Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

adblocktest

 

Les mensonges de l'Histoire


La blitzkrieg, stratégie inventée par Adolf Hitler

Le blitzkrieg (ce qui signifie « guerre éclair », en allemand), est souvent présentée comme une stratégie inventée par Adolf Hitler[1] lors de la bataille de France, en mai 1940. Dans certains manuels de 3°, cette stratégie est présentée de la manière suivante : dans un premier temps, le gros de l'armée concentre son offensive sur une zone spécifique de la ligne ennemie ; ensuite, alors que les blindés percent le front, l'aviation empêche les réserves ennemies d'intervenir ; enfin, alors qu'une partie de l'armée continue sa pénétration en territoire ennemi, l'autre se replie enfin d'encercler les unités ennemies.

Toutefois, le blitzkrieg est-il une stratégie aussi simpliste ? Fut-il vraiment inventé par Hitler ? Et dans le cas contraire, quelles sont ses origines ?

 

En tout état de cause, force est de constater que le terme « blitzkrieg » est apparu dans des conditions particulièrement floues. Il semble qu'il fut mentionné pour la première fois en 1935, dans la revue Deutsche Wehr (ou « armée allemande »). Toutefois, l'auteur de cet article indiquait simplement que les pays les plus pauvres devaient faire appel au blitzkrieg, afin de mettre fin au conflit le plus rapidement possible.

En réalité, le concept de blitzkrieg fut peu usité jusqu'en 1939, date à laquelle éclata la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, à l'occasion de la campagne de Pologne[2], en septembre 1939, le magazine américain Time publia un article démontrant que l'offensive allemande était une guerre éclair et non pas une guerre d'occupation.

 

L'Allemagne, en l'espace de vingt ans, avait réussi à reconstituer une armée désormais menaçante, en dépit des restrictions imposées par les clauses du traité de Versailles, signé en juin 1919. En effet, le texte prévoyait une série de mesures draconiennes, parmi lesquelles : réduction de l'armée allemande à 100 000 hommes ; interdiction d’utiliser les gaz de combats, l’artillerie, les tanks et l’aviation militaire ; abolition du service militaire ; démilitarisation de la Rhénanie ; etc.

Toutefois, si pendant quinze ans ces clauses avaient été plutôt respectées par le gouvernement allemand, Hitler décida de passer outre, dès son arrivée au pouvoir. Les faibles protestations de principe émises par la France et l'Angleterre lors de la remilitarisation de la Rhénanie, en mars 1936, encouragèrent le Führer à poursuivre sa politique de réarmement. C'est ainsi qu'apparurent les chars Panzer (ce qui signifie « blindé »), à compter de 1934 ; la Luftwaffe (l'armée de l'air) et la Kriegsmarine (la marine), en juin 1935 ; enfin, la Wehrmacht[3] dépassa le cap des 100 000 hommes à compter de 1936.

 

A l'annonce de l'offensive allemande contre la Pologne, France et Angleterre décidèrent de déclarer la guerre au Troisième Reich[4]. Hitler, surpris par cette détermination soudaine, alors que les démocraties occidentales étaient restées inertes lors de l'anschluss (mars 1938) et de l'annexion de la république tchèque (mars 1939), souhaitait en découdre avec l'ennemi dès la fin de la campagne de Pologne. Toutefois, l’Etat-major allemand, qui craignait une guerre longue, parvint à convaincre le Führer de reporter l’offensive à mai 1940, élaborant une stratégie similaire à celle du plan Schlieffen[5].

Cependant, si Hitler accepta de reporter l'offensive à l'année suivante, il préféra suivre la stratégie du Fall Gelb (ou « plan jaune »), mis au point par le général Erich von Manstein : l’objectif était de percer la ligne de front ennemie sur son point le plus fragile (c'est-à-dire le massif des Ardennes), puis de profiter de l’effet de surprise pour attaquer en direction de la Manche.

Ainsi, alors que les Allemands se préparaient à l'offensive, les Français n'attaquèrent pas, réfugiés derrière la ligne Maginot[6]. Cette période de la Seconde Guerre mondiale fut baptisée Sitzkrieg par les Allemands (ce qui signifie « guerre assise »), et Phoney war par les Britanniques (« fausse guerre »). En français, le terme employé fut Drôle de guerre (sans doute en raison d’une paronymie des termes phoney, « faux », et funny « drôle »).

 

En mai 1940, les Allemands passèrent finalement à l'action. Toutefois, si la stratégie du général Manstein ressemblait au blitzkrieg (utilisation des blindés pour percer un point fragile de la ligne de défense ennemie), il convient de préciser que ce terme ne fut jamais employé dans les manuels militaires allemands, que ce soit pour la Heer (l'armée de terre) ou la Luftwaffe. Hitler, quant à lui, affirma lors d'un discours prononcé en novembre 1941, qu'il n'avait jamais utilisé le terme « blitzkrieg », considérant qu'il s'agissait d'un mot idiot.

Ainsi, l'Etat-major allemand préférait employer les termes de Schwerpunkt (« concentration ») et de Schwerpunktprinzip (« principe de concentration »). Cette stratégie ingénieuse, s'appuyant sur des divisions de chars autonomes (alors que côté français, les blindés ne devaient servir qu'à accompagner l'infanterie, comme pendant la Grande Guerre), permit à l'armée allemande de réaliser une percée à Sedan, dans le massif des Ardennes, le 13 mai 1940.

Ainsi, alors que l'armée française était dotée d'un matériel militaire aussi performant que celui de l'ennemi[7], les unités encerclées par la Wehrmacht déposèrent rapidement les armes. C'est ainsi qu'un armistice fut signé par le gouvernement français dès le 22 juin 1940.

 

Toutefois, si la Schwerpunkt fut particulièrement efficace lors de la bataille de France, ou lors de l'opération Barbarossa, en juin 1941[8], cette stratégie comporte néanmoins certains points faibles.

De prime abord, la nature du terrain constitue un important facteur de réussite. En France, l'armée allemande avança sur un terrain plat, possédant peu de barrières naturelles, et émaillé d'un grand réseau de routes et de voies de chemin de fer. En URSS, au contraire, la progression de la Wehrmacht fut plus laborieuse, en raison d'un environnement plus « sauvage », mais aussi à cause du froid, de la boue et de la neige.

Par ailleurs, comme nous l'avons vu plus tôt, l'objectif de la Schwerpunkt est d'effectuer une percée sur une zone de la ligne de front, suivie d'un encerclement des troupes ennemies. Pendant la bataille de France, l'armée française était très vulnérable à cette stratégie, étant fixée sur la ligne Maginot. Toutefois, en URSS, l'Etat-major soviétique parvint à contrer la Schwerpunkt en organisant une défense en profondeur. Ainsi, plutôt que de se laisser encercler et de mourir sur place (comme cela avait été le cas pendant l'été 1941), les troupes soviétiques pouvaient désormais reculer en bon ordre afin de continuer la lutte, ayant au préalable installé des milliers de mines antichars à destination de l'ennemi. C'est ainsi que les Allemands furent bloqués lors de la bataille de Koursk, en juillet 1943[9].

Enfin, l'une des conséquences de la Schwerpunkt étant l'extension des lignes de ravitaillement, cette stratégie fut fonctionnelle en France, pays aux dimensions « modestes », mais pas en URSS, où les Soviétiques mirent en place la stratégie de la terre brûlée.

 

Toutefois, le blitzkrieg constitue encore aujourd'hui une pomme de discorde entre les historiens. Ainsi, certains considèrent que cette stratégie obéissait moins à un plan infaillible de l'Etat-major allemand qu'aux évènements survenus sur le terrain. D'autres, au contraire, pensent que l'objectif de la Schwerpunkt était d'obtenir une victoire rapide, afin de permettre aux soldats de retourner rapidement à l'usine, à une époque où l'Allemagne était dépendante de sa production industrielle

___________________________________________________________________________________________

comments powered by Disqus

 


[1] Hitler, né en Autriche en avril 1889, refusa de suivre la carrière de son père, fonctionnaire des douanes. Présentant en vain sa candidature à l’Académie des Beaux-arts de Vienne, il s'installa à Munich en 1913, puis participa au premier conflit mondial comme volontaire au sein de l’armée allemande. Suite à la Grande Guerre, Hitler décida de se lancer en politique, donnant naissance au parti national socialiste (ou Nationalsozialistische deutsche Arbeiterpartei en allemand) en 1920. Ce dernier, faisant du NSDAP l'une des principales formations politiques d'Allemagne, fut nommé chancelier du Reich en janvier 1933.

[2] Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici.

[3] La Wehrmacht (ou « force de défense » en français) était composée de trois éléments : la Heer (armée de terre.), la Luftwaffe (armée de l’air.) et la Kriegsmarine (marine militaire.).

[4] A noter que le troisième Reich faisait suite à l’Empire allemand, ou deuxième Reich, proclamé à Versailles le 18 janvier 1871. Ce dernier faisant implicitement référence au premier Reich, c'est-à-dire le Saint Empire romain germanique, qui exista pendant plus de mille ans, de 800 à 1806.

[5] Le plan Schlieffen (du nom de son concepteur, le maréchal Alfred von Schlieffen) prévoyait non pas une attaque en direction de l’Alsace-Lorraine, mais une offensive à travers la Belgique, puis une bifurcation en direction de Paris (à noter qu'au cours de la Grande Guerre, cette offensive fut arrêtée in extremis lors de la bataille de la Marne, en septembre 1914). 

[6] La ligne Maginot commença à être érigée au début des années 1930 grâce à l’action d’André Maginot, ministre de la Guerre. Cette dernière fut toutefois construite en deux temps : dans un premier temps à la frontière italienne (le gouvernement français étant plus inquiété par le fascisme italien que par l'Allemagne), puis à compter de 1933 et de la montée du nazisme, dans le nord-est de la France.

[7] A ce propos, nous avons évoqué le mythe de la supériorité allemande lors de la bataille de France dans Les mensonges de l'Histoire, mon premier ouvrage, publié aux éditions l'Harmattan !

[8] Pour en savoir plus sur cette offensive de grande ampleur contre l'URSS, voir le 3, section IV, chapitre sixième, la troisième république.

[9] Pour en savoir plus à ce sujet, voir le 10, section VI, chapitre sixième, la troisième république.

Publicités
 
Partenaires

  Rois & PrésidentsEgypte-Ancienne

Rois et Reines Historia Nostra

Egypte

 

 Histoire Généalogie