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Les croisades (1095 - 1270) et la colonisation franque en Orient


CHAPITRE DEUXIÈME : La colonisation franque en Orient


V : La principauté d’Antioche (1098 – 1268)

            

            1° Antioche avant la conquête franque – Antioche était une ville qui resta longtemps sous la domination des Byzantins, jusqu’à la conquête arabe du VII° siècle. Cependant, les populations de la Syrie du nord et d’Antioche restèrent chrétiennes en majorité, malgré la colonisation musulmane.

De 950 à 1031 eut lieu la Reconquête byzantine, période au cours de laquelle les Empereurs Macédoniens reprirent plusieurs territoires de Terre Sainte, dont Antioche en 968. L’alliant à la Cilicie, ils firent de la ville un duché, au centre d’une région militarisée.).

Cependant, en 1084, les Turcs seldjoukides, menés par Rhoum, s’emparèrent d’Antioche.

Au cours de la première croisade[1], Antioche fut assiégée d’octobre 1097 à juin 1098, puis livrée au chef normand Bohémond de Tarente (qui régna de 1098 à 1111.). 

Les croisés refusèrent alors de rendre Antioche à l’Empereur de Constantinople, prétextant la défection des troupes byzantines. Les latins décidèrent ainsi de rompre le contrat, signé en 1097, qui les unissaient à Alexis Comnène.

La principauté d'Antioche et les autres États de Terre Sainte.

 

            2° Histoire politique d’Antioche – Bohémond de Tarente fut donc le premier prince d’Antioche. Lors de sa captivité, de 1100 à 1103, son cousin Tancrède régna comme régent.

C’est au cours de cette période que la principauté s’étendit vers la Cilicie, Alep (en Syrie musulmane.), et vers la côte (avec l’occupation du port de Laodicée.).

Comme dans la plupart des Etats latins, la succession pouvait se faire par les femmes.  En 1188, à la mort de Raymond III, le comté de Tripoli fut rattaché à la principauté d’Antioche par Bohémond III.

L’association dura jusqu’à l’arrivée en Terre Sainte des mamelouks d’Egypte. Ces derniers s’emparèrent d’Antioche en 1268, puis de Tripoli en 1289.

 

            La principauté d’Antioche s’associa avec le royaume arménien de Cilicie, bien que leurs rapports furent parfois conflictuels (l’alliance prit de l’ampleur au XII° siècle, face aux revendications byzantines.).

Après la disparition de l’Empire byzantin de la scène politique, une longue crise éclata entre les deux Etats. Tout d’abord, le roi d’Arménie Lewon II restaura son petit neveu Raymond Roubene sur le trône d’Antioche (il régna de 1216 à 1219.). En effet, ce dernier avait été chassé par son oncle, Bohémond IV. En outre, Lewon II disputait aux templiers des forteresses marquant la frontière entre la principauté d’Antioche et la Cilicie.

Enfin, lorsque Bohémond VI épousa une princesse cilicienne, la principauté d’Antioche-Tripoli devint un satellite du royaume arménien. La lutte contre les mamelouks continua, et une alliance avec les Mongols fut conclue.

 

            Quant aux relations avec Byzance, elle n’étaient pas des plus cordiales. Les Comnènes réclamaient depuis 1098 qu’on leur rende la ville, qui était une de leurs ancienne possessions. Le prince Bohémond I°, qui fut battu dans les Balkans en 1108, confirma le traité passé avec l’Empereur en 1097.

Les Byzantins menèrent deux campagnes contre Antioche : l’une de 1137 à 1138, sous l’Empereur Jean II, sans résultat durable ; l’autre eut lieu de 1158 à 1159 sous Manuel Comnène. Cette fois ci, l’Empereur parvint à établir durablement la suzeraineté grecque sur les Etats latins d’Orient (c’est ainsi que fut crée une ligue chrétienne, rassemblant Grecs, Latins et Arméniens.).

Cette association prit fin en 1176, lorsque les Turcs battirent les Byzantins.

 

            3° Les institutions de la principauté d’Antioche – A Antioche, le prince partageait son pouvoir avec la cour des barons et la cour des bourgeois.

La législation féodale, très contraignante ici pour les vassaux et arrière-vassaux, était consignée dans les assises d’Antioche. Dans cette principauté, les arrière-vassaux devaient prêter l’hommage direct au prince, ce qui ne faisait généralement pas ailleurs.

Le connétable, qui s’occupait des armées, était ici assisté par deux maréchaux (ces postes furent doublés lors de l’acquisition du comté de Tripoli.). L’armée étant peu nombreuse (500 chevaliers, 5 000 cavaliers légers, 5 000 fantassins indigènes.), la défense de la principauté était aussi confiée aux templier, qui défendaient le nord, les hospitaliers défendaient le sud.

Mais Antioche gardait encore à cette époque son héritage grec. Par exemple, les ducs byzantins, à la tête des districts urbains, conservaient leur titre (On les appelaient djabala à Laodicée.). Ces Grecs étaient des fonctionnaires civils mais non des militaires (ils détenaient la charge de chef de l’administration urbaine ou de chef de la justice bourgeoise.).

 

            4° La société d’Antioche – De nombreux Francs vivaient à Antioche, où ils étaient en position dominante. Ils étaient majoritairement en provenance de Normandie ou d’Italie, ou alors du sud de la Loire.

La bourgeoisie intégrait en son sein de nombreux Arméniens et Syriaques, à condition que ces derniers aient reçu un statut personnel de la part des Francs (ces indigènes étaient alors considérés comme des Latins.).

Au début du XIII° siècle apparut la commune d’Antioche (influencée par ses homologues italiennes.), dirigée par un collège de consuls et présidée par un maire (cette dernière ne fut pas un frein au roi mais un point d’appui.).

 

            Les Grecs présent dans la principautés d’Antioche étaient principalement des melkites, considérés comme schismatiques mais non comme hérétiques. Les évêques orthodoxes, à cette époque, furent de plus en plus remplacés par des évêques latins.

Quelquefois, lorsque les musulmans se faisaient plus menaçants, le roi d’Antioche accepta de favoriser les ecclésiastiques orthodoxes, afin de s’attirer les bonnes grâces des Byzantins.

 

            Mais d’autres communautés vivaient à Antioche.

Les jacobites constituaient la classe urbaine la plus modeste, fournissant l’essentiel du peuplement rural.

Les Arméniens étaient quelquefois à la tête de seigneuries (mais le phénomène était plus rare qu’à Edesse.). Ces dernières étaient les vestiges de la colonisation arménienne mise en œuvre par les Byzantins lors de la Reconquête de 950 – 1031.

Les musulmans étaient peu nombreux, surtout après le XII° siècle, quand la principauté d’Antioche perdit ses territoires de l’est.       

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[1] Pour plus de détails sur le siège d’Antioche au cours de la première croisade, voir le 7, section I, chapitre premier, les croisades et la colonisation franque en Orient.

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