| 
    		  
	 
			  
	          
	
	
	
	Des années de fouilles, des centaines de pages de rapport, des dizaines de 
	livres, une mobilisation constante des ressources de l’érudition et le 
	soutien de toutes les institutions impressionnent. Elles ne font pas une 
	vérité. Les travaux de M. Michel Reddé n’établissent pas que les recherches 
	sur l’Alésia antique soient closes. Les éléments qui s’y opposent et que 
	trop souvent il ne traite pas sont réels, graves, concordants :
	
	
	- La linguistique interdit que le nom Alésia devienne jamais Alise ; une 
	règle de grammaire est inapplicable sans la fabuleuse migration des 
	Séquanes ; César ne peut aller en Bourgogne après le siège sans l’histoire 
	fictive d’une tribu. Une seule de ces erreurs ou de ces trop subtiles 
	arguties serait déjà irrecevable, mais trois…et cela sans compter les 
	témoignages des historiens grecs ; 
	
	
	- Il est reconnu que « dans tous les secteurs explorés » les 
	retranchements attribués à César sont en contradiction avec ses 
	descriptions ; le tracé des plans le confirme jusqu’à l’imprudence ; 
	
	
	- L’inquiétante pauvreté des dernières fouilles est à la fois énoncée, 
	déguisée et inexpliquée ; il est pourtant probable que si on ne trouve rien
	c’est qu’il n’y a rien à trouver, et dans ce cas… 
	
	
	- La datation est affirmée sans étude argumentée ni débattue, carence 
	d’une exceptionnelle gravité en archéologie. Elle ne relève que d’une 
	tradition hautement contestable qu’aucun élément sûr ne peut confirmer. Elle 
	ne peut faire autorité ;  
	
	
	- Les descriptions géographiques ne sont pas prises en compte sauf pour le 
	déplacement d’un camp où armes et monnaies perdent définitivement toute 
	légitimité. A nouveau le site est mis en cause, cette fois par les 
	modifications forcées que les tenants de la thèse officielle lui font subir 
	sous la pression d’impossibilités qu’ils avouent enfin après plus d’un 
	siècle d’affirmations contraires. Il n’y a plus aucune explication 
	archéologique à la présence déjà suspecte des objets entassés là ; et on ne 
	prendra pas pour démonstration scientifiquement recevable la fable confuse 
	tirée d’un rite barbare anachronique.  
	
	
	  
	
	
	Ce dernier exemple n’est pas unique dans le petit monde intellectuel 
	d’Alise-Sainte-Reine. Il est même assez coutumier. Séquanes, Mandubiens, 
	Barbares ou Celtes, d’autres encore, sortent prestement de la coulisse menés 
	par des érudits ; ils jouent leur scène et disparaissent vite, guère 
	applaudis, mais leur passage sur l’estrade permet plus tard de les évoquer 
	comme autant d’études très sérieuses, et qui irait y voir dans ce climat de 
	conformisme et de respect clanique de l’autorité ?  Impénétrables au 
	profane, ces entrelacs enrichissent le mythe ; pourtant ce sont des fables, 
	seulement des fables dont bien entendu on ne débat jamais en public. 
	 
	
	
	On en arrive là parce 
	que l’usage qui est fait des textes est accessoire et inconstant : s’ils 
	confirment certaines suppositions, ils sont acceptés ; sinon, ils sont 
	ignorés, déformés ou réputés inexacts. On ne s’en cache pas ; un traducteur 
	écrit en toutes lettres cette énormité que « la traduction est 
	modifiée sur certains points touchant à la compréhension du récit,» en clair 
	pour la faire coller au site d’Alise-Sainte-Reine. 
	Ailleurs on évoque les exagérations méditerranéennes de César pour contester 
	ses chiffres ou mieux encore « le bon goût latin » pour éliminer des données 
	gênantes. Etrange souci du beau quand on souhaiterait celui du vrai.  
	
	
	  
	
	
	César savait pourtant de quoi il parlait, lui qui pour sauver son armée 
	utilisa durant des semaines chaque pouce du terrain et l’expliqua dans le 
	plus grand détail. Argument balayé : le site officiel est plus vrai que le 
	récit technique du premier et principal témoin (et des autres). 
	Extraordinaire méthode historique qui fait primer sur les documents les 
	mieux établis un site arbitrairement choisi par une administration. Il y 
	faudrait des arguments irréfutables. A Alise-Sainte-Reine, ils ne sont nulle 
	part.  
	
	
	  
	
	
	Certes il y a des preuves de la présence sur le site d’une ville 
	gallo-romaine assez prospère postérieure à la conquête. Mais il faut 
	un véritable florilège de manquements aux règles déontologiques les plus 
	élémentaires pour affirmer que ce serait le site d’Alésia.  
	
	
	La réalité, c’est que la position est intenable : toutes les critiques 
	exposées ici ne seraient-elles pas publiquement discutées, démontées et 
	réfutées depuis longtemps si elles étaient réfutables ?  
	
	
	  
	
	
	Dans ces conditions le recours au principe d’autorité est le dernier 
	rempart. Utilisé à plein dans la lettre de la sous direction de 
	l’archéologie, il l’est également dans tous les textes « orthodoxes » et 
	dans l’affirmation partout répétée que « la communauté scientifique » serait 
	ralliée à la thèse officielle, ce qui, après ce qu’on vient de lire, lui 
	demanderait avant tout d’avoir un certain sens de la hiérarchie. Car si de 
	nouvelles recherches sont décrétées inutiles, ce n’est pas que « les travaux 
	de M. Michel Reddé ont mis un terme à ce débat » mais plutôt que le fait 
	d’autoriser des fouilles ou d’accepter de débattre du sujet laisserait 
	entendre que les certitudes affichées ne sont pas absolues. Si en plus, cela 
	devait confirmer l’existence ailleurs de possibilités égales voire 
	supérieures à celles d’Alise-Sainte-Reine, c’est toute la position qui 
	s’effondrerait. 
	
	
	  
	
	
	Le principe d’autorité déjà incompatible par essence avec la recherche 
	s’appuie ici sur une thèse officielle irrecevable en de multiples domaines. 
	Il est doublement inacceptable. Rien ne permet d’interdire la recherche ni 
	d’empêcher le débat autour de l’Alésia antique sur de pareils arguments. 
	
	 |