacieuse de Washington, les Américains
attaquèrent l’arrière garde anglaise, remportant la bataille de Princeton
(3 janvier 1777.).
Les Britanniques, vaincus, furent alors contraints de se réfugier à New
York. Washington, rentrant dans ses quartiers d’hiver en janvier 1777, était
parvenu à s’emparer d’une bonne partie du New Jersey.
7° La campagne de Saratoga (1777) – En 1777, les
Américains furent menacés par non pas une, mais deux armées britanniques. La
première partit de Québec, attaquant la frontière nord des treize colonies.
a)
La situation au printemps 1777 : en mai 1777, le général anglais John
Burgoyne arriva à Québec, après avoir séjourné quelques semaines à
Londres. Ce dernier, ayant participé au siège de Boston, avait ainsi exposé
ses plans d’attaque à Georges Germain, vicomte de Sackville,
secrétaire d’Etat aux colonies.
L’objectif pour l’année 1777 était de s’attaquer à la nouvelle Angleterre
(région regroupant le Massachusetts, le New Hampshire, le Rhode Island et le
Connecticut.), afin de porter un coup fatal aux rebelles.
Burgoyne attaquerait depuis Québec, le général Howe depuis New York ; leurs
deux armées devant faire jonction dans la cité d’Albany.
Du
côté des Américains, le Congrès Continental ne savait pas où frapperait
l’ennemi. Washington, quant à lui, pensait que Burgoyne allait rejoindre
Howe à New York, afin de lancer une nouvelle offensive contre le New Jersey.
La frontière nord des treize colonies ne fut donc par renforcée.
En
France, Charles Gravier, comte de Vergennes, secrétaire d’Etat aux affaires
étrangères, était particulièrement intéressé par la guerre d’indépendance
américaine.
Souhaitant que la France prenne sa revanche contre l’Angleterre, Vergennes
commença à envoyer des armes, de l’or et des volontaires en Amérique[19].
Enseignes de sergent-recruteur, vers 1775, musée des Invalides, Paris.
Toutefois, l’idée d’une intervention ouverte de la France fut reportée,
suite à la prise de New York par les Britanniques.
b)
L’offensive victorieuse de Burgoyne (été 1777) : Burgoyne lança entama
les hostilités courant juin 1777, commandant une armée d’environ 7 000
hommes (4 000 Anglais et 3 000 Allemands originaires du Brunswick[20].).
Ce dernier était en outre accompagné de plusieurs milliers d’indiens et de
Québécois.
Uniforme des soldats du Brunswick, vers 1780, Deutsches historisches museum, Berlin.
A
la fin du mois de juin, Burgoyne s’empara de Fort Crown Point, puis assiégea
Fort Ticonderoga début juillet. Les Anglais installèrent alors leurs canons
sur les hauteurs de Sugar Loaf (‘pain de sucre.’), menaçant directement les
Américains retranchés dans la forteresse.
Le
général Arthur Saint Clair, qui commandait la garnison de Fort
Ticonderoga (environ 3 000 hommes.), décida alors d’abandonner les lieux.
La
retraite se déroula au cours de la nuit de 5 juillet 1777. Les Américains
furent particulièrement silencieux, et les Anglais ne s’aperçurent de leur
départ qu’au cours de la journée du 6.
La
perte de Fort Ticonderoga fut très vivement ressentie par le Second Congrès
Continental, les Britanniques menaçant désormais la frontière nord des
treize colonies. Saint Clair, jugé responsable de la défaite, fut alors
accusé de corruption et de haute trahison (passant en cour martiale, il fut
innocenté, mais ne reçut plus jamais de commandements.).
S’étant rendu compte que les rebelles avaient abandonné Fort Ticonderoga, un
détachement de l’armée britannique fut alors envoyé à leur poursuite.
Les Anglais rejoignirent finalement une partie des fuyards non loin du
village d’Hubbardton, le 7 juillet 1777 (les deux belligérants étaient
environ un millier.). Bien que parvenant à repousser plusieurs assauts
britanniques, les Américains furent finalement contraints de fuir.
Suite à la bataille d’Hubbardton, les rebelles avaient perdu près de
450 hommes (50 tués, 100 blessés et 300 capturés.). Le général anglais
Simon Fraser, qui commandait l’expédition, aurait souhaité continuer à
poursuivre l’ennemi ; toutefois, les soldats du Brunswick décidèrent de se
retirer (ces derniers marchèrent alors vers Skenesboro, ayant appris qu’une
escarmouche avait eu lieu entre Anglais et Américains.).
Suite à l’évacuation de Fort Ticonderoga, une partie de l’armée américaine,
commandée par Pierse Long, avait décidé d’emprunter la voie fluviale,
naviguant jusqu’à Skenesboro.
Poursuivis par les Anglais, les rebelles décidèrent alors de se réfugier
dans le Fort Anne, où se trouvaient déjà 400 miliciens venus de New York.
Les Anglais, alors en infériorité numérique (ils étaient environ 200 contre
près de 1 000 Américains.), décidèrent de demander des renforts auprès de
Burgoyne.
Pierse Long décida alors de profiter de l’inaction des Britanniques pour
lancer une attaque surprise contre eux. L’affrontement fut particulièrement
violent, et dura jusqu’à épuisement des munitions. Les rebelles décidèrent
alors de sonner la retraite, craignant l’arrivée de renforts.
Le
8 juillet 1777 au soir, les Américains, à court de munitions, décidèrent
alors d’abandonner Fort Anne.
c)
L’offensive de Burgoyne se fait plus laborieuse (août 1777) : ces
différents revers avaient miné le moral des Américains. Les Anglais, quant à
eux, se réjouissaient de cette campagne victorieuse ; en France, toute
intervention sur le sol américain était de fait reportée à une date
ultérieure.
Le
général américain Philippe Schuyler (ce dernier avait participé à l’invasion
du Québec en 1775.) se trouvait à Albany lorsqu’il apprit la chute de Fort
Ticonderoga. Sachant que l’ennemi progressait vers Fort Edward, Schuyler
décida de s’y rendre afin d’organiser la défense de cette place forte.
Le
général américain, se trouvant dès lors à la tête de 2 000 hommes (700
soldats et 1 400 miliciens.), décida alors de parsemer d’obstacles la route
de Burgoyne (arbres coupés en travers du chemin, ponts détruits, points
d’approvisionnement incendiés, etc.).
Burgoyne, considérablement ralenti par cette manœuvre, n’arriva à Fort
Edward qu’à la fin du mois de juillet 1777. Entretemps, Schuyler avait déjà
abandonné les lieux, se repliant vers Stillwater, une cité située dans
l’Etat de New York, au nord d’Albany.
Burgoyne, accompagnés de ses auxiliaires indiens, ne tarda guère à prendre
Fort Edward, qui avait été laissé entre les mains de quelques rebelles par
le général Schuyler.
Toutefois, les Iroquois qui accompagnaient les Britanniques commirent
plusieurs exactions dans la région. C’est ainsi qu’une jeune femme du nom de
Jane Mc Crea, issue d’une famille loyaliste, trouva la mort. Bien que
l’on ne sache pas exactement les causes de son décès (capturée par les
indiens, elle aurait peut être été tuée par un boulet de canon provenant de
l’arrière garde américaine ; selon une version plus traditionnelle, Jane Mc
Crea aurait été tuée suite à une dispute entre deux indiens.), la jeune
femme fut vraisemblablement scalpée suite à son décès.
La mort de Jane Mc Crea.
En
apprenant la nouvelle, Burgoyne décida de sévir, mais
Charles Michel de Langalde[21],
Québécois francophone qui commandait les Iroquois, le lui déconseilla.
Finalement, de peur que ses auxiliaires indiens ne l’abandonnent et
commettent des exactions, Burgoyne décida de ne pas punir les coupables.
La
mort de Jane Mc Crea fut récupérée à des fins de propagande par les
Américains.
La tombe de Jane Mc Crea.
Au
début du mois d’août 1777, Burgoyne décida d’envoyer 1 000 hommes dans
l’ouest du Massachusetts. Le général anglais avait en effet remarqué que la
région était peuplée de chevaux sauvages, qui seraient utiles pour les
unités du Brunswick (ces derniers n’avaient pas de montures, bien qu’étant
des dragons[22].).
Toutefois, le petit contingent tomba dans une embuscade organisée par des
Américains en supériorité numérique (ces derniers étaient environ 2 000.).
La bataille de Bennington fut un véritable échec pour les
Britanniques, qui perdirent plus de 900 hommes lors de l’affrontement (200
tués et 700 capturés.).
Burgoyne, apprenant que ses hommes avaient été vaincus, apprit aussi que le
général Howe, qui devait le rejoindre à Albany, avait décida de s’attaquer à
Philadelphie.
Au
courant du mois d’août, le Congrès Continental décida de nommer le général
Horatio Gates en tant que commandant de l’armée du nord. Ce dernier
se rendit alors à Albany, où il congédia sans ambages le général Schuyler
(ce dernier, vexé, décida de quitter la cité sans faire part de ses
connaissances à son successeur.).
Horatio Gates,illustration issue de l'ouvrage
History of the United States, par Benjamin ANDREWS, Etats Unis, 1912.
En
outre, le Congrès demanda aux colonies du nord de recruter des miliciens.
Ces derniers répondirent en masse à l’appel, outrés par l’affaire Mc Crea et
plus confiants suite à la bataille de Bennington.
Le
général américain Benjamin Lincoln[23],
à la tête de plusieurs centaines d’hommes, fut alors chargé de s’attaquer
aux voies de communication et d’approvisionnement de Burgoyne.
Benjamin Lincoln,
illustration issue de l'ouvrage History of the United States, par
Benjamin ANDREWS, Etats Unis, 1912.
d)
La première bataille de Saratoga, la Ferme de Freeman (septembre 1777) :
Burgoyne, suite à ses précédentes mésaventures, se trouvait sur la rive est
de la rivière Hudson. Apprenant qu’il ne recevrait pas de renforts de la
part de Howe, le général anglais décida alors de s’installer sur une
position solide où il pourrait hiverner en toute tranquillité.
Burgoyne demanda alors au contingent du Brunswick de quitter Skenesboro, et
de le rejoindre à quelques kilomètres au nord de Saratoga.
Horatio Gates, qui se trouvait alors à Albany, décida de déplacer son armée
plus au nord, dans la cité de Stillwater. Les Américains (soit environ 9 000
hommes.) commencèrent alors à fortifier un point surplombant la rivière,
surnommé Bemis Heights (‘les hauteurs de Bemis.’).
Bemis Heights.
Les Américains se trouvaient donc à quelques kilomètres au sud de Saratoga.
Le
général Benedict Arnold (ce dernier avait participé à l’invasion du
Québec.), constant que le flanc gauche de la position américaine était
vulnérable, demanda alors à Horatio Gates l’autorisation de lancer une
contre-attaque préventive.
Gates refusa la proposition d’Arnold, mais autorisa ce dernier à lancer
une opération de reconnaissance.
Les éclaireurs américains, marchant vers le nord ouest le 19 septembre 1777,
arrivèrent finalement près de la ferme d’un loyaliste du nom de John
Freeman. Ils y rencontrèrent alors l’avant-garde de l’armée anglaise.
Les Américains décidèrent donc d’attaquer l’ennemi, causant d’importantes
pertes au sein de l’armée ennemie grâce à la précision des tirs des
marksmen[24].
La bataille de Freeman's Farm.
A
la nuit tombante, les rebelles décidèrent de reculer, abandonnant la
Freeman’s Farmà l’ennemi. Burgoyne remportait la victoire, mais
avait perdu près de 10% de ses hommes au cours de la bataille (600 tués et
blessés sur 7 000 hommes.).
e)
La seconde bataille de Saratoga, les hauteurs de Bemis (octobre 1777) :
suite à l’affrontement, Burgoyne souhaitait reprendre l’offensive dès le
lendemain. Toutefois, ses officiers lui rappelant que les soldats étaient
éreintés, l’attaque fut reportée au 21 septembre.
Ce
jour là, Burgoyne reçut un message d’Henry Clinton, qui, en l’absence
de Howe, avait le commandement à New York. Ce dernier indiquait qu’il était
possible que ses hommes fassent une percée vers Saratoga en l’espace de dix
jours.
Henry Clinton.
Burgoyne décida alors d’attendre Clinton avant de lancer une nouvelle
offensive, bien qu’étant confronté à d’importants problèmes de
ravitaillement.
Le
mois d’octobre arrivant, Burgoyne et ses officiers constatèrent que Clinton
n’arrivait pas. Ils décidèrent alors de tenir un conseil de guerre afin de
trouver une issue favorable au problème (au même moment, le 6 octobre 1777,
Clinton s’emparait de Fort Montgomery, situé non loin de là[25].).
Burgoyne décida alors de s’attaquer aux hauteurs de Bemis dès le lendemain,
sachant qu’il s’agissait du point faible de la position ennemie. Toutefois,
les Britanniques ignoraient que suite à l’éviction d’Arnold[26],
les Américains avaient reçu le soutien de Benjamin Lincoln, arrivé avec plus
de 2 000 hommes en renfort. Gates était désormais à la tête d’une armée
comptabilisant près de 12 000 combattants.
Lorsque Burgoyne lança son attaque vers Bemis Heights, le 7 octobre 1777, il
fut accueilli par un feu particulièrement nourri. Le général anglais, se
sachant en infériorité numérique, décida alors de sonner la retraite ;
toutefois, son ordre ne fut pas transmis car son aide de camp fut rapidement
tué par les rebelles.
Démoralisés, les Britanniques finirent toutefois par se retirer dans leurs
retranchements (cette offensive coûta la vie à 400 soldats anglais
environ.).
C’est alors que le général Arnold, bien que relevé de ses fonctions, décida
de lancer une offensive contre les fortifications de l’ennemi[27].
Les Américains parvinrent alors à s’emparer d’une des redoutes anglaises,
mais Arnold fut blessé à la jambe.
A
la nuit tombée, les rebelles furent finalement contraints de se replier (900
Britanniques trouvèrent la mort lors de cet affrontement, contre 150 côté
américain.).
Suite à la bataille, Burgoyne décida alors de reculer vers Saratoga.
Poursuivis par les rebelles, les Britanniques furent finalement contraints
de capituler à la mi-octobre 1777.
La capitulation de Burgoyne.
Burgoyne s’engagea alors à quitter Fort Ticonderoga et Fort Crown Point,
évacuant toute force anglaise du lac Champlain. Le général anglais rentra à
Londres en mai 1778, où il fut vivement critiqué pour sa conduite des
opérations.
Saratoga Battle Monument ('monument de la bataille de
Saratoga.'), illustration issue de l'ouvrage
The Life of Georges Washington, par John MARSHALL, Etats Unis, 1926.
8° La campagne de Philadelphie (1777) – En 1777, les
Américains furent menacés par non pas une, mais deux armées britanniques. La
première, commandée par le général Burgoyne, partit de Québec, attaquant la
frontière nord des treize colonies. La seconde, dirigée par le général Howe,
partit de New York afin de s’attaquer à Philadelphie.
a)
La campagne de 1777 : le général Howe, quittant New York au cours de
l’été 1777, à la tête d’environ 15 000 hommes, arriva dans la baie de
Chesapeake à la fin du mois d’août (il se trouvait dès lors à moins de cent
kilomètres au sud ouest de Philadelphie.).
Washington, apprenant la nouvelle, décida alors de couper la route à
l’ennemi, se positionnant entre les Anglais et Philadelphie (le général
américain disposait lui aussi d’une quinzaine de milliers d’hommes.). Le 11
septembre, les deux belligérants s’affrontèrent au cours de la bataille
de brandywine.
Howe n’envoya qu’un tiers de son armée face aux rebelles ; les 10 000 hommes
restants furent chargés de contourner l’ennemi, afin de le prendre à revers.
Washington, ne s’apercevant pas de la manœuvre des Britanniques, accusa
ainsi d’importantes pertes (300 tués, 600 blessés et 400 capturés.), et fut
contraint de se retirer.
Le
Congrès Continental, directement menacé suite à cette défaite, quitta alors
Philadelphie afin de se réfugier à Lancaster, en Pennsylvanie (les députés
n’y restèrent qu’un jour, s’installant peu après à York.).
Pendant tout le mois de septembre, plusieurs escarmouches éclatèrent entre
les deux camps, mais les rebelles ne parvinrent pas à repousser l’ennemi. Le
combat le plus controversé de cette période reste la bataille de Paoli,
au cours de laquelle un petit contingent américain fut repoussé par un
millier de Britanniques. Au cours de l'affrontement, un groupe de rebelles
se seraient rendu ; mais les Anglais, impitoyables, auraient alors décidé de
massacrer les Américains se trouvant à leur merci.
Le massacre de Paoli.
Suite à la bataille, la propagande américaine ne tarda guère à opérer une
récupération du massacre
de Paoli, bien que ce dernier soit obscurci par certaines zones d'ombre.
En réalité, les troupes de Howe firent plus de 70 prisonniers lors de
l'affrontement. Pourquoi ces derniers eurent ils la vie sauve, si les
Anglais avaient décidé de faire couler le sang ? Certaines sources affirment
en fait que certains rebelles, après avoir hissé le drapeau blanc, auraient
tiré sur les Britanniques qui s'étaient approché d'eux en toute confiance.
Ce comportement aurait alors entraîné les débordements en question...
A
la fin du mois de septembre, Howe parvint finalement à s’emparer de
Philadelphie.
Suite à la prise de la ville, les Britanniques s’emparèrent de Germantown,
dix kilomètres au nord, repoussant une attaque de Washington au début du
mois d’octobre.
Par la suite, en novembre 1777, les Anglais parvinrent à établir leurs
positions sur la rivière Delaware, s’emparant en novembre de Fort Mifflin et
de Fort Mercer.
Suite à ses multiples défaites, Washington se trouvait dans une position
critique. En effet, non seulement les désertions se multipliaient (certains
soldats étaient très mal équipés.), en outre, le général américain était de
plus en plus contesté au Congrès Continental.
Suivant le mouvement de repli des Britanniques (ces derniers s’étaient
repliés vers Philadelphie.), Washington décida alors de s’installer près
d’eux, dans la cité de White Marsh.
Début décembre, apprenant que les Américains se trouvaient non loin de la
position anglaise, Howe décida alors d’attaquer.
Toutefois, grâce à un heureux retournement de situation, Washington reçut du
renfort en provenance de Saratoga, où les Américains étaient parvenus à
repousser les Britanniques du général Burgoyne au cours du mois d’octobre.
Les Anglais lancèrent plusieurs assauts contre la position ennemie, mais
furent toutefois repoussés. Finalement, Howe décida de sonner la retraite,
préférant hiverner à Philadelphie (ce dernier estimait vraisemblablement
qu’il n’était pas assez bien équipé pour tenir un siège en plein hiver.).
b)
La campagne de 1778 : en fin d’année 1777, Washington décida de
s’établir à Valley Forge, une position située à une trentaine de kilomètres
de Philadelphie. Pendant l’hiver, le général américain perdit toutefois près
de 2 500 hommes à cause des carences d’équipement et des maladies.
L'hivernage des Américains à Valley Forge, dessin issu de l'ouvrage
Georges Washington, par Calista MC CABE-COURTENAY, Etats Unis, 1917.
Au
printemps, Howe décida de démissionner, cédant sa place à Henry Clinton, son
second. Ce dernier reçut alors l’ordre d’évacuer Philadelphie et de se
réfugier à New York, la cité étant moins vulnérable à une attaque maritime
française.
Washington, souhaitant connaitre les plans de l’ennemi, envoya alors en
reconnaissance le Français Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier,
marquis de La Fayette[28]
(ce dernier était arrivé en Caroline du sud en juin 1777.). En effet, le
général américain redoutait que les Anglais, alors en position de force, ne
tente une attaque contre Valley Forge.
Emplacement du quartier général de
Washington à Valley Forge, illustration issue de l'ouvrage
The Life of Georges Washington, par John MARSHALL, Etats Unis, 1926.
La
Fayette, à la tête de 2 000 hommes, marcha vers l’ennemi en mai 1778, mais
comprit rapidement que ce dernier était en train de se replier vers New
York.
Gilbert du Motier, marquis de La
Fayette, d'après Jean Antoine HOUDON, 1790, musée des Invalides,
Paris.
A
la fin du mois de juin, Washington lança une attaque contre l’arrière garde
du convoi britannique. Les Anglais, lors de la bataille de Montmouth,
perdirent plus d’un millier d’hommes (300 tués et 700 blessés environ.),
mais parvinrent à repousser efficacement les Américains (qui perdirent 500
hommes.).
Les troupes de Clinton arrivèrent finalement à New York en juillet 1778.
Washington, quant à lui, décida alors de s’installer dans le village de
White Plains (‘plaines blanches.’), d’où il avait été chassé par les troupes
de Howe en octobre 1776.
Emplacement du quartier général de Washington à White Plains, illustration issue de l'ouvrage
The Life of Georges Washington, par John MARSHALL, Etats Unis, 1926.
A
noter qu’à partir de 1778, il n’y eut plus de grandes batailles dans le nord
des treize colonies. Jusqu’à la fin du conflit, l’Angleterre décida au
contraire de s’attaquer aux colonies du sud (les loyalistes étaient plus
présents dans cette région qu’au nord.).
9° 1778, La France rentre dans le conflit – En France,
Louis XVI et Vergennes, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, ne
tardèrent guère à apprendre la nouvelle de la victoire de Saratoga. En
décembre 1777, Benjamin Franklin se rendit à Versailles afin de négocier une
alliance entre la France et les treize colonies.
Versailles entouré d'une colonnade
à la façon de Saint Pierre de Rome, projet de transformation de Versailles,
par Marie Joseph PEYRE, vers 1780, château de Versailles, Versailles.
a)
La position française face à la guerre d’indépendance américaine : les Français souhaitaient ardemment prendre
leur revanche contre les Britanniques. En effet, conformément au traité
de Paris qui avait mis fin à la guerre de Sept Ans (février 1762.) ces
derniers s’étaient emparés du Canada et des territoires situés à l’est du
Mississipi.
Choiseul, à la fin du règne de Louis XV, avait donc décidé suite au conflit
de doter la France d’une flotte capable de rivaliser avec l’Angleterre.
Louis XVI, passionné par la marine, décida alors de poursuivre les plans du
ministre de son grand père.
Toutefois, si la guerre d’indépendance était bien accueillie par le peuple
français, les élites étaient néanmoins plus réticentes. La guerre de Sept
Ans avait coûté fort cher, et les finances de l’Etat étaient toujours dans
une situation difficile.
b)
La guerre de succession de Bavière (1777 à 1779) : toutefois, un
évènement marqua la fin de l’année 1777, la guerre de succession de
Bavière.
En
décembre 1777, Maximilien III, prince électeur de Bavière, mourut[29].
Le duché de Bavière revint donc à un lointain cousin du défunt, Charles
Théodore, prince électeur du Palatinat.
Ce
dernier, considérant que la Bavière était une région bien éloignée de ses
Etats, négocia en avec l’Empereur germanique
Joseph II[30].
Charles Théodore accepta donc de céder la Basse-Bavière à l’Autriche,
récupérant en échange les Pays bas autrichiens.
L'Empereur germanique Joseph II, école autrichienne, vers
1790, Deutsches historisches museum, Berlin.
Toutefois, Marie Anne Sophie de Saxe, la veuve de Maximilien III,
n’appréciait pas que la Bavière soit cédée à l’Autriche. Cette dernière se
rapprocha alors de Frédéric II, roi de Prusse, qui décida de déclarer
la guerre à l’Autriche (officiellement, ce dernier défendait les droits de
Charles II Auguste de Palatinat Deux Ponts, cousin et héritiers
présomptif de Charles Théodore[31].).
L’Autriche demanda l’aide de la France, qui fut contrainte de refuser en
raison de son intérêt pour la guerre d’indépendance américaine (Vergennes
était hostile à tout agrandissement de l’Autriche, en outre, la France
souhaitait se rapprocher de la Prusse[32].).
Craignant que le conflit austro-prussien ne dégénère en guerre européenne,
les diplomates français firent tout leur possible pour mettre un terme au
plus vite à ce conflit (cette guerre empêcha toutefois l’Autriche, et
surtout la Prusse, d’intervenir en Amérique du nord.).
La
paix ne fut toutefois conclue qu’en mai 1779, les belligérants signant le
traité de Teschen. Charles Théodore restait au pouvoir, et conservait
toute la Bavière sauf la région d’Innviertel, qui revenait à l’Autriche.
Frédéric II et Joseph II se
rencontrent à Neisse, 1769, par Adolf MENZEL, 1857, Alte
Nationalgalerie, Berlin (à noter que l'esquisse préparatoire pour ce tableau
est visible dans le coin inférieur droit).
c)
La France entre en guerre aux côtés des treize colonies (février 1778) :
finalement, Louis XVI et Vergennes décidèrent de signer un traité d’alliance
avec les Provinces Unies d’Amérique, en février 1778. Les deux pays
s’engageaient à se défendre mutuellement contre l’Angleterre, et à ne pas
signer de paix séparée.
En
mars 1778, la France déclara la guerre à l’Angleterre. Si les principales
nations européennes décidèrent de rester neutres (l’Espagne et les Provinces
Unies ne jouèrent un rôle actif qu’à partir de 1779 ; l’Autriche et la
Prusse étaient occupées par la guerre de succession de Bavière.), la
déclaration de guerre contribua néanmoins à étendre le champ d’action du
conflit à l’Inde et aux Caraïbes.
A
Londres, l’annonce de l’alliance franco-américaine provoqua une prise de
conscience. Les parlementaires proposèrent alors aux colons américains de
mettre en place des négociations. Ces derniers refusèrent, considérant que
les treize colonies étaient désormais indépendantes, et ne retomberaient pas
sous le giron britannique.
Le
roi Georges III décida alors qu’il était temps de changer de stratégie.
Jusqu’à présent, les Anglais avaient mené une guerre conventionnelle,
tentant de vaincre les rebelles en remportant des batailles ou en prenant
des villes. Au contraire, à partir de 1778, il fut décidé de mettre en place
une politique de terre brûlée, multipliant les destructions et les
dégradations jusqu’à ce que les Américains demandent grâce.
d)
Premières offensives franco-américaines (1778 à 1779) : suite à la
décision de la France d’intervenir dans le conflit américain, les Anglais
décidèrent de bloquer les ports français, coupant ainsi la route vers le
nouveau monde.
En
juin, la flotte française, sortie de Brest, affronta son homologue
britannique lors de la bataille d’Ouessan. Les deux belligérants,
suite à l’affrontement, se proclamèrent vainqueurs et rentrèrent dans leurs
camps respectifs.
La bataille d'Ouessant, par Théodore GUDIN, 1848, musée de la
Marine, Paris.
Côté américain, rappelons que le Second Congrès Continental avait décidé de
créer une flotte au cours de l’année 1775. Ce n’est toutefois qu’à partir de
1778 que la marine américaine, commandée par l’amiral John Paul Jones
parvint à tenir tête à la flotte britannique.
John Paul Jones,
illustration issue de l'ouvrage History of the United States, par
Benjamin ANDREWS, Etats Unis, 1912.
A
l’été 1778, l’amiral français Charles Henri, comte d’Estaing, arriva
devant New York. Se rendant compte que la cité était entre les mains des
Anglais, il décida alors de s’attaquer à Rhode Island, en accord avec le major
général John Sullivan, commandant de l’armée américaine. En effet, la
prise de l’île permettrait aux Français de s’installer sur un poste avancé,
menaçant directement New York.
Buste du comte Charles Henri d'Estaing,
par Jean Pierre Victor HUGUENIN, 1836, musée de la Marine, Paris.
Toutefois, les navires d’Estaing furent gravement endommagés lors d’une
tempête. Les Français furent alors contraints de se replier vers Boston,
suivi de près par les troupes américaines.
En
novembre 1778, le lieutenant-colonel anglais
Archibald Campbell[33]
fut envoyé en Géorgie à la tête d’une armée de 3 000 hommes. A la fin
décembre, ce dernier parvint à s’emparer de Savannah ; en janvier 1779, ce
fut au tour d’Augusta d’ouvrir ses portes aux Britanniques (en février, les
Anglais tentèrent de s’emparer de Beaufort, mais furent repoussés par les
rebelles.).
En
fin d’année 1778, Henry Clinton, depuis New York, décida d’envoyer à
Savannah le brigadier-général Augustine Prévost (il se trouvait alors
à Saint Augustine, en Floride.). Ce dernier, à la tête d’un millier
d’hommes, remplaça Campbell lorsque ce dernier rentra en Angleterre, en mars
1779.
En
juin 1779, Benjamin Lincoln et le comte d’Estaing décidèrent de lancer une
offensive terrestre et maritime contre Savannah.
Dans un premier temps, d’Estaing décida de bombarder la ville avec ses
navires (début octobre 1779.), puis, voyant que sa manœuvre n’aboutissait
pas, il décida finalement de lancer un assaut frontal (les Français
manquaient de vivres ; en outre, ils étaient frappés par la dysenterie et le
scorbut.).
Hausse-col et balles de fusil, 1777, musée de l'Infanterie, Montpellier (au
XVIII° siècle, il était malaisé de faire la différence entre soldats et
officiers. Ainsi, afin de distinguer ces derniers, il fut décidé qu'ils
arboreraient des hausse-cols, leur permettant d'être plus facilement
indentifiables.).
Toutefois, l’offensive française fut repoussée, et d’Estaing, à la
mi-octobre 1779, fut contraint de lever le siège de Savannah.
En
fin d’année, l’Espagne et les Provinces Unies, après plusieurs mois de
tergiversations, acceptèrent finalement de prendre part au conflit aux côté
de la France.
Les Espagnols, bien que craignant que la révolte américaine ne s’étende à
leurs colonies, souhaitaient ardemment reprendre Minorque et Gibraltar aux
Anglais. En outre, ils ouvrirent un nouveau front de guerre, lançant
plusieurs raids depuis la rive ouest du Mississipi.
10° Le théâtre d’opération du sud – Dans un premier
temps, la guerre d’indépendance s’était déroulée dans le nord des treize
colonies. Toutefois, c’est dans le sud que les Britanniques portèrent le
conflit, la région étant réputée plus fidèle à la couronne britannique.
a)
Le siège de Charleston (printemps 1780) : en fin d’année 1779, Henry
Clinton décida de quitter New York, laissant une importante garnison dans la
ville, et navigua vers le sud, en direction de Savannah.
Courant mars 1780, Clinton décida alors de marcher vers Charleston. A la
tête d’une armée de plus de 10 000 hommes, il mit le siège devant la ville à
la mi-avril.
Le siège de Charleston.
Benjamin Lincoln, qui défendait la cité à la tête de 5 000 hommes, hésitait
sur la marche à suivre. Pendant un temps, le général américain tenta
d’organiser la résistance, puis fut finalement contraint de capituler en mai
1780.
Les 5 000 rebelles qui se trouvaient dans Charleston furent alors capturés
par les Britanniques.
Ayant conquis la majeure partie de la Caroline du sud et de la Géorgie,
Clinton retourna à New York, chargeant Charles Cornwallis de
s’emparer de la Caroline du nord.
Charles Cornwallis,
illustration issue de l'ouvrage History of the United States, par
Benjamin ANDREWS, Etats Unis, 1912.
b)
L’offensive britannique en Caroline du nord (1780) : les Anglais, suite
à la prise de Charleston, décidèrent alors de poursuivre les rebelles qui se
trouvaient dans cette région, les affrontant à la fin mai 1780 lors de la
bataille de Waxhaws.
La bataille de Waxhaws.
Les Américains furent toutefois vaincus lors de cet affrontement, et
décidèrent de déposer les armes. Toutefois, un incident éclata[34],
et les Britanniques se ruèrent alors sur les rebelles qui s’étaient rendus.
Le
comportement des troupes anglaises lors de la bataille de Waxhaws fut
rapidement récupérer par la propagande américaine, qui ne tarda guère à
fustiger un ennemi ne respectant pas les lois de la guerre.
Pendant l’été 1780, Américains et Britanniques s’affrontèrent à plusieurs
reprises en Caroline du nord, afin d’assoir leur domination sur le pays.
Horatio Gates, le vainqueur de Saratoga, fut envoyé dans le sud afin de
retourner la situation à l’avantage des insurgés. Ce dernier, à la tête de
4 000 hommes, décida d’assiéger Camden, en Caroline du sud, à la fin du mois
de juillet 1780.
La
bataille de Camden fut toutefois un échec pour les Américains, qui,
mal entraînés, perdirent plus de 1 000 hommes face à une armée britannique
pourtant inférieure numériquement.
La bataille de Camden.
c)
L’année 1780 s’achève difficilement pour les Britanniques (fin 1780) :
alors que Cornwallis s’était emparé de la cité de Charlotte, assurant les
communications entre Philadelphie et Augusta, un petit contingent de l’armée
anglaise fut attaqué par des rebelles au cours de la bataille de King’s
Mountain, en octobre 1780.
La bataille de King's Mountain.
Les Américains (il s’agissait de patriotes n’ayant aucun rapport avec
l’armée continentale.), excités par le comportement des troupes anglaises
lors de la bataille de Waxhaws, décidèrent de ne pas faire de quartier.
Au
soir de la bataille, les Britanniques étaient entre les mains de l’ennemi
(300 tués, 150 blessés et 700 capturés côté anglais contre 30 tués et 60
blessés pour les rebelles.).
En
janvier 1781, les Américains affrontèrent une fois de plus un petit
contingent de l’armée anglaise, en Caroline du sud. La bataille de
Cowpens fut finalement un échec pour les Britanniques, qui accusèrent
d’importantes pertes : sur les mille soldats engagés lors de l’affrontement,
100 furent tués, 200 blessés et 900 capturés (les rebelles, quant à eux,
n’eurent que 25 tués et 125 blessés.).
La bataille de Cowpens.
Cette victoire redonna le moral aux insurgés, d’autant plus que Nathanael
Greene remplaça Horatio Gates à la tête de l’armée américaine. Ce
dernier décida alors de mettre en place une stratégie de guérilla, attaquant
sans cesse les troupes ennemies.
Nathanael Greene,
illustration issue de l'ouvrage History of the United States, par
Benjamin ANDREWS, Etats Unis, 1912.
d)
La guérilla de Greene (printemps-été 1781) : apprenant la défaite de
Cowpens, Cornwallis décida alors de mettre un terme aux travaux de
pacification de la Caroline du sud, préférant se lancer à la poursuite de
l’armée de Greene. Ce dernier se réfugia alors en Virginie, toujours suivi
de près par les Britanniques.
A
la mi-mars 1781, Cornwallis, à la tête de 2 000 hommes, lança une attaque surprise contre la position qu’occupaient les Américains.
Bien qu’étant attaqués par des rebelles en supériorité numérique (l’armée
américaine comptait environ 4 500 soldats.), les Britanniques parvinrent
néanmoins à repousser l’ennemi lors de la bataille de Guilford Court
House (‘le tribunal du comté de Guiford.’).
Guiffort Court House.
Toutefois, ce fut une victoire à la Pyrrhus pour les Anglais, qui perdirent
près de 500 hommes lors de l’affrontement (100 tués et 400 blessés.), contre
80 tués, 185 blessés et 900 disparus pour les américains.
Suite à l’affrontement, Greene décida de reculer ; Cornwallis, quant à lui,
préféra abandonner la poursuite, marchant vers Wilmington (en Caroline du
nord.) afin de lever de nouvelles troupes.
A
noter qu’Henry Clinton n’hésita pas à critiquer Cornwallis, ce dernier
n’ayant pas été autorisé à quitter la Caroline. En effet, en quittant le
terrain, les Anglais laissaient la porte ouverte aux rebelles sur leurs
arrières…
Greene, sachant que les Britanniques se trouvaient alors en Virginie, décida
de lancer plusieurs raids sur les positions anglaises de Caroline du sud.
Ainsi, pendant tout l’été 1781, les Américains multiplièrent les offensives.
Les Britanniques, bien que remportant souvent la victoire, se savaient
désormais menacés.
e)
Offensives anglaise près de Yorktown (décembre 1780 à septembre 1781) :
en décembre 1780, Benedict Arnold avait débarqué à Portsmouth, non loin de
Yorktown. Ce dernier, ayant trahi ses compatriotes américains[35],
avait rejoint le camp britannique au cours du mois de juillet 1780.
A
la tête de 4 000 hommes, Arnold s’attaqua à Richmond, mit en déroute les
miliciens, et multiplia les déprédations. Menacé par les troupes de La
Fayette[36],
Arnold ne souhaita pas se lancer dans une bataille rangée.
Au
mois de mai, Arnold apprit l’arrivée de Cornwallis en Virginie (suite à la
bataille de Guilford Court House.) ; en outre, il reçut des renforts depuis
New York. L’armée anglaise, forte d’environ 7 500 soldats, pouvait désormais
l’emporter facilement sur les troupes de La Fayette. Toutefois, ce dernier
préféra reculer, et les Britanniques se contentèrent de lancer des raids en
Virginie, détruisant les dépôts et les convois d’approvisionnement de
l’ennemi.
La
Fayette, faisant jonction avec les troupes du brigadier-général américain Anthony
Wayne, était désormais en mesure de faire face aux troupes anglaises.
Anthony Wayne, dessin issu de l'ouvrage
Georges Washington, par Calista MC CABE-COURTENAY, Etats Unis, 1917.
En
septembre 1781, Cornwallis décida alors de s’installer à Yorktown, qu’il
commença a fortifier activement.
Peu de temps auparavant, en juillet 1781, Washington rentrait en contact
avec Jean Baptiste Donatien de Vimeur, comte de Rochambeau,
commandant en chef du corps expéditionnaire français (soit environ 6 000
hommes.).
Jean Baptiste Donatien de Vimeur, comte de Rochambeau, château
de Versailles, Versailles.
A
cette époque, le général américain souhaitait ardemment reprendre New York,
mais ses plans ne faisaient pas l’unanimité. En effet, Rochambeau redoutait
la marine anglaise, qui se faisait toujours menaçante (l’amiral François
Joseph Paul, marquis de Grasse, commandant la flotte française, ne
souhaitait pas que ses navires soient détruits car il avait été chargé de
naviguer vers les Caraïbes à l’automne.).
Ainsi, à la mi-août 1781, il fut finalement décidé de faire route vers
Yorktown.
Henry Clinton, qui défendait New York, décida alors d’envoyer quelques
navires contre la flotte de l’Amiral de Grasse. La bataille navale de
Cheasapeake (septembre 1781.) fut toutefois un échec pour les
Britanniques, qui furent contraints de faire machine arrière.
Clinton, suite à cet affrontement, ne put envoyer de renforts à Cornwallis,
assiégé dans Yorktown.
A
la fin du mois de septembre, le contingent franco-américain arriva
finalement sous les murs de la cité. Après avoir creusé des tranchées et
installer leurs canons, les insurgés commencèrent à bombarder la cité (début
octobre 1781.).
Le siège d'Yorktown, le général Rochambeau et le général Washington
donnent les derniers ordres pour l'attaque, octobre 1781, par
Auguste COUDER, XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.
A
la mi-octobre, Washington décida de lancer un assaut frontal contre la
position ennemie. S’emparant de plusieurs redoutes, Français et Américains
purent y installer leurs canons, menaçant directement les troupes de
Cornwallis.
Mortier de 10 pouces à l'ordinaire, 1775-1785 (en haut.), mortier à la Gomer
de 10 pouces (à gauche.), pétard de siège, XVIII° siècle (à droite.), musée
des Invalides, Paris.
Ce
dernier, se trouvant dans une situation désespérée, décida alors de
capituler le 19 octobre 1781. Suite au siège de Yorktown, les Anglais
avaient perdu près de 8 600 hommes (300 tués, 300 blessés, et 8 000
capturés.). Les Franco-américains, quant à eux, n’eurent que 70 tués et 180
blessés.
La capitulation de Cornwallis à Yorktown,
Le Monde Illustré, N° 1284, 5 novembre 1881.
Quelques jours après l’affrontement, Washington se dirigea vers New
Windsor, dans l’Etat de New York. Clinton, quant à lui, envoya quelques
navires en Virginie afin de récupérer les restes de l’armée anglaise.
En
fin d’année 1781, les Anglais ne détenaient plus que Savannah, Charleston et
la cité de New York (où étaient concentrés 30 000 soldats.). Toutefois, les
Britanniques ne lancèrent aucune offensive contre les insurgés.
11° La guerre d’indépendance américaine continue en Europe,
en Inde et dans les Caraïbes (1778 à 1783) – L’intervention française
dans la guerre d’indépendance américaine, début 1778, donna immédiatement
une dimension internationale au conflit.
France et Angleterre, outre l’Amérique du nord, combattirent aussi en Inde
et dans les Caraïbes.
En
outre, si le siège de Yorktown mit fin à la campagne américaine, il fallut
attendre plus d’une année afin de mettre en place des pourparlers. En effet,
chaque camp souhaitait être en bonne position lors des négociations, ce qui
impliquait d’obtenir une victoire sur un autre théâtre d’opération.
a)
Offensives en Europe (1778-1783) : comme nous l’avons vu précédemment,
l’Espagne rechignait à prendre part au conflit. En effet, les Espagnols
craignaient que le comportement insurrectionnel des Américains ne s’étende à
leurs colonies d’Amérique du sud.
Toutefois, le roi d’Espagne accepta de prendre part au conflit car il
souhaitait ardemment reprendre Minorque et Gibraltar, entre les mains des
Anglais depuis la guerre de succession d’Espagne (conflit qui s’était
achevé en 1713, suite à la signature du traité d’Utrecht.).
Les troupes franco-espagnoles parvinrent à s’emparer de Minorque sans
grandes difficultés (février 1782.) ; toutefois, Charles, comte
d’Artois (il s’agissait du frère cadet de Louis XVI.), ne parvint pas à
mettre un terme à la résistance farouche des défenseurs de Gibraltar.
b)
Offensives dans les Caraïbes (1778-1783) : le gouverneur des Antilles,
François Claude Amour, marquis de Bouillé, s’attaqua aux positions
britanniques dans les Caraïbes dès le début de la guerre. En 1778, il
parvint à prendre la Dominique ; toutefois, les Anglais s’emparèrent de
Sainte Lucie en décembre.
François Claude Amour, marquis de
Bouillé.
L’amiral d’Estaing, quant à lui, s’empara de l’île Saint Vincent et de la
Grenade en juillet 1779.
Combat de la Grenade, 2 juillet
1779, par Jean François HUE, deuxième moitié du XVIII° siècle, musée
de la Marine, Paris.
Les Britanniques décidèrent alors de contre-attaquer, lançant un raid contre
la Martinique. Toutefois, les Français parvinrent à repousser l’ennemi,
après une bataille navale indécise (un premier affrontement eut lieu en
décembre 1779, suivi d’un second en avril 1780.).
Combat de la Martinique, 1779,
par Auguste Louis DE ROSSEL DU QUERCY, 1788, musée de la Marine, Paris.
En
janvier 1782, l’amiral de Grasse parvint à s’emparer de Saint Kitts & Nevis,
que les Anglais avaient pris aux Néerlandais au cours des mois précédents.
En avril, de Grasse se dirigea vers la Jamaïque, possession britannique,
mais fut vaincu par l’ennemi lors de la bataille navale des Saintes,
livrée entre la Guadeloupe et la Dominique.
b)
Offensives en Inde (1778-1783) : la nouvelle de l’entrée en guerre des
Français aux côtés des Américains ne tarda guère à arriver en Inde. Les
Anglais décidèrent alors d’attaquer Pondichéry, principal comptoir français
dans la région.
La
cité tomba finalement entre les mains des Britanniques après deux mois de
siège.
Pierre André de Suffren[37],
qui avait servi sous les ordres de l’amiral d’Estaing dans les Caraïbes, fut
envoyé en Inde en début d’année 1781. L’objectif, outre de raffermir la
présence française dans cette région, était aussi de venir en aide aux
Néerlandais, dont les possessions indiennes étaient attaqués par les
Britanniques.
Buste de
Pierre André de Suffren, par Isidore Hyppolite BRION, 1830, musée de la
Marine, Paris.
Dans un premier temps, Suffren remporta la bataille de Porto Praya
(avril 1781.), au Cap Vert, les Anglais ayant tenté d’empêcher l’ennemi de
se ravitailler sur la côte africaine.
Les navires français arrivèrent en Inde au printemps 1782. En avril, Suffren
prit Gondelour aux Britanniques, mais se retrouva alors encombré de
plusieurs centaines de prisonniers.
Allié avec le nabab[38]Haidar Alî, Suffren tenta plusieurs coups de force malgré ses faibles
effectifs (en juillet, les Français s’emparèrent de Trincomalee.).
Combat de Trinquemalé, toile imprimée (manufacture de Nantes),
vers 1783, musée Lambinet, Versailles.
Les Français ne remportèrent pas de batailles décisives, mais ils parvinrent
néanmoins à consolider leurs positions en Inde.
12° Le traité de Paris, la fin de la guerre d’indépendance
américaine (septembre 1783) – Si les premiers pourparlers furent mis en
place dès le printemps 1782, ce n’est qu’à partir du mois d’octobre que des
conférences de paix s’ouvrirent à Paris. Ces accords préliminaires furent
finalement ratifiés le 3 septembre 1783, lors de la signature du traité
de Paris.
L’Angleterre sortait perdante du conflit, contrainte de céder aux treize
colonies la région des grands lacs (qui constituait la moitié sud de la
province de Québec depuis le Quebec Act de juin 1774.), ainsi que les
territoires à l’est du Mississipi, qui avaient été pourtant cédés aux
indiens en vertu de la proclamation royale d’octobre 1763.
En
outre, l’Angleterre devait libérer les prisonniers de guerre américains,
rendre les prises de guerre, et reconnaitre l’indépendance des Provinces
Unies d’Amérique.
L'Amérique du Nord en 1783.
La
France, quant à elle, obtenait un droit de pêche dans le golfe Saint Laurent
et à Terre Neuve, et récupérait quelques comptoirs en Inde (Chandernagor,
Pondichéry, Mahé, etc.). En outre, l’Angleterre restituait Saint Pierre et
Miquelon, Sainte Lucie et Tobago à la France, en échange de toutes les îles
prises par les Français lors du conflit. En Afrique, l’Angleterre cédait à
la France les territoires situés le long de la rivière Sénégal, ainsi que
l’île de Gorée. Enfin, le port de Dunkerque n’était plus soumis à des
restrictions britanniques[39].
Les Britanniques cédaient Minorque et la Floride à l’Espagne, mais
conservaient néanmoins Gibraltar.
Vis-à-vis des Provinces Unies, l’Angleterre fut plus sévère, leur rendant
Trincomalee mais conservant Negapatam. En outre, les Néerlandais accordaient
aux Britanniques un libre passage aux navires anglais dans l’océan indien.
Le
traité de Paris fut ratifié par les puissances européennes concernées en
début d’année 1784.
En France, cet
accord fut mal accueilli, la population regrettant que Louis XVI n’ait pas
été plus exigeant vis-à-vis de l’Angleterre. Toutefois, ce traité restait
une victoire morale, le conflit ayant permis de raffermir le prestige de la
France.
[1]
France et Espagne étaient alliés ; la cessation des terres à l’ouest
du Mississipi était une compensation, les Espagnols ayant dû céder
la Floride à l’Angleterre.
[2]
Georges III décida de mettre en place un serment, demandant aux
candidats de jurer qu’ils ne reconnaissaient pas l’autorité du pape,
ni la vierge Marie, ni les saints, etc..
[3]
La dîme était un impôt apparu au Moyen âge. Les fidèles devaient
ainsi verser à l’Eglise 10% de leur revenu.
[4]
Les taxes sur le sucre apparurent suite à la promulgation du
Sugar and Molasses Act, en 1733. La loi prévoyait une taxe sur
les produits sucriers importés dans les treize colonies (le sucre
français, produit dans les Caraïbes, était à l’époque très prisé par
les colons car peu onéreux.). Cette loi ne fut toutefois guère
appliquée.
[5]
Les indiens Mohawks, à cette époque, étaient particulièrement
redoutés par les colons.
[6]Benjamin Franklin, bien que député de Philadelphie et
farouche opposant aux taxes anglaise, considéra que la Boston Tea
Party s’apparentait à du vandalisme, et que le thé détruit devait
être remboursé.
[7]
A noter que Boston était la capitale du Massachusetts (elle l’est
encore aujourd’hui.).
[8]
Cette loi ne concernait qu’indirectement les treize colonies. En
effet, ce texte prévoyait d’agrandir les frontières du Canada,
empêchant de fait les colons de s’étendre à l’ouest. A noter que le
Quebec Act était une sorte de remerciement qu’adressait la couronne
aux Canadiens francophones, ces derniers ne s’étant pas révoltés
(les seigneurs retrouvèrent leurs droits, les catholiques purent
entrer dans l’administration, le droit civil français fut utilisé à
nouveau, etc.).
[9]
Philadelphie, à cette époque, était la ville la plus peuplée des
treize colonies.
[10]
Avec le temps, seul Paul Revere resta dans les mémoires ; et sa
chevauchée, sous la plume d’auteurs américains du XIX° siècle,
devint un évènement légendaire et fondateur.
[11]
En mai 1775, les Américains ne disposaient pas d’une flotte capable
de rivaliser avec l’Angleterre.
[12]
Cette place forte avait été érigée par les Français sous le nom de
Fort Saint Frédéric. Lors de la guerre de Sept Ans, les troupes
anglaises parvinrent à s’emparer de cette position.
[13]
A noter que les Anglais perdirent beaucoup d’officiers lors de
l’affrontement.
[14]
Washington était un planteur virginien, qui avait combattu les
Français lors de la guerre de Sept Ans (pour en savoir plus à ce
sujet, voir le a), 3, section VI, chapitre quatrième, les
Bourbons.). Il fut le premier président des Etats Unis.
[15]
John Adams était un avocat, originaire du Massachusetts. Il fut le
second président des Etats Unis.
[16]
Jefferson, âgé d’une trentaine d’années lors de la rédaction du
texte, était un avocat originaire de Virginie. Il était aussi un
propriétaire terrien, possédant plusieurs esclaves. Il fut le
troisième président des Etats Unis.
[17]
Le 4 juillet est aujourd’hui la date de la fête nationale aux Etats
Unis.
[18]
White Plains, au XVIII° siècle, était un petit village situé non
loin de New York.
[19]
Certains officiers étaient autorisés à prendre des « congés » afin
d’aller combattre sur le sol américain.
[20]
Rappelons que Georges III, roi de Grande Bretagne, était aussi
prince électeur de Hanovre et duc de Brunswick-Lunebourg.
[21]
Charles Michel de Langlade, né d’un père français et d’une mère
indienne (de la tribu des Ottawa.), avait participé à la guerre de
Sept Ans du côté de la France.
[23]
Les généalogistes n’ont trouvé à priori aucun lien familial entre ce
personnage et Abraham Lincoln, seizième président des Etats
Unis.
[24]
En simplifiant, l’on pourrait dire que les marksmen sont les
ancêtres de nos actuels snipers.
[25]
Burgoyne n’eut pas vent de la victoire de Clinton, les messagers de
ce dernier ayant été arrêtés par les rebelles.
[26]
Arnold s’était emporté contre Horatio Gates, qui ne l’avait pas
mentionné dans son rapport sur la bataille de Freeman’s Farm. Ce
dernier décida toutefois de rester à Bemis Heights.
[27]
Certains auteurs affirment qu’Arnold était ivre à ce moment là.
[28]
A noter que les deux orthographes, Lafayette et La Fayette, sont
communément admises.
[29]
Maximilien III était le fils de Charles VII, qui avait ceint
la couronne impériale pendant un temps, avant d’abdiquer sous la pression de
l’Autriche.
[30]
Joseph II était le fils de François I°, Empereur germanique, et de
Marie Thérèse, archiduchesse d’Autriche.
[31]
Charles Théodore n’ayant pas d’enfants, c’est son cousin Charles II
Auguste qui était son héritier.
[32]
Les diplomates français firent comprendre implicitement à Frédéric
II que la France prendrait part à la guerre s’il menaçait les Pays
Bas autrichiens, mais qu’il pouvait s’attaquer à la Bohême.
[33]
Campbell avait été fait prisonnier par les américains lors du siège
de Boston.
[34]
On ne sait pas aujourd’hui quel fut l’évènement déclencheur de la
charge des Anglais. La propagande américaine raconta qu’il
s’agissait de la cruauté des Britanniques ; d’autres sources, au
contraires, affirment que des Américains auraient tiré sur l’ennemi
après avoir levé le drapeau blanc.
[35]
Rappelons qu’Arnold avait participé à l’invasion du Québec et à la
campagne de Saratoga.
[36]
La Fayette avait été envoyé en Virginie sous les ordres de
Washington.
[38]
Le titre de nabab était généralement accordé aux rois indiens ou
pakistanais par l’Empereur moghol. Mais à cette date, l’Empereur
Shah Alam II n’était qu’une marionnette, dirigé par les Anglais
(qui reçurent pleine souveraineté sur le Bengale.) et les
Marathes (ces derniers étaient les ennemis de Haidar Alî. De
religion indienne, ils dominaient la moitié nord de l’Inde.).
[39]
Selon les termes du traité d’Utrecht, signé en 1713, les Français
devaient détruire les fortifications de Dunkerque, exposant
dangereusement la cité à une invasion ennemie.