XXVIII. Valerius Publicola devient suspect
An
de Rome 245
XXVIII. Malgré toute sa popularité, Valérius, collègue de Brutus, fut près
de périr par les mains de la multitude, qui le soupçonna d’aspirer à la royauté.
Il aurait été massacré, s’il ne se fût hâté de prévenir le danger, en la
flattant. A son entrée dans l’assemblée du peuple, il ordonna d’abaisser ses
faisceaux qu’on avait portés droits jusqu’alors, et fit ôter les haches qui y
étaient attachées. Enfin dans l’extérieur le plus humble, le front triste et
abattu, il versa des larmes abondantes ; puis il prit la parole, tout tremblant,
et dit d’une voix faible et craintive... Voyez le titre des Harangues.
Délibérer secrètement, agir à propos, tout décider par soi-même, ne point
recourir à autrui, accepter la responsabilité des événements, qu’ils soient
heureux ou non : tels sont les plus puissants moyens de réussir.
XXIX. Dédicace du Capitole par Horatius
An
de Rome 245
XXIX. Horatius, désigné par le sort, fit la dédicace du temple de Jupiter,
quoique Valérius lui eût annoncé la mort de son fils, en prenant soin que cette
nouvelle lui parvint pendant la cérémonie. Il espérait qu’Horatius le chargerait
de cette dédicace, à cause de sa douleur et parce que les lois interdisaient les
fonctions religieuses à un magistrat en deuil. Horatius ne refusa pas de croire
à un malheur attesté par des témoignages nombreux et dignes de foi ; mais il
n’interrompit point la cérémonie. Il ordonna, comme s’il se fût agi d’un
étranger, de laisser le corps de son fils sans sépulture, afin que rien ne parût
avoir trait à ses funérailles, et il remplit jusqu’au bout les devoirs de sa
charge. |