Faux ! Car contrairement à ce que l'on
pourrait penser, Brutus (de son vrai nom Marcus Junius Brutus Caepio.)
n'était pas le fils de Jules César !
En effet, ce dernier était le fils de
Marcus Junius Brutus[1]
et de Servilia Caepionis[2].
A noter par ailleurs que César (né le 13 juillet 100 avant Jésus Christ.) ne
pouvait chronologiquement pas être le père du jeune homme, Brutus étant né
en l'an 85 avant notre ère (le futur vainqueur des Gaules aurait donc eu
entre 14 et 15 ans lors de la conception.).
En 77 avant Jésus
Christ, Marcus Junius Brutus fut battu et tué par les troupes de
Pompée[3],
après avoir mené une insurrection populaire à Modène. Servilia se
remaria donc avec un aristocrate nommé Decimus Junius Silanus
(avec lequel elle eut trois filles.), puis, à partir de 64 avant
Jésus Christ, elle devint officiellement la maîtresse de César.
Cet état de fait
n'empêcha pas Brutus décida de choisir le camp de Pompée lors de la
guerre civile[4]
(bien que ce dernier soit responsable de la mort de son père.), mais
César, suite à sa victoire au printemps 45 avant Jésus Christ,
décida de pardonner à ses ennemis. C'est ainsi qu'il confia de
nombreux postes à responsabilité à Brutus et plusieurs de ses futurs
assassins[5].
Le fils de Servilia,
souvent présenté comme une brute sans cervelle, n'était pourtant pas
dénué d'intelligence. En effet, ce dernier avait étudié la
philosophie en Grèce lors de sa jeunesse ; il se considérait ainsi
comme un héritier de la pensée platonicienne. Brutus, s'inspirant
des idées du philosophe grec Platon, pensait donc que la cité
idéale devait être régie par la raison et non par les armes[6].
Le fils de Servilia considérait donc que la toute puissance de César
ne pouvait être que nuisible à l'avenir de Rome.
Brutus jurant la mort de César, sculpture de
Guillaume DARDEL, XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.
Le
jour des ides de mars (15 mars 44 avant Jésus Christ.), César se rendit au Sénat,
où il était attendu par les conjurés. Ces derniers, environ une soixantaine
d'hommes, poignardèrent César à tour de rôle[7].
Ce dernier, voyant Brutus approcher, se voila la tête, et
fit glisser les plis de sa toge jusqu’au bas de ses jambes. Puis, tombant
par terre, il prononça les mots «
καὶ
σὺ τέκνον », ce qui signifie ‘toi aussi mon fils’
(à noter que le grec était la langue de l'aristocratie ; dans le cas de
César, il s'agissait de sa langue maternelle.).
L'assassinat de César, par Jean Léon GEROME, 1867.
Suite au meurtre de César, Brutus et ses compagnons tentèrent de gagner le
peuple de Rome à leur cause, mais en vain, et furent donc contraints de fuir
le pays. En octobre 42 avant Jésus Christ, vaincu lors de la bataille de
Philippes[8],
en Grèce, l'assassin de César décida de se donner la mort. Selon l'historien
romain Dion Cassius, Brutus, avant de se jeter sur son épée, se
serait écrié : "malheureuse vertu ! tu n’étais qu’un mot ; je te
cultivais comme une réalité, et tu étais l’esclave de la fortune."
[1]
Rappelons qu'à Rome, les prénoms étaient aussi peu nombreux que
les familles aristocratiques.
Pour en savoir plus sur la tria nomina (prénom, nom,
surnom.), cliquez
ici !
[2]
Cette dernière appartenant à la famille des Scipion, elle put
transmettre le surnom Caepio à son fils.
[3] Rappelons que
Pompée n'était pas connu pour sa clémence. Ainsi, suite à la révolte
de Spartacus en 71 avant notre ère, il fit crucifier tous les
esclaves ayant prit part à l'insurrection.
Pour en savoir plus à ce sujet, voir le 6, section IV, chapitre
troisième,histoire de la Rome antique.
[4] Pour plus de
renseignements sur la guerre civile, voir le 15, section IV,
chapitre troisième,histoire de la Rome antique. .
[5]
A noter que César avait fait de Brutus son second successeur
(derrière son petit neveu Octave, le futur Empereur
Auguste.), signe de son affection pour le fils de Servilia.
[6]
Platon distinguait cinq régimes politiques différents : l'aristocratie,
dirigée par les meilleurs (les plus puissants et les plus sages.) ;
la timocratie, système basé sur la course aux honneurs
; l'oligarchie, dans lequel les plus riches dirigent
la cité ; ladémocratie, fondé sur l'égalité ; et la
tyrannie, régime fondé sur les désirs du seul tyran.
[7]
Ce dernier ne reçut toutefois que 23 coups de poignards, dont un ou
deux seulement furent mortels.
[8]
Pour en savoir plus à ce
sujet, voir le 3, section V, chapitre troisième,histoire de
la Rome antique.