1° La France et l’Europe à l’aube
d’une nouvelle guerre (1515) – En début d’année 1515, le roi de France
ne possédait plus aucun territoire en Italie.
Louis XII, lors de la deuxième guerre d’Italie (1499 à 1500.)
était parvenu à s’emparer du duché de Milan ; toutefois, il avait été
contraint d’abandonner la cité en juin 1513, lors de la quatrième guerre
d’Italie.
L’objectif de François I° n’était donc pas de s’emparer de la totalité de la
péninsule, mais seulement de remettre la main sur le duché de Milan. Le
jeune roi de France, à l’instar de ses prédécesseurs, estimait avoir des
droits sur cette cité. En effet, François I° se considérait comme l’héritier
de son arrière grand-mère Valentine Visconti, épouse de Louis I°
d’Orléans.
François I°, roi de France, par
Louis-Claude VASSE, vers 1756, musée du Louvre, Paris.
Au
début du règne de François I°, les membres de la Sainte Ligue, qui
avaient causé tant de torts à Louis XII, n’étaient plus aussi unis
qu’auparavant. Le pape Léon X, qui avait succédé à l’impétueux
Jules II, n’était pas un belliciste ; le roi d’Angleterre Henri VIII
avait donné en mariage à Louis XII sa jeune sœur Marie Tudor (le pape
s’était rendu compte que l’élimination des Français en Italie aurait
entrainé la pesante domination des Empereurs germaniques.).
Henri VIII, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
François I° signa plusieurs traités, avec l’Angleterre, le duché de Venise,
et le jeune Charles (futur Charles Quint.), alors seigneur des Pays
Bas bourguignons. Un projet de mariage fut ainsi arrangé, Charles devant
épouser Renée de France, deuxième fille de Louis XII (la mariée
devant apporter le Berry en dot.).
Apprenant les préparatifs de guerre du jeune roi de France, Maximilien I°,
l’Empereur germanique, s’engagea officiellement alors à défendre le duché de
Milan. Le pape et Ferdinand II, roi d’Aragon, décidèrent eux aussi de
protéger le Milanais.
Toutefois, il ne s’agissait que d’un accord de principe. Maximilien, occupé
à l’est de ses Etats, n’apporta aucune aise au duché de Milan, pas plus que
n’en apporta le Saint Siège.
Les Suisses, qui détenaient alors la cité au nom du jeune duc Maximilien
Sforza, étaient dès lors sur la sellette (à noter que François I° avait
tenté de négocier avec eux, en vain.).
2° La cinquième guerre d’Italie (1515 à 1516) – Au
printemps 1515, François I° convoqua une importante armée à Grenoble, et se
prépara à franchir les Alpes. Plus de 10 000 hommes d’origines diverses (Français, Allemands, Navarrais, Gascons,
etc.) se retrouvaient ainsi sous le commandement de Jacques de Trivulce
et de Pierre Terrail, seigneur de Bayard.
Jacques de Trivulce, par Cristoforo CARADOSSO FOPPA, 1499, musée du Louvre,
Paris.
BAYARD, Pierre du Terrail, seigneur de...
(1475-1524), par A.
BRINDAN, 1790, château de Versailles.
Les Suisses, ayant eu vent de la menace, décidèrent alors de poster des
troupes dans les montagnes, sur les passages empruntés par les Français lors
des précédentes guerres d’Italies.
Toutefois, les troupes de François I°,
empruntant un nouvel itinéraire,
n’eurent rien d'autre à craindre que
le froid. Les Suisses, pris à revers,
décidèrent alors de se replier en Lombardie.
Au
cours de l’été 1515, le roi de France entama les négociations avec les
Suisses, leur offrant d’importantes sommes d’argent. La France et les
cantons suisses n’avaient ils pas été alliés au cours des précédentes
décennies ?
Le
traité de Gallarate, signé en septembre 1515, entraina le départ
d’Italie d’une dizaine de milliers de Suisses.
Toutefois, n’ayant pas de chef unique, une partie des Suisses refusa de
quitter le Milanais, décidant d’en découdre avec les Français.
En
septembre 1515, les deux belligérants s’affrontèrent alors au cours de la
bataille de Marignan.
La bataille de Marignan,
par FRAGONARD, XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.
Le
13 septembre, le combat s’engagea. Les Suisses durent faire face aux canons
français, mais parvinrent à occasionner de graves pertes à la cavalerie
ennemie grâce à leurs piques. Les combats, incertains, se prolongèrent
jusqu’à tard dans la soirée.
Le
chevalier Bayard lui-même faillit perdre la vie au cours de l’affrontement.
Les Suisses, n’ayant pas été repoussés, décidèrent alors de rester sur le
terrain, plutôt que de retourner à Milan.
Au
petit matin du 14 septembre, les combats reprirent. Toutefois, l’armée
française commença à fléchir sous les coups des Suisses. François I°
comptait faire sonner la retraite lorsqu’arriva l’armée vénitienne, venue
secourir les Français.
Cinquedeas, travail italien, vers
1480-1510, musée des Invalides, Paris.
Attaqués sur leurs flancs, les Suisses, subissant de grosses pertes,
décidèrent alors de se replier sur Milan.
Au
soir de la bataille, plus de 10 000 Suisses avaient trouvé la mort, pour à
peu près la moitié du côté français.
A
noter que dans la soirée du 14 septembre, François I° aurait été fait
chevalier par Bayard, vétéran des guerres d’Italie (il semblerait qu’en
l’absence de preuves tangibles, ce fait se rapprocherait plus de la légende
que de la réalité historique.).
François I° armé chevalier par Bayard,
par Alexandre-Evariste FRAGONARD, XIX° siècle, musée du Louvre, Paris.
François I° adoubé par Bayard, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
3° Les conséquences de la cinquième guerre d’Italie (1516) –
Suite à la bataille de Marignan, François I° s’empara du duché de Milan,
qu’il conserva pendant une petite dizaine d’année. Maximilien Sforza,
vaincu, décida de se rendre au début du mois d’octobre. Il exigea toutefois
que ses sujets soient bien traités par les Français ; en outre, il demanda
une forte indemnité financière et une pension à vie qui lui durent
accordées (exilé en France, il vécut confortablement jusqu’à son décès en
juin 1530.).
Quelques jours après, en octobre 1515, François I° et le pape Léon X
signèrent le traité de Viterbe. Le Saint Siège s’engagea à
reconnaitre l’autorité du roi de France sur le duché de Milan ; François I°,
en échange, acceptait de défendre les Etats du pape.
Le pape Léon X entouré de ses cardinaux, copie d'une oeuvre de
Raphaël, XVII° siècle, Deutsches historisches museum, Berlin.
A
partir du mois de décembre, les deux hommes commencèrent à négocier sur ce qui allait devenir le
Concordat de Bologne,
signé par le pape et le roi de France en août 1516.
A
cette date, François I° décida en effet de mettre fin à la Pragmatique
Sanction de Bourges, mise en place par Charles VII en 1438.
L’objectif était à l’époque de mettre en place une Eglise française, loin
des querelles conciliaires qui agitaient continuellement le Saint Siège (par
ailleurs, les revenus des évêchés, au lieu de partir à Rome, restaient en
France…).
Le
Concordat de Bologne atténua en partie le gallicanisme : en effet,
les évêques ne furent plus élus, mais choisis par le roi de France. Par la
suite, le pape devait leur conférer l'investiture.
A
noter que le clergé français accepta très mal cette décision, qui leur ôtait
toutes leurs prérogatives.
Puis, toujours en août 1516, François I° signa le traité de Noyon
avec Charles, nouveau roi d’Espagne (à noter qu’en début d’année, le
précédent roi d’Espagne Ferdinand II était mort, laissant sa place à son
petit fils.) Ce dernier reconnaissait au roi de France la possession du
Milanais, mais se fiançait avec Louise, fille de François I°, cette
dernière apportant en dot le duché de Milan.
Cet accord fut entériné par le traité de Cambrai, signé en mars 1517.
Enfin, en novembre 1516, le roi de France signa la paix perpétuelle de
Fribourg avec les cantons suisses (un premier accord, le traité de
Genève, avait été signé dès décembre 1515, mais ce dernier n’avait pas
fait l’unanimité dans les cantons.). Le roi de France leur offrit
d’importantes sommes d’argent, et reconnut leurs possessions en Italie. En
contrepartie, les Suisses s’engagèrent à ne plus jamais porter les armes
contre les France.
Epée de François I°, vers 1510-1515,
musée des Invalides, Paris.
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