Le coup d'Etat du 18 brumaire a eu lieu le 18 brumaire
Faux ! O
u
du moins à moitié...
En août 1795, la
Convention nationale[1]vota la mise en
application de la constitution de l'an III, qui donna naissance au
Directoire en octobre.
Le
pouvoir législatif de ce nouveau système politique était divisé entre deux chambres, le Conseil
des Cinq-Cents (qui proposait les lois.), et le Conseil des Anciens
(qui les adoptait ou rejetait les lois.). Les deux assemblées étaient
renouvelées par tiers chaque année.
Le
pouvoir exécutif, quant à lui, n’était pas confié à un président, mais à
cinq directeurs (d’où le nom de Directoire.). Les magistrats
exerçaient le pouvoir à tour de rôle, pendant une durée de trois mois (ces
derniers nommaient alors les ministres.).
Chaque année, un tirage au sort était effectué, afin de désigner le
directeur sortant ; son remplaçant était alors élu par le Conseil des
Anciens et le Conseil des Cinq-Cents.
Toutefois, le pouvoir législatif conservait l’ascendant sur le pouvoir
exécutif, les directeurs étant contraints de suivre la politique des deux
assemblées. A noter en outre que la constitution ne prévoyait aucune mesure
en cas de conflit majeur entre les deux pouvoirs.
D
ans
un premier temps, le nouveau régime fut bien accueilli par les
Parisiens, lassés des débordements révolutionnaires qui avaient eu
lieu sous la Terreur[2].
Par ailleurs, la fin de la guerre en Vendée, ainsi que les victoires
du général Napoléon Bonaparte en Italie, parvinrent à
conforter la popularité du Directoire.
Bataille de Rivoli,
gagnée par le général Bonaparte, 14 janvier 1797, par Félix
PHILIPPOTEAUX, 1844, château de Versailles, Versailles.
Toutefois, le nouveau
régime ne faisait pas l'unanimité, contesté à gauche par les
révolutionnaires, à droite par les monarchistes. Les directeurs,
afin de conserver une assemblée sous contrôle, décidèrent donc de
casser les résultats des élections législatives de 1797 et 1798,
invalidant l'élection de plusieurs centaines de députés. En mai
1799, les directeurs, complètement discrédités aux yeux de l'opinion
publique, n'écartèrent que six élus de la nouvelle assemblée.
Toutefois, cette dernière se trouva dominée par les révolutionnaires
les plus extrémistes.
En octobre 1799, l'un
des cinq directeurs,
Emmanuel Joseph Sieyès, effrayé par l'attitude des députés
(ces derniers, s'inspirant de Robespierre, souhaitaient
rétablir des mesures révolutionnaires.), décida de se rapprocher du
général Bonaparte. Son objectif était de renforcer le pouvoir
exécutif en s'appuyant sur l'armée. C'est ainsi que fut planifié le
coup d'Etat de brumaire.
Buste d'Emmanuel Joseph Sieyès,
par Charles VITAL CORNU, XIX° siècle, salle du jeu de paume, Versailles.
Au matin du 9 novembre 1799 (18 brumaire an VIII.), quelques députés
du Conseil des Anciens (seuls les partisans de Bonaparte s'étaient
réunis.) décidèrent de transférer les deux assemblées à Saint Cloud,
afin de contrer une "menace anarchiste" (l’objectif des conjurés
était de priver les députés du soutien des Parisiens.). Au même
moment, les directeurs Paul Barras, Jean François
Moulin et Louis Gohier furent arrêtés.
Portraits de Paul Barras (à gauche) et de Louis Gohier, par Jacques Augustin PAJOU, musée Carnavalet,
Paris (à droite).
Ce n'est que le lendemain,
le 10 novembre 1799 (19 brumaire an VIII.), qu'eut véritablement lieu le
coup d'Etat de Bonaparte. Ce dernier, vers midi, arriva à Saint Cloud, où
les deux assemblées s'étaient installées dans la matinée.
Vers quatre heure de l’après midi,
le jeune général pénétra au Conseil des Anciens. Toutefois, alors
qu'une partie des députés étaient favorables à Bonaparte, se dernier
tint un discours peu éloquent, qui ne remporta guère les suffrages
de l'assemblée.
Par la suite, le général se
rendit au Conseil des Cinq-Cents,
où la situation
était pire encore. Les députés, majoritairement révolutionnaires, empêchèrent alors
Bonaparte de parler. Une bagarre éclata, et le jeune général fut entraîné vers la sortie par ses grenadiers. A
peine fut il sorti que les Cinq-Cents déclarèrent Bonaparte hors la loi. Ce
dernier, réagissant promptement, fit alors évacuer l'assemblée par les
militaires qui l'accompagnaient.
Séance du Corps législatif à Saint
Cloud, le 19 brumaire an VIII, par Isidore Stanislas HELMAN,
musée Carnavalet, Paris.
Toutefois, si les députés
des
Cinq-Cents avaient été chassés, le coup d’Etat n’était
toujours pas achevé. En effet, le Conseil des Anciens était toujours en
place.
Bonaparte et Sieyès tentèrent alors de rechercher des députés du Conseil des
Cinq-Cents favorables au coup d’Etat. Dans la soirée, ces derniers
trouvèrent alors une cinquantaine d’hommes, qui, d’un commun accord avec le
Conseil des Anciens, abolirent le Directoire.
En conclusion, si
les préparatifs du célèbre coup d'Etat eurent bien lieu le 18
brumaire (transfert des assemblées à Saint Cloud.), le coup d'Etat
en lui même se déroula le 19 !