Dans un premier
temps, le bouddhisme n'occupa qu'une position mineure en Inde, pays
très majoritairement hindouiste. Par ailleurs, en raison de
divergences théologiques, l'on assista à l'apparition de deux
différents courants de pensée : le bouddhisme theravada
(surnommé petit véhicule par ses détracteurs), considérant
que la vie monastique est la meilleure façon d'accéder à l'éveil
(les theravada rejettent l'idée d'un dieu tout puissant et ne
divinisent pas le Bouddha) ; et le bouddhisme mahayana
(surnommé grand véhicule), courant réformateur fortement
inspiré de l'hindouisme.
Au III° siècle avant
Jésus Christ, l'Empereur Ashoka, membre de la dynastie
Maurya et unificateur de l'Inde, se
convertit au bouddhisme, permettant une grande diffusion de cette
doctrine sur le sol indien, mais aussi dans les royaumes
frontaliers.
Les successeurs
d'Ashoka favorisèrent l'essor du bouddhisme ; mais, suite à la
disparition de la dynastie Maurya, vers 180 avant Jésus Christ, les
monastères furent convertis en temples hindous, et de nombreux
bouddhistes furent persécutés. Puis, quelques siècles plus tard, la
contre-réforme hindouiste tenta d'opérer un syncrétisme, faisant du Bouddha le neuvième avatar
du dieu Vishnou (selon la tradition, cette divinité
protectrice se réincarne régulièrement lorsque le monde est menacé).
Si le bouddhisme
connut un net reflux en Inde, il se diffusa dans de nombreux pays
frontaliers. Au VIII° siècle, un maître indien nommé
Padmasambhava contribua à diffuser le bouddhisme au Tibet. Ce
dernier, appelé par le roi Trisong Detsen, dont le pays était
"assailli par des déités malfaisantes", contribua à éradiquer le
bön, une religion tibétaine pré-bouddhiste. Par la suite,
Padmasambhava fut vénéré comme un second Bouddha et le bouddhisme
fut déclaré religion d'Etat.
A noter qu'au fil
des siècles, le bouddhisme tibétain se divisa en quatre écoles
principales : les Nyingmapa, les Kagyupa, les
Sakyapa et les Gelugpa. En raison de la montée en
puissance des monastères bouddhistes,
mais aussi des nombreux affrontements entre ces différents courants
de pensée,
le royaume tibétain fut morcelé en plusieurs petites entités. En
1640,
Güshi Khan, chef de la tribu mongole
des Qoshot, décida alors d'envahir le pays, confiant
le pouvoir au cinquième
dalaï-lama, nommé Lozang Gyatso, chef de l'école Gelugpa
(à noter que ce titre avait été cédé au troisième dalaï-lama, Sonam
Gyatso,
par le souverain mongol Altan Khan).
Les successeurs de Lozang Gyatso, maîtres du pouvoir spirituel, héritèrent
aussi progressivement du pouvoir
temporel (Güshi Khan s'arrogea le titre de roi du Tibet, mais ses
successeurs eurent bien moins d'influence).
Le dalaï-lama,
véritable chef d'Etat, conserva son autorité sur le Tibet jusqu'à
l'invasion chinoise de 1950. Jusqu'à cette date, les moines
empêchèrent le développement de l'industrie, afin d'éviter un
"bouleversement sociétal" ; les Tibétains vivaient dans un système
féodal, les paysans étant soumis aux moines ; enfin, la liberté de
culte était interdite (un prêtre suisse, Maurice Tornay, fut
assassiné en 1949 alors qu'il souhaitait évangéliser l'Himalaya).
L'on assista à un
schéma similaire en Chine, ce pays comptant une dizaine d'écoles
bouddhistes au cours du VIII° siècle. Plusieurs affrontements
opposèrent les différents courants de pensée, l'école Chan
(qui promouvait l'éveil par la méditation) étant particulièrement
virulente.
Le bouddhisme se
développa au Japon à la même période (l'école Chan devint école
Zen), où l'on assista une fois encore à des conflits religieux
entre bouddhistes. Au XIII° siècle, un moine nommé Nichiren
fonda une école portant son nom. Ce personnage controversé, reconnu
pour son intolérance, invita ses fidèles à s'attaquer aux écoles
bouddhistes rivales.
Au XVI° siècle,
alors que les moines de l'école Tendai profitaient de
l'affaiblissement de l'autorité de l'Etat pour accroitre leur
influence, ils furent attaqués par le général Oda Nobunaga,
qui contribua à l'unification du Japon. Ce dernier détruisit de
nombreux temples, faisant exécuter les moines perturbateurs.
La question de la
place des femmes dans la religion bouddhiste est aussi sujet à
controverse. En effet, s'il existe des ordres religieux féminins
(comme dans la religion catholique), les bhikkuni (c'est à
dire les moniales) sont soumises à des règles encore plus strictes
que leurs homologues masculins (selon la légende, Bouddha aurait
refusé que les femmes puisse prendre l'habit de moine, avant de
finalement accepter).
Ainsi, les bhikkuni,
soumises à l'autorité de leurs homologues masculins, doivent
s'incliner devant chaque moine, même si ce dernier est un novice,
les femmes étant "inférieures par nature" ;
se confesser devant les moines assemblés (les punitions sont
administrés par ces derniers) ; ne pas insulter ou critiquer
un moine (même si ce dernier peut faire des reproches à une bikkhuni).
A noter que le
statut de bhikkuni pose question dans plusieurs pays
d'Extrême-Orient, comme en Thaïlande ou en Birmanie, car les
moniales,
privées du droit d'enseigner par les autorités bouddhiques,
ne bénéficient d'aucune aide de l'Etat.
Au final, si l'on
ne peut contester que le bouddhisme est une religion relativement
tolérante, elle a connu des débordements liés à des questions
religieuses, au même titre que d'autres cultes. En effet, l'Histoire
nous a montré, et ce à de multiples reprises, qu'une religion est de
plus en plus corrompue au fur et à mesure qu'elle se rapproche du
pouvoir exécutif.