1° Lamartine défend le drapeau
tricolore – Au petit matin du 25 février 1848, comme il n’y avait plus
ni police ni armée, le gouvernement provisoire décida de créer la garde
nationale mobile, organisation militaire à la durée de vie éphémère.
Toutefois, dans l’après midi, une centaine d’hommes armés pénétrèrent dans
l’Hôtel de Ville, réclamant à cor et à cri l’adoption du drapeau rouge.
Alphonse de Lamartine, membre du gouvernement provisoire, monta alors
sur une chaise et prononça un discours improvisé. Ce dernier,
vraisemblablement soucieux de ne pas commettre les mêmes erreurs que les
révolutionnaires de 1789, annonça son désir de conserver le drapeau
tricolore : conservons avec respect, citoyens, le drapeau tricolore qui a
fait le tour du monde avec la république et l’Empire, avec nos libertés et
nos gloires.
Lamartine repoussant le drapeau rouge, à l'Hôtel de ville, le 25
février 1848, par Félix PHILIPPOTEAUX, XIX° siècle, musée CARNAVALET,
Paris.
2° Les réformes du gouvernement provisoire – Le
gouvernement provisoire n’attendit pas pour réformer la vie publique,
mettant en place de nombreux décrets dès le 25 février 1848.
a)
La création des ateliers nationaux (26 février 1848) : ainsi, sur
proposition de Louis Blanc, membre du gouvernement provisoire, les
ateliers nationaux furent instaurés le 26 février 1848. L’objectif était
de donner du travail aux chômeurs de Paris, pour une rémunération de 2
francs par jour.
Caricature de Louis Blanc, 1878 (la légende indique : "les vrais grands
hommes sont ceux qui ne gouvernent qu'après leur mort.").
L’organisation de ces ateliers fut alors confiée à Pierre Alexandre
Thomas Amable Marie de Saint-Georges (dit Marie.), ministre des
Travaux publics. Les ouvriers participant au programme furent alors chargés
de réaliser des travaux non spécialisés, souvent du terrassement.
b)
La création de la commission du travail (28 février 1848) : Le 28
février, des centaines de manifestants se rendirent sous les murs de l’Hôtel
de ville, réclamant la création d’un ministère du Travail (sous l’égide de
Louis Blanc.), afin de faire face au taux de chômage important et à la
baisse du pouvoir d’achat.
Toutefois, les ministres étant mitigés face à la création d’un tel
ministère, Louis Blanc étant connu pour ses idéaux socialistes. En effet, ce
dernier souhaitait nationaliser les chemins de fer, les usines et les
banques, afin d’écarter le patronat et augmenter le niveau de vie des
ouvriers.
Finalement, alors que Blanc menaçait de quitter le gouvernement, il fut donc
décidé de mettre en place une commission du travail. Cette dernière
serait ainsi présidée par Louis Blanc et Alexandre Martin (dit
l’ouvrier Albert, autre membre du gouvernement.), nomme vice-président.
Toutefois, la commission du travail n’eut jamais les moyens de ses
ambitions, et se cantonna à un rôle d’arbitre, réglant les conflits opposant
le corps ouvrier et le patronat.
c)
Une série de réformes sociales (février à avril 1848) : le 29
février, alors que la foule évacuait peu à peu l’Hôtel de ville, le
gouvernement provisoire décida d’abolir les titres de noblesse dans les
actes publics, et une répartition plus équitable des impôts fut annoncée
(mais en attendant, ces derniers devaient être payés sans exception.).
Le
2 mars, le suffrage universel masculin fut rétabli
(à noter toutefois que les femmes et les autochtones d’Algérie n’avaient pas
le droit de vote.). Il fut en outre décidé que les bulletins seraient
imprimés et le scrutin secret. Enfin, les élections prévues pour le mois
d’avril ne se dérouleraient pas en deux tours mais en un seul.
Le
corps électoral, grâce à l’établissement du suffrage universel, passa en
1848 de 250 000 à plus de 9 millions.
Le
même jour, la durée du travail fut abaissée, passant de 11 à 10 heures par
jour dans la capitale, et en province de 12 à 11 heures.
Le
4 mars, alors qu’une commission était mise en place en vue de préparer un
décret d’abolition de l’esclavage, les libertés de presse et de réunion
furent restaurées.
Très rapidement, de nombreux journaux furent publiés, et les clubs
politiques ne tardèrent pas à se multiplier.
Proclamation de l'abolition de l'esclavage, le 23 avril 1848,
par BIARD, milieu du XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.
Le
8 mars, le recrutement au sein de la Garde nationale fut ouvert à
tous les citoyens. Toutefois, cette décision ne fut pas au goût de nombreux
gardes nationaux, les membres de cette organisation ayant toujours recrutés
au sein de la bourgeoisie.
Shako et tunique de la Garde nationale, 1848-1851,
musée des Invalides, Paris.
Le
12 mars, les peines corporelles furent abolies dans la marine ; le 12 avril,
la peine de l’exposition publique fut supprimée ; le 18 avril, l’impôt sur
le sel fut abrogé.
Toutefois, si de nombreuses réformes furent votées en l’espace de quelques
mois, les républicains les plus radicaux furent marris de constater que le
personnel politique de la monarchie de Juillet ne fut guère inquiété (Guizot
se réfugia en Angleterre pendant quelques mois, puis s’installa dans une
ancienne abbaye cistercienne en Normandie.), Thiers continua à mener une vie
politique active, etc.
Par ailleurs, les représentants du comité des droits de la femme, qui
demandèrent le 22 mars si les femmes accèderaient un jour au droit de vote,
furent congédiés sèchement par les membres du gouvernement.
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