1° L’origine du conflit – En
1520, François I° se trouvait dans une situation périlleuse. En effet,
l’Espagne, les Pays Bas, l’Empire germanique, Naples et la Sicile se
trouvaient alors dans les mains d’une seule et même personne : Charles
Quint.
Ce
dernier, souhaitant recréer l’Empire de Charlemagne, avait comme premier
objectif de récupérer la Bourgogne, héritage de son aïeul
Charles le Téméraire
(la fille de ce dernier, Marie, avait épousé Maximilien I°, grand
père de Charles Quint.).
Charles le Téméraire, musée
de Berlin.
L’empereur germanique n’avait toutefois aucun droit sur le duché de
Bourgogne. En effet, ce territoire avait été donné par le roi de France
Jean II le Bon en apanage à un de ses fils,
Philippe le Hardi.
Selon la coutume, lorsque le possesseur d’un apanage disparaissait sans
laisser d’héritiers (mâles ?), il était récupéré par la couronne. Charles le
Téméraire ayant disparu sans laisser de fils, le roi de France Louis XI
s’empressa donc de s’emparer de la Bourgogne.
Louis XI, par Jean Léonard
LUGARDON.
François I°, quant à lui, ne comptait pas laisser son rival dépecer le
royaume de France. Au contraire, fort de l’expérience de ses prédécesseurs,
il comptait lui aussi agrandir son territoire.
2° Première phase de la sixième guerre d’Italie, le conflit
de Navarre (1521) – La sixième guerre d’Italie ne débuta pas en Italie,
contrairement à ce que l’on pourrait penser, mais en Navarre (à noter qu'à
partir de cette date, le terme guerre d'Italie devint purement
nominatif, la plupart des affrontements ayant lieu hors de ce pays.).
A
cette époque, ce petit royaume pyrénéen était sous domination espagnole, et
ce depuis l’invasion des troupes de Ferdinand II d’Aragon à la fin de la
quatrième guerre d’Italie.
Toutefois, la Navarre étant depuis longtemps d’obédience française, François
I° souhaitait reprendre le contrôle de ce territoire.
a)
L’offensive franco-navarraise, le siège de Pampelune (printemps 1521) :
Henri II d’Albret, recevant l’aval du roi de France, décida de contre
attaquer au cours du printemps 1521. François I° préféra ne pas intervenir
directement, mais décida de lui fournir une petite armée, sous le
commandement d’André de Foix, seigneur de Lesparre.
Ainsi, les troupes franco-navarraises (réunissant près d’une dizaine de
milliers d’hommes.) parvinrent à reconquérir rapidement la Navarre.
Henri II d'Albret, par Léonard LIMOSIN, début XVI° siècle, musée du Louvre,
Paris.
Assiégeant Pampelune (il s’agissait de la capitale du royaume de Navarre.)
au cours du mois de mai, la cité ne résista qu’une poignée de jours avant
d’ouvrir ses portes aux Français (à noter toutefois qu’une révolte ayant
éclaté en Castille empêcha l’ennemi de se porter au devant des
Franco-Navarrais.).
b)
La contre attaque espagnole (été 1521) : en juin 1521, Lesparre
poursuivait son offensive vers le nord de l’Espagne.
Toutefois, les évènements tournèrent en faveur des Espagnols, l’armée
castillane parvenant à mater l’insurrection à laquelle elle avait été
confrontée au cours des mois précédents.
Apprenant la nouvelle, Lesparre décida de se replier vers Pampelune, mais
les Espagnols parvinrent à le prendre à revers, coupant sa retraite.
Se
retrouvant en infériorité numérique, Lesparre, plutôt que d’attendre des
renforts, décida d’affronter l’ennemi sans tarder.
La
bataille de Noain, livrée à un contre trois, fut un sanglant échec
pour les troupes de Lesparre. Les Franco-Navarrais, repoussés par la
cavalerie espagnole, et perdant leur précieuse artillerie, furent décimés
par l’ennemi.
Lesparre, fait prisonnier, perdit 6 000 hommes, alors que les Espagnols
n’eurent à déplorer qu’une grosse centaine de pertes.
Quelques temps plus tard, un accord diplomatique fut signé entre Charles
Quint et François I°, l’un conservant la Haute Navarre, au sud des
Pyrénées ; l’autre confiant la Basse Navarre, au nord, à la maison d’Albret.
3° L’offensive de Charles Quint, seconde phase de la sixième
guerre d’Italie (1521 à 1522) – Au cours de l’année 1521, Charles Quint
décida de passer à l’offensive et ouvrit deux nouveaux fronts : l’un dans le
nord de la France, l’autre en Italie.
a)
Le siège de Mézières (septembre 1521) :
Charles Quint, soucieux de s’emparer de la Bourgogne, décida de faire
marcher ses armées contre le nord de la France. Bayard, repoussé, fut alors contraint de
reculer et de s’enfermer dans Mézières.
Les troupes ennemies, bien que faisant pleuvoir des coups de canons, ne
parvinrent toutefois pas à s’emparer de la cité.
L'héroïque comportement des habitants de Mézières parvint à donner
l'avantage au roi de France. Ce dernier, à la tête de son armée, rencontra
Charles Quint et les troupes impériales en octobre 1521, près de
Valenciennes. L'Empereur décida alors de battre en retraite, poursuivi par
les Français. Toutefois, de fortes pluies empêchèrent les soldats de
François I° d'en découdre avec les impériaux.
Grâce à ce coup de force, François I° aurait pu contraindre Charles Quint à
signer un traité avantageux pour la France ; toutefois, les évènements qui
se déroulèrent en Italie en 1522 ruinèrent les espoirs Français.
b)
L’offensive en Italie, la bataille de la Bicoque (printemps 1522) :
en Italie, Charles Quint décida de former une coalition regroupant l’Empire
germanique, l’Angleterre, le Saint Siège, ainsi que quelques petits états de
la péninsule italienne. L’objectif était de contrecarrer l’alliance entre la
France et la république de Venise.
Le
commandant de l’armée impériale,
Prospero Colonna
(il s’agissait d’un mercenaire romain
ayant combattu les Français lors des batailles de Cérignole et du
Garigliano.),
pénétra dans le Milanais au cours de l’automne 1521, mettant en place une
stratégie de guérilla.
Le
général en chef de l’armée française, Odet de Foix, vicomte de
Lautrec,
ne parvint toutefois pas à mettre un terme aux agissements de l’ennemi.
Lautrec, souffrant à cause des désertions (principalement suisses.), décida
alors de se replier à Milan afin d’y hiverner. Toutefois, Colonna décida de
poursuivre l’offensive et attaqua la ville en novembre 1521.
Lautrec, surpris, fut contraint de se réfugier à Crémone (à noter qu’au même
moment, le pape Adrien VI, précepteur de Charles Quint, succédait au
défunt Léon X.).
En
début d’année 1522, les Français avaient déjà perdu une importante partie du
Milanais. Par ailleurs, ils ne parvinrent pas à empêcher la jonction des
troupes de Colonna et de François II Sforza (il s’agissait du frère
cadet de Maximilien Sforza, l’ancien duc de Milan.), revenu d’Allemagne avec
des renforts.
Toutefois, Lautrec était parvenu lui aussi à trouver du renfort, de Suisse,
de Venise et de France.
Attaquant Novare et Pavie, Lautrec avait comme objectif de contraindre Colonna
à affronter les Français au cours d’une bataille rangée.
Ce
dernier refusa, à cause de son infériorité numérique, préférant au contraire
se retrancher dans les jardins du manoir de la Bicoque, à quelques
kilomètres au nord de Venise.
Lautrec savait que la position des impériaux serait difficile à prendre, et
ne souhaitait pas donner l’assaut. Toutefois, les Suisses lui rappelèrent
qu’ils n’avaient pas été payés depuis longtemps, et qu’ils déserteraient si
la guerre durait trop longtemps (argent, congé ou bataille, lui
dirent ils.).
Lautrec, ne pouvant pas se passer de l’appui des mercenaires suisses, décida
alors d’en découdre avec les troupes de Colonna (avril 1522.).
Les troupes suisses furent alors envoyées à l’assaut, commandées par le
maréchal de France Anne de Montmorency.
Ce dernier leur ordonna alors de stopper leur progression, afin de laisser
le temps à l’artillerie française de tirer quelques boulets sur les
positions ennemies.
Toutefois, les Suisses refusèrent d’attendre et continuèrent leur marche.
Bientôt, ils se trouvèrent sous le feu des impériaux, et perdirent
rapidement près d’un millier d’hommes.
Tentant d’escalader en vain les levées de terre sur lesquelles était
installé l’ennemi, les Suisses accusèrent de nombreuses pertes.
Suisses au combat, par HOLBEIN, musée de l'Infanterie, Montpellier.
Colonna, bien qu’ayant infligé un sérieux revers aux Suisses lors de la
bataille de la Bicoque, n’avait toutefois pas gagné la guerre. En effet, si
l’infanterie française avait considérablement souffert, la cavalerie et
l’artillerie étaient encore intactes.
Colonna décida donc d’attendre le départ des troupes françaises avant
d’abandonner sa position.
Lautrec, rentré à Crémone, décida alors de quitter l’Italie afin de faire un
rapport à François I°. Il confia donc le commandement à son jeune frère,
Thomas de Foix Lescun.
A
cette date, la situation des Français était particulièrement difficile. Les
impériaux, profitant de l’absence de Lautrec, marchèrent sur Gênes, et
mirent le siège devant la ville.
Ayant appris la chute de la cité, Lescun décida alors de négocier avec
François II Sforza. Si ce dernier promettait au Français un passage sans
encombre des Alpes, ces derniers abandonneraient Milan. L’accord fut
entériné et François II Sforza devint le nouveau duc de Milan.
Par la suite, les Français ayant été mis hors jeu, les impériaux conclurent
une trêve avec Venise, qui souhaitait mettre un terme à cette guerre.
A
noter que le terme bicoque, qui désignait à l’origine un petit
château placé sur une hauteur, passa dès lors dans le vocabulaire français.
4° La contre offensive française en Italie, troisième phase
de la sixième guerre d’Italie (1523 à 1524) – Pendant tout l’été 1523,
de nombreux combats se déroulèrent en France. Toutefois, si les troupes de
Charles Quint purent être repoussées sans trop de difficultés, les Anglais
marchèrent sur Paris. Les envahisseurs furent toutefois arrêtés à Pont Saint
Maxence, à quelques kilomètres de la capitale (à noter que les troupes
d’Henri VIII, décimées par une épidémie, furent finalement contraintes de se
retirer au cours du mois de novembre.).
Ainsi, afin d’ouvrir un nouveau front, François I°, au cours du mois de
septembre 1523, confia une armée à Guillaume Gouffier, seigneur de
Bonnivet. Ce dernier, favori de François I°, était toutefois plus un
diplomate qu’un homme de guerre. Son objectif, outre s’emparer du Milanais,
était de capturer Charles III, duc de Bourbon, qui avait
rejoint les rangs de Charles Quint (en effet, ce dernier avait été dépossédé
de ses Etats dans le massif central par Louise de Savoie, mère du roi de
France.).
Guillaume Gouffier, seigneur de Bonnivet,
château de Versailles, Versailles..
Charles III, duc de Bourbon, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
Bonnivet, ayant franchi les Alpes, décida alors de mettre le siège devant
Milan.
A
noter qu’au mois de décembre, Prospero Colonna mourut. Il fut alors remplacé
par Charles de Lannoy (ce dernier, originaire des Pays Bas, était un
proche de Charles Quint, qui l’avait nommé vice roi de Naples.).
Le
nouveau commandant, réunissant une armée bien plus importante que celle des
Français, décida donc d’attaquer l’ennemi. Bonnivet, surpris, fut alors
contraint de faire reculer ses troupes.
Décidant de rapatrier son armée en Suisse, Bonnivet, blessé, confia alors à
Bayard la tâche de surveiller les arrières du convoi.
Ce
dernier, accompagné de plusieurs milliers de Suisses, fut mortellement
blessé par un tir d’arquebuse dans le dos. Blessé à la colonne vertébrale,
Bayard décida de rester sur place, demandant à ses amis de le quitter et de
fuir les impériaux. Ces derniers dressèrent alors une tente au dessus de
lui, où il reçut la visite de Charles III de Bourbon. Agonisant pendant
plusieurs heures, Bayard expira au mois d’avril 1524.
Bayard agonisant reçoit la visite
du duc de Bourbon, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
Les troupes françaises, évacuant le Milanais, essuyaient un nouvel échec. Cette
défaite ouvrait ainsi la porte à une
offensive ennemie, menée par Charles Quint dès l’été 1524.
5° La guerre portée sur le territoire français, quatrième
phase de la sixième guerre d’Italie (été 1524) – Charles Quint,
satisfait du nouvel échec français en Italie, décida d’envahir la Provence
au cours de l’été 1524. En août, les impériaux, commandés par Charles III de
Bourbon, mirent le siège devant Marseille, et ravagèrent les campagnes
alentours (Aix en Provence se rendit au mois d’août.).
La dévastation de la Provence, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
Toutefois, Marseille, contrairement aux espérances des assaillants, parvint
à résister et n'ouvrit pas ses portes aux envahisseurs.
Finalement, en septembre 1524, Charles III de Bourbon décida de faire
reculer ses troupes, ayant appris que François I° se dirigeait vers
Marseille à la tête d’une armée de secours.
L’offensive de Provence, bien que n’ayant rien apporté de concret à Charles
Quint, fut toutefois très mal vécue par les habitants de cette région. En
effet, ces derniers n’avaient pas subi d’attaques de ce genre depuis la fin
de la guerre de Cent Ans…
6° Nouvelle contre offensive française en Italie, dernière
phase de la sixième guerre d’Italie (1524 à 1526) – Les Français,
parvenant à repousser les impériaux de Provence en septembre 1524,
poussèrent leur offensive jusqu’à Milan, dont ils s’emparèrent en octobre.
Les impériaux se réfugièrent alors dans Pavie, que les troupes françaises se
hâtèrent d’assiéger. A noter que François I° dirigea l’armée royale en
personne, tout comme au cours de la cinquième guerre d’Italie, dix ans
auparavant.
a)
La bataille de Pavie (février 1525) : toutefois, dès février 1525,
des renforts en provenance d’Allemagne, commandés par Charles de Lannoy,
vinrent s’installer sous les murs de pavie.
A
partir de cette date, les escarmouches entre les deux belligérants se
succédèrent chaque jour. Bonnivet souhaitait mettre fin à ces attaques et se
lancer dans la bataille ; Louis II de la
Trémoille,
au contraire, préférait se concentrer sur le siège de la ville.
Finalement, le 24 février 1525 (date d’anniversaire des 25 ans de Charles
Quint.), les impériaux, commandés par Charles III de Bourbon, décidèrent de
lancer une attaque surprise contre le camp français. La Bataille de Pavie
s’engageait…
L’artillerie du roi de France parvint à riposter, repoussant si bien
l’ennemi que les impériaux craignirent un temps la défaite. Toutefois, sans
que l’on n’en connaisse les raison exactes, François I° décida d’attaquer
l’ennemi dans ses retranchements (peut être fut il influencé par
Bonnivet ?).
La bataille de
Pavie, par Jacob DE GHEYN, 1614, Deutsches historisches museum, Berlin.
Les impériaux ripostèrent alors à grands coups d’arquebuses, décimant les
rangs français. L’artillerie de François I° ne pouvant riposter, la bataille
fut un échec sanglant pour les troupes du roi de France. D’importants aristocrates français
perdirent la vie au cours de l’affrontement, tels que La Palisse,
Louis II de la Trémoille, et Bonnivet lui-même.
Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palisse, XIX°
siècle, château de Versailles, Versailles.
Quant à François I°, ayant perdu plus de 10 000 hommes (soit près de la
moitié de ses troupes.), il fut fait prisonnier par l’ennemi.
François I° déposant les armes suite à la bataille de Pavie, gravure issue
de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
b)
Le traité de Madrid (janvier 1526) : suite à la bataille de Pavie, le
roi de France fut emprisonné en Espagne pendant près d’une année. Il signa
en janvier 1526 le traité de Madrid, dans lequel il fut contraint de
prendre une série d'engagements : céder la Bourgogne à Charles Quint ; abandonner toute prétention sur Naples
et le Milanais ; épouser Eléonore de Habsbourg, sœur de Charles
Quint ; restituer ses Etats à Charles III de Bourbon ; forcer Henri II de
Navarre à abandonner ses possessions ; livrer comme otages le dauphin
François et son cadet Henri (le futur Henri II.).
Henri II enfant, par François
CLOUET, XVI° siècle, château de Chantilly, Chantilly.
A
noter qu’il s’agissait de la première fois depuis de nombreuses années qu’un
souverain français était emprisonné par une puissance ennemie.
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