1° Préparatifs
pour la croisade (1245 – 1248) – Le 23 août 1244, les Turcs Khwarizmiens
(venant des terres de Khiva.) prirent Jérusalem, pillant le Saint Sépulcre.
Alors, en 1245, le pape Innocent IV réunit un concile, à Lyon, et décida
d’organiser une nouvelle croisade. A cette même époque, le roi de France,
Louis IX, guérissait (miraculeusement, selon le chroniqueur Joinville.)
d’une maladie qui avait manqué de le tuer. Pour remercier Dieu de lui avoir
rendu la santé, Saint louis décida alors de prendre la croix. Il fut imité
par ses trois frères, ainsi que par une foule de seigneurs.
Les préparatifs durèrent trois
ans. Louis IX, outre des soldats, enrôla aussi artisans et laboureurs, car
il comptait coloniser l’Egypte et non la Terre Sainte (il avait décidé de
reprendre la stratégie qu’avait tenté Jean de Brienne au cours de la V°
croisade.).
2° Départ pour la
croisade (1248) – Quand tout fut prêt, Le roi de France laissa la
régence à sa mère, et se dirigea vers la vallée du Rhône, rejoignant ensuite
Aigues Mortes (la cité était à l'époque le seul port français sur la
Méditerranée.).
Louis IX s’embarqua en août 1248
en direction de Chypre, fixé comme point de rendez vous général (en effet,
le roi n’avait avec lui qu’une partie des croisés.).
3° Débarquement en
Egypte, prise de Damiette (juin 1249) – Arrivés sur l’île de Chypre en
septembre 1248, les croisés décidèrent d’y hiverner. Cette perte de temps
eut des conséquences fâcheuses, car Frédéric II avertit secrètement son ami
le sultan d’Egypte, qui eut tout le temps de se préparer à l’arrivée des
croisés.
En effet, lorsque les croisés
arrivèrent aux bouches du Nil, en juin 1249, le rivage était recouvert
d’ennemis. C’est alors que le roi, impatient d’aborder, sauta à la mer tout
armé, ayant de l’eau jusqu’aux épaules. S’avançant fougueusement, à travers
une pluie de flèches, ils fut alors imité par ses barons. Les musulmans,
pris de peur devant la détermination des croisés, décidèrent de fuir. Le 7
juin 1249, le lendemain de la bataille, Damiette fut prise par les croisés.
La victoire avait été facile, peu de croisés ayant perdu la vie lors du
débarquement.
4° Bataille de la
Mansourah (1250) – La prise de Damiette eut lieu au cours de l’été, et
donc les grandes chaleurs et la crue du Nil obligèrent les croisés à
séjourner pendant près de cinq mois dans la ville. Ces derniers se
trouvèrent alors livrés à l’oisiveté, aux jeux et aux plaisirs.
Finalement, ils ne partirent assiéger le Caire qu’en novembre 1249 (c’est ce
même mois que mourut le sultan d’Egypte, es Sâlih Eyoub. Sa compagne
Chadjar ed Dorr fit d’abord en sorte de cacher sa mort aux croisés. Puis
elle appela son fils Tourân Châh, afin qu’il prenne le pouvoir en
Egypte.). Les hommes de Louis IX devaient cependant traverser des campagnes
récemment inondées, coupées de canaux, au milieu d’attaques incessantes. La
marche s’en retrouva donc beaucoup ralentie.
Les croisés mirent dix mois à
arriver sous les murs de la forteresse de la Mansourah, où étaient
réfugiés les musulmans. Un canal séparait les chrétiens de la ville, et
Louis IX donna l’ordre de construire des parapets et des fossés, car les
musulmans traversaient à gué. Il fit aussi construire un barrage, dont la
construction fut arrêtée : au fur et à mesure que les croisés progressaient
vers l’autre rive, les musulmans la creusaient pour rendre impossible le
travail de leurs ennemis.
C’est alors qu’un bédouin, en
février 1250, indiqua un gué, en échange d’une somme d’argent. Le frère du
roi, Robert d’Artois, obtint la permission de passer le premier. Ce dernier
traversa le canal, qui était plus profond et plus dangereux qu’on ne
l’aurait cru. Puis, à la tête de ses hommes, il mit en déroute les musulmans
qui se trouvaient de l’autre côté, tuant leur chef qui prenait son bain.
Mais au lieu d’attendre le reste
de l’armée, comme le roi l’avait ordonné, Robert, voyant les infidèles en
déroute, décida de les poursuivre. Il se lança avec une centaine de
chevaliers dans la place forte de la Mansourah. Cependant, les musulmans
revinrent vite de leur frayeur, et, dirigés par le général Baïban,
ils cernèrent les croisés dans les rues étroites de la ville. Les accablant
de poutres, de pierres et de lances, ils les tuèrent tous sans exception.
Louis IX arrivait alors au
secours de son frère, se heurtant sous les murs de la ville à l’armée de
musulmans. Le roi se distingua au cours de cette bataille, combattant avec
courage. Le soir venu, les croisés étaient maîtres du champ de bataille.
Mais la victoire était amère, Louis IX pleurant amèrement son frère décédé.
5° Le désastre, la
captivité de Saint Louis (avril 1250) – Le lendemain, les infidèles
revinrent se battre, mais ils furent repoussés par les croisés.
Mais ces derniers eurent bientôt
à affronter des ennemis bien plus redoutables. La famine d’abord, puis la
peste qu’engendrèrent le manque d’hygiène et les eaux du Nil, où pourrissait
quantité de cadavres. Les croisés, stationnant devant la forteresse, furent
atteints de la dysenterie et de la fièvre typhoïde. En outre, le général
Baïban avait fait construire une flotte sur le Nil, plus au nord, afin de
bloquer le ravitaillement des croisés.
Il fallut donner le signal de la
retraite ; cette dernière fut lamentable. Louis IX, atteint lui même par ce
mal, tomba en avril 1250 entre les mains de ses ennemis.
Prisonnier avec ses fidèles
chevaliers, le roi fut respectueusement gardé par les musulmans, qui furent
impressionnés par son courage et sa grandeur d’âme.
Alors que Louis IX languissait
dans son cachot, la reine Marguerite mit au monde un fils à Damiette,
Jean,
surnommé Tristan, à cause des circonstances au milieu desquelles il
vint au monde.
Le roi resta prisonnier pendant
un mois, puis fut libéré le 8 mai par le général Baïban (qui avait éliminé
son rival, Tourân Châh.). Louis IX dut cependant rendre Damiette et payer
une rançon de 400 000 livres (soit environ 8 000 000 €.). Une trêve de 10
ans fut cependant signée avec les musulmans.
7° Saint Louis en
Terre Sainte, son retour en France (1250 – 1254) – Louis IX quitta alors
l’Egypte et se rendit en Terre Sainte.
Ce dernier débarqua à Saint Jean
d’Acre le 13 mai 1250. Sachant jouer de l’hostilité entre mamelouks d’Egypte
et la famille de Saladin en Syrie (Baïban avait tué Tourân Châh, qui était
un descendant de Saladin.), Louis IX sut mettre sa visite en Terre Sainte à
profit.
Tout d’abord, Saint Louis tenta
de mettre fin à l’anarchie qui régnait dans les Etats francs et de rétablir
l’ordre. Il émancipa le prince Bohémond VI et le fit chevalier ; réconcilia
la principauté d’Antioche et Tripoli avec l’Arménie ; il accrut la cohérence
diplomatique et intérieure de la Syrie franque ; releva de nombreuses
forteresses franques ; et entra même en contact avec les Mongols et la secte
des Assassins.
Louis IX ne revint en France
qu’en 1254, suite à la morte de sa mère, Blanche de Castille.