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Les Mérovingiens


CHAPITRE SIXIÈME : La décadence des Mérovingiens (638 à 691)


I : Les fils de Dagobert (638 à 657)

 

            1° Les rois fainéants – Au cours de son règne, Dagobert, seul roi des Francs, avait tenté de rétablir l’autorité royale dans un pays troublé par plusieurs années de guerre civile.

De ses nombreuses femmes, Dagobert avait eu deux fils : Sigebert III, roi d’Austrasie (né en 630), et Clovis II, roi de Neustrie et de Burgondie[1] (né en 635).

Cependant, les deux souverains étant encore jeunes, le pouvoir fut accaparé par les maires du palais[2], qui profitèrent de la situation pour obtenir encore plus de pouvoir.

 

Les descendants de Dagobert furent surnommés les rois fainéants, présentés par les chroniqueurs du IX° siècle comme des incapables, épuisés par leurs débauches, n’ayant plus l’envie de gouverner ni même la force de vivre.

En effet, l’objectif de ces chroniqueurs était de légitimer la prise de pouvoir des Carolingiens[3], qui, descendant des maires du palais d’Austrasie, avaient renversé la dynastie mérovingienne.

Cette image des rois fainéants fut plus tard reprise par les historiens de la troisième république[4], et survécut jusqu’à nos jours[5].

Un roi fainéant en voyage, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

A noter qu’une fois encore vient se poser la question des sources.

Pour la période qui nous intéresse, elles sont au nombre de deux : La chronique de Frédégaire[6], reprenant les travaux de Saint Grégoire de Tours[7], et poursuivant l’histoire des Mérovingiens jusqu’en 660 ; et le Livre de l’histoire des Francs, rédigé par un auteur inconnu, reprenant les écrits de Frédégaire (et de Saint Grégoire pour les périodes antérieures), poursuivant l’histoire des Mérovingiens jusqu’en 727. 

Cependant, contrairement au récit de Grégoire de Tours, la chronique de Frédégaire et le Livre de l’histoire des Francs sont moins exhaustifs et moins neutres.

 

            2° Le règne de Sigebert III (638 à 656) – Après un quart de siècle d’unité, le royaume des Francs fut à nouveau divisé. Sigebert III fut confirmé en Austrasie, Clovis II en Neustrie et Bourgogne.

 

a) Pépin de Landen, nouveau maire du palais (639 à 640) : Pépin de Landen, qui avait été écarté par Dagobert[8], parvint à se faire nommer maire du palais, soutenu par Cunibert, évêque de Cologne.

En 640, il fut chargé de récupérer une partie du trésor de Dagobert, qui revenait à l’Austrasie. S’acquittant de sa tâche, il mourut toutefois sur le chemin du retour.

 

Après la mort de Pépin, la charge de maire du palais fut confiée à Otton, précepteur de Sigebert III.

 

b) Guerre contre la Thuringe, Grimoald maire du palais (640) : toutefois, cette nomination ne plut guère à Grimoald, fils du défunt.

 

A la même époque, Radulf, duc de Thuringe, proclama l’indépendance de ses Etats. Les leudes d’Austrasie, décidant de répliquer, se dirigèrent vers la Thuringe afin de punir le félon.

Cependant, les Francs furent vaincus, et Randulf parvint à conserver son indépendance.

 

A noter que pendant l’expédition, Grimoald sauva la vie du roi, gagnant ainsi son amitié.

Une fois rentrés en Austrasie, Otton fut éliminé et le fils de Pépin reçut la charge de maire du palais.

 

c) La succession de Sigebert III (650) : Sigebert III avait épousé Chimnechilde vers 647, mais après plusieurs années de mariage cette dernière n’avait pas donné d’enfants au roi d’Austrasie.

 

Selon le Livre de l’histoire des Francs, Sigebert III désespérait d’avoir un héritier. Ainsi, il décida d’adopter le jeune Childebert III en 651, fils de Grimoald. 

 

Cependant, Chimnechilde accoucha de deux enfants : une fille, Blichilde (vers 651), et un fils, Dagobert II (vers 652).

 

Aujourd’hui, certains historiens avancent la thèse selon laquelle le récit du Livre de l’histoire des Francs est erroné. De prime abord, Sigebert III n’avait que vingt ans lors de l’adoption de Childebert ; en outre, il semblerait que Childebert III soit non pas le fils adoptif de Sigebert III mais bien de Grimoald (l’objectif du roi d’Austrasie aurait été d’assurer la protection de son héritier).

 

d) La mort de Sigebert III (656) : Sigebert III fut assassiné à Metz en février 656. Grimoald, soucieux de ne pas partager l’héritage du défunt, décida de faire tondre le jeune Dagobert II, qui fut enfermé dans un monastère d’Irlande.

 

Selon le Livre de l’histoire des Francs, les leudes d’Austrasie n’acceptèrent pas cette usurpation. Ainsi, ils capturèrent Grimoald et Childebert III, qui furent livrés à Clovis II, roi de Neustrie et de Burgondie. Ce dernier fit ensuite tuer les deux prisonniers, afin de régner sur la totalité du royaume des Francs.

 

Toutefois, ce récit semble erroné, car, si Grimoald mourut en 657, Childebert III survécut jusqu’en 662.

L’on peut imaginer que Grimoald fut assassiné par des leudes austrasiens lui étant hostiles ; puis, qu’à la mort de Childebert III (ce dernier étant le fils de Sigebert et non celui de Grimoald), l’Austrasie fut rattachée au royaume de Neustrie et de Burgondie.

 

            3° Le règne de Clovis II (638 à 657) – Etant âgé de trois ans à la mort de son père, la régence fut exercée par sa mère, Nantilde, et le maire du palais de Neustrie, Ega (ce dernier, décédé vers 640, fut alors remplacé par Erkinoald).

Clovis II, école française du XIII° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

En 649, Clovis II épousa une esclave anglo-saxonne, Bathilde, qui avait été achetée à York par le maire du palais.

Cette dernière donna trois enfants à son époux : Clotaire III (né en 652), Childéric II (653) et Thierry III (654).

 

Les sources étant très lacunaires concernant cette période, l’on ne sait presque rien des dix-huit années de règne de Clovis II. Ce dernier mourut en octobre 657, à l’âge de 23 ans.
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[1] Au fil des siècles, trois grandes entités s’étaient formées en Gaule : la Neustrie, à l’ouest ; l’Austrasie, à l’est ; et la Burgondie, correspondant à l’actuelle Bourgogne.

[2] A l’origine, le maire du palais était chargé d’administrer la résidence royale. Cependant, en raison de l’affaiblissement du pouvoir royal, il abandonna peu à peu ses fonctions domestiques, obtenant un pouvoir de ministre.

[3] Voir à ce sujet le …

[4] Pour en savoir plus sur la troisième république, cliquez ici.

[5] Les historiens de la troisième république firent du Moyen-âge une époque triste et terne, répandant une série de mensonges sur cette période de l’Histoire : le droit de cuissage, la saleté du Moyen-âge, les ceintures de chasteté, etc.

[6] A noter que l’auteur de cette chronique, baptisé Frédégaire à postériori, nous est inconnu. L’ouvrage fut vraisemblablement écrit à plusieurs mains, d’autant qu’il fut agrémenté de plusieurs annexes au fil des années.

[7] Saint Grégoire de Tours est l’auteur de l’Histoire des Francs, relatant l’histoire des Mérovingiens de Clovis à 591. Cet ouvrage peut être consulté ici.

[8] Pépin de Landen avait été le tuteur de Dagobert, puis son maire du palais en Austrasie.

 

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