L'armée allemande à reçu un coup de poignard dans le dos en 1918
Faux ! Car la légende du coup de
poignard dans le dos (ou
Dolchstoßlegende
en allemand) n'est, comme son nom l'indique, qu'une légende inventée par les
militaires allemands au lendemain de la première guerre mondiale, ces
derniers refusant de porter la responsabilité de la défaite.
En 1918, le premier conflit mondial
durait depuis maintenant quatre ans. Après une année 1914 qui avait failli
consacrer la victoire allemande (
en
septembre, la Deutsches Heer[1]
ne se
trouvait qu'à quelques kilomètres de Paris.), l'affrontement s'était enlisé
dans une terrible guerre de tranchées.
Toutefois, si les conditions de vie des deux belligérants étaient
sensiblement identiques, Français et Allemands devant faire face au froid, à
la promiscuité, aux maladies et à la mort, le rapport de force évolua en
faveur des alliés à compter de 1918 : l'entrée des Etats-Unis dans le
conflit, en décembre 1917 (le contingent américain représentait 30% des
forces alliées en 1918.) ; le blocus économique effectué par la Royal
Navy[2],
étouffant peu à peu les échanges commerciaux allemands ; l'absence de chars
de combat du côté de la
Deutsches Heer, alors qu'en France la production s'élevait à 5300 unités
annuelles[3].
Au printemps 1918, l'offensive Ludendorff[4]
s'acheva sur un échec, malgré d'importants gains territoriaux (Paris avait
été menacée une fois encore, comme en 1914.). En effet, les
pertes allemandes étaient considérables : plus de 650 000 tués, blessés ou
disparus, à une époque où 300 000 soldats américains débarquaient chaque
mois sur les côtes françaises.
Les alliés répliquèrent peu de temps après,
lançant l'offensive des Cent-jours, qui permit d'enfoncer les lignes
ennemies. En l'espace de trois mois, Français, Américains et Britanniques
parvinrent à progresser jusqu'à la frontière allemande, faisant face à un
ennemi démoralisé, épuisé, en infériorité numérique et technologique[5].
En fin d'année 1918, de nombreuses émeutes éclatèrent un peu partout
en Allemagne, réclamant la fin des hostilités. Guillaume II, Empereur
allemand, décida alors d'envoyer des émissaires en France, afin de signer un
armistice.
A cette date, Georges Clémenceau, président du conseil[6],
se retrouvait dans une situation délicate. En effet, ce dernier pouvait
prendre le risque de poursuivre la lutte, et d'avancer jusqu'à Berlin (comme
le réclamaient certains généraux.) ; ou bien signer l'armistice au plus tôt,
alors que les alliés n'avaient pas franchi la frontière allemande.
Soucieux d'économiser des vies humaines, et de
mettre fin au plus sanglant conflit que l'humanité avait alors connu[7],
Clémenceau accepta de mettre un terme aux hostilités. C'est ainsi que
l'armistice de Rethondes fut signé le 11 novembre 1918.
Toutefois, comme nous venons de le préciser, si en
fin d'année 1918, l'armée allemande était épuisée, démoralisée, en
infériorité numérique et technologique, les alliés n'avaient pas franchi la
frontière allemande (la première guerre mondiale s'était déroulée en
Belgique et dans le nord de la France.).
Ainsi, les généraux allemands, refusant d'endosser
la responsabilité de la défaite, inventèrent le mythe du coup de poignard
dans le dos. Cette théorie disculpait la Deutsches Heer, rejetant la
responsabilité de la défaite sur les civils de l’arrière, les juifs et les
communistes.
Largement répandue dans l'Allemagne d'après-guerre, particulièrement dans
les milieux antisémites et conservateurs, la Dolchstoßlegende fut amplement
exploitée par la propagande nazie.
[3]
L’Etat-major allemand ne croyait pas en l’efficacité des
tanks. Cependant, les généraux avaient finalement commandé une
centaine d'engins de combats en 1917, n'en recevant qu'une
quarantaine en raison du blocus économique. Ainsi, les Allemands
furent contraints de recycler des chars capturés à l'ennemi.
[4] Du nom du
général Erich Ludendorff, commandant en chef de l'armée allemande
sur le front ouest.
[5]
C'est ainsi que des dizaines de milliers de soldats
allemands déposèrent les armes presque sans combattre devant les alliés.
[6]
Sous la troisième république, le président du conseil occupait un
poste similaire à celui de premier ministre (à ne pas confondre avec
le président de la république).
[7]
Le premier conflit mondial fit 18 millions de morts ; en France, 10%
de la population active masculine avait trouvé la mort pendant la
guerre. Pour en savoir plus sur le
bilan de la première guerre mondiale,
cliquez ici.