Faux ! En réalité, l'existence de Guillaume
Tell, à l'instar de celle de
Jeanne la papesse, bien
qu'étant fantaisiste, finit par être admise comme une réalité au fil des
siècles...
Selon la légende, Guillaume Tell était un ancien mercenaire suisse, passé maître
dans le maniement de l'arbalète, vivant au début du XIV° siècle. A cette
époque, l'Empereur germanique (qui était aussi duc d'Autriche[1].) souhaitait
assoir sa domination sur le canton d'Uri, lieu de résidence de Guillaume
Tell.
Le gouverneur autrichien du canton, Hermann Gessler
,
fit alors ériger un poteau sur la place du village d'Altdorf, et y fit
accrocher son chapeau. Ordre fut alors donné à tous les habitants de se
courber devant le couvre chef, afin d'éprouver la loyauté de la population.
Guillaume
Tell, passant par là, vit le poteau mais refusa de faire la révérence
imposée. Rapidement arrêté, l'ancien mercenaire fut sommé de se courber
devant le chapeau du gouverneur, mais il refusa une fois de plus.
Hermann Gessler proposa alors un marché à
Guillaume Tell : si ce dernier parvenait à atteindre une pomme posée sur la
tête de son fils avec un carreau d'arbalète, il serait remis en liberté ;
s'il échouait, il serait condamné à mort.
Guillaume Tell parvint à atteindre la pomme du
premier coup, mais Gessler se rendit compte que l'ancien mercenaire avait
conservé un second carreau dans sa veste. Tell répondit alors que si son
premier tir avait manqué son fils, le second aurait atteint le gouverneur.
Furieux, Gessler décida alors d'emprisonner Guillaume Tell.
Quelques jours plus tard, le gouverneur décida
d'emmener son prisonnier vers la ville (peut être Lucerne ?), afin d'être
sûr qu'il ne s'échappe pas. Toutefois, lors de la traversée du lac des
Quatre Cantons, une tempête menaça l'équipage.
Guillaume Tell proposa alors ses services,
parvenant à conduire la barque jusqu'au rivage. Mettant pied à terre,
l'ancien mercenaire donna alors un coup de pied au frêle esquif, afin de le
repousser au loin.
Cet épisode aurait alors entraîné la
confédération des trois cantons de décembre 1315, véritable déclaration
d'indépendance adressée à l'Autriche.
Les premiers ouvrages retraçant l'histoire de
Guillaume Tell apparurent vers la fin du XV° siècle, date à laquelle les
cantons suisses étaient menacés par l'Empereur germanique Maximilien I°.
L'objectif de ce récit légendaire était alors de renforcer l'unité des
cantons face à l'ennemi autrichien (les treize cantons proclamèrent ainsi
leur indépendance en 1499, lors du traité de Bâle.).
Pendant longtemps, Guillaume Tell fut considéré
comme un personnage historique, aimé aussi bien par la population (qui
voyait en lui un homme ayant chassé l'oppresseur autrichien.) que par la
noblesse (Tell étant considéré comme l'unificateur de la Suisse.). Par
ailleurs, la neutralité religieuse du personnage n'entraîna pas de rejet de
la part des catholiques ou des protestants.
Ce n'est qu'à partir du XIX° siècle que
l'historicité de Guillaume Tell fut véritablement battue en brèche (même si
certains philosophes, dont Voltaire, s'attaquèrent au mythe dès la
fin du XVIII° siècle.). Les historiens de l'époque, recherchant l'existence
de Guillaume Tell en fouillant dans les archives suisses, ne trouvèrent
finalement aucun document prouvant l'existence du personnage.
En réalité, l'histoire de Guillaume Tell fut
inspirée par le récit de Palnatoki, un héros danois du X° siècle. Ce
dernier, chef des Vikings de Jomsborg, éleva Sven, fils illégitime de
Harald I°, roi du Danemark. Quand Sven fut en âge de combattre,
Palnatoki lui conseilla de se faire reconnaitre par son père et de prendre
sa place (en effet, Harald I° avait décidé d'imposer le christianisme, alors
que Palnatoki était resté païen.).
Rapidement arrêté, Harald I° proposa un marché à
Palnatoki : si ce dernier parvenait à atteindre d'un seul coup de flèche une
pomme posée sur la tête de son fils, qui était alors en train de skier, il
serait remis en liberté ; s'il échouait, il serait condamné à mort.
Ce récit ressemble étrangement à une histoire
encore plus ancienne, datant du VII° siècle. Selon une légende
anglo-saxonne, le héros Agilaz (ou Egil.) fut menacé par le
cruel roi Nidud : s'il parvenait à atteindre une pomme posée sur la
tête de son fils d'un seul coup de flèche, il serait remis en liberté ; s'il
échouait, il serait condamné à mort. Agilaz réussit, puis montra une seconde
flèche à Nidud, lui affirmant que si la première avait manqué sa cible, la
seconde aurait tué le roi.
Comme nous pouvons le constater, l'histoire de
Guillaume Tell ressemble étonnamment à un récit danois du X° siècle,
s'inspirant lui même d'un récit anglo-saxon du VII° siècle...
Toutefois, à l'instar du personnage légendaire de Robin des Bois,
Guillaume Tell reste toujours très présent dans les esprits, même s'il n'est
plus considéré comme un personnage historique.