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Mythologie
 
 

 

 

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Les croisades (1095 - 1270) et la colonisation franque en Orient


CHAPITRE DEUXIÈME : La colonisation franque en Orient


IV : Le royaume latin de Chypre (1192 – 1489)

            

            1° Le royaume de Chypre jusqu’en 1192 – A l’origine, cette île était sous domination Byzantine, puis fut conquise en 686 par les musulmans. Elle fut reprise cependant reprise en 965, au cours de la Reconquête byzantine.

Chypre était un duché byzantin, servant de base arrière aux Empereurs lors des tentatives de reconquête des territoires pris par les latins. Comme nous l’avons vu précédemment, l’île entretenait de bonnes relations avec le comté de Tripoli, leur fournissant des provisions et une aide militaire.

En 1191, l’île accueillit mal le roi Richard d’Angleterre, qui se rendait alors en Terre Sainte, dans le cadre de la III° croisade[1]. Ce dernier décida alors de conquérir l’île, qu’il céda aux templiers.

Mais les Grecs se soulevèrent, et Richard Cœur de Lion confia l’île à Gui de Lusignan, l’ancien roi de Jérusalem, dépossédé par Saladin.

Le royaume de Chypre et les autres États de Terre Sainte.

 

            2° Le royaume de Chypre, de 1192 à 1489 – Au XIII° siècle, les souverains de l’île furent parfois aussi rois de Jérusalem. Mais comme cette ville avait été prise par les musulmans, leur capitale était Saint Jean d’Acre (à la chute d’Acre, en 1291, les rois de Jérusalem vinrent se réfugier à Chypre.).    

Jusqu’en 1267, l’île fut sous la domination des Lusignan. A cette date, le roi Hugues II mourut sans héritiers, et ce fut son oncle, le prince d’Antioche, qui lui succéda. C’est ainsi qu’apparut la dynastie des Antioche Lusignan.

Les Lusignan, originaires du Poitou, conclurent de nombreuses alliances avec des maisons latines et italiennes : au XIV° siècle, afin de contrecarrer la puissance de Gênes, le roi Pierre II épousa une Visconti, originaire de la maison des ducs de Milan. Autre alliance, au XV° siècle, le roi Jacques II épousa Catherine Cornaro de Venise.

Mais les rois de Chypre firent aussi des alliances avec Byzance : au XV° siècle, Jean II épousa une princesse byzantine, Hélène Paléologue.

Chypre s’allia aussi avec les Arméniens de Cilicie : au XIII° siècle, la fille d’Amaury de Lusignan épousa le roi arménien Lewon II le Magnifique (ce qui fait qu’au XIV° siècle, deux Lusignan devinrent rois de Cilicie.).

 

            La monarchie de Chypre, bien que féodale, était néanmoins forte. Guy de Lusignan, lorsqu’il vint s’installer sur l’île en 1192, distribua des fiefs. Le roi de Chypre étant aussi roi de Jérusalem, il devait théoriquement obéir à la cour de barons[2]. Mais ce contrôle se fit de moins important au fil des années (il disparut en 1291.).

Le roi de Chypre, en tant que roi de Jérusalem, avait droit au double couronnement. Il était couronné roi de Chypre à Nicosie, et roi de Jérusalem à Famagouste.

Notons aussi le rôle du grand turcoplier, qui avait comme tâche de s’occuper des ouvriers indigènes.

 

            Au XIII° siècle, alors que les Etats francs existaient encore, Chypre était relativement unie à la Terre Sainte. Plusieurs fois, les rois de l’île tentèrent de libérer Jérusalem.

Le roi Hugues IV (1324 – 1348.) créa la sainte union (entre Chypre, le pape, les chevaliers de Rhodes et Venise.), voulant en découdre avec les musulmans. Cependant, cette ligue ne s’attaqua pas à la Terre Sainte mais à l’Asie mineure.

Effigie priante d'un prince de la maison de Chypre, musée du Louvre, Paris.

Pierre II (1358 – 1369.), voulut mettre en place une grande croisade, partant en Europe recruter des troupes. Il débarqua ensuite en méditerranée orientale, passant par l’Asie mineure, la Syrie et l’Egypte, et parvint à prendre Alexandrie en 1365. Cela provoqua le mécontentement des mamelouks d’Egypte, mais aussi des républiques maritimes italiennes, Venise et Gênes (qui n’appréciaient pas que quelqu’un trouble leur commerce avec les musulmans.).

 

La dernière phase de l’existence du royaume de Chypre, oscilla entre la menace mamelouke et la tutelle des républiques italiennes.

De 1373 à 1464, les génois établirent leur emprise politique et leur tutelle économique sur l’île. Puis ce fut au tour de Venise de faire main basse sur Chypre, suite au mariage du roi Jacques II et de Catherine Cornaro, une vénitienne. En 1474, le roi mourut. En 1489, la veuve fut obligée d’abdiquer en faveur de Venise.

 

            3° Guerre et commerce à Chypre – La haute noblesse de l’île était Française, originaire de Terre Sainte (famille Ibelin.), de France (famille Porcelet.), du Poitou (famille Morf.), de Picardie (famille Picquigny.). D’ailleurs, à Chypre, les habitants parlaient majoritairement en français.

Au fil des siècles et des alliances politiques, de nouvelles familles apparurent : d’abord arrivèrent les italien (familles Dampierre et Novare.), puis les Aragonais, les Siciliens et les Grecs.

Après la chute des Etats latins d’orient, l’esprit de croisade diminua au sein de la noblesse, préférant se passionner pour les intrigues de cour, et profitant de leur agréable vie de château.

 

            Les bourgeois, quant à eux, constituaient une classe inférieure à celle des nobles. Mais le roi les protégeait néanmoins contre les aristocrates et les marchands italiens ou orientaux. Ces bourgeois étaient eux aussi Français pour la plupart. Prospères, ils étaient au service du roi, qui leur donnait accès à la garde royale ou à la charge de vicomte de Famagouste.

A côté de ces bourgeois, l’on pouvait trouver des colonies italiennes ou espagnoles. Les Vénitiens, les Génois, les Pisans disposaient à Famagouste de quartiers entiers auto administrés sous l’autorité d’un consul général (un bayle pour le Vénitiens (l’équivalent d’un bailli.), un podestat pour les Génois.). Les villes de Montpellier et de Barcelone, qui appartenaient au  roi d’Aragon, jouaient un grand rôle dans le commerce avec Chypre.

En 1291, le rôle économique de Chypre augmenta, les mamelouks ayant pris les ports francs de Syrie et de Palestine. Les habitants de l’île menèrent à cette époque une vie fastueuse, imitant les seigneurs et les marchands.       

 

            Les indigènes, à Chypre, étaient de deux sortes.

Les premiers étaient les marchands venus de Syrie, qui pouvaient être nestoriens, orthodoxes, au autre. Les plus actifs d’entre eux étaient arabophones et francophones, et jouaient le rôle de banquiers.

Les Grecs, quant à eux, résidaient dans l’île. L’on pouvait distinguer trois catégories précises : les parèques (presque des esclaves.), les perpiriens (sorte de classe moyenne.), les clefthères (ils étaient des affranchis des campagnes, et pouvaient s’introduire dans les rangs de la bourgeoisie. Ils pouvaient aussi devenir nobles s’ils étaient militaires.). A noter qu’il n’y eut pas de révolte de la population grecque à Chypre, contrairement à l’île de Crète.

 

            4° La religion à Chypre – Pour les Grecs orthodoxes, le point le plus important était la religion. Les Lusignan refusèrent cependant de convertir de force les populations non catholiques de l’île (en 1359, le légat Pierre Thomas fut expulsé pour prosélytisme.). D’ailleurs, les rois ne firent rien non plus pour stopper le développement de la foi orthodoxe (à partir de 1441, ne nombreux monastères furent construits sur l’île.).

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[1] Pour plus de détails sur la troisième croisade, voir la section III, chapitre premier, les croisades et la colonisation franque en Orient.

[2] Nous avons abordé le cas de la cour des barons au 2, section II, chapitre deuxième, les croisades et la colonisation franque en Orient.

  

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