1°
La bataille de Verdun (février à décembre 1916) – Le
général von Falkenhayn, chef de l’Etat-major allemand, élabora une nouvelle
stratégie en début d’année 1916.
Ce
dernier, s’appuyant sur la supériorité de l’artillerie lourde allemande,
décida d’engager la France dans une guerre d’usure, destinée à épuiser les
forces de l’ennemi.
a)
Stratégies allemandes et françaises : von Falkenhayn, après avoir
hésité à attaquer Belfort, préféra toutefois lancer une grande offensive sur
Verdun. En effet, la position française se trouvait dans un saillant,
entourée par Sainte-Menehould et Saint-Mihiel, ce qui permettrait donc aux
armées allemandes d’attaquer sur trois côtés.
Par ailleurs, cette zone comptait 14 voies ferrées et de bonnes routes,
alors que pour atteindre Verdun, les Français ne disposaient que d’un petit
chemin de fer et une route en mauvais état.
L’objectif de l’Etat-major allemand était donc de percer la ligne de front
ennemie à Verdun, où du moins d’y fixer les Français afin de les noyer sous
un intense déluge d’artillerie.
Côté français, le général Joffre se souciait peu de la ligne de front de
Verdun. Début janvier 1916, des avions français survolèrent la zone,
constatant les préparatifs allemands en vue d’un assaut de grande envergure.
Mais à cette époque, Joffre préparait ses troupes pour une grande offensive
dans la Somme, et croyait que l’attaque sur Verdun n’était qu’une diversion
destinée à masquer une contre-attaque en direction d’Amiens.
Ainsi, en début d’année 1916, Verdun n’était pas considéré comme une ligne
de front de première importance. Les effectifs y étaient réduits ; l’on y
comptait moins de tranchées qu’ailleurs[1] ;
les forts de Verdun étaient désarmés ; enfin, les barbelés étaient en
mauvais état.
b)
Première offensive allemande sur Verdun (21 au 26 février 1916) :
l’offensive allemande débuta le 21 février 1916 au matin. Pendant plusieurs
heures, un déluge d’obus lourds tombèrent sur les positions françaises[2]
(les Allemands surnommaient cette tactique le Trommelfeuer, le
« roulement de tambours. »).
Affiche de propagande allemande, vers
1916, musée des Invalides, Paris (la légende indique Helft uns siegen
!, ce qui signifie "Aidez-nous à gagner !").
Le
même jour, à 16 h45, les Allemands attaquèrent les positions ennemies,
pensant que les Français avaient subi de lourdes pertes suite au
bombardement.
Les Sturmtruppen, unité d’élite allemande, firent partie de la
première vague d’assaut[3].
Ces derniers, équipés de lance-flammes[4],
provoquèrent la panique dans les tranchées alliées, de nombreux soldats
étant terrifiés à l’idée de brûler vifs.
Soldats allemands manipulant un lance-flammes (ces
derniers sont plusieurs car les premiers modèles de lance-flammes étaient
trop lourds pour être manipulés par un seul homme).
Cependant, la progression des Allemands fut limitée, en raison d’un relief
bouleversé par les bombardements et difficilement praticable.
S’avançant inexorablement dans la ligne de front alliée, malgré la neige, le
froid, et la vive résistance des soldats français, les troupes germaniques
parvinrent à s’emparer du fort de Douaumont le 25 février, alors défendu par
une soixantaine d’hommes.
Le fort de Douaumont.
Très rapidement, la forteresse devint le point central de la défense
allemande sur la rive droite de la Meuse.
Le
général de Langle de Cary, qui commandait, fut tenté de reculer, abandonnant
ainsi la Meuse aux Allemands. Cependant, Joffre envoya en renfort la II°
Armée du général Pétain, qui arriva à Verdun avant la fin du mois.
Bombardements allemands sur Verdun.
c)
Le général Pétain réorganise la ligne de front (fin février 1916) :
le général Pétain, recevant le commandement du secteur de Verdun, décida
rapidement de réorganiser les défenses françaises.
Képi, tunique et revolver du général
Pétain, musée des Invalides, Paris.
Ainsi, les soldats furent redéployés sur les deux rives de la Meuse,
accompagnés d’un renfort d’artillerie dans la mesure des disponibilités. Les
forts autour de Verdun, peu défendus par les Français avant l’offensive
allemande, furent réarmés et renforcés. Par ailleurs, l’aviation fut
réorganisée, ayant pour mission de renseigner le commandement sur les
positions et les mouvements des Allemands.
Enfin, Pétain décida d’imposer le « tourniquet », relevant fréquemment les
troupes combattant à Verdun. Ainsi, à la fin de l’année 1916, l’on estime
que 70 des 95 divisions françaises avaient participé à la bataille[5].
A
l’arrière, Pétain réorganisa aussi la logistique. Les Allemands s’étant
emparés du saillant de Saint-Mihiel en septembre 1914[6],
seuls deux voies permettaient encore d’approvisionner Verdun en hommes,
nourriture et munitions : un chemin de fer à
voie étroite[7],
partant de Bar-le-Duc[8] ;
et une route départementale en mauvais état.
Comme la ligne de chemin de fer, fragile et tortueuse, ne permettait pas de
transporter du matériel lourd, Pétain décida de rénover et d’utiliser la
route départementale.
Ouvrant des carrières dans les environs de Verdun, des civils furent chargés
d’empierrer la route en permanence, les cailloux étant aplatis par les
milliers de camions empruntant cette voie chaque jour.
La route vers Verdun.
Ainsi, afin de soutenir le front, Pétain fit transporter chaque semaine
90 000 hommes et 50 000 tonnes de munitions ; il fut interdit de stationner
sur la route (les camions en panne étaient poussés sur le bas-côté.) ; la
circulation ne devait être interrompue sous aucun prétexte, même en cas de
fortes pluies.
d)
Seconde offensive allemande sur Verdun (mars à avril 1916) : le
kronprinz Guillaume de Prusse (ce dernier était le fils de l’Empereur
Guillaume II.), à la tête de la V° Arméeallemande, était conscient
que les bombardements français gênaient la progression des ses troupes.
Ainsi, le 6 mars 1916, il reçut l’autorisation d’attaquer les deux rives de
la Meuse.
Le kronprinz Guillaume.
Sur la rive gauche, les Allemands procédèrent à un bombardement intensif sur
le village de Mort-Homme, puis attaquèrent cette position. Cependant, les
Français, appuyés par leur artillerie, tinrent bon.
Face au ravin de Chattancourt, musée de
l'Infanterie, Montpellier.
L’offensive sur la rive gauche se poursuivit jusqu’au 14 mars, mais ne
permit pas aux Allemands d’enfoncer les lignes françaises.
Par ailleurs, conjointement à leur offensive sur la rive gauche de la Meuse,
les Allemands attaquèrent aussi la rive droite, sur une ligne
Douaumont-Vaux-Aboucourt (7 mars 1916.).
La bataille de Verdun, l'offensive
allemande.
Cette attaque fut plus favorable aux troupes allemandes, qui parvinrent à
progresser jusqu’à Fleury, bombardant le fort de Souville.
Le
village de Fleury fut le théâtre de combats acharnés entre les deux
belligérants, pris et perdu une quinzaine de fois par les troupes
françaises. Au final, les Allemands restèrent maîtres des lieux, mais ils ne
parvinrent pas à progresser plus au sud.
Sur la rive gauche, les troupes allemandes parvinrent à prendre la côte 304
le 20 mars, menaçant désormais les soldats français combattant à Mort-Homme,
à quelques kilomètres à l’est. Sur la rive droite, les Allemands
s’emparèrent du village de Vaux début avril.
Verdun, chargement d'un mortier au lieu-dit "le Ravin de la Mort", Meuse,
décembre 1915, 1915, musée des Invalides, Paris.
De
nouveaux combats se déroulèrent jusqu’au début du mois de mai 1916, pour des
résultats insignifiants côté allemand.
Pétain, constatant les énormes pertes, demanda des renforts au général
Joffre. Cependant, ce dernier préparant son offensive sur la Somme, préféra
refuser. En outre, il confia le commandement de la II° Armée au général
Robert Georges Nivelle[9],
Pétain étant jugé comme trop « défensif. »
Le général Robert Nivelle.
e)
Troisième offensive allemande sur Verdun (juin à juillet 1916) :
début juin 1916, von Falkenhayn savait que Joffre préparait une offensive
sur la Somme. Le général allemand décida alors de lancer une grande
offensive sur la rive droite de la Meuse, visant les forts de Vaux et de
Souville, afin d’affaiblir autant que possible l’armée française.
Les Allemands, grâce à une forte supériorité numérique, parvinrent à prendre
le fort de Vaux le 2 juin, diffusant des gaz toxiques dans les souterrains
afin d’éliminer les dernières poches de résistance.
Le fort de Vaux.
Ayant pris cette forteresse, le moral des Allemands monta en flèche. Ces
derniers, sur la rive gauche, lancèrent quatre assauts infructueux contre
Mort-Homme ; sur la rive droite, les troupes germaniques attaquèrent les
derniers ouvrages protégeant Verdun : Froideterre, le village de Fleury et
le fort de Souville.
Le fort de Souville suite aux
bombardements allemands.
Le
18 juin, cette forteresse fut bombardée par des obus au phosgène, un
gaz plus mortel que le chlore, incolore, mais ne tuant les contaminés que 24
heures après l’exposition[10].
Cependant, les Allemands cessèrent leur assaut, étant contraints d’attendre
que le gaz soit dissipé. Les Français, au contraire, mirent ce temps à
profit pour renforcer la position, y installant de nombreux canons de 75.
Ce
court répit permit au général Nivelle de stopper la progression allemande.
Ainsi, les Allemands lancèrent un nouveau bombardement contre le fort de
Souville le 11 juillet ; mais les Français, s’appuyant sur leur artillerie,
parvinrent à repousser l’ennemi. Le lendemain, constatant que la forteresse
ne tomberait pas, Falkenhayn décida de faire reculer ses troupes.
f)
Fin de la bataille de Verdun, le bilan (été à hiver 1916) : le 1er
juillet 1916, le général Joffre avait lancé son offensive sur la Somme,
préparée depuis maintenant plusieurs mois.
L’Etat-major allemand, afin de faire face à cette attaque, décida donc de
prélever des troupes et de l’artillerie à Verdun, compromettant l’idée d’une
victoire dans ce secteur.
Soucieux de profiter de cet avantage, Nivelle décida de lancer une offensive
à la fin octobre 1916, qui fut un franc succès. Les Français, bénéficiant
désormais d’une artillerie lourde, bombardèrent intensivement les positions
ennemies ; les Allemands, gazés au phosgène, furent contraints d’évacuer le
fort de Douaumont le 23 octobre ; le 3 novembre, le fort de Vaux fut
reconquis par les troupes françaises. Ces dernières, continuant leur
progression, enfoncèrent le front ennemi de trois kilomètres.
A
la mi-décembre 1916, les Allemands reculèrent sur la rive droite de la
Meuse, s’établissant sur une ligne Louvremont-Bezonvaux-Damloup.
La bataille de Verdun, l'offensive
française.
La
bataille de Verdun fut un des affrontements les plus meurtriers de la
première guerre mondiale. Pour une progression d’environ cinq kilomètres
dans les lignes ennemies, les Allemands avaient perdu près de 380 000 hommes
(soit 143 000 tués et 236 000 blessés.).
Cadavres allemands sur le champ de
bataille de Verdun, 1916.
Les Français, subissant de plein fouet l’offensive allemande, déploraient
quant à eux la perte de 62 000 hommes (plus 101 000 disparus.) et 215 000
blessés.
La
bataille de Verdun est aujourd’hui considérée comme l’affrontement
symbolisant le mieux la Grande guerre : de par son ampleur (pertes humaines
colossales, moyens déployés, etc.), mais aussi parce que près de 80% des
« poilus » y ont combattu.
A
noter enfin que le général Pétain lança une nouvelle offensive à Verdun en
août 1917, bombardant les positions ennemies d’obus à gaz[11].
Les Français, lançant l’assaut, parvinrent ainsi à reprendre à l’ennemi la
côte 304 ainsi que Mort-Homme.
Néanmoins, si la ligne de front ne bougea guère jusqu’en 1918, d’incessants
combats se poursuivirent à Verdun jusqu’à la fin de la Grande guerre.
2° La bataille de la Somme (24
juin au 18 novembre 1916) – Comme nous l’avons vu
précédemment, le général Joffre préparait une offensive sur la Somme depuis
le début de l’année 1916. Son objectif était de percer la ligne ennemie,
afin de marcher sur l’axe de communication Cambrai-Le Cateau-Maubeuge.
Par ailleurs, l’Etat-major français, qui au début de la guerre se trouvait
en état d’infériorité par rapport à l’ennemi concernant l’artillerie lourde[12],
rattrapait peu à peu son retard depuis le début de l’année 1916.
Joffre, s’appuyant sur la VI° Armée du général
Marie Emile Fayolle[13],
et sur la X° Armée du général Joseph
Alfred Micheler[14],
comptait en outre 1 400 pièces d’artillerie (dont 700 canons lourds.), plus
un millier de mortiers.
Les généraux Marie-Emile Fayolle et
Joseph Michelet.
Par ailleurs, la ligne de front était aussi défendue par le corps
expéditionnaire britannique,
comptant un millier de pièces d’artillerie (à noter que le Royaume Uni avait
décidé de mettre en place la conscription en janvier 1916[15].).
Affiches de propagande anglaises, musée
des Invalides, Paris (il est écrit sur l'affiche de gauche : "L'Empire à
besoin d'hommes ! Les Etats d'outre-mer. Tous répondent à l'appel. Aidé par
les jeunes lions, le vieux lion défie ses ennemis. Engagez vous.")
a)
L’offensive franco-britannique de juillet 1916 : le bombardement
massif des positions allemandes débuta le 24 juin 1916, et dura jusqu’au 27
(le bombardement fut interrompu du 28 au 30 pour cause de mauvais temps.).
Cependant, le pilonnage des lignes ennemies reprit brièvement à l’aube du 1er
juillet, l’artillerie atteignant une cadence de 3 500 coups tirés par minute[16].
Suite à cet intensif bombardement, le général
Douglas Haig[17](qui avait remplacé French.) donna
l'assaut. Cependant, comme
le terrain était difficilement praticable, et que l’Etat-major britannique était
convaincu que les Allemands ne seraient pas en mesure de résister, l’ordre
fut donné de marcher au pas afin de ne pas rompre les rangs.
Le général Douglas Haig.
Mais l’ennemi était toujours en état de se battre ; ainsi, armant leurs
mitrailleuses, les Allemands firent des ravages sur les troupes anglaises.
En l’espace de quelques heures, les Britanniques perdirent 60 000 hommes,
dont de nombreux officiers (soit 20 000 tués et 40 000 blessés.).
Malgré les importantes pertes côté anglais, les Français parvinrent à
progresser plus rapidement, avançant de 10 kilomètres dans les lignes
ennemies.
Soldats observant les positions ennemies,
musée de l'Infanterie, Montpellier.
Les troupes françaises parvinrent ainsi à s’emparer à la mi-juillet du
plateau de Flaucourt, menaçant Péronne ; en outre, elles prirent à l’ennemi
85 canons, 26 mortiers, 100 mitrailleuses, et firent 12 000 prisonniers
(dont 235 officiers.).
b)
Suite et fin de la bataille de la Somme (août à novembre 1916) :
l’Etat-major allemand, affolé par l’offensive française, décida de retirer
35 divisions de Verdun afin de renforcer la ligne de front sur la Somme.
La première bataille de la Somme.
Mais malgré l’arrivée de ces renforts, les alliés parvinrent encore à
progresser de quelques kilomètres jusqu’en fin d’année 1916 : ainsi, les
Britanniques parvinrent à s’installer sur une ligne Pozières-Longueval-Guillemont
(au sud-ouest de Bapaume.) courant juillet ; à la mi-septembre, s’appuyant
sur les chars de combat Mark I (nommés
tanks[18]en anglais.), qui causèrent la panique
sur le front ennemi[19],
les Britanniques s’emparèrent des villages de Courcelette, Martinpuich et
Flers ; le 26 septembre, les Français s’emparèrent de Combles, point
stratégique situé à mi-chemin entre Bapaume et Péronne.
Char de combat Mark I.
Finalement, l’hiver arrivant et la pluie commençant à tomber, les combats
prirent fin le 18 novembre 1916.
c)
Bilan de la bataille de la Somme : à l’issue de la bataille, les
alliés étaient parvenus à progresser de 12 kilomètres au nord de la Somme,
et de 8 kilomètres au sud (soit environ 180 km² de terrain.). Par ailleurs,
l’artillerie lourde et les chars de combats avaient impressionné, voire
découragé les Allemands, qui ne s’attendaient pas à une offensive d’une
telle ampleur.
Cependant, la percée tant attendue par Joffre n’avait pas eu lieu ; en
outre, Bapaume et Péronne étaient toujours entre les mains de l’ennemi.
Ces résultats en demi-teinte avaient été très couteux en vies humaines :
40 000 morts, 26 000 disparus et 135 000 blessés pour les Français ; 120 000
morts, 80 000 disparus et 220 000 blessés côté britannique. Les Allemands,
quant à eux, déploraient la perte de 435 000 hommes, dont au moins 170 000
tués.
A
noter que von Falkenhayn, suite aux échecs allemands à Verdun et sur la
Somme, fut disgracié le 28 août 1916. Guillaume II céda alors la place
vacante au général Paul von Hindenburg, secondé par Erich Ludendorff
(rappelons que ces derniers avaient remporté plusieurs victoires sur le
front est.).
Guillaume II, au centre, entouré par von
Hindenburg (à gauche) et Ludendorff (à droite).
3° Le Portugal entre en guerre (février à août 1916) – Le
Portugal, bien qu’étant allié avec l’Angleterre depuis les guerres
napoléoniennes, avait décidé de rester neutre lors du déclenchement de la
Grande guerre.
Cependant, le gouvernement allemand connaissant les liens économiques
unissant les deux nations, et plusieurs navires portugais en partance pour
l’Angleterre furent donc torpillés dans le cadre de la guerre sous-marine[20].
Ainsi, en février 1916, suite à une demande britannique, le gouvernement
portugais décida de saisir tous les navires allemands mouillant dans les
ports du pays. Cependant, ce coup de force ne fut pas au goût du
gouvernement allemand, qui déclara la guerre au Portugal le 9 mars.
Le
président de la république portugaise, Bernardino Machado, recevant
l’aval du Parlement portugais, décida alors de prendre une part active au
conflit.
Au
cours de l’été 1916, le corps expéditionnaire portugais fut mis sur
pieds, rejoignant à l’automne les principaux théâtres d’opération (France,
Grèce, Mozambique.).
A
noter cependant que le corps expéditionnaire portugais fut intégré au corps
expéditionnaire britannique dès janvier 1917.
4° Le remaniement ministériel du
gouvernement Briand entraîne l’éviction de Joffre (25 décembre 1916)
– Malgré un bilan militaire plutôt satisfaisant pour l’année 1916 (le
front avait été tenu à Verdun, l’offensive sur la Somme avait permit aux
alliés de progresser de plusieurs kilomètres, l’offensive russe avait épuisé
les austro-hongrois[21].),
de nombreux politiques déploraient les pertes colossales subies par l’armée
française.
Le front ouest (1915 à 1916).
Briand, se sentant menacé, décida alors de procéder à un remaniement
ministériel le 26 décembre 1916, se rapprocha du général
Louis Hubert Lyautey[22],
qui fut nommé ministre de la Guerre.
Le colonel Lyautey.
Par ailleurs, Viviani fut confirmé au ministère
de la Justice, Malvy à l’Intérieur, Ribot aux Finances, et Doumergue aux
Colonies.
Mais Lyautey, ennemi de Joffre, décida de retirer à ce dernier sa charge de
commandant en chef des armées. En effet, non seulement les offensives de
1916 n’étaient que des demi-succès meurtriers ; en outre, Joffre et son
culte de l’offensive avaient entrainé une querelle avec le commandement
anglais (rappelons que les pertes britanniques suite à la bataille de la
Somme étaient désastreuses.).
Ainsi, le commandement fut confié au général Nivelle le 15 décembre ;
Joffre, quant à lui, fut écarté mais reçut en compensation le titre de
maréchal de France (20 décembre 1916.).
A
noter enfin que François-Joseph, Empereur d’Autriche, mourut le 21 novembre
1916. Ce dernier cédait sa couronne à son petit-neveu, Charles I°[23],
lui confiant un Empire en pleine crise.
Charles I°, Empereur d'Autriche, Le Monde Illustré, N° 3001,
26 juin 1915.
Ainsi, afin de mettre un terme à la Grande guerre, Vienne proposa la mise en
place d’une conférence internationale. Ces pourparlers, sur la base d’une
« paix blanche[24] »,
accorderaient à chaque nation les frontières d’avant-guerre.
Cependant, cette proposition autrichienne fit long feu, étant rejetée par la
France, l’Angleterre et les Etats-Unis.
5° Une armée française sur la voie
de la modernisation (1916) – Il est de coutume de dire que
si au début de la Grande guerre, l’armée française sentait le foin et
l’avoine, à partir de 1916, elle commença à avoir une odeur de pétrole.
En
effet, suite à l’adoption de la tenue bleu horizon, première étape de la
modernisation de l’armée, le gouvernement et l’Etat-major français
parvinrent à donner une nouvelle impulsion au conflit grâce à un efficace
programme d’armement.
Dessin humoristique caricaturant le programme d'armement français (la
légende indique : "Il faut un déluge de munition", ça veut dire aux
usines : En avant arche !), Le Monde Illustré, N°
3001, 26 juin 1915.
a)
Modernisation des armes de poing : au début de la guerre, comme
nous l'avons vu plus tôt, l’armée
française avait à sa disposition deux types de mitrailleuses. La Saint
Etienne modèle 1907 T, et la Hotchkiss modèle 1914. Cependant,
ces armes étaient peu répandues, l’on en comptait seulement 5 100.
Mitrailleuse Saint Etienne modèle 1907 T,
musée des Invalides, Paris.
A
compter de l’année 1916, la production de mitrailleuses prit de l’ampleur,
et en 1918, l’on comptait 60 500 Hotchkiss 14 et Saint Etienne 07.
Par ailleurs, en septembre 1916, le fusil-mitrailleur Chauchat modèle
1915 commença à être diffusé au sein de l’armée française (il avait été
conçu en 1915, d’où son nom.). Cette arme, dotée d’une cadence de 500 coups
à la minute, fut produite à 280 000 exemplaires entre 1915 et 1918.
Fusil-mitrailleur Chauchat modèle 1915,
musée de l'Infanterie, Montpellier.
Le
lance-flammes, invention allemande ayant fait son apparition sur le champ de
bataille à Verdun, fut récupéré par les ingénieurs français qui conçurent
plusieurs prototypes.
Dans un premier temps, ces derniers conçurent un engin de 250 kilos, le
L1, intransportable, mais lançant des flammes sur une vingtaine de
mètres.
En
1915, sortirent des usines le L1bis, le L2, le L3
(chaque modèle diminuant en poids.), puis en 1916 le L3bis. Ce
dernier, pesant 32 kilos et doté d’une portée de 25 mètres, fut distribué
dans de nombreux régiments.
En
1917, le Chauchat modèle 17[25],
premier fusil semi-automatique de l’armée française, commença à être
distribué aux armées (l’on comptait 120 000 exemplaires de cette arme en
1918.).
b)
Modernisation des canons : en 1914, comme nous l’avons vu
précédemment, l’armée française disposait de 3680 canons de 75, contre
seulement 308 canons lourds.
Canon de 37 mm TR Hotchkiss modèle 1916,
musée des Invalides, Paris.
Ainsi, en cours d’année 1916, la production de canons lourds s’intensifia au
sein des usines françaises.
Le
tableau ci-dessous vous permettra de mieux constater cette multiplication de
l’artillerie lourde.
Nombre de canons en activité
entre 1914 et 1918
1914
1915
1916
1917
1918
Canons de 75
3680
3500
4500
58900
Canons de 220 modèle 1880/91
14
100
306
Canons de 270 de côte modèle 1889
0
12
24
68
80
Canons de 370 Filloux
0
0
10
Canons de 400 modèle 1915
0
0
8
Canons de 520 modèle 1916
0
0
0
0
2
c)
Modernisation des grenades et mortiers : au début de la guerre, les
Français n’étaient pas équipés de grenades. Ces dernières commencèrent à
être diffusées en cours d’année 1915, mais elles étaient artisanales et
difficiles à manipuler.
L’on pouvait trouver dans les tranchées deux principaux modèles, les
grenades à mèches (il fallait allumer la mèche puis la lancer, chose
difficile par temps de pluie.), et les grenades à percussion (ces
dernières s’armaient en cognant le percuteur, mais pouvaient exploser dans
la main du soldat.).
Ainsi, les premières grenades à goupilles à corps quadrillé, plus
sûres et causant plus de dégâts, furent distribuées aux soldats en cours
d’année 1916.
L’on vit aussi apparaitre à la même date le tromblon Vivien-Bessière,
se plaçant au sommet du canon du Lebel[26],
capable de propulser une grenade à fusil à plus de 180 mètres.
Au
final, alors que l’armée française ne disposait par de grenades en 1914,
elle en comptait 150 millions en 1918.
Grenades cylindriques, musée de
l'Infanterie, Montpellier.
Quant aux mortiers, ces derniers, au début du conflit, étaient plus que
rudimentaires. L’Etat-major français, pris de court, avait décidé de
remettre en service de vieux mortiers lisses en bronze de 15 cm modèle
1838, datant de Louis Philippe I°[27].
Par ailleurs, les militaires confectionnèrent des armes de bric et de broc
au début de l’offensive. C’est ainsi qu’apparu le
mortier Cellerier[28]
à l’automne 1914 : il s’agissait d’une douille d’obus allemand fixée sur un
sabot de bois, chargée de poudre noire, servant à propulser un projectile de
fortune (il s’agissait de bombes composées d’explosifs, de clous et de
débris métalliques.).
Mortier Cellerier.
Une fois de plus, c’est à partir de l’année 1916 que les mortiers se
multiplièrent. Ainsi, alors que l’armée française ne disposait que de 50
mortiers 58T N°2[29]
en début d’année 1915, elle en compta 779 en 1916, 1268 en 1917, et 1766 en
1918.
Le
mortier 240 LT.[30]
modèle 1916, bien plus puissant (il
pouvait envoyer des bombes de 80 kilogrammes sur une distance comprise en
300 et 600 mètres.), fut diffusé à 242 exemplaires en 1917 (l’on en comptait
266 en 1918.).
Mortier 58 T (à gauche) et mortier 240 LT
(à droite).
d)
Modernisation des véhicules et de l’équipement : en ce qui concerne
l’équipement et les véhicules, l’année 1916 marqua ici aussi une nette
impulsion.
Ainsi, alors que l’armée française disposait de 170 avions en 1914, elle en
comptait 3 600 en 1918 ; la production des chars de combat Schneider,
Saint Chamond et F17 Renault, inexistante au début de la guerre,
s’élevait à 5 300 en 1918 (à noter que 2 300 chars seulement furent intégrés
à l’armée, les engins restants étant distribués aux alliés.).
Char Renault F17, musée des Invalides,
Paris.
Dans un même ordre d’idées, alors que l’on comptait 50
récepteurs radio[31]
en 1914, l’on en comptait 28 000 en 1918 ; pour 2 000
téléphones[32]
en 1914, il en existait 200 000 au sein de l’armée en 1918.
6° Le front est (janvier à
décembre 1916) – Depuis l’offensive allemande menée
courant 1915, l’armée russe s’était repliée sur une ligne Riga-Dvinsk-Câmpulung.
a) L’offensive du lac Naroch (mars à avril 1916) : suite à ces
multiples revers, Nicolas II décida de lancer une nouvelle offensive contre
les lignes allemandes.
Cependant, le tsar connaissant les faiblesses de son armée, il décida
d’attaquer la région du lac Naroch, où 350 000 Russes faisaient face à
75 000 Allemands.
A
la mi-mars 1916, les positions ennemies furent bombardées, mais l’artillerie
russe étant imprécise, les Allemands ne subirent presque pas de pertes.
Lançant l’offensive, l’Etat-major russe commit l’erreur de faire avancer ses
troupes en petit groupes, qui furent décimés par les mitrailleuses
allemandes.
Les Russes, déplorant d’importantes pertes (près de 120 000 hommes.), ne
parvinrent pas à progresser bien loin ; par ailleurs, le territoire durement
gagné fut perdu dès la première contre-attaque ennemie.
Les Allemands, bien qu’ayant perdu 20 000 soldats, restaient maîtres du
terrain à la fin du mois d’avril 1916.
b) L’offensive Broussilov (juin à octobre 1916) : suite à l’offensive
du lac Naroch, qui s’était soldée sur un échec patent, Nicolas II décida de
confier le commandement de l’armée au général
Alekseï Alekseïevitch Broussilov[33]
(ce dernier avait lancé une offensive victorieuse en Galicie courant 1914.).
Le
nouveau chef d’Etat-major, sachant que l’armée autrichienne était moins
dangereuse que son homologue allemande, mais aussi afin de soulager la
pression sur l’Isonzo[34],
décida de lancer une grande offensive sur les positions austro-hongroises.
Le
4 juin, les Russes commencèrent à bombarder les positions ennemies, sur un
front de 300 kilomètres. Puis, les soldats reçurent l’ordre d’attaquer.
Globalement, l’offensive fut un succès pour les Russes : au nord, ces
derniers parvinrent à progresser d’environ 50 kilomètres au sud-est de la
Pologne, s’emparant de Lutsk, et faisant 200 000 prisonniers ; au sud,
l’armée tsariste parvint à avancer d’une centaine de kilomètres d’ici le
mois d’août 1916.
Le front est (été 1916).
Cependant, les Russes furent bloqués au centre, en Galicie, faisant face à
des troupes allemandes.
Von Hindenburg, commandant en chef du front est, demanda aux Autrichiens de
rapatrier des troupes de l’Isonzo afin de les envoyer sur le front est.
Ainsi, grâce à ses renforts, les troupes austro-allemandes parvinrent à
tenir leurs positions, empêchant Broussilov d’avancer.
Début octobre, l’offensive russe prit fin. Les progrès effectués par l’armée
russe n’étaient pas négligeables, mais les pertes étaient très lourdes :
500 000 Russes (tués, blessés et disparus.), 1.5 millions d’Autrichiens
(dont 400 000 prisonniers.), et 350 000 Allemands.
7° Le front d’Orient (janvier à
décembre 1916) – Suite à l’échec de l’offensive aux
Dardanelles, les alliés s’étaient repliés vers Salonique, en Grèce. Tentant
de venir en aide aux Serbes, les Franco-britanniques avaient toutefois été
contraints de reculer à cause de l’armée bulgare.
a)
L’avenir du front d’Orient en question (début 1916) : pendant les
premiers mois de l’année 1916, France et Angleterre s’interrogeaient sur
l’avenir de cette armée d’Orient. En effet, les Britanniques préféraient se
retirer afin d’investir le Proche-Orient (et s’assurer de
l’approvisionnement en hydrocarbures.) ; au contraire, Aristide Briand,
contre l’avis de Joffre, préférait maintenir cette armée afin de soutenir
l’hypothétique entrée en guerre de la Roumanie.
Par ailleurs, Salonique fut la cible de bombardements allemands de janvier à
mars 1916, alors que la Grèce restait officiellement neutre.
b)
Un royaume de Grèce pris entre deux feux : en début d’année 1916, la
situation des alliés restait délicate, car la Grèce était à cette époque
divisée sur plusieurs importantes questions : fallait t’il entrer en
guerre ? Et si oui, quel camp rejoindre ?
Le
roi de Grèce, Constantin I°, appartenant à la famille des Oldenburg,
était d’origine danoise. Il avait épousé Sophie de Prusse en 1889,
sœur de Guillaume II.
Constantin I°, roi de Grèce.
L’Empereur allemand, afin de se rapprocher de la Grèce, avait décidé de
nommer Constantin maréchal à l’automne 1913, et lui avait donné le
commandement du 2° régiment d’infanterie du Nassau.
Cependant, la Grèce était un petit pays, recevant d’importantes aides de la
part de l’Angleterre, de la France et de la Russie (surtout depuis la
seconde guerre balkanique, qui avait opposé la Bulgarie, soutenue par
l’Allemagne, à la plupart des Etats voisins.). Ainsi, l’armée grecque était
depuis 1913 équipée et formée par des officiers français.
Du
fait de cette aide, le premier ministre Elefthérios Venizélos, était
favorable à une intervention aux cotés de la Triple-Entente depuis le
déclenchement de la Grande guerre (à noter que c’est Venizélos qui ouvrit
Salonique aux alliés en fin d’année 1915.).
Elefthérios Venizélos.
Constantin I°, n’ayant guère apprécié l’ouverture de Salonique aux troupes
franco-britanniques, décida alors de se rapprocher des Empires centraux au
printemps 1916.
Ainsi, le roi ordonna à ses troupes de ne pas s’opposer à une pénétration
bulgare en territoire grec, ce qui se produisit à la fin mai 1916. En
représailles, Paris et Londres ordonnèrent à Constantin de démobiliser son
armée ; en outre, un blocus partiel fut imposé à la Grèce.
c)
Le front d’Orient en mouvement (août à novembre 1916) : à la mi-août
1916, les troupes alliés installés à Salonique décidèrent de lancer une
offensive sur deux points : à l’est, en direction de Rupel (forteresse prise
par les Bulgares au printemps.), en Macédoine orientale ; à l’ouest, vers
Ostrovo et Verria, en Macédoine occidentale.
Le front d'Orient (1915 à 1917).
A
l’est, les alliés parvinrent à prendre le fort de Rupel, mais ils ne purent
s’emparer de Serrès, cité se trouvant non loin de là ; à l’ouest, les
troupes franco-britanniques s’emparèrent d’une ligne partant de Monastir[35]
jusqu’à la côte (novembre 1916.).
Cependant, les alliés ne parvinrent pas à bloquer la marche des troupes
allemandes vers la Roumanie, qui était entrée en guerre contre les Empires
centraux le 17 août 1916. Les Roumains, qui avaient envahi la Transylvanie
pendant l’été, furent contraints d’évacuer cette région au mois d’octobre
1916. En outre, les Allemands parvinrent à prendre Bucarest le 6 décembre,
mais les Roumains parvinrent cependant à stabiliser la ligne de front en
Moldavie.
La campagne de Roumanie (été 1916).
d)
Le Schisme national et l’entrée en guerre de la Grèce (octobre à décembre
1916) : Venizélos, qui avait quitté Athènes fin septembre, menacé
d’emprisonnement par Constantin I°, décida de se rendre à Salonique afin de
négocier avec l’Etat-major allié.
Le
Grec organisa un gouvernement provisoire[36]
au mois d’octobre 1916, coupant la Grèce en deux zones : la Thessalie et
l’Epire au nord, avec Salonique comme capitale ; la région du Péloponnèse,
au sud, entre les mains des royalistes installés à Athènes.
Profitant de ce Schisme national, les alliés organisèrent un blocus
dans la baie de Salamine, afin de contraindre Constantin I° à démobiliser
son armée. Ce dernier, courant novembre, accepta l’ultimatum, et invita les
troupes franco-britanniques à rentrer dans Athènes.
Mais le 1er décembre, l’armée grecque, qui avait fortifié ses
positions, accueillit sous un feu nourri les 2 500 marins de l’amiral
Louis Dartige[37],qui venaient de débarquer au Pirée[38].
Alors que les partisans de Venizélos étaient massacrés dans la capitale, les
Français, déplorant 200 morts et blessés, furent contraints de se replier
rapidement.
En
représailles de ces Vêpres grecques[39],
le palais royal d’Athènes fut bombardé pendant plusieurs jours, et Aristide
Briand proposa à ce que Constantin I° soit déposé.
Par ailleurs, le gouvernement provisoire de Venizélos, officiellement
reconnu par la France et le Royaume-Uni, déclara la guerre aux Empires
centraux le 6 décembre (cependant, cette déclaration de guerre fut à sens
unique, car ni l’Allemagne ni l’Autriche ne reconnaissait le gouvernement
provisoire.).
8° Campagne de Mésopotamie et
révolte arabe (janvier à décembre 1916) – Comme nous
l’avons vu plus tôt, les Britanniques avaient débarqué en Mésopotamie en fin
d’année 1914, progressant vers Bagdad.
Cependant, alors que l’armée ottomane bloquait l’avancée des troupes
anglaises, l’Etat-major britannique décida de s’allier avec les tribus
arabes afin de faire front contre Constantinople.
Ainsi, le chérif[40]
de La Mecque Sayyid Hussein ibn Ali proclama l’indépendance du Hedjaz[41]
en 1916, initiant la révolte arabe contre l’Empire ottoman.
Billet de banque à l'effigie de Sayyid Hussein ibn Ali.
L’objectif d’Hussein ibn Ali, initiateur du
panarabisme[42],
était de regrouper toutes les tribus arabes au sein d’un grand Etat, reliant
la Syrie au Yémen.
Le Hedjaz au début du XX° siècle.
9° Le front italien (janvier à
décembre 1916) – Depuis juin 1915, les Italiens avaient
livré quatre batailles contre les lignes autrichiennes stationnées le long
de l’Isonzo, mais les résultats furent peu probants.
Cinq nouvelles offensives furent lancées au cours de l’année 1916.
Cependant, si les Italiens ne parvinrent pas à prendre Trieste, ils
parvinrent néanmoins à progresser de quelques kilomètres en territoire
ennemi.
Ainsi, après une offensive entravée par le mauvais temps lancée courant
mars, les Italiens parvinrent à prendre Goriza, au nord-ouest de Trieste (8
août 1916.) ; à la mi-septembre, ils s’emparèrent de la forteresse de Merna-Castagnevizza.
Le front italien (été 1915 à septembre
1917).
A
noter que deux autres offensives furent lancées, courant octobre et début
novembre, pour des résultats peu probants.
L’année 1916 fut à nouveau très meurtrière pour les Italiens, qui perdirent
près de 130 000 hommes (tués, blessés ou disparus.) ; contre 115 000
victimes côté autrichien.
10° Le théâtre africain, campagne
d’Afrique de l’est (janvier à décembre 1916) – Les troupes
franco-britanniques, entre 1914 et 1915, étaient parvenues à s’emparer de
toutes les colonies allemandes d’Afrique : ainsi, le Togo avait été pris à
l’été 1914 ; le sud-ouest africain allemand à l’été 1915 ; le Cameroun en
février 1916.
Ainsi, au printemps 1916, seule une colonie allemande résistait aux forces
alliées : l’Afrique orientale allemande.
Les soudanais, par Mela
MUTER, vers 1919, musée d'art moderne, Paris.
En
début d’année 1916, le général Jan Smuts, déjà vainqueur du sud-ouest
africain allemand à l’été 1915, fut chargé par l’Etat-major britannique de
reprendre la lutte contre les troupes germaniques de Lettow-Vorbeck.
Smuts, à la tête d’une importante armée regroupant Sud-Africains,
Britanniques et Indiens (soit 20 000 hommes.), était en outre soutenu par
d’importants contingents belges et Portugais[43].
Les Sud-Africains lancèrent une première offensive au nord de l’Afrique
orientale allemande, alors que les troupes belges traversaient la frontière
au sud du lac Victoria.
Le
colonel Lettow-Vorbeck, en infériorité numérique (ce dernier était à la tête
de 15 000 soldats, soit 3 000 Allemands et 12 000 Africains.), décida alors
de se replier vers le sud. Ce faisant, il abandonna aux Britanniques la
capitale du pays, Dar-es-Salaam, ainsi que son importante ligne de chemin de
fer reliant cette cité à Ujiji, bordant le lac Tanganyika.
Côté belge, d’importants combats eurent lieu contre les troupes germaniques.
Rappelons que l’objectif de Lettow-Vorbeck était de s’emparer du Congo belge
afin de pouvoir mieux riposter contre les Britanniques.
Cependant, malgré d’importants combats, les Belges, parvinrent à s’emparer
d’Ujiji en août ; puis, à la mi-septembre 1916, ils chassèrent les troupes
de Lettow-Vorbeck de Tabora, important centre administratif d’Afrique
orientale allemande.
En
fin d’année 1916, Lettow-Vorbeck avait été repoussé dans le sud du pays, et
l’offensive des alliés semblait être un succès. Cependant, ces derniers
souffraient d’importantes pertes, principalement dues aux maladies
(paludisme, dysenterie, maladies vénériennes, etc.).
Ainsi, le général Smuts décida de remplacer peu à peu les soldats
sud-africains, britanniques et indiens par des Africains.
Puis, en janvier 1917, Smuts partit pour Londres afin de siéger au
Cabinet de guerre impérial[44].
[1]
Parfois une seule ligne de tranchées au lieu de trois.
[2]
L’on estime que 2 millions d’obus tombèrent sur les tranchées
alliées en l’espace de deux jours.
[3]
A noter que des troupes de ce type existaient depuis le début de la
Grande guerre (les Stoßtruppen, ce qui signifie « troupes de
choc » étant sur pied depuis 1914.). Cependant, l’Etat-major
allemand ne parvint à perfectionner la tactique des Sturmtruppen
qu’en cours d’année 1916.
[5]
Ce qui contribua à donner une dimension nationale à cette bataille
après-guerre.
[6]
Une voie ferrée et un canal traversaient Saint-Mihiel en direction
de Verdun. Pour en savoir plus sur cette conquête allemande, voir le
a), 7, section II, chapitre quatrième, la troisième république.
[7]
L’écartement standard des lignes de chemin de fer est de 1 mètre 435
(ce dernier est d’origine britannique, les premières locomotives
ayant vu le jour en Angleterre.). En France, beaucoup de lignes
secondaires étaient à voie métrique (l’écartement était d’un
mètre.).
[8]
Il existait toutefois un chemin de fer à voie normale, reliant
Bar-le-Duc à Verdun ; cependant, ce dernier passait par Saint Mihiel,
village occupé par les Allemands.
[9]
Nivelle, né en octobre 1856, sortit de Saint Cyr en 1876. Par la
suite, ce dernier fut envoyé en Chine et en Afrique. A noter que
Nivelle, à l’instar de Pétain, ne fut nommé général qu’après le
déclenchement de la guerre, pendant l’été 1914.
[10]
A noter que le phosgène fut responsable de la mort de 85 % des
soldats tués par des armes chimiques lors de la première guerre
mondiale.
[12]
Rappelons que l’Etat-major français, privilégiant une stratégie
offensive, s’était principalement appuyé sur le canon de 75, de
calibre moyen, au détriment de l’artillerie lourde.
[13]
Fayolle, né en mai 1852, fit ses études à l’école polytechnique.
Faisant carrière dans l’Artillerie, il fut nommé général en 1910,
puis prit sa retraite en 1914. Cependant, ce dernier fut rappelé
suite au déclenchement du conflit.
[14]
Micheler, né en septembre 1861, fit ses études à Saint Cyr. Rentrant
dans l’Infanterie en 1880, il fut nommé général en octobre 1914,
quelques mois après le déclenchement de la Grande guerre.
[15]
Dans un premier temps, furent appelés
les célibataires âgés de 18 à 41 ans, puis les hommes mariés se
trouvant dans la même classe d’âge. Les Britanniques, attachés à
l’idée d’une armée professionnelle, n’apprécièrent guère cette
mobilisation (à noter que la conscription ne fut pas mise en place
en Irlande.).
[16]
L’on estime qu’1.6 millions d’obus furent tirés en une semaine par
les alliés.
[17]
Haig, né en juin 1861, s’enrôla dans l’armée britannique en 1884,
avant d’être envoyé en Inde, au Soudan, et en Afrique du Sud.
Recevant ses galons de général en 1906, il fut nommé chef
d’Etat-major de l’armée indienne en 1909.
[19]
Les chars, mal coordonnés, furent cependant en grande partie
détruits par l’artillerie allemande.
[20]
Nous reviendrons sur la guerre sous-marine allemande en a), 5,
section V, chapitre quatrième, la troisième république.
[21]
Nous reviendrons sur cette offensive au b), 6, section IV, chapitre
quatrième, la troisième république.
[22]
Lyautey, né en novembre 1854, fit ses études à Saint Cyr, avant
d’être envoyé en Algérie. Par la suite, il servit en Indochine et à
Madagascar. Nommé résidant général du Maroc en 1912 (poste
équivalent à celui de gouverneur.), il participa aux travaux de
pacification du pays jusqu’au début de la Grande guerre.
[23]
Ce dernier, né en août 1887, était le fils d’Otto de
Habsbourg-Lorraine, lui-même fils de Charles Louis de
Habsbourg-Lorraine, frère cadet de François-Joseph.
[24]
On appelle « paix blanche » un traité consacrant le statu quo
ante bellum, c'est-à-dire accordant à tous les belligérants les
frontières d’avant-guerre.
[25]
A ne pas confondre avec le Chauchat modèle 1915, présenté plus tôt,
qui est un fusil-mitrailleur.
[26]
Rappelons que le fusil Lebel était l’arme la plus diffusée au sein
de l’armée française.
[31]
L’Italien Guglielmo Marconi fut l’inventeur de la
radiodiffusion, expérimentant son invention dans les Alpes suisses
en 1895. A noter cependant que la première transmission de la voix
par radio ne fut effectuée qu’en 1906.
[32]
Le téléphone fut inventé en 1876 par Alexandre Graham Bell
(il fut utilisé commercialement aux Etats-Unis à compter de 1877,
1879 en France.).
[33]
Broussilov, né en août 1853, était issu d’une famille aristocratique
russe. Rejoignant très jeune l’armée du tsar, il participa à
plusieurs conflits, et fut nommé général en 1906.
[34]
Rappelons que les Italiens combattaient les Autrichiens sur l’Isonzo
depuis l’été 1915.
[36]
A noter que ce gouvernement provisoire ne fut pas officiellement
reconnu par les puissances occidentales.
[37]
Ce dernier, né en mars 1856, passa ses premières années de marin en
Extrême-Orient, participant à des opérations entre l’Indochine et le
Siam. Rentrant en France au début du XX° siècle, il combattit lors
de la première guerre balkanique.
[38]
Le Pirée étant le port d’Athènes depuis l’Antiquité.
[39]
L’incident fut surnommé ainsi par les médias, en références aux
vêpres siciliennes de 1282. Pour en savoir plus à ce sujet,
cliquez ici.
[40]
Le terme chérif désigne un descendant du prophète Mahomet
par sa fille Fatima. Dans certaines régions du monde arabe,
il est synonyme de « noble. »
[41]
Le Hedjaz correspondant à la moitié ouest de l’Arabie saoudite.
[42]
Le panarabisme est un mouvement idéologique visant à réunifier
toutes les nations du monde arabe, du Maroc à l’Arabie saoudite.
[43]
Rappelons que le Portugal avait décidé de prendre part au conflit en
mars 1916, aux côtés de la Triple-Entente.
[44]
Il s’agissait d’une organisation regroupant tous les représentants
des dominions britanniques. Son rôle était de coordonner la
stratégie militaire de l’Empire britannique.