Les praenomen, à Rome, étaient très peu nombreux. De ce fait, de
nombreux garçons se prénommaient Caius, Marcus ou Lucius.
Les nomen, quant à eux, étaient portés par tous les citoyens
descendant d'une même famille (Julius, Tullius, Livius, etc.). A
noter que les nomen des femmes étaient féminisés (Claudius devenant
Claudia, Cornelius devenant Cornelia, Antonius devenant Antonia,
etc.). Toutefois, la Rome du III° siècle avant Jésus Christ était
encore une cité de taille modeste. Ainsi, de nombreux Romains
possédaient le même prénom et le même nom de famille.
D'où la fonction vitale des cognomen, les surnoms servant à
différencier les différents citoyens. Caesar, par exemple, signifie
"éléphant", en carthaginois (quoi que certains historiens pensent
que Caesar proviendrait du mot "césarienne" en latin.). Cicéro, le
cognomen du rhéteur romain que nous connaissons sous le nom de
Cicéron, signifie "poids chiche" (peut être avait il des verrues
?). Ahenobarbus, le cognomen du général qui fonda Narbonne en
118 avant Jésus Christ, signifie "barbe d'airain" (c'est à dire
rousse.).
Toutefois, le principe de la tria nomina (les trois noms.)
était parfois désuet. En effet, le cognomen se transmettait souvent
de génération en génération. Ainsi, Publius Cornelius Scipio
(plus connu chez nous sous le nom de Scipion l'Africain.),
portait le même nom que son père, Publius Cornelius Scipio.
L'on employait alors le terme de Major ou de Minor
afin de différencier le plus vieux du plus jeune.
De ce fait, les Romains ne tardèrent guère à adopter un second
cognomen, en plus du premier déjà existant. Par exemple, Scipion
l'Africain reçut le second cognomen d'Africanus suite à sa
campagne victorieuse en Afrique (il mit fin à la seconde guerre
punique suite à la bataille de Zama.). Son nom était
alors Publius Cornelius Scipio Africanus.
Toutefois, au fil des années, les Romains, soucieux de s'assurer un
certain prestige, ajoutèrent de nombreux cognomen à leur tria nomina
de base.
Le meilleur exemple pour illustrer cet état de fait reste les
Empereurs romains, qui galvaudèrent le système jusqu'à son
paroxysme, modifiant à leur guise leurs noms de naissance.
Le premier Empereur romain, connu en France sous le nom d'Auguste,
naquit Caius Octavius Thurinus. Puis, suite à son adoption
par Jules César (qui était son grand oncle.), le jeune homme prit le
nom de Caius Julius Caesar Octavianus. Suite à la
divinisation de César, Auguste se rebaptisa Caius Julius Caesar
Divi Filius ; puis, suite à son accession au pouvoir, il prit le
nom d'Imperator Caesar Divi Filius Augustus.
Statue d'Auguste, I° siècle après Jésus
Christ, conservée à Rome.
Au fil des siècles, les successifs Empereurs romains prirent
l'habitude d'ajouter un cognomen à leur nom suite à chaque campagne
victorieuse. Ainsi, l'Empereur que nous connaissons sous le nom de
Trajan avait pour nom Imperator Caesar Divi Nervae Filius
Nerva Traianus Optimus Augustus Germanicus Dacicus Parthicus
lors de son décès (en effet, il avait remporté plusieurs campagnes
contre les Germains, les Daces et les Parthes.).
Buste de Trajan, vers 100 après Jésus
Christ, musée du Louvre, Paris.
Mais, par la suite, les souverains ayant remporté une campagne
victorieuse rajoutèrent à chaque cognomen supplémentaire le mot
Maximus, afin de démontrer leur supériorité vis à vis de leurs
prédécesseurs. Ainsi, Dioclétien avait come nom
Imperator Caesar Caius
Aurelius Valerius Diocletianus Pius Felix Invictus Augustus
Germanicus Maximus VII Sarmaticus Maximus IV Persicus Maximus II
Britannicus Maximus Carpicus Maximus Armenicus Maximus Medicus
Maximus Adiabenicus Maximus (les chiffres
romains indiquant le nombre de campagnes menées contre les peuples
en question.).
A noter toutefois que César refusa le surnom de
Gallicus (suite à sa campagne victorieuse en Gaule.),
préférant se présenter comme l'ami des Gaulois, et non comme leur
maître...