Toutefois, force est de constater que la Bible donne bien peu de
détails concernant les rois mages. En effet, ces derniers ne sont
mentionnés que dans l'évangile de saint Matthieu (sous le nom de
mages d’Orient),
l'auteur ne mentionnant ni leur nom ni leur nombre (l'évangile de
saint Luc mentionne uniquement des bergers, les évangiles de Jean et
Marc ne relatent pas l'épisode de la naissance du Christ) : et
voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux
jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit
enfant, elle s’arrêta. Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent
saisis d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent
le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et
l’adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent
en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
L'adoration des rois mages, copie en plâtre d'une travée de la
cathédrale Notre-Dame à Chartres, XVI° siècle, Cité de l'architecture, Paris.
Malgré ce peu d'informations que nous donne la Bible, la légende des
rois mages s'enrichit au fil des siècles. Ainsi, ces derniers
reçurent un âge, des noms, des titres et des origines ethniques :
Melchior, roi des Perses, Balthazar, roi des Arabes, et
Gaspard, roi des Hindous.
Apportant respectivement l'or, la myrrhe et l'encens, les trois
mages représentent traditionnellement les trois âges de la vie
(Melchior, le plus vieux, étant barbu, Balthazar moustachu, et
Gaspard, le plus jeune, imberbe).
A noter qu'une grande partie de ces informations complémentaires
proviennent du Livre arménien de l'enfance du Christ, un
ouvrage datant du VI° siècle, relatant l'enfance de Jésus d'une
façon romancée.
Jusqu'au IV° siècle après Jésus Christ, l'Epiphanie (du grec
Epiphaneia, « apparition » en français) était la plus
importante fête du calendrier liturgique chrétien, à une époque où
Noël n'était pas célébré.
A Rome, cette fête coïncidait avec les cérémonies en l'honneur du
dieu Janus, organisées en début d'année. Cette divinité,
comptant parmi les plus importantes du panthéon romain, présidait
les commencements et les passages. Le premier mois de l'année,
januarius (janvier), était consacré à cette divinité bicéphale,
veillant sur le passé et le futur.
Toutefois, la tradition de la galette des rois, très répandue
en France, n'est pas héritée des fêtes en l'honneur de Janus, mais
plutôt des Saturnales. Cette célébration, s'étalant sur une
semaine à la fin du mois de décembre, était organisée en l'honneur
du dieu Saturne.
Pendant cette période, s'étalant sur une semaine complète, les
Romains commémoraient l'âge d'or, époque mythologique à
laquelle tous les hommes étaient égaux, et qui prit fin à la mort de
Saturne.
Ainsi, pendant ces sept jours, l'ordre
hiérarchique était bouleversé, les maîtres n'ayant plus d'autorité
sur leurs esclaves, ces derniers pouvant agir et parler sans
contraintes. Pendant cette période, chaque famille romaine
partageait une galette (symbolisant le soleil), celui recevant la
fève étant nommé Saturnalicius princeps (ou maître des
Saturnales). Par ailleurs, afin d'assurer une répartition équitable
des parts, une enfant devait s'installer sous la table et choisir le
bénéficiaire de chaque portion.
La tradition de la galette des rois, bien que menacée un temps par
la Révolution française, survécut jusqu'à nos jours. S'exportant
vers le nouveau monde à compter du XVIII° siècle, l'on retrouve
aujourd'hui la galette des rois dans les pays latins (Espagne,
Portugal, Amérique du sud), mais aussi en Belgique, Pays-Bas, et
dans le sud des Etats-Unis.
A noter que c'est à compter du XIX° siècle que les graines de fèves
furent remplacées par des figurines de porcelaines, aujourd'hui
prisées par les favophiles.