1° Lutte contre les derniers partisans des Lancastre –
En juin 1461,
Edouard IV fut acclamé par ses partisans lorsqu’il rentra à Londres afin de
se faire couronner roi d’Angleterre. Cependant, bien qu’ayant finalement
réussi à
monter sur le trône, le nouveau souverain ne contrôlait pas encore la
totalité de l’île. En effet, de nombreux partisans des Lancastre (dont la
puissante famille des Percy.), réfugiés près de la frontière écossaise,
n’avaient pas fait soumission au souverain anglais.
De ce fait,
Edouard IV décida de prendre les armes afin de rétablir l’ordre dans le
pays.
En quelques
années, le nouveau roi d’Angleterre parvint à s’emparer de plusieurs
forteresses aux mains des partisans des Lancastre, poussant l’ennemi dans
ses derniers retranchements.
En avril et en
mai 1464, les batailles d’Hedgeley Moor et d’Hexham mirent fin
à l’insurection. En effet, John Neville, marquis de Montaigu (le frère de
Warwick.), parvint à l’emporter sur les troupes d’Henri Beaufort, duc de
Somerset (ce dernier fut alors exécuté peu après la bataille d’Hexham.).
Henri VI, quant à
lui, fut capturé par les troupes royales alors qu’il tentait d’organiser la
résistance lancastrienne dans le nord de l’Angleterre et au Pays de Galles.
Le roi déchu fut alors emprisonné à la tour de Londres. Son épouse
Marguerite et leur fils le prince de Galles, quant à eux, furent contraints de se
réfugier en France.
Enfin, la
dernière place forte prise par les troupes d’Edouard IV fut la forteresse
d’Harlech, au Pays de Galles (1468.).
La forteresse de Harlech.
2° La volte face
de Warwick –
En 1469, malgré
la victoire d’Edouard IV face aux partisans des Lancastre, les évènements
prirent une tournure imprévue.
a) Les causes
de la trahison de Warwick : depuis quelques années, les relations entre
Warwick et le roi d’Angleterre s’étaient dégradées. En effet, le premier
était partisan d’une alliance avec la France, insistant afin que le roi
épouse une princesse française ; le second préférait s’allier avec la
Bourgogne,
épousant Elizabeth Woodville en 1464.
Charles le Téméraire, duc de
Bourgogne, musée
de Berlin.
La jeune femme, fille de
Richard Woodville, comte de Rivers, était issue d’une famille de la
petite noblesse.
Le mariage ayant
été célébré en secret et à l’insu de Warwick, ce dernier n’apprécia guère la
nouvelle lorsque l’évènement fut rendu public. En outre, les Woodville ne
tardèrent guère à faire de l’ombre au faiseur de rois.
En outre, Edouard
IV donna sa sœur Marguerite en mariage à Charles le Téméraire,
duc de Bourgogne et farouche adversaire du roi de France (juillet 1468.) ;
et décida d’interdire à ses frère George et Richard d’épouser
les filles de Warwick.
Marguerite d'York, Pays Bas, XV° Siècle.
b) Le coup de
force de Warwick, la bataille d’Edgecote Moor : Warwick, profitant de la
popularité déclinante d’Edouard IV, décida de s’associer avec George, duc de
Clarence, le frère du roi.
Signature de George, duc de Clarence.
Apprenant la
volte face de Warwick, une nouvelle rébellion éclata dans le nord,
qu’Edouard IV décida de réprimer. Cependant, le roi se rendit rapidement
compte que l’insurection prenait de l’ampleur et que le rapport de force lui
était clairement défavorable. De ce fait, le roi décida de se retirer à
Nottingham afin de recruter de nouveaux soldats. Cependant, le recrutement
ne fut pas à la hauteur des espérances d’Edouard IV, sa popularité étant
alors en berne.
Warwick, quittant
Londres avec une importante armée, les rebelles du nord décidèrent alors de
faire jonction avec ses troupes. Cependant, ces derniers furent interceptés
par les troupes royales, commandées par William Herbert, comte de
Pembroke, et les deux armées s’affrontèrent alors au cours de la bataille d’Edgecote
Moor (juillet 1469.).
Monument commémoratif de la bataille d'Edgecote Moor.
Dans un premier
temps, aucun des deux camps ne parvint à prendre l’avantage. Cependant,
lorsque l’on apprit l’arrivée prochaine de Warwick, l’armée royale décida de
se retirer et les rebelles furent vainqueurs.
c) Warwick,
traître à la couronne : Suite à l’affrontement, Warwick fit emprisonner
Edouard IV au château de Middleham, dans le Yorkshire, et fit exécuter
Richard Woodville, père de la reine.
En outre, il fut
prévu de convoquer un parlement où Edouard IV aurait été déclaré bâtard (et
donc illégitime.), transmettant donc la couronne à son frère George, duc de
Clarence.
Cependant,
Richard, duc de Gloucester, parvint à rallier les nobles à sa cause, et
décida de délivrer son frère Edouard IV.
Le roi fut alors
libéré, et décida dans un premier temps de se rapprocher de son frère George
et de Warwick. Cependant, ces derniers se révoltèrent une fois de plus, au
cours de l’année 1470, et furent donc déclarés traîtres à la couronne.
Les deux hommes
furent alors contraints de se réfugier en France, à la cour de Louis XI.
Louis XI, par Jean Léonard
LUGARDON.
Le rusé roi de
France, ravi de pouvoir faire d’une pierre deux coups (fragiliser
l’Angleterre et séparer Edouard IV de Charles le Téméraire.), décida alors
de rapprocher Warwick et la reine Marguerite, l’épouse d’Henri VI.
Les deux
insulaires étaient loin d’entretenir des rapports amicaux, mais un compromis
fut finalement trouvé au cours de l’été 1470. Il fut ainsi décidé que le
prince de Galles Edouard épouserait Anne Neville, la fille de
Warwick.
En septembre,
Warwick décida alors de débarquer en Angleterre, accompagné de troupes
lancastriennes.
c) Le
rétablissement et la chute d’Henri VI (1470 à 1471) : apprenant la
nouvelle, John Neville, marquis de Montaigu, décida alors de rejoindre son
frère Warwick. Edouard IV, abandonné par un de ses principaux lieutenants,
fut donc contraint de fuir.
Le roi
d’Angleterre et son frère Richard décidèrent de se réfugier aux Pays
bas, puis se rendirent en Bourgogne auprès de leur allié Charles le
Téméraire (hiver 1470.).
Les York ayant
été vaincus, Warwick décida alors de libérer Henri VI de sa prison et
accepta de le rétablir sur le trône.
Louis XI, ayant
privé Charles le Téméraire d’un de ses meilleurs alliés, décida d’attaquer
la Bourgogne. En outre, le roi de France proposa à Warwick de participer à
la guerre, promettant de lui rétrocéder les Pays Bas bourguignons à l’issue
du conflit.
Le Téméraire, se
sentant menacé, décida alors de fournir une petite armée à Edouard IV, qui
débarqua en Angleterre en mars 1471.
Se dirigeant vers
la capitale, Edouard IV reçut le soutien de son frère George, qui décida de
trahir Warwick et les Lancastre.
Un premier
affrontement eut lieu au cours de la bataille de Barnet, en avril
1471.
Warwick,
commandant les troupes lancastriennes, était à la tête d’une dizaine de
milliers d’hommes. Edouard IV, quant à lui, possédait une armée d’une
importance équivalente.
La bataille de Barnet, enluminure du XV° siècle.
Cependant, un
épais brouillard avait recouvert le champ de bataille, et les hommes de
Warwick confondirent l’emblème d’Edouard IV avec celui d’un des lieutenants
d’Henri VI. Massacrant leurs propres hommes, les chances de victoire des
Lancastre s’amenuisèrent rapidement, et Warwick décida alors de faire donner
la retraite.
Cependant, il fut
tué alors qu’il se dirigeait vers son cheval, ainsi que son frère John
Neville.
La reine
Marguerite, qui avait débarqué au même moment, décida de poursuivre
l’offensive plutôt que de retourner en France.
Cependant, alors
qu’elle recherchait de l’aide au Pays de Galles, la cité de Gloucester lui
refusa le passage du fleuve Severn.
Edouard IV se
hâta de marcher à l’encontre de ses ennemis, et les deux belligérants
s’affrontèrent au cours de la bataille de Tewkesbury (mai 1471.).
Le commandant de
l’armée des Lancastre, Edmond Beaufort, duc de Somerset (son frère
Henri avait été tué suite à la bataille d’Hexham, en mai 1464.), n’avait
cependant pas une grande expérience militaire, contrairement à ses ennemis.
Ne pouvant
rivaliser contre l’artillerie d’Edouard IV, attaqué sur leurs flancs par son
frère Richard, les Lancastre ne purent faire face bien longtemps.
A l’issue de la
bataille, Edmond Beaufort fut exécuté, son frère John avait trouvé la
mort au cours de la bataille, Marguerite et Anne Neville (la fille de
Warwick.) furent emprisonnées, et le prince de Galles trouva la mort (à
noter que l’on ne sait pas exactement s’il fut tué lors de la bataille ou
exécuté peu après.).
En outre, Henri
VI, à nouveau déposé par les York, trouva la mort dans sa prison à la fin du
mois de mai, sans doute éliminé par Richard, le frère d’Edouard IV.
Enfin, George,
comte de Clarence, bien qu’ayant trahi les Lancastre, ne tarda guère à
conspirer à nouveau contre son frère. Ce dernier décida donc de le faire
exécuter pour haute trahison en 1478.
A noter que la
bataille de Tewkesbury est considérée par certains historiens comme la fin
de la guerre des Deux Roses, bien que d’autres combats eurent lieu au cours
des années suivantes…
3° La fin de
règne d’Edouard IV (1471 à 1483) –
Suite à la victoire de Tewkesbury, Edouard IV ne craignait plus de contre
attaque de la part des Lancastre, la lignée étant pratiquement éteinte.
a) La ligue de
1472 : une fois revenu au pouvoir, Edouard IV décida de reprendre les
hostilités contre la France, Louis XI ayant soutenu le rétablissement de la
dynastie des Lancastre. Le roi d’Angleterre décida alors de participer à la
ligue de 1472.
A cette époque,
Charles de France, mécontent de son sort, décida de se rebeller contre
son frère Louis XI.
Il regroupant alors autour de sa personne une nouvelle ligue contre le roi,
à laquelle participèrent de grands seigneurs français (printemps 1472.).
Selon les
premiers accords entre les insurgés, Edouard IV retrouverait les anciens
domaines des Plantagenêts, et les grands vassaux obtiendraient leur
indépendance vis-à-vis du roi de France.
Cependant,
Charles de France mourut mystérieusement en mai 1472. Cette mort impromptue
arrangeait bien les affaires de Louis XI, car les ligueurs, privés du frère
du roi, perdaient du coup toute légitimité.
Edouard IV et les
seigneurs félons décidèrent alors de dissoudre leur alliance.
b) Le traité
de Picquigny (1475) : quelques années plus tard, en 1474, Charles le
Téméraire, l’allié d’Edouard IV, se retrouva dans une situation difficile.
Attaqué par les cantons suisses (financés par Louis XI.), le duc de
Bourgogne invita le roi d’Angleterre à venir à son secours.
Edouard IV, après
avoir longtemps hésité, décida finalement de débarquer en France au cours de
l’été 1474.
Débarquant à
Calais à la tête d’un contingent d’une dizaine de milliers d’hommes, le roi
d’Angleterre avait hâte d’en découdre avec les Français. A noter qu’à cette
date, les deux pays étaient toujours officiellement en guerre, bien qu’il
n’y ait pas eu de batailles entre Français et Anglais depuis la bataille
de Castillon, en 1453.
Louis XI,
décidant de faire marcher la carte de la diplomatie, invita les Anglais à
établir leur camp près d’Amiens, les ravitaillant en vins et en viandes.
Les Anglais faisant
bonne chère devant Amiens, par Paul Lehugeur.
Finalement, Louis
XI et Edouard IV se rencontrèrent le 29 août 1475, au milieu d’un pont sur
la Somme, près de Picquigny.
S’embrassant à
travers une grille de bois située au milieu de la passerelle, les deux
souverains prirent plusieurs engagements : Louis XI et Edouard IV, se jurant
parfaite amitié, s’engagèrent à lutter contre leurs vassaux félons, signèrent
une trêve de neuf ans, et il fut convenu que le dauphin Charles
épouserait Elisabeth, fille du roi d’Angleterre.
Edouard IV reçut
75 000 écus, ainsi qu’une pension annuelle de 50 000 écus ; en échange, le
roi d’Angleterre renonça à ses possessions continentales et à la couronne de
France, et s’engagea aussi à libérer Marguerite, l’épouse de feu Henri VI.
A noter que le
traité de Picquigny, bien que n’étant pas un traité de paix mais une
simple trêve, constitue néanmoins le seul document juridique mettant
officiellement fin à la guerre de Cent Ans.
La nouvelle de la
défection du roi d’Angleterre ne fut pas une bonne nouvelle pour Charles le
Téméraire, qui trouva la mort suite au siège de Nancy (janvier 1477.).
c) La mort
d’Edouard IV (1483) : au cours du printemps 1483, Edouard IV tomba
gravement malade. Avant de mourir, il nomma son frère Richard protecteur du
royaume, le chargeant de veiller sur son jeune fils, qui lui succéda sous le
nom d’Edouard V.
En avril 1483, le
roi d’Angleterre mourut à l’âge de 40 ans, sans que l’on connaisse
aujourd’hui les causes exactes de son décès. Certains historiens pensent
qu’il mourut de pneumonie, d’autres qu’il fut empoisonné.
A noter
qu’Edouard IV fut un des rares membres de la dynastie des York à mourir dans
son lit, la plupart des membres de sa famille ayant trouvé la mort sur le
champ de bataille.
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