Mais ce fut surtout sous Baudouin
I° que le royaume de Jérusalem commença à se former véritablement : il
s’empara du littoral, prenant Beyrouth et Sidon, puis affronta la contre
croisade des sultans seldjoukides.
Templier poursuivant un Sarasin, copie d'une peinture de la chapelle des
Templiers à Cressac, XII° siècle, Cité de l'architecture, Paris.
Baudouin II (qui régna de 1118 à
1131.), venu d’Edesse à la mort de son prédécesseur, défendit ces acquis, et
les consolida. Il tenta aussi de prendre Damas, au sud, et Alep, au nord,
mais sans succès.
La menace musulmane
revint cependant en 1131, à la mort de Baudouin II. Ce fut son gendre,
Foulques d’Anjou, qui monta sur le trône et lutta contre les émirs turcs, de
la dynastie des Zengides (ces derniers unifièrent à cette époque la Syrie
musulmane.).
Le mariage de Foulques d'Anjou et de Mélisende, par Guillaume de Tyr,
enluminure issue de l'ouvrage Historia, Bruges, Belgique, XV°
siècle.
En 1137, ce dernier dut accepter la suzeraineté de la dynastie
des Comnènes, qui revendiquaient les anciens territoires byzantins. Cette
alliance, entre Grecs, Francs et Arméniens de Cilicie, permit de lutter plus
efficacement contre les musulmans.
A la mort de Foulques, la régence
fut assurée par la reine Mélisende, qui assura l’ordre à l’intérieur,
mais ne sut faire face aux menaces extérieures : en 1144, l’Atâbeg
Zengi, fondateur de la dynastie des Zengides, parvint à
prendre Edesse. Puis, comme nous l’avons déjà vu, il s’empara de la moitié est de la
principauté d’Antioche.
Les deux fils de Mélisende,
Baudouin III et Amaury I°, poursuivirent l’alliance entre Grecs, Francs et
Arméniens, obtenant quelques résultats positifs. Amaury, voyant que les Zengides étaient trop puissants, décida de lutter contre les califes
fatimides du Caire (afin d’établir un protectorat en Egypte.). C’est alors
que ces derniers appelèrent à la rescousse un lieutenant de Nour ed Dîn
(le fils de Zengi.),
nommé Saladin (de son vrai nom Salâh al Dîn.).
Le royaume de Jérusalem, doté
d’une monarchie forte et d’institutions solides, connut une période faste
jusqu’à cette époque.
Vue de Jérusalem, prise de la vallée de Josaphat, par Auguste
DE FORBIN, 1831, musée du Louvre, Paris.
Le déclin du royaume
de Jérusalem commença en 1174, quand le fils d’Amaury, Baudouin IV, un
lépreux, monta sur le trône. Avant de mourir, il donna sa sœur Sybille en
mariage à Gui de Lusignan. Ce dernier se fit couronner roi à la mort de son
beau-père, en 1186. Sybille et son mari devaient exercer la régence jusqu’à
ce que le jeune Baudouin V, le fils du roi lépreux, soit déclaré majeur
(mais ce dernier mourut peu de temps après son père.). Cependant, jeune et
sans expérience, Gui de Lusignan n’était pas le roi dont Jérusalem avait
besoin à cette époque.
Entraîné par la faction
belliciste de la ville, il décida donc de lutter contre Saladin (ce dernier
avait réussi à s’emparer de l’Égypte, puis de la Syrie , à la mort de Nour
ed Dîn.). Le 3 juillet 1187, près du lac de Tibériade, sur la colline de
Hattîn, l’armée de Jérusalem fut écrasée par celle de Saladin (ce dernier
s’empara du roi et de la vrai croix.).
Ce dernier, après avoir emporté
les places du littoral, s’empara de Jérusalem le 2 octobre 1187
.
2° Les institutions du royaume –
La monarchie, à Jérusalem, était
héréditaire. En outre, les femmes pouvaient hériter, afin d’éviter les
troubles successoraux.
Le roi ne concentrait pas tous les pouvoirs
entre ses mains : les finances du royaume étaient régies par le maître de
la secrète ; l’armée était contrôlée par le sénéchal ; le roi
était surveillé dans son gouvernement par la cour des barons (à
partir de 1185, le roi eut moins de pouvoirs que cette dernière.).
Comme les souverains de Jérusalem manquaient
d’hommes, ils décidèrent d’édifier des réseaux de forteresses, confiées aux
ordres religieux militaires, comme les templiers et les hospitaliers. Ces
derniers complétèrent les contingents de l’armée de Jérusalem. Cette
dernière fut aussi complétée par les indigènes, qui étaient recrutés dans
l’infanterie (pauvres, ils n’avaient pas les moyens de se payer et
d’entretenir une monture.).
Les indigènes ne furent cependant pas intégrés
au gouvernement de la ville, comme à Edesse. Ces derniers avaient leurs
propres lois, et n’entraient en contact avec les Francs que par
l’intermédiaire des raïs (qui pouvaient être des notables ou des
chefs de villages.).
3°
Établissement des Francs en
Terre Sainte – L’on estime qu’un demi million de latins vinrent vivre en
Syrie franque, à cette époque. Baudouin I fut le premier à lancer le
processus de colonisation de la Terre Sainte, attribuant des terres à ses
vassaux (en échange de services.) et à des établissements religieux.
A cette époque, la majorité des habitants de
Syrie étaient des chrétiens (généralement des syriaques melkites, donc
orthodoxes.). Ces derniers étaient très nombreux surtout en Galilée et en
Samarie. De nombreuses communautés mixtes, mélangeant Syriaques et Francs,
furent créées, en particulier à Acre et à Tibériade.
A cette époque, L’Église s’était installée en
Terre Sainte
.
L’Église régulière était représentée par les cisterciens (qui découvrirent
en Orient de nouvelles techniques d’irrigation.) et les ordres religieux
militaires ; l’Église séculière, quant à elle, tentait de répandre le
système du castrum (qui était une forteresse renfermant une église.).