CHAPITRE
DEUXIÈME :
Première phase de la lutte du sacerdoce et de l’Empire, la
Querelle des Investitures
1° État de l’Église au XI° siècle
– Les papes, jusqu’à
la fin du IX° siècle, ne portaient que le titre d’évêque de Rome. Au
fil des siècles, alors que le christianisme progressait partout (au V°
siècle, conversion des Francs ; au VI° siècle, conversion des Wisigoths
d’Espagne, conversion des Lombards, conversion des Anglo-Saxons ; au VIII°
siècle, conversion des Saxons.), le Saint Siège gagnait en puissance et
devenait une puissance temporelle (donations de Pépin III, etc.).
En l’an mille, l’Église était
devenue un très puissant seigneur temporel. Les évêques, profitant du
morcellement féodal, tentaient de faire main basse sur les droits régaliens
des cités épiscopales.
Les terres et les revenus de l’Église
étaient donc considérables, et allaient en s’accroissant (elle bénéficiait
d’un essor économique engagé depuis le X° siècle.). En outre, les donations
étaient nombreuses à l’époque.
Mais l’Église avait beau être
riche, elle était cependant sous la domination du pouvoir temporel. Les
Empereurs d’Allemagne, reprenant un vieux principe carolingien, désignaient
eux mêmes évêques et abbés en leur donnant l’investiture (les rois et les
seigneurs en faisaient aussi de même.). Il s’agissait pour les souverains de
faire de l’Église un organe de gouvernement important, et donc de s’assurer
de la fidélité du Clergé.
Autres maux qui accablaient l’Église à cette
époque, la simonie et le
nicolaïsme[1],
qui ne faisait que refléter, en quelque sorte, le comportement des laïcs,
largement diffusé dans le monde ecclésiastique. En effet, les Empereurs
désignaient les évêques et les abbés, et ne choisissaient que des hommes qui
leur seraient fidèles. Mais ces prélats, qui n’étaient pas des modèles de
vertu, conservaient leur habitudes de seigneurs temporels (chasse, jeu,
fornication, guerre, etc.). En outre, de tels comportements pouvaient, dans
l’esprit des fidèles de l’époque, altérer la validité des sacrements
conférés.).
Alors que l’Église rentrait dans
le II° millénaire, elle était alors dirigée par un pape français, Sylvestre
II (de son vrai nom Gerbert d’Aurillac.), un savant très brillant. Ce
dernier, tout comme certains de ses successeurs, était convaincu que l’Eglise
avait besoin d’être réformée.
Mais son règne fut bref (999 –
1003.), et à sa mort, Rome fut à nouveau le théâtre de nouveaux scandales.
Au final, les Empereurs
d’Allemagne, qui avaient déjà influencé à plusieurs reprises l’élection des
papes, imposèrent un pape allemand, Clément II. En 1046, ce dernier accepta
d’abandonner aux Empereurs le droit d’élire les papes.
2° Hildebrand,
origine et débuts – Hildebrand naquit vers 1022 en Toscane de parents modestes. Il entra tout
jeune dans un couvent de Rome.
En 1046, il assista avec dépit au
schisme qui divisait l’Église, Benoît IX, Sylvestre III et Grégoire VI se
disputant la chaire de Saint Pierre. Mais il fut aussi le témoin de
l’intervention d'Henri III, qui sous prétexte d’aider l’Eglise, l’asservit
totalement en imposant le pape Clément II.
Hildebrand étant partisan de
Grégoire VI, le jeune moine décida alors de suivre le pape déposé dans son
exil. Il resta à ses côtés jusqu’à sa mort, puis s’installa au monastère de
Cluny.
En 1049, ses supérieurs
l’envoyèrent auprès du comte de d’Egisheim
Dagsbourg, qui avait été
nommé pape sous le nom de Léon IX (en réalité imposé par le roi de Germanie,
Henri III.). Tout au long de son règne, ce dernier dénonça la simonie et
réforma son clergé.
Sous les règnes des papes qui se
succédèrent à Rome après la mort de Léon IX, Hildebrand gagna en renommée.
Le pape Nicolas II, satisfait de ses services, le nomma cardinal
archidiacre.
3° Le décret
d’élection de 1059 – Le pape Nicolas II, profitant de la minorité du roi
de Germanie Henri IV (ce dernier était le fils d'Henri III.), promulgua le fameux décret en 1059.
Il fut déclaré ce jour là que le pape serait élu par les cardinaux,
prêtres et diacres, avec l’approbation du reste du clergé romain et du
peuple. Et que si l’élection ne pouvait se faire à Rome, faute de liberté,
que les cardinaux devraient y procéder en n’importe quel lieu. Enfin, il fut
aussi dit que tout pape élu au mépris de ce décret serait déclaré anathème[2],
usurpateur et destructeur de la chrétienté.
Le coup était rude pour la cour
de Germanie. Aussi, le décret avait adouci la nouvelle en stipulant que
l’élection se faisait sous la réserve de l’hommage et du respect dus au
roi. Mais ces mots étaient plus théoriques qu’autre chose.
D’ailleurs, les Romains se
passèrent de l’avis du souverain de Germanie lorsqu’à la mort de Nicolas II,
ils élurent le pape Alexandre II.
La régente de Germanie, Agnès,
opposa un antipape, nommé Honorius II. Mais ce dernier ne fut jamais
accepté à Rome et mourut avant Alexandre II (il ne fut d’ailleurs pas
remplacé.).
4° Hildebrand devient Grégoire
VII (1074) – Hildebrand fut nommé pape par acclamation en 1073, à la
mort d’Alexandre II. Il prit alors le nom de Grégoire VII, en hommage au
pape déposé qu’il avait suivi dans l’exil trente ans auparavant.
Sa première réforme, prise en
1074, fut de menacer d’anathème les clercs simoniaques et mariés qui ne
s’amenderaient pas.
A cette nouvelle, nombreux furent
ceux qui ne proclamèrent pas les décrets pontificaux, soit par négligence,
soit par calcul. Le pape n’hésita pas à sévir, excommuniant et suspendant de
leurs fonctions les clercs les plus coupables.
5° Grégoire VII et
les investitures (1075) – Après s’en être pris aux clercs, Grégoire VII
voulut s’en prendre aux rois.
Considérant que la simonie et le
nicolaïsme étaient dus à la main mise qu’avaient les laïcs sur le clergé, le
pape promulgua un important décret en 1075 : d’une part, Grégoire renouvela
l’anathème contre les clercs simoniaques et mariés, et d’autre part, il
interdit de recevoir un évêché ou une abbaye des mains d’un laïc, même roi
ou Empereur.
Or, comme nous l’avons dit
précédemment, le fait de nommer évêques et abbés était une tradition depuis
l’époque des souverains Carolingiens. Les Empereurs, en leur donnant
l’investiture, s’assuraient de la fidélité du Clergé, faisant de l’Eglise un
organe de gouvernement important.
Le pape, au contraire,
considérait que laisser la nomination aux laïcs, c’était asservir l’Eglise
au pouvoir séculier, ouvrant ainsi la porte à tous les désordres (les
évêques que les Empereurs nommés n’étaient pas des gens compétents, mais des
alliés des souverains de Germanie.).
Le problème était complexe, car
évêques et abbés représentaient en même temps pouvoir temporel et pouvoir
spirituel. Ces prélats, bien qu’hommes d’Eglise, détenaient des terres, et
étaient à ce titre les vassaux du roi. Le décret remettait en
question le contrôle royal sur les hautes charges de l’Eglise et donc sur
ses terres en questions, qui à l’époque étaient immenses (et rapportaient
donc beaucoup d’argent.).
Ce fut suite à la proclamation de
ce décret, que le roi Henri IV trouva inacceptable, qu’éclata la Querelle
des Investitures.
6° Grégoire VII et les Dictatus
papae (1075) – Le nouveau pape considérait que la société chrétienne
devait être régie par le pouvoir spirituel, et créa donc une théorie
théocratique[3]
intransigeante : c’est ainsi que furent crées les Dictatus papae, en
1075.
Les dictatus, 27 au total,
énoncent plusieurs principes : ils font du pape l’unique chef de l’Eglise,
se trouvant au dessus des évêques et princes laïques qu’il peut
excommunier ; ils sanctionnent l’éloignement de l’Eglise d’Orient ;
affaiblissent l’autorité des conciles provinciaux ; affirment la supériorité
du spirituel sur le temporel, etc.
7° Rupture entre
Henri IV et Grégoire VII (1075) – Henri IV, qui était monté sur le trône
en 1056, alors âgé de six ans, avait attendu impatiemment d’être déclaré
majeur et de saisir les rênes du pouvoir.
A cause de son jeune âge, il
n’avait rien pu faire lorsque le souverain pontife Nicolas II proclama le
décret de 1059, privant l’Empire de son pouvoir à désigner les papes. Mais
en 1075, Henri IV était majeur, et il ne comptait pas laisser passer le
décret de 1075.
Comme ce dernier était occupé à
réprimer une insurrection en Saxe, il dut feindre lorsque les légats du pape
parvinrent jusqu’à lui, leur promettant de révoquer certains de ses
conseillers excommuniés, etc. Henri IV reçut même une lettre de
félicitations de Grégoire VII, satisfait par les promesses du roi.
Mais une fois la révolte de Saxe
matée, Henri IV ne respecta pas ses engagements. Il ne renvoya pas ses
conseillers, continua à nommer des laïcs à la têtes d’évêchés alors vacants,
etc.
Le pape commença par envoyer des
lettres de remontrances au roi, qui ne voulut rien entendre. Finalement,
Grégoire VII cita Henri IV à comparaître à Rome pour se disculper des crimes
dont il était accusé, sinon il serait excommunié.
Cette sommation amena la guerre
ouverte.
8° Déposition de
Henri IV (février 1076) – Henri IV commença par congédier les légats du
pape, puis convoqua un synode à Worms, en janvier 1076.
Le roi fit alors déposer Grégoire
VII par les prélats présents lors de l’assemblée.
Lorsque le pape apprit la
nouvelle, en février 1076, il répliqua en excommuniant Henri IV, et en
déliant ses sujets du serment de fidélité.
9° Henri IV à
Canossa (janvier 1077) – La nouvelle de l’excommunication de Henri IV
eut un effet terrible pour le souverain. De nombreux évêques s’éloignèrent
du roi (dont les signataires de Worms.), la Saxe se révolta à nouveau, les
fidèles du roi se firent de moins en moins nombreux. Le pape donna même le
coup de grâce en invitant les seigneurs allemands à élire un nouveau roi
(ces derniers se réunirent alors à la diète de Tribur.).
Henri IV comprit qu’il était
perdu s’il ne se réconciliait pas avec le pape.
Grégoire VII se trouvait alors au
château de Canossa, dans les Apennins. Son hôtesse était la comtesse
Mathilde, duchesse de Toscane, célèbre pour son dévouement au Saint
Siège.
Le roi fit prévenir le pape qu’il
souhaitait recevoir l’absolution à Canossa, et partit. Il traversa alors les
Alpes, couvertes de neige, accompagné par une petite escorte, ainsi que par
sa femme, Berthe, et son fils aîné, Conrad.
En janvier 1077, le château fut
en vue. Le roi fit alors pénitence, se présentant pieds nus dans la première
enceinte du château, et y restant jusqu’au soir. Cependant, comme le pape ne
se montrait pas, Henri IV fit de même les deux jours suivants.
Puis Grégoire VII accepta alors
de le recevoir. Les deux hommes se réconcilièrent, mais le conflit n’en fut
pas réglé pour autant.
10° Reprise des
hostilités (1078) – Grégoire VII avait réconcilié Henri IV avec
l’Eglise, mais pas avec ses barons. La diète de Tribur s’étant montrée
hostile au roi, il fut alors convenu entre Grégoire VII et Henri IV que l’un
et l’autre devaient se rendrent à une nouvelle diète, où la question du
rétablissement serait réglée.
Cette réunion eut lieu à
Forcheim, en mars 1078. Mais le roi changea d’avis, ne se rendant pas à la
diète, mais interdisant aussi au pape d’y aller.
Ni Henri IV, ni Grégoire VII ne
s’étant présentés à la diète de Forcheim, seigneurs et évêques procédèrent à
une nouvelle élection. Leur choix se porta sur Rodolphe de Souabe, qui fut
solennellement sacré à Mayence, en mars 1078.
Le pape ne reconnut ce dernier qu’en
1080, sur l’insistance des barons allemands. Ce à quoi Henri IV répondit en
créant un antipape, Guibert, archevêque de Ravenne, qui prit le nom de
Clément III.
Mais la lutte entre
les deux rois n’avait pas attendu cette sentence pour commencer. Rodolphe,
qui était le beau frère de Henri IV, ne pouvait payer ses troupes, faute
d’argent. De l’autre, le roi distribuait habilement à ses fidèles les terres
qu’il avait prises à ses ennemis, et avait fait venir des troupes de Bohême.
Trois batailles opposèrent les
deux camps, toutes plutôt favorables aux rodolphiens. La première fut
livrée en 1078 en Franconie, la seconde en 1080 en Thuringe. La dernière, la
bataille de Melsen, eut lieu en Saxe en 1082. Les partisans de
Rodolphe furent vainqueurs, mais ce dernier fut tué lors de l’affrontement.
Ces derniers se dispersèrent
alors, et Henri IV resta maître de la situation.
11° Henri IV à
Rome (1084), mort de Grégoire VII (1085) – Le roi prit alors avec lui
l’antipape Clément III, et se rendit à Rome, souhaitant se venger de
Grégoire VII.
Il arriva sous les murs de la
ville en mai 1082, croyant surprendre ses habitants, mais ces derniers se
tinrent prêts à riposter.
Henri IV décida alors d’aller
combattre Mathilde, duchesse de Toscane, sans beaucoup de succès. Puis il revint
l’année d’après à Rome, en 1083, brûlant quelques maisons. Il repartit alors
une nouvelle fois en guerre contre Mathilde, puis revint une nouvelle fois à
Rome en 1084.
Là, il décida d’imposer à la
ville un vrai blocus. Henri IV parvint tout d’abord à s’emparer de la cité
Léonine, puis il réussit à entrer dans Rome (sans doute par trahison.).
Il se fit alors couronner
Empereur par l’antipape Clément III. C’est alors qu’éclata une rixe entre
Romains et Germains, et la ville fut le théâtre d’affrontements sanglants.
Le pape appela à l’aide le
Normand Robert Guiscard, qui menaçait l’Empire de Constantinople. Henri IV,
effrayé,
préféra alors partir avant de voir arriver le Normand. Ce dernier,
approchant de Rome, provoqua un mouvement de panique dans la cité. Les
Normands, accompagnés de mercenaires musulmans, pillèrent alors Rome pendant
trois jours (à noter que la cité n'avait pas été pillée depuis plus de 500
ans.). Le pape, quant à lui, se réfugia dans la forteresse de Salerne, et y mourut en 1085.
Les Etats d'Italie et d'Illyrie en 1084.
12° Triste fin de
Henri IV (1106) – Henri IV eut la satisfaction de voir son ennemi mourir
avant lui, mais le triomphe de l’Empereur fut de courte durée.
La politique de Grégoire VII fut
reprise par son successeur Victor III (1086 – 1088.), mais surtout
par Urbain II (1088 – 1099.). Ce dernier était un Français nommé
Odon de Lagny, qui était devenu évêque
d’Ostie.
En 1093, Urbain II s’allia avec les Normands,
afin de lutter contre Henri IV. Ensemble, ils parvinrent à le vaincre, et
l’Empereur dut alors retourner en Germanie.
Par la suite, débarrassé de Henri IV, le pape,
en 1095, en appela à la croisade. L’Europe connut là un même sentiment
chevaleresque et religieux, groupée autour de la papauté.
L’Empereur, abandonné de tous, vit même ses
fils se retourner contre lui. Son fils aîné, Conrad, qu’il avait fait roi
d’Italie, prit les armes contre son père. Mais ni la mort d’Urbain II, en
1099, ni la mort de Conrad, en 1101, n’arrangèrent ses affaires.
Son autre fils, Henri, qu’il avait
associé à l’Empire, se révolta à son tour contre lui. Henri IV décida de
marcher contre son fils, mais il fut fait prisonnier, et on l’obligea à
abdiquer.
Alors qu’il essayait de se relever, l’Empereur
fut emporté par la maladie à Liège, en 1106. Ses restes, poursuivis par les
anathèmes de l’Eglise, ne furent enterrés sous le dôme de Spire, à côté de
ceux de ses ancêtres, qu’en 1111.
13° Reprise de la Querelle des
Investitures par Henri V – La lutte des investitures n’était cependant
pas terminée par la mort de Henri IV.
En effet, Henri V (le fils d'Henri IV.) prétendait toujours nommer
les évêques, leur donnant l’investiture par la crosse et par l’anneau[4].
Et comme le pape le pape se montrait hostile,
Henri V marcha sur Rome en 1111. Jugeant la résistance inutile, le nouveau
souverain pontife, Pascal II, tenta de trouver un accord avec le roi.
Il lui proposa de restituer à Henri V les
terres que l’Eglise germanique tenait en fiefs de la couronne, à condition
que le roi renonce à l’investiture. A cette condition, il serait couronné
Empereur.
Henri V désirant ardemment être sacré Empereur,
il accepta. Mais le jour du couronnement, quand Pascal II publia les bases
de l’accord entre l’Empire et l’Eglise, de nombreux évêques allemands se
plaignirent, réduits à la dîme et aux biens particuliers de leurs églises.
La contestation fut telle que le souverain
décida de tout annuler, et refusa de procéder au couronnement. Les
chevaliers teutons présents à la cérémonie sommèrent le pape de s’exécuter,
mais celui ci refusa. Alors, ils le firent prisonnier. Au bout de deux mois
d’une dure captivité, Pascal II céda à Henri V le privilège de l’investiture
par la crosse et l’anneau, et promit de le couronner Empereur.
La cérémonie eut lieu au milieu des soldats
teutons, puis Henri, satisfait, repartit pour l’Allemagne.
14° Nouveaux conflits, le
concordat le Worms (1122) – L’Empereur ne fut tranquille que peu de
temps. En 1115, le pape revint sur la concession qu’il avait faite à Henri
V, concernant l’investiture par la crosse et par l’anneau. En outre, des
révoltes éclatèrent, en Westphalie et en Saxe, lasses du joug de l’Empereur.
En 1115, un premier affrontement contre les
chevaliers saxons fut un massacre pour les hommes de Henri V, qui furent
écrasés par leurs ennemis.
A la nouvelle de cette déroute, seigneurs et
évêques se réunirent en diète à Cologne, envisageant de déposer l’Empereur.
Henri V décida donc de faire diversion,
s’attaquant aux immenses domaines que la comtesse Mathilde venait en mourant
de léguer au Saint Siège[5].
Ces biens envahis et occupés, l’Empereur reparut à Rome, en janvier 1118, le
pape Pascal II étant alors à l’agonie. Son successeur, Gélase II, se
sauva en France, mais y mourut presque aussitôt, en 1119.
C’est alors que fut nommé pape Guy de
Bourgogne, archevêque de Vienne, parent de l’Empereur et oncle du roi de
France, qui prit le nom de Calixte II.
Henri V décida de négocier, sachant que son
expédition d’Italie n’avait pas calmé tous les esprits en Allemagne.
Ces négociations aboutirent au concordat de
Worms. L’élection des évêques et abbés redevenait libre ; le pape
conférait l’investiture du pouvoir spirituel par la crosse et l’anneau ;
l’Empereur conférait celle du pouvoir temporel par le sceptre. Les droits
étaient ainsi sauvegardés et la confusion entre les deux pouvoirs
disparaissait.
Et en 1123, le premier concile oecuménique de
Latran acheva de mettre en place la réforme grégorienne (du nom du pape
Grégoire VII.).
[1]
Simonie : vente de biens d’Eglise ; Nicolaïsme : incontinence des
clercs astreints au célibat (mariage, concubinage, etc.).
[2]
Excommunication majeure prononcée habituellement contre les
hérétiques et les ennemis de la foi catholique.
[3]
Un gouvernement est dit théocratique lorsque l’autorité,
censée émaner d’une divinité, est exercée par un souverain considéré
comme le représentant de Dieu sur terre.
[4]
La crosse et l’anneau étant les attributs du pape.
[5]
L’Eglise, après négociations, reçut un tiers de la Toscane
méridionale, contiguë au territoire de Rome. C’est ce qui forma plus
tard le patrimoine de Saint Pierre.