Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

adblocktest

 

La monarchie de Juillet (1830 - 1848)

CHAPITRE TROISIEME : Une monarchie de plus en plus parlementaire ? (mars 1835 à octobre 1840) 

 

IV : La nouvelle valse des ministères (mars 1839 à octobre 1840)

           

            1° Une longue période d’incertitude (mars à mai 1839) – Les élections ayant été un échec pour Louis Philippe, ce dernier fut contraint de chercher un nouveau premier ministre.

 

a) Les tractations de mars 1839 : dans un premier temps, le roi des Français se rapprocha du maréchal Soult, puis il se tourna vers Thiers et Guizot. Toutefois, l’idée d’un gouvernement de rassemblement fit long feu, car Thiers ne souhaitait pas que Guizot occupe un poste trop important.

Louis Philippe décida alors de mettre en place un ministère de centre-gauche, faisant de Thiers le nouvel homme fort du gouvernement. Toutefois, ce dernier émit un certain nombre de conditions, dont une concernait une éventuelle intervention en Espagne.

Louis Philippe, fermement opposé à l’envoi de forces armées dans la péninsule ibérique, fut alors contraint de couper court aux négociations.

 

L’ouverture de la session parlementaire approchant, le roi des Français, n’ayant pas trouvé le chef du prochain gouvernement, décida alors d’ajourner cette dernière à début avril.

Louis Philippe se rapprocha une fois de plus de Thiers et Guizot, proposant à ces derniers de participer à un gouvernement dans lequel figurerait le duc de Broglie, similaire au premier ministère Soult.

Toutefois, Thiers émit une fois de plus un certain nombre de conditions, qui entraînèrent la fin des pourparlers.

 

A la fin du mois de mars, le souverain décida alors de mettre en place un gouvernement provisoire, dirigé par Adrien Étienne Pierre de Gasparin[1], ancien ministre de l’Intérieur, membre des doctrinaires et proche ami de Guizot[2].

 

b) La dissolution de la coalition anti-gouvernementale (avril 1839) : l’ouverture de la session parlementaire se fit dans une ambiance électrique. Dans les rues de Paris, les républicains se firent à nouveau menaçants (pillages d’armureries, dégradations, etc.) ; à l’assemblée, l’atmosphère n’était guère plus agréable.

 

Thiers, leader du centre-gauche, fit campagne pour l’élection d’Odilon Barrot[3] à la présidence de la Chambre des députés (ce dernier était le leader de l’opposition dynastique, un mouvement politique de gauche mais favorable à la monarchie constitutionnelle.).

Odilon Barrot.

Toutefois, l’attitude négative de Thiers lors des tractations de mars 1839 n’avait guère été appréciée par certains de ses partisans. Ainsi, Hippolyte Philibert Passy, ministre du Commerce lors du gouvernement Thiers, décida de se présenter contre Barrot.

Les doctrinaires et les députés gouvernementaux, profitant de la discorde ayant éclaté à gauche, décidèrent alors de voter pour Passy, qui fut finalement élu président de la Chambre.

 

c) L’insurrection républicaine du 12 mai 1839 : alors que Louis Philippe négociait afin de trouver un premier ministre, une insurrection éclata. Le mouvement, dirigé par Martin Bernard, Armand Barbès et Louis Auguste Blanqui, trois jeunes[4] républicains, érigea alors des barricades entre les rues Saint Martin et Saint Denis.

Timbre poste à l'effigie d'Armand Barbès, 1948 (a gauche.) ; portrait d'Auguste Blanqui, par Amélie Suzanne SERRE, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Toutefois, les émeutiers furent rapidement mis hors d’état de nuire par les forces de l’ordre.

 

A l’assemblée, l’émotion était d’autant plus vive que les combats avaient fait près de cent victimes et une soixantaine de blessés. Cet incident parvint toutefois à affermir la position de Louis Philippe, qui reçut le soir même la visite du maréchal Soult. Ce dernier, soucieux de mettre un terme aux troubles, acceptait ainsi la charge de premier ministre.

 

A noter que les principaux leaders de l’insurrection, dont Barbès et Blanqui, furent condamnés à mort (graciés par Louis Philippe, ces derniers furent alors emprisonnés.).

 

            2° Le second ministère Soult (mai 1839 à mars 1840) – Soult ayant accepté la charge de premier ministre, ce dernier fut alors chargé de constituer un nouveau gouvernement.

Le maréchal Soult.

 

a) La constitution du nouveau gouvernement : ainsi, outre son poste de premier ministre, Soult récupéra le portefeuille des Affaires étrangères ; le comte Charles Marie Tanneguy Duchâtel reçut le ministère de l’Intérieur[5] ; Hippolyte Philibert Passy eut les Finances ; et l’amiral Victor Guy Duperré fut nommé ministre de la Marine et des Colonies[6].  

Par ailleurs, Jean-Baptiste Teste reçut la Justice ; le général Antoine Virgile Schneider[7] la Guerre ; Abel François Villemain (l’Instruction publique.) ; Jules Armand Stanislas Dufaure les Travaux publics ; Laurent Cunin (dit Cunin-Gridaine[8].), l’Agriculture et le Commerce.

Cunin-Gridaine, par Honoré DAUMIER, 1833, musée d'Orsay, Paris..

 

A noter toutefois que les nouveaux venus n’étaient pas des politiques. Ainsi, Teste et Schneider étaient des amis de Soult ; Villemain était un écrivain enseignant à la Sorbonne ; Cunin-Gridaine était un riche industriel ; enfin, Duperré était un amiral illustre.

Trois ministres seulement faisaient partie du monde politique : Passy et Dufaure (centre-gauche.), ainsi que Tanneguy Duchâtel (proche des doctrinaires.).

 

Thiers et Guizot, les deux personnalités les plus marquantes de la Chambre des députés, se trouvaient donc exclus de ce nouveau gouvernement.

Suite à la constitution du nouveau gouvernement, Thiers tenta de se faire élire président de la Chambre des députés, Passy ayant été nommé ministre. Toutefois, l’élection fut un échec pour Thiers, qui fut battu par Paul Jean Pierre Sauzet[9].

 

b) La chute du second ministère Soult : suite à la mise en place du second ministère Soult, la Chambre des députés retrouva son calme pour quelques mois.

C’est ainsi que le vote sur les fonds secrets fut validé à une large majorité ; à la fin juillet 1839, le vote pour le budget de 1840 fut adopté sans difficultés. La session parlementaire s’acheva sans encombre au mois d’août.

 

Toutefois, suite à la rentrée politique de décembre, les députés ne tardèrent pas à s’attaquer au gouvernement. Ainsi, les débats furent agités au sujet de la dotation du duc de Nemours (second fils de Louis Philippe.), en prévision de son mariage avec Victoire de Saxe-Cobourg-Kohary.

Mariage du duc de Nemours et de la princesse de Saxe-Cobourg, le 27 avril 1840, par PHILIPPOTEAUX, milieu du XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.

Le projet de loi, voté en début d’année, fut alors rejeté par la Chambre des députés. Les membres du gouvernement, face à cet échec, décidèrent alors de démissionner le 20 février 1840.

 

c) Louis Philippe contraint de négocier à nouveau : les ministres ayant démissionné en bloc, Louis Philippe fut ainsi contraint de chercher un nouveau premier ministre.

Le roi des Français fut alors approché par Thiers (qui entretemps s’était réconcilié avec Molé.), indiquant au souverain qu’il accepterait le poste à condition de Passy et Dufaure ne participent pas au nouveau gouvernement[10].

 

Louis Philippe, ne pouvant s’appuyer sur le centre-droit (Guizot, leader des doctrinaires, avait accepté la charge d’ambassadeur à Londres à la mi-février 1840.), décida alors de confier le poste de premier ministre à Adolphe Thiers.

 

            2° Le second ministère Thiers (mars 1840 à octobre 1840) – Suite à sa récente nomination, Thiers fut donc chargé de mettre en place un nouveau ministère.

 

a) La constitution du nouveau gouvernement : outre son poste de premier ministre, Thiers récupéra le portefeuille des Affaires étrangères ; Charles de Rémusat[11] reçut l’Intérieur ; Privat Joseph Claramont Pelet, comte Pelet de la Lozère, eut les Finances[12] ; l’amiral Albin Reine Roussin[13] fut nommé ministre de la Marine et des Colonies.

L'amiral Albin Reine Roussin.

Par ailleurs, Alexandre-François Auguste Vivien[14] reçut le portefeuille de la Justice ; le général Amédée Louis de Cubières[15] fut nommé ministre de la Guerre ; Victor Cousin[16] reçut l’Instruction publique ; le comte Hippolyte François Jaubert[17] eut les Travaux publics ; Alexandre Henri Gouin reçut le portefeuille de l’Agriculture et du Commerce.

Victor Cousin.

 

Le second ministère Thiers, comme nous pouvons le constater, n’était pas composé d’hommes politiques célèbres. En effet, seuls quelques uns avaient déjà l’expérience du pouvoir (Rémusat, Pelet de la Lozère.), les autres étant des novices.

Cela n’était pas pour déplaire à Thiers, qui pouvait manipuler son gouvernement bien plus facilement que s’il était composé de politiques aguerris.

 

b) Les première mesures du gouvernement Thiers : Thiers, bien qu’étant officiellement apparenté au centre-gauche, restait toutefois proche de la droite bourgeoise (rappelons qu’à l’origine, le premier ministre était proche des doctrinaires.).

 

Ainsi, Thiers afficha son hostilité envers le suffrage universel, repoussa les discussions concernant le double salaire des députés fonctionnaires, puis envoya la Garde nationale mettre un terme à la grève des employés dans les secteurs du textile, de l’habillement et du bâtiment[18]

 

A noter qu'en juillet 1840 fut érigée la colonne de Juillet. L'édifice commémorait non pas les évènement du 14 juillet 1789, mais les trois journées révolutionnaires de juillet 1830 (les trois glorieuses.). 

La colonne de Juillet, Paris.

 

c) La conquête de l’Algérie (octobre 1838 à décembre 1840) : en mai 1837, le général Thomas Robert Bugeaud, marquis de La Piconnerie[19], avait signé le traité de la Tafna avec l’émir Abd el Kader, reconnaissant la suzeraineté de ce dernier sur les provinces d’Oran et de Médéah.

Libéré de la menace qui pesait sur l’ouest du pays, Bugeaud avait alors pu s’attaquer à Constantine, en octobre 1848, ville située à l’est d’Alger.

 

Peu après la prise de la cité, Bugeaud fut rappelé à Paris et remplacé par le général Sylvain Charles, comte Valée[20]. Dans un premier temps, le nouveau gouverneur général d’Alger se contenta d’affermir les conquêtes françaises, érigeant des forts et faisant construire plusieurs routes à travers le pays.

Le général Sylvain Charles, comte Vallée.

 

Plus tard, en septembre 1839, Ferdinand Philippe d’Orléans, fils de Louis Philippe, souhaita démontrer que les voies de communications entre Alger et Constantine étaient sûres. Le duc d’Orléans emprunta alors le défilé des Portes de Fer, endroit propice à une embuscade.

Le passage des Portes de Fer, par Adrien DAUZATS, XIX° siècle, château de Chantilly, Chantilly.

Au final, l’opération fut une réussite, mais l’émir Abd el Kader, qui étendait son influence sur les tribus nomades des plateaux de l’Aurès et de Tlemcen, dénonça une violation du traité de la Tafna.

 

En novembre 1839, Abd el Kader s’attaqua ainsi aux postes français de la plaine de la Mitidja, aux portes d’Alger, détruisant des îlots de colonisation.

La situation devenait préoccupante, car l’armée stationnée en Algérie manquait cruellement de moyens. Le général Bugeaud, s’exprimant devant la Chambre des députés le 15 février 1840, résuma la situation en quelques mots : la conquête ou l’abandon.

 

Finalement, après s’être entretenu avec Louis Philippe à la fin décembre 1840, Bugeaud fut nommé gouverneur général de l’Algérie le 29 du même mois.

Place du gouvernement à Alger, par Adrien DAUZATS, XIX° siècle, château de Chantilly, Chantilly.

 

d) Les affaires d’Orient entraînent la chute du second ministère Thiers : en mai 1840, alors que Thiers avait décidé de rapparier en France la dépouille de Napoléon (voir paragraphe suivant.), le premier ministre soutenait le vice-roi d’Egypte, Méhémet Ali.

Méhémet Ali, vice-roi d'Eygypte.

Ce dernier, profitant de la déliquescence de l’Empire ottoman, souhaitait donc constituer un vaste royaume, s’étendant de l’Egypte jusqu’à la Syrie (la guerre contre la Turquie avait débuté en janvier 1833.).

Cependant, l’Angleterre était inquiète de voir d’une part la progression de l’influence française sur le bassin méditerranéen (la France était présente en Algérie et soutenait l’Egypte.) ; d’autre part l’influence russe sur Constantinople (les Anglais souhaitaient préserver la route des Indes.).

 

Se rapprochant de l’Autriche et de la Prusse, l’Angleterre réclama le maintien du statu quo entre l’Empire ottoman et l’Egypte, garanti par les principales puissances européennes.

Louis Philippe, qui n’était as un belliciste, accepta de signer cet accord en juillet 1839.

Toutefois, l’année suivante, Angleterre, Prusse, Autriche et Russie signèrent un traité commun, lançant un ultimatum à Méhémet Ali : ainsi, ce dernier était reconnu en tant que vice roi d’Egypte et de Saint Jean d’Acre (toutefois, ces possessions n’étaient qu’à titre viager[21] et sous réserve de l’acceptation de l’intéressé dans les dix jours.).

 

L’annonce de ce traité, en France, provoqua une vive indignation. Thiers décida alors d’entreprendre des travaux de fortification de Paris (septembre 1840.), et annonça la mobilisation des classes de 1836 à 1839 (augmenta l’armée à 500 000 hommes.).

 

Toutefois, fin septembre 1840, Méhémet Ali refusa de se soumettre à l’ultimatum anglais. Ce dernier fut alors destitué par Abdülmecit , le sultan de Constantinople ; par ailleurs, la marine anglaise s’empara de Beyrouth en octobre 1840.

Abdülmecit I°, sultan de Constantinople.

 

Courant octobre, malgré un climat tendu, Français, Anglais et Russes révélèrent qu’ils n’étaient pas prêts à déclencher une guerre (malgré le bellicisme poussé de la Prusse.).

Ainsi, les puissances européennes décidèrent de négocier. Louis Philippe ne devait plus soutenir les prétentions de Méhémet Ali sur la Syrie (ce dernier était restauré.) ; en échange, l’Angleterre cédait à la France la mainmise sur l’Egypte.

 

Quelques jours plus tard, le 18 octobre 1840, Rémusat, ministre de l’Intérieur, présenta au conseil des ministres le discours du trône, rédigé par Hyppolyte Passy.

Le texte contenait la formule suivante, qui ne plut guère à Louis Philippe : la France […] doit se tenir prête à agir le jour où elle croirait l’équilibre du monde sérieusement menacé.

Le roi des Français, jugeant le texte trop belliqueux, refusa d’y souscrire.

Thiers et les ministres décidèrent alors de présenter leur démission.

 

d) Le retour des cendres de Napoléon I° (mai à décembre 1840) : comme nous venons de le voir, Thiers, en mai 1840, avait décidé de rapatrier en France les restes de Napoléon afin de susciter une vague de patriotisme. Louis Philippe, bien qu’un temps hostile à cette décision, décida quant à lui de profiter ainsi de la gloire impériale, en se présentant comme l’héritier de l’Empereur déchu.

Par ailleurs, le retour des cendres[22] permettait au roi des Français d’achever la réhabilitation de la Révolution française et de l’Empire, qui avait débuté lors de l’inauguration du château de Versailles.

 

François Ferdinand d'Orléans, prince de Joinville (il s’agissait du fils cadet de Louis Philippe.), fut alors chargé de rapatrier les restes de Napoléon.

François d'Orléans, prince de Joinville, par WINTERHALTER, milieu du XIX° siècle (à gauche) ; et son épouse Françoise de Bourbon-Bragance, princesse de Joinville, par WINTERHALTER, milieu du XIX° siècle (à droite), château de Versailles, Versailles.

Le jeune homme, s’embarquant sur la frégate la Belle Poule en juillet 1840, fit alors route vers l’île de Sainte Hélène. A noter que le prince de Joinville était accompagné des derniers proches de l’Empereur, les généraux Henri Gatien Bertrand[23] et Gaspard Gourgaud[24] ; le comte Emmanuel de Las Cases[25] ; Louis Joseph Narcisse Marchand, valet de chambre ; et le mamelouk Ali[26].

Les généraux Bertrand et Gourgaud (en haut.) ; Las Cases, Marchand et Ali (en bas.).

 

A noter que Charles Tristan, marquis de Montholon[27], bien qu’ayant accompagné Napoléon sur l’île de Sainte Hélène, ne participa au voyage. Ce dernier, accompagné de Louis Napoléon Bonaparte, fut emprisonné en août 1840, ayant tenté de profiter de cet évènement pour soulever Boulogne sur Mer[28].

Le général de Montholon.

Louis Napoléon et Montholon, rapidement arrêtés, furent alors enfermés au fort de Ham et condamnés à la prison à vie[29].

 

Débarquant à Sainte Hélène début octobre, les Français eurent l’autorisation d’ouvrir le cercueil quelques jours plus tard. Le 14 octobre au soir, de nombreux spectateurs assistèrent ainsi à l’ouverture de la tombe, qui leur révéla un Napoléon relativement bien conservé.

Ile de Sainte Hélène - le tombeau de Napoléon, gravure publiée dans Le journal illustré, 1867.

Finalement, le cercueil fut embarqué sur la Belle Poule, et la Frégate se dirigea vers la France.

En raison des différents entre la France et l’Angleterre, suite aux affaires d’Egypte, le prince de Joinville prit de nombreuses précautions afin que la Belle Poule ne soit pas attaquée par un navire britannique.

Transbordement des restes de Napoléon I° à bord de la Belle-Poule, le 15 octobre 1840, par ISABEY, milieu du XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

Toutefois, alors que le navire français approchait du continent, à la fin novembre 1840, en France, le gouvernement Thiers avait cédé la place au troisième ministère Soult.

A Paris, afin d’éviter tout débordement, il fut décidé que l’inhumation de Napoléon aux Invalides serait une cérémonie strictement militaire. En furent donc exclus les étudiants parisiens, ces derniers étant suspectés de vouloir profiter du retour des cendres pour fomenter une nouvelle insurrection.

Retour des Cendres de Napoléon I°, le 15 décembre 1840 : passage du catafalque sur la place de la Concorde, par GUIAUD, milieu du XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

La cérémonie, qui se déroula à la mi décembre 1840, fut suivie par une multitude de spectateurs. Toutefois, les funérailles eurent un goût amer pour de nombreux Parisiens : en effet, bourgeois et députés adoptèrent une conduite peu respectueuse ; Louis Philippe était visiblement effrayé par ce qu’il avait exhumé à Sainte Hélène ; enfin, de nombreux spectateurs furent déçus de ne pas voir le corps du défunt Empereur, dissimulé derrière les pans de son cercueil[30].

 

Au final, le retour des cendres fut un échec pour Louis Philippe. En effet, le retour de Napoléon ne fit qu’accentuer le bonapartisme, les Parisiens étant plus attachés à Napoléon qu’à la monarchie de Juillet.

 

A noter que Napoléon, depuis 1861,  repose dans une tombe de porphyre, sous le dôme des Invalides (l’édifice fut érigé par Napoléon III, qui racheta à l’Angleterre Longwood House[31] ainsi que la Vallée du Tombeau en 1858.).

Le dôme des Invalides, Paris.

___________________________________________________________________________________________
comments powered by Disqus  

[1] Gasparin, né en juin 1783, était un agronome membre des doctrinaires. Il était très proche de Guizot.

[2] A noter que Louis Napoléon Auguste Lannes, duc de Montebello (il s’agissait du fils du maréchal Lannes.), participa à ce gouvernement en tant que ministre des Affaires étrangères.

[3] Odilon Barrot, né en juillet 1791, avait été nommé préfet de la Seine en 1830. Toutefois, son inactivité lors des émeutes de février 1831 lui couta son poste (pour en savoir plus sur les émeutes de février 1831, voir le 2, section V, chapitre premier, la monarchie de Juillet.).

[4] Bernard était né en septembre 1808, Barbès en septembre 1809, et Blanqui en février 1805.

[5] Ce dernier était ministre des Finances lors du ministère Molé.

[6] A noter que Duperré avait occupé le poste de ministre de la Marine à plusieurs reprises au cours des années précédentes.

[7] Le général avait participé à plusieurs campagnes de l’Empire (Pologne, Espagne, Russie, etc.). Ecarté un temps lors de la restauration, il participa à l’expédition d’Espagne de 1822/1823, puis à l’expédition de Morée.

[8] Laurent Cunin, alors jeune, était ouvrier dans une manufacture de draps appartenant à Etienne Gridaine. Plus tars, Cunin devint l’associé, puis le gendre de Gridaine.

[9] Rappelons que Sauzet, membre du Tiers parti, avait été ministre de la Justice lors du ministère Thiers.

[10] Thiers n’avait pas apprécié que Passy et Dufaure participent au second gouvernement Soult sans avoir reçu son aval.

[11] Rappelons que Rémusat avait été nommé sous secrétaire d’Etat à l’Intérieur lors du ministère Molé.

[12] Ce dernier avait été ministre de l’Instruction publique lors du premier ministère Thiers.

[13] Né en avril 1781, Roussin avait fait carrière dans la marine sous la révolution puis sous l’Empire. Roussin fut brièvement nommé ministre de la Marine lors de la constitution du premier ministère Soult, mais il préféra toutefois conserver son poste d’ambassadeur à Constantinople plutôt que d’entrer au gouvernement.

[14] Vivien était un avocat né en juillet 1799.

[15] Le général de Cubières participa à plusieurs batailles de l’époque napoléonienne (Austerlitz, Iéna, Eylau, Wagram, la Moskowa, Waterloo, etc.). Ecarté lors de la restauration, il participa toutefois à la campagne d’Espagne de 1823, ainsi qu’à l’expédition de Morée.

[16] Victor Cousin était un philosophe né en 1792. Ce dernier était en outre pair de France, professeur à la Sorbonne et titulaire de la Légion d’honneur.

[17] Jaubert était un botaniste né en octobre 1798. Ce dernier, à l’origine proche des doctrinaires, avait toutefois suivi Thiers lors de son déplacement vers le centre-gauche.

[18] Rappelons que la grève était interdite à cette époque, en vertu de la loi Le Chapelier (adoptée en juin 1791.). Cette dernière ne fut abolie qu’au cours de la seconde moitié du XIX° siècle, la grève étant autorisée en 1864, les syndicats en 1884. Pour en savoir plus sur l’adoption de la loi Le Chapelier, voir le 2, section I, chapitre troisième, la Révolution française.

[19] Né en octobre 1784, Bugeaud participa à plusieurs campagnes lors de l’ère impériale. Fidèle à Napoléon, lors des Cent-Jours, il fut contraint de quitter l’armée. Lors de l’avènement de la monarchie de Juillet, Bugeaud décida de se présenter aux élections législatives, et fut élu député à plusieurs reprises. Il participa essentiellement à la conquête de l’Algérie.

[20] Ce dernier, scolarisé à l’école militaire de Brienne, y avait fait la connaissance du jeune Napoléon Bonaparte. Plus tard, Valée participa aux campagnes de la révolution et de l’Empire. Artilleur, il participa lors de la restauration à la défense des places fortes et des côtes de France. En octobre 1838, il prit part à la seconde expédition contre Constantine.

[21] C’est à dire jusqu’à la mort de Méhémet Ali.

[22] L’on parle de retour des cendres, mais il s’agit d’une image. En effet, Napoléon était bien entier lorsqu’il fut rapatrié en France.

[23] Bertrand, né en 1773, avait accompagné Napoléon lors de l’expédition d’Egypte ; il  avait combattu à Austerlitz, Iéna, Eylau, Wagram, etc. Condamné à mort par contumace lors de la restauration, Bertrand fut toutefois amnistié en octobre 1821, lors de son retour de Sainte Hélène. Siégeant un temps à la Chambre des députés, il fut nommé gouverneur de la Martinique par Louis Philippe. Bertrand rentra en France en 1840, ayant appris que le gouvernement avait décidé du retour des cendres de Npoléon.

[24] Gourgaud, né en 1783, avait participé à de nombreuses batailles de l’épopée napoléonienne : Austerlitz, Iéna, Friedland, etc. Il avait aussi combattu lors de la guerre d’Espagne, lors de la campagne de Russie, et avait prit part aux batailles de Leipzig et de Waterloo. Ecarté lors de la restauration, Gourgaud ne rentra en France qu’en 1821. Publiant ses mémoires de Sainte Hélène, il ne reprit du service qu’après la révolution du Juillet.

[25] Las Cases avait participé au débarquement royaliste de Quiberon, en 1795 (il fut un des rares à y avoir survécu.). Pour en savoir plus à ce sujet, voir le a), 5, section III, chapitre quatrième, la Révolution française.

[26] Au Moyen âge, les Mamelouks formaient la garde privée du calife de Bagdad. Ces derniers, originaires d’Europe de l’est et non musulmans, avaient été capturés réduits en esclavage. A chaque génération (et ce jusqu’au XIX° siècle.), de jeunes enfants non musulmans d’Europe de l’est étaient capturés afin de devenir Mamelouks. A noter que les fils des Mamelouks ne suivaient pas les traces de leurs pères, se fondant au contraire dans la population locale. Le mamelouk Ali suivait Napoléon depuis l’expédition d’Egypte, en 1798. Pour e savoir plus sur l’expédition d’Egypte, voir le 6, section IV, chapitre quatrième, la Révolution française.

[27] Ayant participé aux guerres napoléoniennes entre 1799 et 1811, Montholon prétexta une blessure à la cuisse, qui l’empêchait de monter à cheval, afin d’éviter de participer aux campagnes de Russie et d’Allemagne. Il épousa alors une carrière diplomatique, mais reprit toutefois les armes en 1815. Rentrant en France en 1821, Montholon, principal bénéficiaire du testament de Napoléon, ne tarda guère à dilapider sa fortune.

[28] Louis Napoléon Bonaparte, suite à sa tentative de soulèvement de Strasbourg (octobre 1836.), fut emprisonné puis invité par Louis Philippe à se rendre aux Etats Unis. Le neveu de Napoléon I° rentra toutefois en Suisse en août 1837, se rendant au chevet de sa mère mourante.

[29] Louis Napoléon parvint toutefois à s’évader en 1846, suite à six années de captivité. Gourgaud, quant à lui, parvint à obtenir la libération de Montholon peu de temps après.

[30] C’est ainsi que naquit le mythe de la tombe vide, selon lequel le corps de Napoléon aurait été emporté par les Anglais suite au décès de Napoléon.

[31] Longwood House fut la demeure de Napoléon à Sainte Hélène.

 
Publicités
 
Partenaires

  Rois & PrésidentsEgypte-Ancienne

Rois et Reines Historia Nostra

Egypte

 

 Histoire Généalogie