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Mythologie
 
 

 

 

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Histoire de la Rome antique

 

CHAPITRE PREMIER : Rome, entre mythe et Histoire

 

I: L'Énéide

           

            1° Un mot sur Virgile, l’auteur de l’Énéide – Virgile, de son vrai nom Publius Virgilius Maro, naquit en Gaule Cisalpine en 70 avant Jésus Christ. Cet homme de lettres écrivit de nombreux ouvrages (les Bucoliques et les Géorgiques.), mais le plus célèbre d’entre eux est l’Énéide (du nom du héros de cette œuvre, Énée.).

Virgile entouré de deux muses, mosaïque conservée au musée du Bardo, III° siècle après Jésus Christ, Tunis.

 

Lorsque Octave, fils adoptif de Jules César, fut couronné Empereur (il prit alors le nom d’Auguste.), il demanda à Virgile d’écrire un texte expliquant comment Rome, partie de rien, était parvenue à bâtir un Empire si puissant.

Virgile s’exécuta,  en utilisant un style très proche de celui d’Homère, auteur de l’Iliade et de l’Odyssée[1] (l’on retrouve dans l’Énéide un découpage en chants, utilisation du flash back, les tournures de style ‘à la Homère’ sont nombreuses, etc.).

Cependant, Virgile mourut en 19 avant Jésus Christ à Brindisi, soit deux ans avant que l’Énéide ne soit publiée (avant de mourir, l’auteur demanda à ce que tous les exemplaires de son oeuvre soient brûlés, Virgile considérant qu’elle était encore trop imparfaite.). L’Empereur Auguste refusa, et, par la suite, prit la décision de faire publier l’ouvrage de Virgile (on ne sait pas exactement à quel point le récit de ce dernier fut retouché par deux de ses proches, les poètes Tucca et Varius, engagés par Auguste pour ‘finaliser’ l’Énéide.). A la sortie de l’Énéide, Virgile fut considéré par ses pairs comme l’égal d’Homère.

En fait, l’Énéide est une œuvre de propagande, qui raconte que Rome put prospérer grâce à l’appui des dieux, et que l’avenir de l’Empire romain serait radieux. Le texte fait aussi l’éloge des valeurs romaines (le mos majorum.), du courage (virtus.), du respect de la patrie et des dieux (piétas.), etc. (rappelons toutefois que la remise au goût du jours de toutes ces valeurs fut le cheval de bataille de l’Empereur Auguste, tout au long de son règne.).

 

Dans la première partie de l’Énéide, Virgile raconte les voyages d’Énée après la chute de Troie, jusqu’à son arrivée en Italie (livres I à VI.). Cette partie ressemble fort à l’Odyssée.

Dans la seconde partie du récit (livres VII à XII.), l’auteur relate les conflits que dut livrer Énée et ses compagnons pour la conquête de Latium, jusqu’à la création du royaume de Lavinium. Cette partie ressemble fort à l’Iliade.

Au cours des points suivants, nous allons relater l’aventure d’Énée non pas telle qu’elle est comptée dans l’Énéide (le récit commence lors de l’arrivée des Troyens à Carthage, qui, par le biais de flash back, relatent leurs aventures.), mais de manière chronologique (c’est à dire de la chute de Troie à la fondation du royaume de Lavinium.).

 

            2° La prise de Troie par les Grecs – Après dix ans de guerre, Grecs et Troyens étaient las de se battre. C’est alors qu’Ulysse eut une idée : il fit construire un cheval de bois dans lequel il se cacha, accompagné par ses hommes (c’est ici que commence le livre II de l’Énéide.). Les Troyens, voyant que les Grecs avaient disparu, firent rentrer le cheval dans leur cité, pensant qu’il s’agissait d’une offrande aux dieux.

Les Troyens font rentrer le cheval dans la cité, par Giovanni Domenico TIEPOLO, XVIII° siècle.

Seulement, la nuit venue, Ulysse et ses hommes en sortirent, ouvrirent les portes de la ville, et Troie fut mise à feu et à sang[2].

La prise de Troie, par Jean Baptiste MAUBLANC.

 

3° Ascendance d’Énée – Énée était un Troyen, qui, rappelons le, ne fut pas inventé par Virgile : il était en effet déjà présent dans l’Iliade d’Homère. D’ailleurs, au cours de la guerre de Troie, il avait été blessé par le héros grec Diomède, qui était parvenu à blesser aussi Vénus, la mère d’Énée.

Vénus était la déesse de l’amour (l’équivalent d’Aphrodite pour les Grecs.), et avait eu une relation amoureuse avec Anchise, le père d’Énée. La déesse demanda à son amant de ne pas révéler leur union, mais ce dernier, au cours d’une beuverie, ne put s’empêcher de s’en vanter. Zeus le frappa alors d’un éclair, ce qui eut pour effet de rendre Anchise boiteux.

 

4° La fuite d’Énée – Énée, voyant sa cité en flammes et livrée aux mains des Grecs, décida dans un premier temps de lutter jusqu’à la mort, lui et ses compagnons. Puis, visité par sa mère Vénus, il décida de s’enfuir. Il fut accompagné par plusieurs personnes, les plus importantes étant Anchise, son père (il dut le porter sur ses épaules à cause de son infirmité.), Ascagne, son fils, ainsi que les Lares et les Pénates[3].

Énée portant Anchise, céramique d'Italie méridionale, VI° siècle avant Jésus Christ.

Énée et Anchise, par Pierre LEPAUTRE, début du XVIII° siècle, musée du Louvre, Paris.

Quant à Créüse, sa femme (elle était fille de Priam, roi de Troie.), les traditions divergent à son sujet. Selon certaines, elle fut capturée par les Grecs, selon d’autres, elle parvint à s’enfuir. Quoi qu’il en soit, elle ne put rejoindre Énée (le livre II de l’Énéide s’achève ici, et l’aventure d’Énée se poursuit au livre III.).

Par la suite, Énée et ses compagnons embarquèrent sur leurs navires, et quittèrent Troie.

   

Le voyage d'Enée, des ruines de Troie jusqu'au Latium.

 

- La Thrace : le navire des Troyens se dirigea de prime abord vers la Thrace. Une fois arrivé, Énée commença par faire des offrandes aux dieux (Jupiter[4] et Vénus.).C’est alors qu’il entendit la voix du défunt Polydoros. Ce dernier était le plus jeune fils de Priam, qui avait décidé de le confier au roi de Thrace, Polymnestor, afin de le mettre à l’abri de la guerre de Troie. Il avait aussi confié à son homologue un important trésor. Ulysse et la femme de Priam, Hécube, étaient déjà passés par là, et avaient vengé Polydoros en tuant Polymnestor et en pillant sa cité[5].

Par la suite, Énée et ses compagnons rendirent à Polydoros un hommage funéraire et quittèrent les lieux.

 

- L’oracle de Délos et l’île de Crète : les navires troyens se rendirent ensuite au sanctuaire de Délos.

Énée à Délos, Claude LORRAIN, XVII° siècle.

Énée souhaitait y consulter l’oracle, afin de savoir où fonder une nouvelle cité. Ce dernier lui répondit qu’il devait se rendre sur la terre ancestrale des Troyens.

Le premier roi de Troade se nommait Teucros, et était originaire de l’île de Crète. Énée et ses compagnons décidèrent alors de s’y rendre. Une fois arrivés, ils commencèrent à bâtir une cité du nom de Pergamée. 

C’est alors qu’une épidémie de peste frappa les Troyens, qui se retrouvèrent totalement désemparés. Mais les Pénates apparurent à Énée, et l’informèrent de son erreur. Teucros régnait sur la Troade, alors que Troie n’avait pas encore été fondée. Le premier roi de Troie était Dardanos, son gendre (il avait en effet épousé sa fille, Batia.).

Énée et ses compagnons rendirent par la suite hommage à leurs ancêtres, et se dirigèrent vers l’Italie, terre d’où Dardanos était originaire.

Enée quitte la Crète pour gagner l'Italie, par Maître de l'Enéide, vers 1530, musée du Louvre, Paris.

 

- L’île des Harpies : naviguant à proximité des côtes de Grèce, Énée et ses compagnons décidèrent de faire escale aux îles Strophades. Les Troyens affamés capturèrent un troupeau qui se trouvait là, et, après s’être soumis à leurs obligations religieuses, commencèrent à faire bonne chère.

C’est alors qu’ils furent attaqués par les Harpies, des créatures dotées de corps d’oiseaux et de visages de femmes (souvent au nombre de trois, elles étaient des divinités de la dévastation et de la vengeance divine.). Ces dernières s’en prirent alors aux Troyens, tentant de leur dérober leur repas. L’une d’elles, moins hargneuse que les autres, déclara à Énée qu’il souffrirait souvent de la faim, et qu’il cesserait d’errer le jour où lui et ses compagnons auraient ‘mangé leur tables’.

Par la suite, Énée et ses compagnons décidèrent de ne pas offenser les dieux et quittèrent l’île, après s’être livrés aux rituels d’usage.

 

- La rencontre avec Andromaque : par la suite, les Troyens passèrent non loin de l’île d’Ithaque (dont Ulysse était roi.), et arrivèrent en Epire. Là, ils rencontrèrent Hélénos, qui était devenu roi de ce pays, et avait épousé Andromaque, veuve de son frère Hector.

Enée arrive en Epire où il est accueilli par Helenus et Andromaque, par Maître de l'Enéide, vers 1530, musée du Louvre, Paris.

Énée et ses compagnons furent bien accueillis par leurs hôtes, qui leur apprirent alors qui leur était arrivé suite à la chute de Troie. En fait, le précédent roi, Pyrrhus[6] (appelé aussi Néoptolème.), avait épousé Andromaque, puis l’avait délaissée pour Hermione, l’amante d’Oreste. Ce dernier tua donc Pyrrhus pour pouvoir s’emparer d’elle. Hélénos, qui avait été emmené par Pyrrhus en tant que captif suite au siège de Troie, monta alors sur le trône.

Par la suite, Énée et ses compagnons décidèrent de repartir, et Hélénos leur conseilla de contourner la Sicile au lieu de passer par Messine, afin d’éviter Charybde et Scylla, deux monstres marins[7]. Hélénos et Andromaque firent alors de nombreux cadeaux à leurs compatriotes, et Énée leur promit d’établir des relations amicales entre le royaume d’Epire et la nouvelle Troie.

 

- Le voyage vers l’Italie, les cyclopes, la mort d’Anchise : après avoir quitté les côtes de Grèce, les Troyens arrivèrent en Italie, dans un port placé sous la protection de Minerve[8]. Ils firent leurs dévotions à la déesse, puis repartirent en direction de la Sicile.

Ils évitèrent de justesse Charybde, puis naviguèrent à proximité de la côte est de la Sicile. Une nuite, les Troyens décidèrent de mettre pied à terre. Là, ils entendirent des grondements, et pensèrent qu’il s’agissait de l’Etna, un volcan en activité situé non loin de là.

Au petit matin, ils rencontrèrent un Grec nommé Achéménide. Il raconta aux Troyens qu’il était un compagnon d’Ulysse, qui avait été oublié dans la caverne du cyclope Polyphème. Il leur raconta que ce dernier avait dévoré plusieurs Grecs, et qu’Ulysse avait décidé de punir le monstre en lui perçant l’œil[9].

Achéménide les supplia de quitter l’île au plus vite. Énée et ses compagnons virent alors Polyphème, venant baigner son œil crevé dans la mer. Pris de peur, ils prirent la fuite, et le cyclope s’en rendit compte. Il alerta alors ses frères, qui poursuivirent les Troyens.

Énée et ses compagnons se réfugièrent rapidement sur leurs navires et prirent la fuite.

Les Troyens fuient la côte des Cyclopes, par Maître de l'Enéide, vers 1530, musée du Louvre, Paris.

Continuant leur trajet, les Troyens franchirent le cap sud de la Sicile, puis longèrent la côte ouest. Par la suite, ils décidèrent de faire une escale à Drépane, où Anchise mourut. Énée enterra alors son père, accomplissant les rituels funéraires (le livre III de l’Énéide s’achève ici.).

 

- L’intervention de Junon : Énée et ses compagnons repartirent peu après, et n’étaient plus très loin des côtes de l’Italie (c’est ici que commence le livre I de l’Énéide.). C’est alors que Junon, qui haïssait les Troyens (Pâris avait refusé de lui donner la pomme d’or, qui récompensait la plus belle des déesses, préférant choisir Vénus[10].), demanda à Eole de déchaîner les vents contre ces derniers. Une forte tempête s’abattit alors sur la flotte que dirigeait Énée. Les navires de ses compagnons sombrèrent, d’autres s’éventrèrent sur des récifs. C’est alors que Neptune[11], dieu de la mer, critiquant Eole d’avoir obéi à Junon, décida d’apaiser la mer et de protéger Énée et ses compagnons.

Les Troyens mirent alors pied à terre en Libye, et partirent chasser. Après le repas, Énée s’inquiéta du sort des autres navires de sa flotte (seuls sept embarcations étaient parvenues à accoster en Libye.).

Vénus intervint alors auprès de Jupiter, afin de s’assurer de l’avenir des Troyens rescapés. Ce dernier rassura sa sœur quant à l’avenir d’Énée, ayant recours à la prophétie. Il lui raconta les guerres qu’allait livrer Énée dans le Latium, la fondation d’Albe, l’histoire de Romulus et Remus, pour finir enfin avec l’accession au trône de l’Empereur Auguste.

Par la suite, Énée et ses compagnons se rendirent à Carthage, qui se trouvait non loin du lieu ou leurs navires avaient accosté.

 

            5° Énée et Didon – Énée et ses compagnons décidèrent par la suite de rencontrer Didon, la reine de la cité. Cette dernière était originaire de Tyr, où elle avait épousé Sychée, un riche marchand phénicien. Cependant, ce dernier fut tué par le roi Pygmalion, son propre frère, jaloux de ses richesses. Didon décida alors de s’enfuir, avec ses compagnons et l’argent de son mari. Elle se rendit alors sur la côte libyenne, où elle fonda Carthage.

Arrivés au palais, Énée rencontra alors certains de ses compagnons, qui avaient survécu au naufrage. Les Troyens furent bien accueillis par Didon, qui les convia, le soir venu, à un grand banquet.

Après avoir fait les libations rituelles[12], la reine, éprise d’Énée, demanda à se dernier de lui conter ses aventures (c’est ici que s’achève le livre I de l’Énéide.). Ce dernier s’exécuta, et raconta ce qui lui était arrivé suite à la chute de Troie[13] (ce que nous avons vu aux points précédents.).

Énée et Didon, par Pierre Narcisse GUÉRIN, vers 1815, musée du Louvre, Paris.

Didon était tombée amoureuse d’Énée, mais pensait encore à son premier mari, Sychée. Après en avoir discuté avec sa servante, elle décida de succomber à sa passion pour le Troyen, et ils se rencontrèrent dans une grotte (c’est à ce moment que commence le livre IV.).

Didon et Énée réfugiés dans la grotte, tapisserie du XVII° siècle, musée départemental de la tapisserie, Aubusson.

Cepêndant, la rumeur de la liaison entre les deux amants ne tarda guère à courrir dans les rues de Carthage. Iarbas, le prétendant de Didon, s’adressa à Jupiter dans un moment de colère, et lui reprocha la présente situation. Ce dernier envoya alors Mercure[14] à la rencontre d’Énée, lui rappelant que le but de son voyage était l’Italie.

Didon, se rendant compte qu’Énée se préparait à partir, usa de tous les subterfuges pour le retenir auprès d’elle, le suppliant de rester à Carthage.

Ce dernier resta de marbre, et quitta les côtes d’Afrique malgré tout. Didon lança des malédictions contre Énée, contre sa descendance, et contre tous les Romains. Par la suite, elle se transperça avec une épée et se jetta sur un bûcher qu’elle avait fait dresser (ainsi se termine le livre IV.).

La mort de Didon, par Augustin CAYOT, 1711, musée du Louvre, Paris.

 

            6° Énée en Sicile – Les navires troyens se dirigèrent par la suite vers la Sicile, et accostèrent peu après à Drépane, où Anchise, le père d’Énée, était enterré (il était mort exactement un an auparavant.).

 

- Les jeux funéraires : Énée décida de célébrer une cérémonie rituelle en l’honneur de son père, puis annonça son intention d’organiser des jeux funéraires. En fait, une grande partie du livre IV est consacré à ces jeux (régate, course à pied, combat, tir à l’arc.). Les festivités finirent par une parade équestre (une tradition qui, selon Virgile, se perpétua jusqu’à l’époque d’Auguste.).

 

- L’incendie des vaisseaux : mais pendant que les hommes s’amusaient, les femmes se lamentaient de leur errance sans fin. Junon envoya alors la déesse Iris[15] auprès d’elles (déguisée en mortelle.). Elle conseilla alors aux Troyennes d’incendier les navires de la flotte, afin que ces dernières puissent s’installer pour de bon en Sicile. Iris lança un premier tison enflammé en direction du navire, et les quitta, laissant un arc en ciel derrière elle. Les Troyennes, reconnaissant alors Iris, décidèrent de lui obéir et de l’imiter.

Énée et ses compagnons furent alors avertis de ce qu’il se passait sur la plage. Ils s’y rendirent prestement, et convainquirent les femmes de leur erreur. Mais les navires brûlaient, et les Troyens ne pouvaient rien y faire. Énée en appela alors à Jupiter, lui demandant de l’aider ou de le foudroyer sur place. Le dieu fit alors tomber la pluie sur les navires, mais seulement quatre purent être sauvés.

 

- Énée quitte la Sicile : Énée comprenant la lassitude des femmes, accepta que certains de ses compagnons restent en Sicile. Puis, une fois les rituels aux dieux accomplis, il quitta l’île en direction de l’Italie, accompagné par ses derniers compagnons.

Vénus, qui craignait que Junon ne s’attaque une fois de plus aux Troyens, demanda l’aide de Neptune, qui accepta de l’aider. La mer resta donc calme. Tout se passa pour le mieux si ce n’est que le pilote, Palinure, tomba à l’eau après avoir été endormi par le dieu Sommeil. Finalement, les Troyens arrivèrent à Cumes, en Italie (c’est ainsi que prend fin le livre V et que commence le livre VI.).

 

            7° Énée aux Enfers – Énée, une fois arrivé à Cumes, décida de se rendre auprès de la Sybille. Cette dernière lui déclara qu’il atteindrait un jour ses objectifs, mais que pour cela il aurait à livrer des guerres. Elle le conseilla aussi de ne jamais se décourager.

Énée lui annonça alors sa volonté de descendre aux Enfers[16] afin de rendre visite à son père. Cette dernière accepta de lui montrer le chemin, après que les Troyens aient accompli certains rituels.

Le plan des Enfers, selon Virgile.

Par la suite, ils se rendirent tous deux dans un lieu entouré par les ténèbres, où ils rencontrèrent les ombres de différents monstres de la mythologie. Descendant au plus profond des entrailles de la terre, Énée et la Sybille se trouvèrent devant le Styx, où ils rencontrèrent des âmes en errance. Énée demanda à la Sybille ce qu’étaient ces fantômes, et elle lui répondit qu’il s’agissait des âmes des morts qui n’avaient pas reçu de sépulture, et qui étaient condamnées à errer 100 ans avant de pouvoir franchir le fleuve. Énée retrouva là Palinure, le pilote, qui était tombé à l’eau pendant son sommeil. Ce dernier supplia la Sybille qu’on le laisse entrer avec Énée, mais cette dernière rejeta sa requête, ne voulant pas déroger à une règle multiséculaire.  

Charon, qui avait déjà laissé traverser quelques vivants de l’autre côté du Styx (Hercule[17], Orphée, etc.), ne voulut pas embarquer Énée et la Sybille. Finalement, cette dernière parvint à le convaincre, et il les accepta sur sa barque. Arrivés devant Cerbère, la Sybille l’endormit, et les deux voyageurs purent poursuivre leur route.

Énée et la Sybille pénétrèrent dans une plaine, peuplée par les âmes de ceux qui étaient morts prématurément (les enfants morts-nés, les condamnés à mort injustement, les suicidés.). Le Troyen rencontra alors Didon, qui s’enfuit en l’apercevant, encore pleine de rage.

Puis, en passant dans le lieu où séjournaient les guerriers, il rencontra des belligérants Grecs et Troyens, qui avaient participé à la guerre de Troie. Les premiers se retirèrent, effrayés, mais les seconds entourèrent alors Énée. Ce dernier reconnut alors Déiphobe, un fils de Priam, qui lui raconta comment Ménélas l’avait tué dans son sommeil.

Énée et la Sybille passèrent devant le Tartare. Le Troyen interrogea son accompagnatrice sur ce lieu. Cette dernière lui répondit qu’il s’agissait d’un lieu souterrain où étaient enfermées les âmes condamnées à la damnation éternelle, après qu’elles aient été jugées coupables par Rhadamanthe, un des trois juges des Enfers. Le Tartare était gardé par la Furie Tisiphone (ce qui veut dire ‘la vengeance’.), et qui punissait les âmes coupables. En effet, chacune de ces âmes étaient condamnée à accomplir un supplice pour l’éternité. La Sybille ajouta aussi qu’outre les suppliciés les plus connus (les Titans, etc.), s’y trouvaient une foultitude d’inconnus, qui avaient vécu, au cours de leur existence sur terre, une vie pleine de vices (des vices courants à Rome, au I° siècle avant Jésus Christ.).           

Puis, les deux voyageurs reprirent leur route, et arrivèrent aux Champs Elysées. Il s’agissait du lieu où se rendaient les âmes des personnes qui avaient eu sur terre, une vie méritante et vertueuse. Il y aperçut Orphée et des inconnus, s’adonnant à des jeux, des danses, et des chants.

Par la suite, Énée rencontra Anchise, occupé à compter le nombre des âmes prêtes à se réincarner en la descendance d’Énée. En effet, près des Champs Elysées se trouvait le Léthé, la rivière d’oubli. Les âmes qui en avaient fait le choix venaient y boire afin d’oublier leur vie passée, et par la suite retournaient sur terre en se réincarnant dans un nouveau corps.

Anchise montra à Énée ses futurs descendants : les rois d’Albe, Romulus (qui était appelé à fonder Rome.), les successeurs de ce dernier, Brutus l’Ancien, Pompée, Jules César et enfin Auguste (Anchise raconta que ce dernier était appelé à mettre en place un Empire puissant et en paix.).

Enfin, Énée, rassuré quant à son avenir, décida de quitter Anchise et de remonter à la surface. Puis, rejoignant ses compagnons, il fit mettre voile en direction du Latium (ici s’achève le livre VI de l’Énéide.).

 

            8° L’arrivée au Latium – Les Troyens se dirigèrent vers le Latium, une fois Énée revenu des Enfers (c’est ainsi que commence le livre VII.). Ils parvinrent à éviter l’île de Circé, connue pour sa magie dangereuse, et parvinrent finalement à l’embouchure du Tibre.

L'arrivée d'Énée en Italie, par Jean Mansel, enluminure issue de l'ouvrage Fleur des histoires, France, XV°siècle.

 

- Les Troyens devant Latinus : à cette époque, le roi Latinus gouvernait la région, et sa fille, Lavinia, était courtisée par le dénommé Turnus.

Apprenant la nouvelle que des étrangers approchaient, Latinus décida d’aller consulter un oracle. Ce dernier lui déclara que seul un étranger apporterait la gloire à sa race.

Les Troyens, qui avaient débarqué, durent se contenter d’un frugal repas avant de se coucher. C’est alors qu’Ascagne plaisanta en disant qu’ils avaient ‘mangé leurs tables’. Énée se rendit alors compte qu’il avait atteint la terre de ses ancêtres.

Par la suite, les Troyens se rendirent auprès de Latinus, qui les accueillit avec bienveillance. Ce dernier évoqua les liens qui unissaient Latins et Troyens, Dardanus, le premier roi de Troie, étant originaire du Latium. Les Troyens lui dirent alors que ce n’était pas un hasard s’ils se trouvaient ici, et lui racontèrent que l’oracle de Délos leur avait déclaré qu’ils devaient se rendre sur la terre de leurs ancêtres.

Latinus décida alors de donner sa fille Lavinia en mariage à Énée, suivant les instructions de l’oracle qu’il avait visité. Il offrit aussi au Troyens de beaux présents.

 

- L’intervention de Junon : mais Junon, qui avait juré la perte des Troyens, rentra dans une colère noire en les voyant s’installer dans le Latium. La déesse savait qu’elle ne pouvait pas changer le destin, mais était consciente qu’elle pouvait cependant le retarder.

Cette dernière envoya dans le Latium la Furie Alecto (ce qui veut dire ‘l’implacable’.), afin qu’elle attise la haine des Latins à l’égard des Troyens. Cette dernière s’empara tout d’abord de l’esprit de la reine Amata, l’épouse de Latinus. Elle reprocha à ce dernier d’avoir marié sa fille à un étranger, criant, pleurant, le suppliant de revenir sur sa décision. Mais, comme son mari restait sourd à ses plaintes, comme prise de folie, elle enleva sa fille et la consacra au dieu Bacchus[18] (Amata fut alors suivie par de nombreuses Latines.). 

Par la suite, Alecto se rendit à Ardée, auprès du roi des Rutules, Turnus. Elle encouragea alors ce dernier à prendre les armes contre Énée et ses compagnons.

Enfin, Alecto fit en sorte qu’Ascagne blesse un cerf apprivoisé, appartenant à des bergers du Latium. Ces derniers se rassemblèrent, et décidèrent d’attaquer les Troyens.

La Furie se rendit alors auprès de Junon, lui proposant de continuer à semer le trouble. Mais la déesse, soucieuse de ne pas éveiller les soupçons de Jupiter, décida de renvoyer Alecto aux Enfers (elle passa alors par un gouffre réputé pour être la bouche du monde souterrain.).

Latinus, impuissant, ne parvint à empêcher que cette guerre éclate.

 

            9° Préparatifs de guerre – Turnus appela ses alliés des cités environnantes en renfort, bien décidé à en découdre avec les Troyens (ainsi se termine le livre VII et commence le livre VIII de l’Énéide.).

 

- Énée et Evandre : Énée se trouva désemparé devant ces évènements, et s’endormit près du Tibre. Le dieu Tiberinus[19] apparut alors dans les rêves du Troyen. Il rassura Énée quant à son avenir, et le conseilla de s’allier avec un dénommé Evandre (le vieil homme était le chef d’une colonie d’Arcadiens qui s’étaient installés sur les pentes du mont Aventin.). Le dieu ajouta aussi qu’Énée ne devait pas oublier d’honorer Junon, bien qu’elle soit l’instigatrice de cette montée de violence.

Une fois réveillé, Énée fit un sacrifice à Junon, puis se dirigea vers le lieu où résidait Evandre (l’Aventin est une des sept collines sur lesquelles Rome fut bâtie.). Le vieil homme, qui rendait hommage à Hercule (ce dernier, selon les légendes, aurait rencontré Evandre.), accueillit convenablement les Troyens. Il leur présenta son fils, Pallas, puis leur raconta l’histoire du lieu où ils vivaient (de l’âge d’or à l’âge de fer[20].).

 

- Vénus au secours de son fils : Vénus, voyant que la guerre était inévitable dans le Latium, demanda à son mari Vulcain[21] de forger des armes pour Énée et ses compagnons.

Vénus demande à Vulcain des armes pour Énée, peinture de François BOUCHER, 1732, musée du Louvre, Paris.

Par la suite, Énée et Evandre cherchèrent des alliés. Ils eurent alors l’idée de débarrasser les Etrusques de leur chef, un tyran nommé Mézence (qui était un allié de Turnus.). Ces derniers en remercièrent Énée, et décidèrent d’en faire leur chef (en effet, un oracle avait déclaré qu’ils devaient choisir un étranger comme chef. Ils se tournèrent d’abord vers Evandre, mais ce dernier leur conseilla de choisir Énée.).

Le vieil homme fournit alors au Troyen un contingent de cavaliers arcadiens, commandés par son fils Pallas. Énée, quant à lui, décida de ne conserver à ses côtés que les plus vaillants de ses compagnons.

Par la suite, les alliés se rendirent auprès du chef étrusque Tarchon, où Vénus apporta une armure à son fils. Le bouclier d’Énée comportait des scènes de l’histoire de Rome (Romulus, la République, etc.) jusqu’à la bataille d’Actium, où Marc Antoine fut vaincu. Énée se sentit rassuré en voyant une représentation du triomphe de l’Empereur Auguste (le livre VIII se termine ici.).

 

10° Turnus à l’assaut du camp troyen – Junon, se rendant compte qu’Énée avait quitté le camp troyen, envoya Iris sur terre. Cette dernière se rendit auprès de Turnus, et l’incita à attaquer le campement ennemi (ainsi commence le livre IX.). 

 

- Turnus assiège le camp troyen : Turnus et ses hommes se rendirent au camp troyen. Cependant, ses défenseurs refusèrent de livrer une bataille rangée, préférant défendre leur campement.

Turnus, qui cherchait une idée qui pousserait les Troyens à sortir, décida alors d’incendier leurs navires. Mais ces derniers étaient protégés par Jupiter, qui décida de les changer en nymphes pour qu’ils ne soient pas détruits (par la suite, les nymphes prirent le large.). Turnus n’avait pas réussi à faire sortir les Troyens de leur camp, mais il était parvenu à les faire paniquer. Le soir venu, il fit mettre le siège devant le campement (les soldats de Turnus décidèrent alors de se détendre en jouant et buvant.).

 

- Nisus et Euryale : une fois la nuit tombée, Nisus et Euryale, deux Troyens, avertirent Ascagne qu’ils comptaient sortir du camp afin de rejoindre Énée. Ils furent autorisés à partir, et quittèrent alors leur campement en toute discrétion. Par la suite, ils durent traverser le camp des Rutules, qui étaient tous endormis ou ivres. Ils en profitèrent pour en tuer silencieusement un grand nombre, puis s’enfuirent après qu’Euryale se soit emparé de certaines de leurs armes.

Mais, peu de temps après, un groupe de cavaliers latins, dirigés par Volcens, qui rejoignaient Turnus, aperçurent Euryale, à cause de son casque qui se reflétait au clair de lune. Nisus parvint à s’enfuir, mais Euryale ne le put, encombré par son butin. Ce dernier fut alors encerclé par ses ennemis. Nisus, s’apercevant que son ami ne l’avait pas suivi, fit rebrousse chemin, et tua deux Latins en lançant ses javelots. Volcens, croyant qu’Euryale était responsable de la mort de ses hommes, le menaça de le tuer. C’est alors que Nisus sortit de l’obscurité, affirmant qu’il avait lui-même tué les deux Latins. Malgré cela, Volcens tua Euryale d’un coup d’épée, puis, Nisus vengea son ami en tuant Volcens, et enfin mourut à son tour.

Nisus et Euryale, par Jean Baptiste ROMAN, 1827, musée du Louvre, Paris.

 

- Les assauts contre le camp troyen : Au petit matin, Turnus, nullement découragé par les cadavres des victimes d’Euryale et de Nisus, décida de lancer l’assaut contre le campement des Troyens.

Les hommes de Turnus tentèrent en vain d’escalader les murs, étant repoussés par les Troyens à coups de pierres. Latins et Troyens subirent des pertes conséquentes, mais l’assaut ne fut stoppé pour autant. Ascagne, protégé par Jupiter, tua alors un Latin du nom de Numanus, qui avait fait l’éloge des rudes mœurs latines et avait critiqué le goût qu’avaient les Orientaux pour le luxe (Ascagne reçut au cours de cet affrontement le surnom de Iule, qui provient de Iolum, et qui veut dire ‘petit Jupiter’.).  

Peu après, deux Troyens, Pandare et Bitias, décidèrent d’ouvrir les portes du camp, et massacrèrent les Latins qui tentèrent d’y pénétrer. Les Troyens décidèrent alors de faire une sortie. C’est alors que Turnus se rua à l’intérieur du campement, accompagné par quatre hommes, tuant Bitias au passage. Pandare, voyant son frère mort, décida alors de refermer les portes, sans se rendre compte que Turnus était encore au sein du campement. Le Rutule, assisté par Junon, massacra une bonne dizaine de Troyens avant que ces derniers ne se ressaisissent. Finalement, Turnus, abandonné par Junon (cette dernière avait été vertement tancée par Jupiter pour son comportement.), dut sauter à l’eau du haut des murailles afin de rejoindre ses hommes (ici se clôt le livre IX.).  

 

- Le conseil des dieux : les dieux, voyant ce qui se passait dans le Latium, décidèrent de se réunir sur l’Olympe (ainsi commence le livre X de l’Énéide.). Vénus demanda alors à Jupiter d’épargner les Troyens, mais Junon, de son côté, accusa Vénus d’avoir déclenché toute cette violence en demandant à ce que les Latins soient soumis à des étrangers. Jupiter, de son côté, décida de rester neutre, et de voir comment la situation allait évoluer.

 

- Le retour d’Énée : de son côté, Énée naviguait vers le campement troyen, accompagné de ses nouveaux alliés. En outre, il était accompagné de Latins qui étaient opposés à Mézence, et la flotte qu’il dirigeait à présent comptait alors près de 30 navires.

C’est alors que les navires troyens qui avaient été changés en nymphes, apparurent à Énée, le conseillant de ne pas hésiter à se battre contre les Rutules.

Puis, Énée et ses alliés arrivèrent au campement, et se préparèrent à combattre. La bataille éclata alors, les Troyens et leurs alliés affrontant leurs ennemis les Rutules. Énée tua un grand nombre d’ennemis, mais aucun des deux camps ne parvint à prendre l’avantage.

Les cavaliers arcadiens eurent alors la volonté d’abandonner le combat, voyant la détermination de leurs adversaires, mais Pallas, leur chef, les exhorta à continuer la lutte. Ce dernier aperçut alors Lausus, le fils de Mézence, dans le camp ennemi. Mais ce dernier ne put affronter Pallas, et laissa sa place à Turnus. Suite à un combat sans merci, le Rutule parvint à tuer Pallas, et lui enleva son baudrier, bien qu’il accepta de rendre le cadavre du vaincu.

La nouvelle de la mort de Pallas parvint alors rapidement aux oreilles d’Énée. Ce dernier rentra alors dans une colère noire, et massacra un grand nombre de Rutules, avec l’aide de Vénus. Turnus était en grand danger, quand Jupiter, afin de compenser l’aide qu’avait apporté Vénus à Énée, accepta que Junon sorte le Rutule de ce mauvais pas. Cette dernière créa un fantôme ressemblant à Énée, et le dirigea vers la flotte de Turnus, afin de faire en sorte que ce dernier le suive. Son plan se déroula à merveille, et, une fois le roi des Rutules monté sur le navire, le fantôme disparut et l’embarcation prit le large.   

Turnus étant parti, ce fut au tour de Mézence de prendre le commandement. Les combats continuèrent, inlassablement, et aucun des deux camps ne prenait l’avantage, au grand désespoir des dieux. Mézence voulut alors s’attaquer à Énée, et lui lança son javelot, qui rebondit sur le bouclier de Vulcain. Ce dernier riposta alors, et blessa Mézence, qui dut se retirer.

Lausus, le fils de Mézence, décida alors de couvrir la retraite de son père, et défia Énée, qui le tua. Peu de temps après, ayant appris la nouvelle de la mort de son fils, Mézence, bien que blessé, décida de faire rebrousse chemin, et d’affronter Énée. Ce dernier, à pied, fit en sorte que son ennemi tombe de sa monture, et le tua.

Les combats cessèrent alors peu après (le livre X de l’Énéide s’achève ici.).

 

            11° Trêve entre les deux camps – Tout d’abord, Énée, toujours très pieux, remercia les dieux de l’avoir aidé à remporter cette bataille (ici commence le livre XI.).

 

- La trêve, les funérailles : Par la suite, Énée rencontra Drancès, l’ambassadeur des Latins (hostile à Turnus.), et lui annonça sa volonté de faire une trêve, afin d’honorer les combattants qui avaient péri au cours de la bataille. Il insista aussi sur son envie de faire la paix, accusant Turnus d’avoir déclenché la guerre.

Par la suite, Énée envoya alors au vieil Evandre le cadavre de son fils Pallas, accompagné de somptueux présents. Au pied du mont Aventin, ce dernier vit arriver le cadavre de son fils avec une grande tristesse. Evandre n’en voulut pas à Énée car le destin était ainsi écrit, mais par contre demanda à ce que Turnus paie pour son crime.

Par la suite, de nombreux buchers furent allumés, du côté troyen comme du côté latin, où l’on déposa les cadavres des combattants morts au combat. Énée rendit alors aux morts un hommage funéraire.

 

- Les Latins divisés : au cours des funérailles organisées en l’honneur des victimes, les Latins se révélèrent être divisés en deux camps. D’un côté les partisans de Drancès, hostiles à la guerre, de l’autre ceux de la reine Amata, favorables à Turnus.

Les partisans de la guerre eurent alors à subir un nouveau revers, apprenant que le héros grec Diomède ne les aideraient pas contre les Troyens. En effet, celui-ci s’était réfugié en Italie suite à la guerre de Troie, fuyant la colère de Vénus.

Statue de Diomède, sculpture romaine réalisée entre le II° et le III° siècle après Jésus Christ, musée du Louvre.

La déesse, qui avait été blessée par le Grec au cours d’une bataille, avait décidé de se venger (elle avait alors fait en sorte que la reine Aegialé, la femme de Diomède, le trompe. Ce dernier, qui était roi grâce à son mariage, fut donc contraint de fuir la Grèce dès son retour de Troie.). Le Grec ne voulait plus avoir à subir la colère de Vénus, qui était la mère d’Énée. En outre, il prévint les Latins que se battre contre les Troyens n’était sans doute pas la meilleure des solutions.

Latinus proposa alors de faire la paix, appuyé par Drancès (ce dernier reprochait en outre à Turnus d’être un lâche, ce dernier ayant ‘fui’ au cours de la bataille en retournant sur son navire.).

Puis, le roi des Rutules prit la parole, et se défendit contre Drancès en rappelant qu’il avait tué Pallas et de nombreux Troyens, et qu’il était parvenu à rentrer dans leur campement. Il reprocha ensuite à Drancès d’être un lâche, effrayé par une bande d’étrangers.

 

            12° Reprise des hostilités – Mais, les Latins apprirent que les Troyens et leurs alliés se dirigeaient vers la ville, et durent donc mettre fin au conseil de guerre. Alors que Turnus décida de reprendre la tête des opérations, la reine Amata et ses partisanes se réfugièrent dans le temple de Minerve, où elles prièrent pour la défaite d’Énée.

C’est alors que Camille, la reine des Volsques, offrit son aide à Turnus. Elle lui proposa d’attaquer Énée pendant que Turnus défendrait la ville. Ce dernier la remercia, mais préféra suivre un autre plan. Il demanda à son alliée de s’occuper de la cavalerie troyenne, alors que lui-même tendrait une embuscade à l’infanterie ennemie dans un terrain escarpé (Camille était la fille de Métabus, ancien tyran des Volsques, chassé par son peuple. Au cours de sa fuite, il parvint à sauver sa fille, Camille, qu’il consacra à la déesse Diane[22].).

La cavalerie rutule, arrivée à proximité de la cavalerie troyenne, décide de partir à l’attaque. Plusieurs assauts eurent lieu, tous très violents, sans que l’un des deux camps ne puisse prendre l’avantage. L’attention de Camille fut alors attirée par les belles armes d’un prêtre troyen du nom de Chlorée. Ce dernier fut alors chargé par la jeune femme, qui voulait s’emparer de ses biens. C’est alors qu’Arruns, un allié d’Énée, profita de l’aveuglement de Camille pour la percer d’un coup de javelot. Cette dernière, mortellement blessée, décida de s’enfuir, et mourut peu après dans les bras d’Acca, sa compagne. L’annonce de son décès excita autant les Latins que les Troyens. La déesse Diane, soucieuse de venger sa protégée, chargea alors une nymphe du nom d’Opis de tuer Arruns (cette dernière le transperça alors d’une flèche, le tuant instantanément.).

Les Latins et leurs alliés furent alors vaincus, et se retirèrent en désordre vers leur ville. Ceux qui ne purent pas s’y réfugier avant que les portes ne soient refermées furent impitoyablement éliminés par les Troyens.

Turnus, toujours en embuscade, fut prévenu par Acca de la situation. Il parvint, à la faveur de la nuit, à rentrer en ville (ici se termine le livre XI de l’Énéide.).

 

13° La fin de la guerre : après avoir subi ce cuisant échec, Turnus décida de changer de stratégie, considérant qu’il ne pouvait plus continuer à envoyer tout un peuple à la mort (le livre XII commence ici.).

 

- Le traité de paix : Turnus décida donc d’accepter de se battre seul à seul contre Énée. Amata tenta de l’en dissuader, sans y parvenir. Des émissaires furent donc envoyés auprès des Troyens, afin de préparer le terrain où aurait lieu le combat et la cérémonie rituelle du traité.

Junon, qui voyait que le conflit allait bientôt prendre fin, décida d’envoyer la nymphe Juturne sur terre.          

Pendant ce temps, les négociations étaient menées par Turnus et Latinus (du côté latin.), et par Énée et son fils Ascagne (du côté troyen.). Énée s’engagea à renoncer à ses prétentions sur le Latium en cas de défaite ; mais annonça qu’il comptait réunir Latins et Troyens sous les mêmes lois et les mêmes dieux en cas de victoire. De son côté, Turnus accepta les conditions d’Énée, et le traité fut entériné par les deux partis.

 

- Les combats reprennent : c’est alors que Juturne, déguisée en mortelle, se glissa parmi les Latins qui regardaient du haut des murailles de la ville. Elle les incita à continuer la lutte, et finit de les convaincre en réalisant un prodige (un aigle qui pourchassait des oiseaux fut contraint par ces derniers de prendre la fuite.). L’augure Tolumnius interpréta ceci comme un signe favorable, et envoya son javelot sur un groupe de neuf Troyens, tuant l’un d’entre eux. Ces derniers répliquèrent et attaquèrent les Latins.

Ces affrontements dégénérèrent en mêlée générale, et les deux camps eurent à subir beaucoup de pertes. Latinus, désespéré en voyant la situation, décida alors de s’enfuir. Énée, quant à lui, tentait de rappeler vainement à son adversaire qu’ils devaient livrer un combat singulier, quant il fut blessé par une flèche. Turnus, voyant son adversaire blessé, reprit le combat avec une grande vivacité.

Énée dut alors se retirer, et Iapyx, un Troyen spécialisé dans l’art de la médecine, entreprit de le soigner. Mais la blessure d’Énée ne guérissant pas, Vénus décida d’intervenir. Elle fit tremper une plante magique dans l’eau utilisée par Iapyx pour soigner Énée, qui guérit alors Énée instantanément.

Ce dernier, revigoré, décida de repartir à l’assaut des Rutules. Juturne intervint alors une nouvelle fois, prenant l’apparence de Métiscus, cocher de Turnus. Cette dernière emmena alors Turnus loin du champ de bataille. Énée, voyant le char de son ennemi partir, évita de justesse une flèche lancée par un Latin. Ce peu de respect du pacte fit alors plonger Énée dans une colère noire, et il fit des ravages dans les rangs ennemis.

 

- Le siège de la ville : Énée décida alors de mettre le siège devant la ville. Il annonça à ses habitants qu’ils avaient tout intérêt à se rendre s’ils ne voulaient pas voir leur ville détruite. Ces derniers, affolés, furent une nouvelle fois partagés entre les partisans de la pax et ceux de la guerre. La reine Amata, sans nouvelle de Turnus qu’elle croyait mort, se suicida de désespoir.    

Turnus, quant à lui, demanda à son cocher de faire demi tour, se rendant compte que les Rutules étaient acculés par Énée et ses hommes. Il se rendit compte que Juturne avait pris l’apparence de Métiscus, et l’obligea à rebrousser chemin.

Turnus arriva alors sous les murs de la ville, et accepta de combattre Énée seul à seul. Le Troyen accepta, et le combat commença, sous le regard des deux camps.

 

- Énée contre Turnus : les deux adversaires commencèrent le duel en se lançant des javelots, puis combattirent au corps à corps. L’affrontement était équilibré, jusqu’au moment où l’épée de Turnus se brisa sur l’armure d’Énée. Le Rutule décida alors de prendre la fuite.

Finalement, les deux adversaires s’affrontèrent à nouveau, chacun s’étant équipé de nouvelles armes.

Pendant ce temps, dans les cieux, Jupiter finit par convaincre Junon de cesser de s’opposer à la marche de destin. Cette dernière reconnut qu’elle avait envoyé Juturne sauver Turnus, et Jupiter rassura sa compagne en lui annonçant que les Latins conserveraient leur nom, leur langue et leur culture ; que leur sang, mélangé à celui des Troyens, engendrerait une race supérieure ; et que ces derniers affectionneraient particulièrement le culte de Junon. Jupiter envoya une Furie contre Turnus, et somma Juturne de se retirer.

Le Rutule, effrayé par la Furie, décida de reculer, ce qu’Énée interpréta comme un signe de lâcheté. Il provoqua alors Turnus, qui lança un rocher sur son adversaire, mais que le Troyen évita. Par la suite, Énée lança son javelot sur le Rutule, transperça son bouclier, le blessant à la cuisse. Le Troyen s’approcha alors de son ennemi, gisant à terre. Ce dernier supplia Énée de l’épargner, et ce dernier se laissa attendrir. Mais le Troyen aperçut alors le baudrier de Pallas sur les épaules de Turnus, et, furieux, Énée acheva son adversaire (ici se clôt le livre XII, dernière partie de l’Énéide.).

 

            14° Après la guerre – Une fois la guerre terminée, Énée épousa la fille du roi Latinus, Lavinia, et fonda la cité de Lavinium en son honneur. Troyens et Latins vécurent ensemble, sous les mêmes lois et les mêmes dieux, ce à quoi Énée s’était engagé.

Énée, déjà âgé, eut un fils avec Lavinia, qui fut nommé Silvius (ce dernier naquit cependant après la mort de son père.). Ascagne, afin d’éviter une querelle avec sa belle mère, décida de lui laisser le pouvoir et partit fonder la cité d’Albe la Longue (environ 30 ans après la fondation de Lavinium.).

Lorsque Ascagne mourut, il n’avait pas d’enfants, et ce fut donc son demi frère Silvius qui lui succéda à Albe. Ce dernier eut par la suite un fils qu’il nomma Énée, lointain ancêtre de Romulus et Remus[23].

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[1] Pour plus de renseignements sur Homère (a il vraiment existé ou pas ?), reportez vous à la section I, chapitre quatrième, mythologie grecque.

[2] Pour plus de détails sur l’Iliade, voir le I, chapitre quatrième, mythologie grecque. Mais, si vous souhaitez en savoir plus sur la prise de la ville en question (et sur le cheval de Troie.), reportez au vous au 12, section I chapitre quatrième, mythologie grecque.

[3] Les Lares étaient les divinités romaines correspondant à l’esprit des ancêtres ; les Pénates, quant à elles, étaient les divinités romaines chargées de la garde du foyer.

[4] Le Jupiter romain était l’équivalent du dieu Zeus pour les Grecs.

[5] Pour plus de détails sur l’aventure d’Ulysse en Thrace, voir le 3, section III, chapitre quatrième, mythologie grecque.

[6] Tous les rois d’Epire prétendaient descendre de Pyrrhus. Le plus célèbre roi d’Epire, Pyrrhus I°, livra bataille contre les Romains en Italie, à l’appel de la cité de Tarente. Il échoua, et, quelques années après sa mort, l’Epire devint une province romaine (pour plus de détails sur la vie de Pyrrhus I°, voir les sections V, VI et VIII, chapitre quatrième, histoire de la Grèce antique.).

[7] Charybde était un gouffre marin qui engloutissait les navires ; Scylla était un monstre marin doté de six têtes et douze pieds, une ceinture de têtes de chiens autour de la taille (Ulysse rencontra ces deux créatures au cours de son odyssée.).

[8] La déesse grecque Athéna avait été rebaptisée Minerve par les Romains.

[9] Pour plus de précidions sur la rencontre entre Ulysse et Polyphème, voir le 4, section III, chapitre quatrième, mythologie grecque.

[10] Pour plus de détails sur le jugement de Pâris, reportez vous au 5, section II, chapitre quatrième, mythologie grecque.

[11] Neptune était pour les Romains l’équivalent de Poséidon pour les Grecs.

[12] Une libation était un rituel auxquels Grecs et Romains se livraient : ils jetaient le contenu de leur coupe de vin en l’air ou par terre, en l’honneur des dieux.

[13] Ce flash back ressemble étrangement à celui d’Ulysse lorsqu’il se trouvait à la cour du roi Alcinoos, roi des Phéaciens (voir le 8, section III, chapitre quatrième, mythologie grecque.).

[14] Mercure était le messager des dieux, selon la tradition romaine. Son homologue grec était Hermès.

[15] Iris était une déesse messagère, l’homologue féminin du dieu Mercure, en quelque sorte.

[16] Pour une complète description des Enfers, reportez vous au chapitre deuxième, mythologie grecque.

[17] L’Héraclès des Grecs avait été rebaptisé Hercule par les Romains.

[18] Le dieu romain Bacchus était l’équivalent du dieu grec Dionysos.

[19] Tibérinus était le fils du dieu Janus, et mourut en se noyant dans le Tibre (qui dès lors porta son nom.).

[20] Pour plus de détails sur les différent âges, voir le 1, section III, chapitre premier, mythologie grecque.

[21] Le dieu romain Vulcain est l’équivalent du dieu grec Héphaïstos.

[22] La déesse Diane, pour les Romains, était l’équivalent de la déesse Artémis pour les Grecs.

[23] A noter tout de même que dans certaines traditions, antérieures à l’Énéide, Énée revint à Troie dans ses vieux jours, y régna quelques temps, puis céda le royaume à son fils Ascagne.

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