1° Des élections défavorables au
gouvernement – Les électeurs français, qui avaient été appelés à élire
les nouveaux députés courant avril, furent convoqués à de nombreuses
reprises au cours de la seconde moitié de l’année 1848.
Les élections municipales, qui se déroulèrent en juillet, ne furent pas une
réussite pour le gouvernement. Ainsi, les électeurs portèrent au pouvoir
plus de 30 000 maires (sur 65 000 au total.), qui avaient été écartés suite
à la révolution de 1848, en raison de leur soutien à la monarchie de
Juillet.
Les élections cantonales, organisées à la fin août, furent le reflet d’un
mécontentement général, en grande partie lié à l’impôt des 45 centimes (le
gouvernement ayant chargé l’armée de percevoir les taxes.).
Le
17 septembre 1848, des élections législatives complémentaires furent
organisées, une quinzaine de sièges étant à pourvoir au sein de l’assemblée.
Le
résultat fut un nouveau revers pour le gouvernement, car plusieurs
monarchistes furent élus, ainsi que Louis Napoléon Bonaparte (qui,
suite à son élection, décida cette fois de siéger.).
Louis Napoléon Bonaparte.
Le
général Cavaignac, sachant que les précédentes élections n’avaient pas été
favorables au gouvernement, décida alors de procéder à un remaniement
ministériel en date du 15 octobre.
L’objectif de Cavaignac était de se rapprocher du puissant parti de l’ordre,
faisant rentrer au gouvernement plusieurs membres de ce mouvement.
2° L’élection présidentielle (décembre 1848) – Le 4
novembre 1848, la nouvelle constitution fut adoptée par les parlementaires.
La prochaine assemblée compterait 750 représentants élus pour trois ans, et
le pouvoir exécutif serait délégué à un citoyen élu pour quatre ans.
Ainsi, suite au vote de la nouvelle constitution, cette dernière fut lue au
peuple, et officiellement proclamée. Par ailleurs, l’élection présidentielle
fut fixée au 10 décembre 1848.
Allégorie de la fraternité entourée
des partisans du suffrage universel, vers 1848, musée Carnavalet,
Paris (l'on reconnait notamment Thiers et Barbès se donnant la main,
derrière eux Proudhon, Ledru-Rollin à droite, Louis Napoléon accoudé à la
statue).
Au
final, six candidats se présentèrent aux élections présidentielles de
décembre 1848 : le général Cavaignac, soutenu par les républicain
modérés ; Louis Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon I° ; Alexandre Auguste Ledru-Rollin, républicain d’extrême gauche (il
promettait l’abolition de la quasi-totalité des impôts.) ; Alphonse de
Lamartine, républicain de la veille mais modéré ; François Vincent
Raspail, meneur socialiste emprisonné suite à l’insurrection de mai
1848 ; enfin, le général Nicolas Anne
Théodule Changarnier,
légitimiste.
Alexandre Auguste
Ledru-Rollin, Alphonse de Lamartine, François Vincent Raspail et Nicolas
Changarnier.
Toutefois, Raspail et Changarnier faisaient figure d’inconnus ; Cavaignac,
Ledru-Rollin et Lamartine, quant à eux, n’étaient guère appréciés depuis la
répression féroce des émeutes de mai et juin 1848.
Louis Napoléon Bonaparte, au contraire, partait avec l’avantage de porter un
nom particulièrement célèbre et resté –en bien ou en mal- dans toutes les
mémoires.
Ainsi, les membres du parti de l’ordre décidèrent de s’allier avec Bonaparte
et de soutenir ce candidat. En effet, non seulement ce dernier était à leur
yeux plus à même de maintenir l’ordre ; en outre, certains conservateurs
considéraient que Bonaparte pouvait préparer la voie à une restauration.
Le
scrutin présidentiel se déroula comme prévu le 10 décembre, et consacra la
large victoire de Louis Napoléon Bonaparte. Ainsi, ce dernier recueillit à
lui seul 74,2% des suffrages, soit cinq millions et demi de voix.
Le
général Cavaignac, arrivé second, recueillait quant à lui environ 20% des voix.
Les autres candidats, quant à eux, atteignirent à peine la barre symbolique
des 5% : Ledru-Rollin, 5% (avaient voté pour lui les grandes villes et le
Midi.) ; Raspail, 0,5% ; Lamartine, 0,3%, Changarnier, 0,05%.
Bien que ne nombreux Français aient voté pour un nom plus que pour un homme,
la victoire de Louis Napoléon Bonaparte était néanmoins incontestable.
Ce
dernier, premier président de la république élu au suffrage universel,
bénéficiait d’un très large électorat : s’appuyant sur une large base
rurale, il avait aussi recueilli les suffrages des classes modestes comme
ceux des classes aisées.
Au
final, la grande force de Bonaparte fut de porter un nom auréolé de gloire,
garant aussi bien de l’ordre que des acquis de la révolution de 1789.
|