1° La naissance de l’Empire
libéral et la réforme de la constitution de 1852 (1860 à 1861) – Comme
nous l’avons vu précédemment, Napoléon III, à partir du début des
années 1860, décida de faire évoluer le régime. Ainsi, la censure fut
diminuée, le droit de réunion autorisée, et une amnistie générale fut
proclamée en 1860, suite à la victorieuse campagne d’Italie.
Napoléon III, Empereur
des Français, atelier de Franz Xaver WINTERHALTER, XIX° siècle,
musée des Invalides, Paris.
Les chambres, quant à elles, obtinrent d’avantage de prérogatives. En effet,
l’idée de l’Empereur (vraisemblablement influencé par son demi-frère
Charles Auguste de Morny.) était de faire évoluer le régime vers un
système plus parlementaire, similaire au modèle anglais.
Buste du duc de Morny,
par ISELIN, milieu du XIX° siècle, château de Versailles, Versailles..
Ainsi, plusieurs senatus consulte[1]furent publiés entre 1860 et 1861,
réformant en partie la constitution de 1852[2].
Le 24 novembre 1860, fut accordé au
Corps législatif[3]
le droit d’adresse (il s’agissait d’un texte adressé au gouvernement
chaque année.) ; l’assemblée pouvait discuter des projets de loi en comité
secret ; enfin, le compte rendu des séances des Chambres fut rendu public.
Puis, le 31 décembre 1861, le Corps législatif reçut l’autorisation de
participer au vote du budget ; et les crédits supplémentaires devaient être
validés sous la forme d’une loi.
2° Les élections législatives de 1863 – A
l’été 1863, le mandat des députés arrivait à expiration, et de nouvelles
élections législatives furent donc organisées[4].
a)
Des élections législatives à risques : toutefois, à cette époque, le
climat social était particulièrement tendu. Ainsi, la récolte de 1862
n’avait pas été satisfaisante ; en outre, la
guerre de sécession américaine[5]
avait entraîné la fermeture des ports sudistes[6],
ce qui eut un impact négatif sur l’industrie textile française (les
importations de coton étant coupées.).
Le Nauset, monitor américain, 1862, musée de la Marine, Paris.
Enfin, si Napoléon III s’était jusqu’à présent montré favorable aux
conservateurs et aux catholiques, ces derniers n’appréciaient guère la
politique menée par l’Empereur en Italie (le chef de l’Etat avait soutenu le
mouvement d’unification de l’Italie, ce qui était perçu comme une menace
envers la papauté.).
Enfin, la presse républicaine ne manqua pas de fustiger la politique
impériale, condamnant l’expédition du Mexique dans laquelle Napoléon III
s’était engagé l’année précédente.
Comme lors du scrutin de 1857, les grandes villes accordèrent leurs voix aux
candidats de l’opposition (dans la Seine, 22 000 voix pour les candidats du
gouvernement contre 153 000 pour leurs adversaires.), mais les campagnes
restèrent fidèles au régime.
Au
final, si les candidats du gouvernement obtinrent la majorité au sein du
Corps législatif (251 sièges.), les républicains parvinrent toutefois à
faire élire 32 candidats (dont Adolphe Thiers, célèbre homme
politique[7].).
Adolphe Thiers, gravure publiée dans Le journal illustré,
1869.
Suite à l’élection, bonapartistes libéraux et républicains décidèrent de
mettre en place une alliance, donnant naissance au tiers parti.
A
noter qu’une fois de plus le vote des villes fut plutôt favorable à
l’opposition, contrairement aux campagnes qui votèrent pour les candidats du
gouvernement.
b)
Le remaniement ministériel de juin 1863 :à l’issue des
élections législatives, Napoléon III décida de procéder à un remaniement
ministériel (le seul à être quasi-intégral depuis 1852.). L’Empereur,
souhaitant affermir sa politique libérale, décida alors de se débarrasser
des ministres les plus conservateurs.
Ainsi, Eugène Rouher[8]
fut chargé de présider le conseil d’Etat (ce qui équivalait officieusement à
un statut de vice-Empereur.) ; Jean Gilbert Victor Fialin,
comte de Persigny, fut remplacé à l’Intérieur par Paul Boudet (un
avocat protestant et anti-clérical.) ; enfin, le ministère de l’Instruction
publique fut confié à Victor Duruy, un historien libéral.
Eugène Rouher et Victor Duruy, gravure publiée dans Le journal illustré,
1869.
3° L’expédition du Mexique (1861 à 1867) –
En 1861, le Mexique était redevable d’importantes sommes d’argent auprès des
principales puissances européennes. Napoléon III, soucieux d’établir son
autorité sur un pays en grande difficulté depuis près d’un siècle, décida
donc de participer à l’expédition menée par contre le Mexique par
l’Angleterre et l’Espagne.
a)
Le Mexique, de l’indépendance à 1861 : le Mexique, ancienne colonie
espagnole, avait proclamé son indépendance en septembre 1821, sous l’égide
de l’Empereur Augustín de Iturbide y Arámburu.
Augustin de Iturbide.
L'Amérique du Nord en 1821.
Mais Iturbide, grand admirateur de Napoléon I°, fut chassé du trône en mars
1823. La république du Mexique fut proclamée, mais cela ne freina pas la
multiplication des coups d’Etat, plongeant le pays dans une situation
dramatique (30 présidents se succédèrent en 30 ans !). En 1848, la guerre
américano-mexicaine consacra ce désastre, le Mexique étant contraint de
céder aux Etats Unis d'Amérique la Californie et le Nouveau Mexique, perdant
un territoire de 1 300 000 km².
L'Amérique du Nord en 1848.
En
1857, Benito Pablo Juarez Garcia, indien issu d’une tribu zapotèque,
fut élu président de la république mexicaine. Le nouveau chef de l’Etat,
républicain et anticlérical, prit alors plusieurs mesures à l’encontre du
clergé (fermeture des couvents, sécularisation des cimetières, suppression
de nombreuses fêtes religieuses, instauration d’un état- civil enregistrant
naissances, mariages et décès, nationalisation des biens de l’Eglise, etc.),
qui ce qui ne tarda guère à déclencher une guerre civile.
Benito Juarez.
La
guerre de la Réforme dura de 1858 à 1861, et s’acheva sur la défaite
des conservateurs. Ce nouveau conflit avait une fois de plus appauvri
l’État. Juarez reconnut alors que le Mexique devait 70 millions de pesos à
l’Angleterre, 9 millions à l’Espagne et 3 millions à la France ; toutefois,
les caisses de l’Etat étant quasiment vides, il décida en juillet 1861 de
suspendre pour deux ans le paiement de la dette extérieure.
b)
Les raisons de l’expédition française au Mexique : comme nous venons
de le voir, le Mexique, depuis l’indépendance, était en proie à des coups
d’États incessants, usant financièrement le pays. De ce fait, l’opportunité
pour un pays puissant comme la France d’y installer un régime fort et d’en
récolter les fruits était tentante.
En
outre, le Mexique possédait encore un sous-sol riche en ressources minières
(houille, fer, argent, cuivre, plomb, mercure, etc..), et son immense
territoire était propice à l’élevage et à l’agriculture. De plus, par son
accès à l’océan pacifique, le Mexique bénéficierait d’un commerce privilégié
avec l’extrême orient. Enfin, le perçage d’un canal dans le sud du pays[9]
permettrait aux Français de relier l’océan Atlantique à l’océan Pacifique,
et d’en tirer d’importants revenus.
Le
projet de Napoléon III, surnommé la plus Grande Pensée du Règne,
était de rétablir l’ordre au Mexique, puis faire du faire de cet Etat le
premier pays industrialisé d’Amérique latine, ouvert à l’immigration
européenne.
L’Empire mexicain, catholique et latin, serait alors capable de se poser en
concurrent direct de la république des États-Unis, anglo-saxonne et
protestante.
A
noter que les Etats Unis, à cette époque, étaient embourbés dans la guerre
de Sécession depuis avril 1861. Le premier objectif de Napoléon III était
donc de s’emparer du Mexique avant la fin du conflit américain.
L'Amérique du Nord en 1861.
c)
Les débuts de l’expédition mexicaine (1862) : comme indiqué
précédemment, Angleterre, Espagne et France lancèrent une expédition vers le
Mexique en début d’année 1862. Rappelons toutefois que si le gouvernement
mexicain était redevable de 70 millions de pesos envers l’Angleterre et 9
millions envers l’Espagne, la dette auprès de la France ne s’élevait qu’à 3
millions de pesos.
Suite à l’arrivée des navires européens à Vera Cruz (14 décembre 1861.), des
négociations furent organisée à La Soledad, cité située à l’intérieur des
terres[10].
Toutefois, les relations entre les différents protagonistes ne tardèrent pas
à se dégrader, et, alors que la France réclamait de fortes indemnités (que
le gouvernement de Juarez ne pouvait évidemment pas payer.), Espagnols &
Anglais décidèrent de rembarquer leurs troupes (fin avril 1862.).
Le
général Charles de Lorencez, à la tête du corps expéditionnaire
français, déclara alors les hostilités ouvertes. Sûr d’obtenir une victoire
rapide et complète, Lorencez commença à marcher vers Puebla, qui, une fois
prise, ouvrirait la voie vers Mexico.
Le
général mexicain Ignacio Saragoza, contraint d’abandonner la ville
d’Orizaba à l’ennemi, affronta une première fois l’armée française lors de
la bataille de Las Cumbres (28 avril.).
Les Français, disposant d’un léger avantage numérique (6 000 contre 4 000
Mexicains.), remportèrent alors la victoire.
Sergent du 27° de ligne, modèle 1860, musée de l'Infanterie, Montpellier.
Le 5 mai 1862, les Français étaient devant Puebla
de Los Angeles, cité défendue par 5 000 hommes sous le commandement du
général Saragoza. Lorencez lança alors ses troupes dans un assaut frontal
contre le couvent fortifié où s'étaient réfugiés les rebelles. Toutefois,
bien retranchés derrière les murs du couvent, les juaristes parvinrent à
repousser les Français, qui perdirent près de 750 hommes lors de la bataille
(450 tués et 300 blessés.). La cavalerie mexicaine, dirigée par le général
Porfirio Diaz, tenta de transformer la retraite française en déroute.
Toutefois, les Mexicains furent repoussés, et les Français se retirèrent en
bon ordre. Lorencez, quant à lui, se retira dans son quartier général
d’Orizaba et attendit les ordres de Paris.
Lorsque la défaite subie par Lorencez devant Puebla fut apprise à Paris, des
critiques commencèrent à poindre à l’encontre du gouvernement français.
Malgré l’opposition de certains parlementaires, Napoléon III décida
d’envoyer un renfort de 26 000 hommes au Mexique, sous le commandement du
nouveau général en chef : Elie Frédéric Forey[11].
Le général Elie Frédéric
Forey.
d)
De la prise de Puebla à la prise d’Oaxaca (1863 à 1865) : une fois
Lorencez évincé, le nouveau commandant décida de mettre l’hiver à profit
afin de préparer un nouvel assaut contre Puebla. En mars 1863, estimant que
les préparatifs étaient achevés, Forey assiégea alors la cité ennemie une
seconde fois.
Le siège de Puebla, gravure publiée dans le journal Le monde illustré,
1863.
Si
les Français étaient désormais 26 000 et disposaient d’une cinquantaine de
pièces d’artillerie, les Mexicains, commandés par le général Jesus
Gonzalez Ortega, étaient désormais plus de 20 000.
Le
siège de Puebla fut aussi long que laborieux. Ainsi, après avoir pris l’un
après l’autre les couvents entourant la ville, les Français furent contraint
de livrer des combats de rues après avoir pénétré dans la cité.
Combats de rue dans Puebla, gravure publiée dans le journal Le monde
illustré, 1863.
Forey, recevant début mai un important convoi portant
pièces de sièges, vivres
et munitions[12],
parvint finalement à obtenir la capitulation du général Ortega (8 mai
1863.).
Toutefois, Forey décida de ne pas faire de prisonniers (impossible de
nourrir les captifs ou de les éliminer tous.), et c’est ainsi que plus de
10 000 Mexicains évacuèrent impunément Puebla. Ainsi, la grande majorité
d’entre eux ne tarda pas à rejoindre les rebelles du nord du pays.
Suite à la chute de Puebla, Forey décida de marcher vers Mexico, où se
trouvait Juarez. Toutefois, si le président mexicain parvint à s’enfuir
avant l’arrivée des Français[13],
la capitale ouvrit ses portes sans tarder au corps expéditionnaire (10
juin.).
Entrée du général Bazaine à Mexico , gravure publiée dans le journal
Le monde illustré, 1863.
Là, en juillet 1863, une assemblée de notables offrit la couronne Impériale
à l’archiduc Maximilien[14]
(frère de l’Empereur d’Autriche François Joseph.), qui ne l’accepta
qu’en avril 1864.
La députation mexicaine offrant le trône à l'archiduc Maximilien,
musée de l'Armée, Bruxelles.
Entrée à Mexico de Maximilien d'Autriche, gravure publiée dans le journal Le monde illustré, 1864.
Pendant ce temps, les Français furent chargés de pacifier l’État de Puebla,
avant de lancer de nouvelles expéditions vers le nord du pays. Multipliant
les marches, affrontant les guérilleros, fortifiant les villages visités,
les soldats parvinrent non sans mal à faire régner l’ordre. Toutefois, un
obstacle leur barrait la route : la ville d’Oaxaca, fief du chef rebelle
Porfirio Diaz.
Le
général François Achille Bazaine[15],
qui avait remplacé Forey, décida alors d’attaquer cette ville.
Le maréchal Bazaine, gravure publiée dans
le journal Le monde illustré, 1864.
Faisant
transporter le matériel de siège jusqu’à ce point, les opérations
commencèrent en fin 1864. Toutefois, les Mexicains ne résistèrent pas bien
longtemps ; en effet, Porfirio Diaz signa en février 1865 la reddition
d’Oaxaca.
Transport du matériel de siège devant Oaxaca, gravure publiée dans le
journal Le monde illustré, 1864.
Une fois de plus, des milliers de Mexicains furent relâchés suite à la
reddition de la cité, et la plupart d’entre eux ne tardèrent pas à rejoindre
les guérilleros du nord.
e)
Les opérations au nord du Mexique, la fin de l’intervention française
(1865 à 1867) : suite à la prise d’Oaxaca, les Français furent chargés
de mater la rébellion dans le nord du pays.
Combat contre un corps de partisans de Juarez, gravure publiée dans le
journal Le monde illustré, 1864.
Toutefois, en 1865, Le nord avait gagné la guerre de Sécession, et les
Américains, n’appréciant guère la présence française au Mexique, ne
tardèrent pas à fournir assistance aux guérilleros[16].
Autre problème, les Français avaient beaucoup de difficultés à imposer leur
présence à un pays aussi gigantesque que le Mexique. Ainsi, les militaires
furent contraints diviser leurs troupes pour mieux assurer leur main mise
sur ce vaste territoire, mais les rebelles avaient comme stratégie
d’attaquer les positions les moins bien défendues.
Combat contre une bande de guérilleros, gravure publiée dans le journal Le monde illustré, 1864.
Enfin, l’Empereur Maximilien n’avait pas les qualités qu’un homme d’Etat
devait posséder. En effet, l’Autrichien était indécis, influençable, ne
parvenant pas à se faire aimer de la population (ce dernier fut vivement
critiqué car il ne savait pas monter à cheval, un comble pour les
Mexicains.).
L'Empereur Maximilien du Mexique, gravure publiée dans Le journal illustré,
1864.
Les combats continuèrent pendant encore plusieurs mois, mais les soldats
français savaient bien que la guerre ne pouvait plus être gagnée. Face à
cette situation d’échec, Napoléon III décida finalement d’évacuer Mexico,
Puebla et Vera Cruz en janvier 1866.
La légion belge au Mexique,
par Charles Dominique Oscar Lahalle, 1869, musée de l'Armée, Bruxelles.
La
marche arrière du corps expéditionnaire français fut toutefois assez lente,
et ce n’est qu’en février 1867 que le dernier navire Français quitta les
rives du Mexique…
A
noter que l’Empereur Maximilien, qui avait refusé d’abdiquer, s’était
réfugié à Querétaro en mars 1867. Bientôt entouré par les juaristes, il se
rendit en mai, pensant qu’il obtiendrait le droit de rentrer en Europe. Au
contraire, il fut fait prisonnier, et Juarez, implacable, décida de le faire
exécuter le 13 juin 1867.
L'exécution de Maximilien.
4° Un Empire de plus en plus libéral… mais de
plus en plus critiqué (1864 à 1866) – Malgré une libéralisation
grandissante du régime, Napoléon III fut de plus en plus contesté au fil des
années.
a)
Un Empire critiqué aussi bien à droite qu’à gauche : ainsi, les
conservateurs n’appréciaient guère le libéralisme mis en place par
l’Empereur ; les députés républicains, quant à eux, même s’ils avaient
obtenu plus de prérogatives, n’en restaient pas moins hostiles au second
Empire.
La
politique étrangère menée par Napoléon III fut elle aussi une pomme de
discorde entre les différents partis. En effet, les catholiques reprochaient
à l’Empereur sa politique italienne, qui menaçait indirectement le Saint
siège ; les industriels, quant à eux, n’appréciaient guère le rapprochement
franco-anglais (notamment les accords de libre-échange entre les deux pays,
considérés par le patronat comme dommageables à l’économie française.) ;
enfin, de nombreux députés déploraient une politique extérieure jugée trop
interventionniste et trop couteuse (Mexique, Asie, Afrique, etc.).
b)
La politique sociale de Napoléon III : l’Empereur décida donc de
rechercher de nouveaux appuis, s’approchant alors du monde ouvrier.
Rappelons qu’en 1862, Napoléon III avait déjà créée la société du prince
impérial, destinée à prêter de l’argent aux familles d’ouvriers dans le
besoin ; la même année, il avait présenté un projet de loi visant à créer
une inspection générale du travail (qui devait notamment veiller à
l’application de la loi de 1841 sur le travail des enfants[17].),
qui fut toutefois refusé par le Conseil d’Etat.
C’est ainsi que fut promulgué la loi de mai 1864, reconnaissant le droit de
grève en France[18].
Plus tard, en février 1866, les ouvriers reçurent l’autorisation de se
réunir dans des associations à caractère syndical ; puis, en mars 1868, les
chambres syndicales furent reconnues par l’Etat[19].
Toutefois, si de nombreux ouvriers furent séduits par la politique sociale
de Napoléon III, n’appréciant guère les républicains-bourgeois ayant fait
tirer sur le peuple en juin 1848[20],
le ralliement à l’Empire ne fut cependant pas massif.
Ainsi, la classe ouvrière fut peu à peu gagnée aux idées socialistes
développées par des auteurs tels que
Karl Marx[21]et
Michel Bakounine[22].
Ces derniers voyaient en l'Etat, même composé de savants ou de génies, un
système de domination créant en permanence ses élites et ses privilèges.
Dans cette optique, le pouvoir exécutif est forcément dirigé contre le
prolétariat, ce dernier n’étant pas en mesure d’administrer lui-même le
pays.
Tombe de Karl Marx, Angleterre, vers 1990.
Michel Bakounine.
Ces thèses eurent un important succès au sein de la Première
internationale (ou Association internationale des travailleurs.),
une importante association d’ouvriers fondée à Londres en septembre 1864.
Dessins humoristiques caricaturant les membres de la Première internationale
(A noter que les membres de l'Internationale sont caricaturés par l'artiste,
représentés comme des grigous hirsutes. A gauche, lors d'un congrès de la
paix, l'orateur s'exclame : Je demande des armes ! A droite,
un membre de l'AIT s'entretien avec un paysan : Mais mon brave paysan,
l'Internationale ne veut que votre bien ! Ce à quoi l'homme lui
répond : Tout mon bien, pas vrai ? je vous connais, tas de mauvais
farceurs !), Le Monde Illustré, N° 769, 4 novembre
1871.
Cependant, si le
gouvernement tolérait des syndicats partisans de la politique césariste de
l’Empereur, il n’accepta pas leur ralliement aux thèses de la première
internationale. C’est ainsi que plusieurs grèves furent matées par l’armée,
et certains militants de l’internationale arrêtés et incarcérés.
Mécanisme de la grève - Machine à basse pression de la force de plusieurs
chevaux. A chaque coup de piston, un grève se déclare. Les propriétaires,
les tailleurs, les chapeliers, les bottiers, les boulangers, etc. , veulent
toucher une augmentation de cinquante pour 100, et se mettent en grève. Au
deuxième coup de piston, l'humanité en grève marche toute nue, ne boit plus,
ne mange plus. Alors tout le monde s'embrasse et décrète une augmentation
pour tous de cinquante pour 100. Bonheur général. Tableau. Un utopiste
propose un excellent moyen de tout simplifier. Chaque année, les différents
corps d'Etat se réuniront et décréteront que la pièce de cinq francs vaut
dix francs cette année, vingt l'année suivante, et ainsi de suite ; ce qui
sera plus rapide, plus commode, et reviendra exactement au même, gravure
publiée dans Le journal illustré,
1869.
[1]
Les senatus consulte étaient des décrets proclamés par le
Sénat.
[2]
Pour plus de détails sur la constitution de 1852,
cliquez ici.
[3]
La constitution de 1852 avait entraîné la création de deux
chambres : le Corps législatif, chambre basse, composée de députés
élus tous les six ans ; et le Sénat, chambre haute, composé
de sénateurs nommés par Napoléon III.
[4]
Les dernières élections législatives avaient eu lieu en 1857.
[5]
La guerre de sécession américaine opposa Etats du nord (l’Union.)
et Etats du Sud (la Confédération.), du 12 avril 1861
(bombardement du Fort Sumter, place nordiste, par l’armée sudiste.)
au 9 avril 1865 (reddition du général sudiste Robert Lee.). A
noter que souvent l’esclavage est présenté comme la cause première
du déclenchement de la guerre, mais il faut noter que ce sujet
sensible n’était pas la seule pomme de discorde entre nord et sud.
[6]
Suite au blocus mis en place par les nordistes.
[7]
Thiers, né en avril 1797, occupait la fonction de journaliste lors
de la révolution de Juillet. Ayant publié une proclamation appelant
Louis Philippe au pouvoir, Thiers fut nommé ministre à plusieurs
reprises, et obtint par trois fois la charge de chef du gouvernement
(1836, 1840 et 1848.).
[8]
Eugène Rouher, né en novembre 1814, s’était rallié à Louis Napoléon
Bonaparte dès 1849. Député conservateur, il fut nommé plusieurs fois
ministre par l’Empereur. A noter enfin que la période de l’Empire
libéral ne fut guère favorable à Rouher, ce dernier étant resté
résolument conservateur.
[9]
Avant les travaux du canal de Panama, en 1914, les scientifiques
Français hésitèrent sur le lieu où percer le futur canal.
[10]
En effet, les villes situées sur la côte étaient insalubres
(mauvaise hygiène, chaleur, maladies, etc.).
[11]
Forey, né en janvier 1804, fit ses études à Saint Cyr, avant d’être
envoyé en Algérie en 1830. Ralliant rapidement le second Empire,
Forey fut nommé général puis participa à la guerre de Crimée, où il
se fit remarquer par sa sévérité et son manque de tact. Il participa
aussi à l’expédition d’Italie.
[12]
Le convoi arriva à destination grâce à la détermination des
légionnaires de la 3° compagnie, ces derniers ayant fixé à Camerone
une importante armée mexicaine. Pour en savoir plus,
cliquez ici !
[13]
Ce dernier se réfugia tout au nord du Mexique, non loin de la
frontière américaine.
[14]
L’objectif, pour Napoléon III, était de compenser le rôle joué par
la France lors de la campagne d’Italie, afin de resserrer l’alliance
avec l’Autriche.
[15]
Né en février 1811, Bazaine, ayant échoué au concours de l’école
polytechnique, décida de s’engager comme simple soldat au 37°
régiment de ligne. Rejoignant la Légion étrangère un peu plus tard,
il participa aux guerres carlistes en Espagne (années 1830.), puis
combattit en Crimée et en Italie.
[16]
Plusieurs régiments de l’US army prirent ponctuellement part aux
combats.
[17]
Le travail des enfants de moins de 8 ans était interdit ; les
enfants de 8 à 12 ans ne devaient pas travailler plus de 12 heures
par jour ; de douze à seize ans, la journée de 12 heures était
autorisée, à condition qu’elle soit entrecoupée de plusieurs temps
de repos. Pour en savoir plus sur la loi sur le travail des enfants,
voir le 2, section I, chapitre quatrième, la monarchie de Juillet.
[18]
Rappelons que la grève était interdite depuis la Révolution
française, en vertu de la loi Le Chapelier (adoptée en juin 1791.).
Pour en savoir plus sur l’adoption de ce texte, voir le 2, section
I, chapitre troisième, la Révolution française.
[19]
A noter que la loi le Chapelier, outre le droit de grève,
interdisait aussi les syndicats. Ces derniers, bien que tolérés sous
le second Empire, ne furent définitivement reconnus qu’en 1884.
[20]
Pour en savoir plus sur les journées de juin, voir le 3, section II,
chapitre troisième, la seconde république.
[21]
Marx naquit à Trèves en mai 1818 (la cité étant alors sous
domination prussienne.). Publiant plusieurs journaux rapidement
censurés par le gouvernement, le jeune homme se rendit à Paris suite
à la révolution de 1848. Toutefois, chassé de la capitale suite à la
manifestation de juin 1849, Marx s’installa à Londres, où il résida
jusqu’à la fin de ses jours. Ce dernier écrivit deux ouvrages
majeurs, le Manifeste du parti communiste (1848.) et Le
Capital (1867.).
[22]
Michel Bakounine (de son vrai nom Mikhaïl Aleksandrovitch
Bakounine.) naquit en Russie en mai 1814. Ce dernier, quittant
très tôt son pays natal, participa à de nombreuses insurrections à
travers l’Europe. Bakounine, n’ayant jamais hésité à donner de sa
personne, s’éteignit en juillet 1876, sans jamais avoir eu le temps
de coucher ses idéaux sur le papier.