Mais une fois encore, l'on peut se demander si l'Histoire est aussi
simpliste qu'il n'y parait. Ainsi,
l'idée d'un mariage royal avec une femme déjà divorcée était-elle suffisante
pour pour pousser le roi à l'abdication ? Ou bien existait-il
d'autres raisons, restées secrètes, pour évincer Edouard VIII ?
Edouard VIII, né en juin 1894, était
l'aîné de Georges V
et de son épouse Mary de Teck. A l'adolescence, il fut envoyé faire
ses études au Britannia Royal Naval College, puis fut intégré à la
Royal Navy (c'est-à-dire la marine anglaise) dès 1910. Puis, lorsque
débuta le premier conflit mondial, le jeune homme annonça son intention de
participer au conflit. Témoin de la guerre de tranchée, ce dernier reçut la
croix militaire en 1916 ; cependant, son statut d'héritier de la
couronne l'empêcha de mener à bien ses ambitions.
Edouard VIII lors d'une visite d'inspection, vers 1914.
Pendant les années 1920, Edouard
accompagna son père lors de ses voyages à l'étranger ou dans différentes
parties de l'Empire britannique. C'est à la même époque que le jeune homme
se révéla être un grand amateur de femmes, causant le vif mécontentement du
roi.
En 1930, alors qu'Albert, second
fils de Georges V, était déjà marié et deux fois père de famille, Edouard
restait célibataire, déjà âgé de 36 ans. A compter de cette date, il
commença à fréquenter des femmes mariées, telles que Freda Dudley Ward
(fille d'un magnat du textile) et Thelma Furness (originaire des
Etats-Unis et mariée à un notable de Londres). C'est cette dernière qui lui
présenta Wallis Simpson, une Américaine deux fois divorcée.
En mars 1934, profitant d'un voyage de Thelma Furness aux Etats-Unis, Wallis
jeta son dévolu sur Edouard, qui commença à entretenir une relation avec la
jeune femme.
Photographies de Freda Dudley Ward (à gauche) et Thelma Furness (à
droite).
En janvier 1936, Georges V mourut, et
Edouard monta sur le trône sous le nom d'Edouard VIII. Cependant, la vie
dissolue du nouveau souverain provoqua de nombreux mécontentements, d'autant
qu'Edouard s'accommodait fort peu du protocole. Par ailleurs, lorsque ce
dernier annonça son intention d'épouser Wallis Simpson, des préparatifs
furent organisés en prévision d'une cérémonie laïque et non religieuse.
Photographie de Wallis Simpson.
Cependant, le premier ministre
Stanley Baldwin, hostile au projet, annonça que le mariage ne pourrait
avoir lieu, dans la mesure où le roi, qui était aussi chef de l'Eglise
d'Angleterre, devait montrer l'exemple au peuple.
Photographie de Stanley Baldwin.
Baldwin, qui refusait l'idée d'un
mariage morganatique,
proposa trois solutions à Edouard VIII : l'annulation du mariage avec Wallis
Simpson ; le maintien du mariage contre l'avis du gouvernement ; ou
l'abdication.
Edouard VIII, qui refusait de quitter
sa maîtresse, décida alors d'abdiquer, en décembre 1936, cédant le trône à
son frère Albert (qui fut couronné peu de temps après sous le nom de
Georges VI).
« Une » du quotidien
Anderson Daily Bulletin,
annonçant l'abdication d'Edouard VIII.
Cependant, plusieurs sources nous
laissent penser aujourd'hui que les raisons de l'abdication furent en
réalité bien différentes, la question du mariage n'ayant été qu'un prétexte
pour évincer Edouard VIII du trône.
Ainsi, outre le fait que la famille
royale n'aimait pas Wallis Simpson, à qui l'on reprochait d'avoir plusieurs
amants, tout comme de vivre avec Edouard par appât du gain, le problème
était que le couple ne cachait pas sa sympathie pour le Troisième Reich.
Si depuis plusieurs siècles, la famille
royale était plutôt germanophile, les choses avaient évolué suite à la
Première Guerre mondiale, qui avait entraîné une vif courant
germanophobe en Angleterre.
Cependant, Edouard VIII ne cacha jamais son admiration pour l'Allemagne
nazie.
Ainsi, ce dernier rencontra Adolf
Hitler à plusieurs reprises, nouant avec lui des liens d'amitié. Puis,
suite à la campagne de France de juin 1940, qui consacra la victoire
du Troisième Reich, le souverain déchu fut écarté en raison de ses amitiés
pro-nazies, et nommé gouverneur des Bahamas (il resta en poste jusqu'à la
fin de la guerre). Pendant son séjour dans les Caraïbes, Edouard VIII ne
cacha pas son admiration pour le Troisième Reich, affirmant qu'il
remonterait sur le trône dès que les Allemands auraient écrasé les
Etats-Unis.
Rencontre en Edouard VIII et Adolf Hitler, 1937.
A l'issue de la Seconde Guerre
mondiale, Albert Speer, ministre du Troisième Reich, déclara :
je suis certain que grâce à lui, nous aurions pu mettre en place des
relations amicales permanentes. S'il était resté, tout aurait été différent.
Son abdication fut une véritable perte pour nous. Edouard VIII, quant à
lui, tenta de se disculper en affirmant qu'Hitler était un personnage à
la figure ridicule, aux postures théâtrales, et aux prétentions
grandiloquentes. Néanmoins, dans une interview donnée en 1966 au New
York Daily News, il affirma qu'il était dans l'intérêt de
l'Angleterre et aussi de l'Europe, que l'Allemagne soit encouragée à
s'attaquer à l'est et détruire le communisme définitivement... je pensais
que le reste d'entre nous pouvait rester assis pendant que les nazis et les
rouges faisaient tout le travail.
Edouard VIII et Wallis Simpson, vers 1965.
Aujourd'hui, il est difficile de savoir
précisément quel était le point de vue d'Edouard VIII sur l'Allemagne nazie,
de nombreux témoignages et documents ayant été produits sur le sujet,
lesquels sont souvent contradictoires.
Ainsi, si l'on ne peut nier l'attirance
d'Edouard VIII pour le Troisième Reich avant et pendant le second conflit
mondial, l'on peut constater que le pro-nazisme du souverain déchu se
transforma confortablement en anticommunisme pendant la Guerre froide,
à une époque où l'URSS était présenté comme l'ennemi absolu..
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