L'expansion musulmane du VII° siècle se fit dans la tolérance
Faux !
En réalité, les musulmans furent bien moins tolérants envers les peuples
conquis qu'on ne pourrait le croire.
Mahomet naquit à La Mecque vers 570. Membre de la tribu des Quraych, il aurait rencontré l’ange
Gabriel en 610, lequel lui aurait transmis la parole de Dieu (l’ensemble de
ces versets formèrent plus tard le Coran, rédigé plusieurs années
après la mort de Mahomet.).
Désireux de
faire part de la « parole divine » aux Mecquois, qui étaient polythéistes,
Mahomet fut néanmoins repoussé par ces derniers. En juillet 622, il décida
de se rendre à Yathrib (aujourd’hui Médine.). L’hégire (ce qui
signifie "émigration") marque le début du calendrier musulman.
Au cours des
années qui suivirent, Mahomet lança une offensive sur La Mecque. Il s’empara
de la ville, détruisit les idoles, et imposa l’islam à tous les habitants de
la ville.
Mahomet
mourut en 632, soit dix ans après l’hégire, étant parvenu à convertir la
totalité de la péninsule arabique à l’islam. Ces derniers mots furent
chassez tous les gens du livre[1]
et faites en sorte qu’ils ne reviennent plus.
La progression de
l'islam en Arabie au VII° siècle (vous pouvez faire un "clic droit"
sur la carte pour zoomer).
Le successeur du défunt fut
Abou Bakr, beau-père de Mahomet. Ce dernier fut le premier calife de
l’islam, mais ne vécut pas suffisamment longtemps pour jouer un grand rôle
(c’est lui qui compila les versets du Coran.).
En 634, à la
mort d’Abou Bakr, ce fut Omar, un autre beau-père de Mahomet, qui
devint le second calife de l’Islam. Ce dernier commença par s’attaquer à la
Perse, pays tout juste sortie d’une sanglante querelle de succession.
En 636, après
s’être emparés de la Mésopotamie, les musulmans se lancèrent à l’assaut du
Proche-Orient, alors sous contrôle de l’Empire byzantin. Les
troupes grecques furent vaincues lors de la bataille de Yarmouk, et les
musulmans, établissant leur domination sur la région, s’emparèrent de
Jérusalem en 638.
En 642, Omar
s’empara de l’Egypte, puis progressa vers l’Afrique du nord. Toutefois, il
fut assassiné par un esclave perse en 644. Il fut alors remplacé par
Othman, troisième calife de l’islam.
Othman,
s’attaquant aux îles de la Méditerranée, fut assassiné à son tour en 656 par
Ali, cousin et gendre de Mahomet, qui devint ainsi quatrième calife
de l’islam. L’année suivante, Muawiya, gouverneur de Damas et parent
d’Othman, décida de marcher contre Ali et le vainquit à la bataille de
Siffin.
Muawiya,
établissant sa domination sur un territoire reliant l’Arabie à l’Afrique du
nord, devint le premier calife de la dynastie Omeyyade (Ali, réfugié
en Perse, mourut assassiné en 661, donnant naissance au chiisme, une
branche minoritaire de l’islam.).
Le bassin
méditerranéen en 750
(vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte pour zoomer).
La conquête
musulmane fut d'autant plus fulgurante que l'Empire byzantin comme
la Perse étaient épuisés par plusieurs décennies de conflits ; en
outre, les populations chrétiennes du Proche-Orient étaient lassées
par les persécutions religieuses organisées par Constantinople. A
cette époque, il existait plusieurs courants chrétiens, souvent
interdits : le nestorianisme, ne reconnaissant pas
la maternité divine de Marie ; le
monophysisme, ne reconnaissant pas la nature humaine du Christ ; le
donatisme, considérant qu’un sacrement conféré par un prêtre
ayant abjuré sa foi devait être considéré comme nul ; le
monothélisme, affirmant que la nature de Jésus était double,
humaine et divine, mais que le Christ était animé d’une seule
volonté ; etc.
Suite à la conquête
musulmane, les chrétiens d'Orient ne furent pas hostiles aux
envahisseurs, ces derniers semblant plus tolérants que les
Byzantins. Dans un premier temps, les musulmans imposèrent aux
chrétiens un impôt relativement modeste, les habitants des régions
envahies étant relativement plus nombreux que les Arabes.
Mais, au fil des
décennies, à mesure que le Proche-Orient et l'Afrique étaient peu à
peu islamisés[2],
les conditions de vies de chrétiens se durcirent progressivement.
Les règles
auxquelles étaient soumis les non-musulmans nous sont connues grâce
au pacte d'Omar. Traditionnellement, ce traité est présenté
comme l'œuvre d'Omar, second calife de l'islam, mais il semblerait
qu'il soit plus récent de quelques siècles. En effet, il aurait été
rédigé sous le règne d'Omar II, calife de la dynastie des
Ommeyyade (qui régna de 717 à 720).
Le texte
accordait aux juifs et aux chrétiens le statut de dhimmi (ou
"protégés"),
entérinant des dispositions déjà anciennes (c'est à dire la
jizia,
taxe sur les personnes, et le kharaj[3],
un impôt foncier). Toutefois, ce nouvel accord était accompagné de
nouvelles règles : ainsi, les gens du livre n'avaient plus le droit de construire ou même d’entretenir leurs lieux de culte ; il leur
était interdit de faire du prosélytisme, de mettre des selles sur leurs chevaux, de porter l’épée, de
vendre des boissons fermentées, d'organiser des processions religieuses ; ils devaient tondre le devant de leur tête
et de porter un vêtement spécifique, etc.
A noter par ailleurs
que l'impôt payé par les chrétiens d'Orient s'alourdit
considérablement au fils des siècles, alors qu'il était encore
relativement modeste lors de la conquête musulmane du VII° siècle.
Au final, si les
califes musulmans semblaient faire preuve de tolérance envers les
gens du livre en leur accordant le statut de dhimmi, l'objectif
inavoué était de les contraindre à abjurer leur foi. Ainsi, de
nombreux juifs et chrétiens se convertirent à l'islam, échaudés par
les dures clauses du pacte d'Omar.
L'Afrique du nord,
à l'origine chrétienne, fut donc totalement islamisée à compter du
XI° siècle ; au Proche-Orient, les croisades[4]
eurent pour conséquence d'empêcher la complète extinction du
christianisme ; en Egypte, l'on compte aujourd'hui 10% de chrétiens
(un chiffre similaire similaire à celui de la Syrie)
[1] On désignait par l’appellation gens du
livre les juifs, mais aussi les chrétiens.
[2]
L'on estime que les populations d'origine arabe dépassèrent en
nombre les population autochtones du Proche-Orient et de l'Afrique entre le IX°
et le X° siècle.
[3]
A noter qu'Omar II décida que les terres sur lesquelles étaient
payées le
kharaj
ne pouvaient pas être cédées à des musulmans ; ces derniers pouvant
les louer mais devaient alors s'acquitter de cet impôt. Au fil des
siècles, comme les conversions à l'islam se firent plus nombreuses,
de nombreux musulmans furent amenés à payer le kharaj.