Faux !
La crise politique survenue en Belgique, entre 2007 et 2011, contribua à
placer ce petit pays sous les feux de la rampe. Les grands médias français,
soucieux d'expliquer les raisons de cet important blocage politique,
présentèrent donc la Belgique comme un Etat souffrant d'une dichotomie
opposant Wallons et Flamands, alors que la réalité est bien plus complexe.
La Belgique,
monarchie parlementaire, est régie par la constitution de 1831
(grandement révisée en 1994). Le texte indique que la Belgique est
un Etat fédéral, comprenant trois communautés (communauté
française, communauté flamande, communauté germanophone), trois
régions (région wallone, région flamande, région bruxelloise).
A noter que
Bruxelles fait figure d'exception, cette capitale étant une région
linguistique bilingue (mêlant langue française et néerlandaise).
La Belgique comporte
donc non pas deux mais trois régions, ainsi que trois langues.
Toutefois, si les trois régions correspondent à des territoires bien
délimités, il n'en va pas de même pour les trois commutés.
Ainsi, la communauté
germanophone est majoritairement implantée dans les cantons d'Eupen
et Malmédy, à l'est, qui furent attribués à la Belgique à l'issue de
la première guerre mondiale[1]
.
Toutefois, comme il n'existe par de région germanophone, cette
communauté dépend de la région wallone[2].
Il en va de même
pour Bruxelles, capitale de la Belgique. Tout semblerait rapprocher
cette région du côté flamand, cette cité étant historiquement
néerlandophone, enclavée en région flamande, et capitale de la
Flandre. Pourtant, Bruxelles compte une majorité de francophones
(ces derniers représentant près de 60 % des habitants de la ville) ;
en outre, de par son statut de région bilingue, plus de 95 % des
Bruxellois parlent français.
A noter par ailleurs
que la communauté flamande et la région flamande ont fusionné en
1980, établissant leur capitale à Bruxelles (alors que la cité ne
fait pas partie de la région flamande). Mais côté français, les
projets de fusion firent long feu, car de nombreux Wallons
refusaient que les francophones bruxellois interviennent dans des
discussions concernant la région wallone.
Enfin, outre les 1.1
millions de Belges installés à Bruxelles, l'on retrouve 300 000
francophones en Flandre (sur 6.3 millions d'habitants), ainsi qu'un million de flamands en
Wallonie (sur 3.5 millions d'habitants).
Les partis politiques, quant à eux,
sont les représentants de leurs communauté linguistique.
Ainsi, l'on retrouve deux partis socialistes (Parti Socialiste
et
Socialistische Partij Anders[3]),
deux partis chrétiens-démocrates (Centre Démocrate Humaniste
et
Christen-Democratisch en Vlaams[4]),
deux partis de droite (Mouvement Réformateur et
Open Vlaamse Liberalen en Democraten[5]
),
etc. L'on compte aussi deux partis écologistes (Ecolo et
Groen![6]), qui forment toutefois un groupe uni au Parlement
fédéral.
A noter aussi qu'il existe des partis germanophones, mais ces
derniers ne recueillent guère de suffrages (la communauté
germanophone ne représente qu'un pourcent de la population belge).
Ainsi,
comme nous avons pu le constater, les causes de la crise politique
belge, qui entraîna une vacance du pouvoir exécutif pendant plus
d'un an, sont bien plus complexe qu'un simple antagonisme entre
Wallons et Flamands.
[1]
Pour en savoir plus sur le
traité de Versailles, mettant fin à la première guerre mondiale,
voir le b, 2, section I, chapitre cinquième, la troisième
république.
[2]
A noter que certains germanophone militent en faveur d'une région
germanophone.
[3]
"Parti Socialiste Différent" en français, ou SPA.
[4]
"Démocrate-Chrétien et Flamand" en français, ou CD&V.
[5]
"Libéraux et Démocrates Flamands" en français, ou Open VLD.