Faux !
Galilée (de
son vrai nom Galileo Galilei, qui vécut en Italie de 1564 à 1642),
considéré comme un des fondateurs de la physique moderne, est aujourd'hui
reconnu pour sa défense de la théorie de l'héliocentrisme[1]
(idée selon laquelle la Terre tourne autour du soleil, ce dernier étant le
centre de l'univers) et pour l'invention de la lunette astronomique.
Mais cette paternité est elle attestée historiquement ou non ?
Portrait de Galilée.
Malheureusement, la date d'apparition de la
lunette astronomique nous est méconnue, tout comme l'identité de son
créateur.
Le plus ancien texte mentionnant un tel objet fut rédigé sous la
plume de Leonard Digges, mathématicien et géomètre britannique. Dans
ses écrits, ce dernier indique avoir construit une
« miroir proportionnel » vers 1550, lui permettant de
voir des objets et des gens situés à lointaine distance.
Aujourd'hui, scientifiques et
historiens sont partagés sur l'invention de Digges. Ainsi, certains
considèrent que ce dernier inventa la première lunette astronomique de
l'Histoire, bien que rudimentaire ; alors que d'autres pensent que la
fabrication de miroirs ou de lentilles grossissantes était bien trop
complexe à mettre en œuvre au XVI° siècle.
Le Tectonicon, ouvrage publié par Leonard Digges, 1634.
Quelques décennies plus tard, l'Italien
Giambattista della Porta, physicien et alchimiste, mentionna
l'utilisation de lentilles grossissantes dans son ouvrage La magie
naturelle, dont l'édition complète fut publiée en 1591. Toutefois, ce
savant ne fabriqua jamais de prototype, et s'il fut oublié au fil des
siècles, il est parfois considéré comme l'inventeur de la lunette
d'approche[2].
Portrait de Giambattista della Porta, XVI° siècle.
Vingt ans plus tard, les
Provinces-Unies[3]
furent le théâtre de l'affrontement entre trois inventeurs, chacun se
présentant comme le créateur de la lunette d'approche : l'opticien Hans
Lippershey, qui fut le premier à faire la démonstration d'un appareil
doté d'un grossissement de trois, en septembre 1608 (son dépôt de brevet fut
rejeté le mois suivant) ; Zacharias Janssen, fabricants de lentilles,
qui vendit des lunettes astronomiques à la Foire de Francfort en septembre
1608, prétendant en être l'inventeur ; et Jacob Metius, autre fabricant
de lentilles, qui déposa un brevet peu de temps avant Hans Lippershey, pour
un appareil plus puissant, permettant un grossissement de quatre[4].
Lunette de Hans Lippershey, début du XVII° siècle.
La lunette d'approche, principalement
utilisée par les marins et les naturalistes, connut un important succès en
l'espace de quelques années. Mais dès 1609, plusieurs scientifiques
commencèrent à utiliser cette invention pour regarder les étoiles, comme
l'avait sans doute fait Digges au XVI° siècle.
Galilée, qui commença à observer les
astres à compter de 1609, ne fut donc ni l'inventeur de la lunette, ni le
premier à avoir l'idée d'observer les étoiles. Cependant, ce dernier élabora
rapidement ses propres appareils, permettant un grossissement de neuf dès
l'été 1609 (sa lunette astronomique la plus perfectionnée fut dotée d'un
grossissement de trente).
Grâce à ses inventions, Galilée
découvrit quatre satellites de Jupiter (à savoir Callisto, Europe, Ganymède
et Io) et les anneaux de Saturne, puis étudia les taches solaires et les
phases de Vénus[5].
[1]
En 1633, Galilée fut condamné par l'Eglise, qui défendait la théorie
du géocentrisme (selon laquelle le soleil
tournait autour de la Terre, et qu'elle était au centre de l'univers).
[2] La lunette
d'approche (appelée aussi longue-vue), contrairement à la
lunette astronomique, est équipée d'un redresseur d'image pour voir
l'image à l'endroit. En effet, la lunette d'approche fut
principalement utilisée par les marins ou les naturalistes.
[3]
C'est ainsi
qu'étaient nommés les Pays-Bas à l'époque moderne. Pour en savoir
plus sur l'histoire de ce pays,
cliquez ici.
[4]
A noter qu'à sa mort, Metius fit détruire toutes ses
lunettes, afin que personne ne s'empare de ses travaux.
[5]C'est en étudiant les étoiles que Galilée
fut convaincu du bien fondé de la théorie de l'héliocentrisme, s'attirant ainsi
de nombreux ennuis avec l'Eglise.
Vous pourrez en savoir plus à ce sujet dans Les mensonges de
l'Histoire, mon premier ouvrage, publié aux éditions
l'Harmattan !