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Mythologie
 
 

 

 

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Les mensonges de l'Histoire


Pouce vers le haut, gladiateur gracié ; pouce vers le bas, gladiateur mis à mort

 

Faux ! En effet, outre une vision erronée de la vie des gladiateurs, nombreux sommes nous à nous représenter la scène suivante : le combat entre les deux gladiateurs s'est achevé, et l'un des deux combattants est à terre, remettant son sort entre les mains des spectateurs. Ceux souhaitant faire grâce au vaincu lèvent le pouce ; les autres, réclamant la mort, abaissent le pouce.

Pollice verso, par Jean Léon GEROME, XIX° siècle.

 

En réalité, cette vision que nous avons des combats de gladiateurs constitue un véritable contre-sens historique.

 

De prime abord, nous pouvons constater qu'aucun vestige archéologique représentant des gladiateurs ne montre un public levant ou baissant le pouce. Certes, des destructions ont bien été commises en l'espace de 2000 ans, mais le fait est assez curieux pour être mentionné.

Fresque représentant un combat de gladiateurs, III° siècle après Jésus Christ, Neues museum, Berlin.

 

Par ailleurs, peu de textes mentionnent cette gestuelle dans les textes antiques. Ainsi, deux extraits seulement y sont consacrés.

Le premier, par Juvénal[1], est mentionné dans sa troisième Satyre : naguère sonneurs de cor et habitués de l'arène des villes de province, joues bien connues des bourgades, ils financent maintenant des jeux, et quand le peuple l'ordonne en tournant le pouce, ils tuent pour se faire bien voir[2].

Le second texte fut rédigé par Prudence[3], poète chrétien du IV° siècle après Jésus Christ, dans son ouvrage Contre Symmaque : et la poitrine de celui qui est à terre, l'honnête vierge, en retournant le pouce, ordonne de la briser[4].

 

Cependant, ces deux témoignages se réduisent rapidement à un seul, car Prudence, en sa qualité de chrétien, n'a pas pu assister à un combat de gladiateur[5], spectacle interdit à ses coreligionnaires (ce dernier s'étant visiblement inspiré du texte de Juvénal.).

Par ailleurs, si Juvénal atteste que les Romain "[tournaient] le pouce" (verso pollice.), rien n'indique qu'ils le levaient pour demander la grâce du vaincu (sans doute s'agit t'il d'une symétrie imaginée par notre esprit contemporain.).

Ainsi, Pline l'Ancien[6] indique que les spectateurs souhaitant manifester leurs bonnes intentions repliaient leur pouce sur les autres doigts, ou bien le rentraient à l'intérieur de la main. Le pollex[7], ainsi replié, était rengainé comme une épée dans son fourreau[8].

Statuette représentant un hoplomaque, II° siècle après Jésus Christ, Neues museum, Berlin (le hoplomaque était un gladiateur léger, équipé d'un poignard, d'un casque, et d'un petit bouclier rond).

 

Quant au pouce tendu vers le bas, les choses sont moins simples qu'il n'y parait.

Ainsi, le verso pollice employé par Juvénal, s'il fut interprété comme "tourné vers le bas", se traduit néanmoins par "tendu vers". Les spectateurs des jeux ne tournaient donc pas leur pouce vers le bas afin de réclamer la mise à mort, mais le pointaient probablement vers les combattants, leur indiquant la marche à suivre (l'infestus pollex, "pouce hostile", était dirigé vers celui que l'on voulait voir mourir.).   

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[1] De son vrai nom Decimus Iunius Iuuenalis. Cet auteur était un poète satyrique ayant vécu entre la fin du I° siècle et le début du II° siècle après Jésus Christ. Il critiqua vivement les changements que vivait Rome, corrompue par les richesses venues d'Orient et par la dictature des Empereurs respectifs. Son principal ouvrage fut les 16 Satyres, compilées dans un livre unique.

[2] Voici le texte original : quondam hi cornicines et municipalis harenae perpetui comites notaeque per oppida buccae munera nunc edunt et, uerso pollice uulgus cum iubet, occidunt populariter.

[3] De son vrai nom Aurelius Prudentius Clemens. Né en 348 au sein d'une famille chrétienne, Prudence suivit des études de droit afin de devenir fonctionnaire. Gouverneur sous le règne de l'Empereur Théodose, il mit cependant fin à sa carrière, et se retira de la vie publique. Jugeant sa vie médiocre, Prudence commença à écrire des poésies au service de l'Eglise. Il rédigea une dizaine d'oeuvres, que l'on peut classer en trois groupes (lyriques, didactiques, polémiques.).

[4] Voici le texte original : pectusque iacentis uirgo modesta iubet conuerso pollice rumpi.

[5] En effet, la mise à mort ne se faisait pas en "brisant la poitrine", mais en insérant l'épée dans le cou afin d'atteindre le coeur.

[6] De son vrai nom Gaius Plinius Secundus, Pline l'Ancien était un écrivain et naturaliste romain qui vécut au premier siècle de notre ère.

[7] A noter que le pouce (pollex.) était considéré comme le doigt principal par les Romains.

[8] Plusieurs fresques datant de l'Antiquité attestent ce geste.

 

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