Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

adblocktest

 

Les Valois-Angoulême (XVI° siècle)

 

CHAPITRE PREMIER : François I°

 

IV : La sixième guerre d’Italie (1521 à 1526)

           

            1° L’origine du conflit – En 1520, François I° se trouvait dans une situation périlleuse. En effet, l’Espagne, les Pays Bas, l’Empire germanique, Naples et la Sicile se trouvaient alors dans les mains d’une seule et même personne : Charles Quint.

Ce dernier, souhaitant recréer l’Empire de Charlemagne, avait comme premier objectif de récupérer la Bourgogne, héritage de son aïeul Charles le Téméraire[1] (la fille de ce dernier, Marie, avait épousé Maximilien I°, grand père de Charles Quint.).

Charles le Téméraire, musée de Berlin.

 

L’empereur germanique n’avait toutefois aucun droit sur le duché de Bourgogne. En effet, ce territoire avait été donné par le roi de France Jean II le Bon en apanage à un de ses fils, Philippe le Hardi[2].

Selon la coutume, lorsque le possesseur d’un apanage disparaissait sans laisser d’héritiers (mâles ?), il était récupéré par la couronne. Charles le Téméraire ayant disparu sans laisser de fils, le roi de France Louis XI s’empressa donc de s’emparer de la Bourgogne.

Louis XI, par Jean Léonard LUGARDON.

 

François I°, quant à lui, ne comptait pas laisser son rival dépecer le royaume de France. Au contraire, fort de l’expérience de ses prédécesseurs, il comptait lui aussi agrandir son territoire.

 

            2° Première phase de la sixième guerre d’Italie, le conflit de Navarre (1521) – La sixième guerre d’Italie ne débuta pas en Italie, contrairement à ce que l’on pourrait penser, mais en Navarre (à noter qu'à partir de cette date, le terme guerre d'Italie devint purement nominatif, la plupart des affrontements ayant lieu hors de ce pays.).

A cette époque, ce petit royaume pyrénéen était sous domination espagnole, et ce depuis l’invasion des troupes de Ferdinand II d’Aragon à la fin de la quatrième guerre d’Italie.

Toutefois, la Navarre étant depuis longtemps d’obédience française, François I° souhaitait reprendre le contrôle de ce territoire.

 

a) L’offensive franco-navarraise, le siège de Pampelune (printemps 1521) : Henri II d’Albret, recevant l’aval du roi de France, décida de contre attaquer au cours du printemps 1521. François I° préféra ne pas intervenir directement, mais décida de lui fournir une petite armée, sous le commandement d’André de Foix, seigneur de Lesparre[3]. Ainsi, les troupes franco-navarraises (réunissant près d’une dizaine de milliers d’hommes.) parvinrent à reconquérir rapidement la Navarre.

Henri II d'Albret, par Léonard LIMOSIN, début XVI° siècle, musée du Louvre, Paris.

 

Assiégeant Pampelune (il s’agissait de la capitale du royaume de Navarre.) au cours du mois de mai, la cité ne résista qu’une poignée de jours avant d’ouvrir ses portes aux Français (à noter toutefois qu’une révolte ayant éclaté en Castille empêcha l’ennemi de se porter au devant des Franco-Navarrais.).

 

b) La contre attaque espagnole (été 1521) : en juin 1521, Lesparre poursuivait son offensive vers le nord de l’Espagne.

Toutefois, les évènements tournèrent en faveur des Espagnols, l’armée castillane parvenant à mater l’insurrection à laquelle elle avait été confrontée au cours des mois précédents.

Apprenant la nouvelle, Lesparre décida de se replier vers Pampelune, mais les Espagnols parvinrent à le prendre à revers, coupant sa retraite.

Se retrouvant en infériorité numérique, Lesparre, plutôt que d’attendre des renforts, décida d’affronter l’ennemi sans tarder.

 

La bataille de Noain, livrée à un contre trois, fut un sanglant échec pour les troupes de Lesparre. Les Franco-Navarrais, repoussés par la cavalerie espagnole, et perdant leur précieuse artillerie, furent décimés par l’ennemi.

Lesparre, fait prisonnier, perdit 6 000 hommes, alors que les Espagnols n’eurent à déplorer qu’une grosse centaine de pertes.

 

Quelques temps plus tard, un accord diplomatique fut signé entre Charles Quint et François I°, l’un conservant la Haute Navarre, au sud des Pyrénées ; l’autre confiant la Basse Navarre, au nord, à la maison d’Albret[4].

 

            3° L’offensive de Charles Quint, seconde phase de la sixième guerre d’Italie (1521 à 1522) – Au cours de l’année 1521, Charles Quint décida de passer à l’offensive et ouvrit deux nouveaux fronts : l’un dans le nord de la France, l’autre en Italie.

 

a) Le siège de Mézières (septembre 1521) : Charles Quint, soucieux de s’emparer de la Bourgogne, décida de faire marcher ses armées contre le nord de la France. Bayard, repoussé, fut alors contraint de reculer et de s’enfermer dans Mézières.

Les troupes ennemies, bien que faisant pleuvoir des coups de canons, ne parvinrent toutefois pas à s’emparer de la cité.

 

L'héroïque comportement des habitants de Mézières parvint à donner l'avantage au roi de France. Ce dernier, à la tête de son armée, rencontra Charles Quint et les troupes impériales en octobre 1521, près de Valenciennes. L'Empereur décida alors de battre en retraite, poursuivi par les Français. Toutefois, de fortes pluies empêchèrent les soldats de François I° d'en découdre avec les impériaux.

Grâce à ce coup de force, François I° aurait pu contraindre Charles Quint à signer un traité avantageux pour la France ; toutefois, les évènements qui se déroulèrent en Italie en 1522 ruinèrent les espoirs Français.

 

b) L’offensive en Italie, la bataille de la Bicoque (printemps 1522) : en Italie, Charles Quint décida de former une coalition regroupant l’Empire germanique, l’Angleterre, le Saint Siège, ainsi que quelques petits états de la péninsule italienne. L’objectif était de contrecarrer l’alliance entre la France et la république de Venise.

 

Le commandant de l’armée impériale, Prospero Colonna[5] (il s’agissait d’un mercenaire romain ayant combattu les Français lors des batailles de Cérignole et du Garigliano[6].), pénétra dans le Milanais au cours de l’automne 1521, mettant en place une stratégie de guérilla.

Le général en chef de l’armée française, Odet de Foix, vicomte de Lautrec[7], ne parvint toutefois pas à mettre un terme aux agissements de l’ennemi.

 

Lautrec, souffrant à cause des désertions (principalement suisses.), décida alors de se replier à Milan afin d’y hiverner. Toutefois, Colonna décida de poursuivre l’offensive et attaqua la ville en novembre 1521.

Lautrec, surpris, fut contraint de se réfugier à Crémone (à noter qu’au même moment, le pape Adrien VI, précepteur de Charles Quint, succédait au défunt Léon X.).

 

En début d’année 1522, les Français avaient déjà perdu une importante partie du Milanais. Par ailleurs, ils ne parvinrent pas à empêcher la jonction des troupes de Colonna et de François II Sforza (il s’agissait du frère cadet de Maximilien Sforza, l’ancien duc de Milan.), revenu d’Allemagne avec des renforts.

Toutefois, Lautrec était parvenu lui aussi à trouver du renfort, de Suisse, de Venise et de France.

 

Attaquant Novare et Pavie, Lautrec avait comme objectif de contraindre Colonna à affronter les Français au cours d’une bataille rangée.

Ce dernier refusa, à cause de son infériorité numérique, préférant au contraire se retrancher dans les jardins du manoir de la Bicoque, à quelques kilomètres au nord de Venise.

Lautrec savait que la position des impériaux serait difficile à prendre, et ne souhaitait pas donner l’assaut. Toutefois, les Suisses lui rappelèrent qu’ils n’avaient pas été payés depuis longtemps, et qu’ils déserteraient si la guerre durait trop longtemps (argent, congé ou bataille, lui dirent ils.).

Lautrec, ne pouvant pas se passer de l’appui des mercenaires suisses, décida alors d’en découdre avec les troupes de Colonna (avril 1522.).

 

Les troupes suisses furent alors envoyées à l’assaut, commandées par le maréchal de France Anne de Montmorency[8]. Ce dernier leur ordonna alors de stopper leur progression, afin de laisser le temps à l’artillerie française de tirer quelques boulets sur les positions ennemies.

Toutefois, les Suisses refusèrent d’attendre et continuèrent leur marche. Bientôt, ils se trouvèrent sous le feu des impériaux, et perdirent rapidement près d’un millier d’hommes.

Tentant d’escalader en vain les levées de terre sur lesquelles était installé l’ennemi, les Suisses accusèrent de nombreuses pertes.

Suisses au combat, par HOLBEIN, musée de l'Infanterie, Montpellier.

 

Colonna, bien qu’ayant infligé un sérieux revers aux Suisses lors de la bataille de la Bicoque, n’avait toutefois pas gagné la guerre. En effet, si l’infanterie française avait considérablement souffert, la cavalerie et l’artillerie étaient encore intactes.

Colonna décida donc d’attendre le départ des troupes françaises avant d’abandonner sa position.

 

Lautrec, rentré à Crémone, décida alors de quitter l’Italie afin de faire un rapport à François I°. Il confia donc le commandement à son jeune frère, Thomas de Foix Lescun.

A cette date, la situation des Français était particulièrement difficile. Les impériaux, profitant de l’absence de Lautrec, marchèrent sur Gênes, et mirent le siège devant la ville.

Ayant appris la chute de la cité, Lescun décida alors de négocier avec François II Sforza. Si ce dernier promettait au Français un passage sans encombre des Alpes, ces derniers abandonneraient Milan. L’accord fut entériné et François II Sforza devint le nouveau duc de Milan.

Par la suite, les Français ayant été mis hors jeu, les impériaux conclurent une trêve avec Venise, qui souhaitait mettre un terme à cette guerre.

 

A noter que le terme bicoque, qui désignait à l’origine un petit château placé sur une hauteur, passa dès lors dans le vocabulaire français.

 

            4° La contre offensive française en Italie, troisième phase de la sixième guerre d’Italie (1523 à 1524) – Pendant tout l’été 1523, de nombreux combats se déroulèrent en France. Toutefois, si les troupes de Charles Quint purent être repoussées sans trop de difficultés, les Anglais marchèrent sur Paris. Les envahisseurs furent toutefois arrêtés à Pont Saint Maxence, à quelques kilomètres de la capitale (à noter que les troupes d’Henri VIII, décimées par une épidémie, furent finalement contraintes de se retirer au cours du mois de novembre.).

 

Ainsi, afin d’ouvrir un nouveau front, François I°, au cours du mois de septembre 1523, confia une armée à Guillaume Gouffier, seigneur de Bonnivet. Ce dernier, favori de François I°, était toutefois plus un diplomate qu’un homme de guerre. Son objectif, outre s’emparer du Milanais, était de capturer Charles III, duc de Bourbon, qui avait rejoint les rangs de Charles Quint (en effet, ce dernier avait été dépossédé de ses Etats dans le massif central par Louise de Savoie, mère du roi de France.).

Guillaume Gouffier, seigneur de Bonnivet, château de Versailles, Versailles..

Charles III, duc de Bourbon, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

 

Bonnivet, ayant franchi les Alpes, décida alors de mettre le siège devant Milan.

A noter qu’au mois de décembre, Prospero Colonna mourut. Il fut alors remplacé par Charles de Lannoy (ce dernier, originaire des Pays Bas, était un proche de Charles Quint, qui l’avait nommé vice roi de Naples.).

Le nouveau commandant, réunissant une armée bien plus importante que celle des Français, décida donc d’attaquer l’ennemi. Bonnivet, surpris, fut alors contraint de faire reculer ses troupes.

Décidant de rapatrier son armée en Suisse, Bonnivet, blessé, confia alors à Bayard la tâche de surveiller les arrières du convoi.

Ce dernier, accompagné de plusieurs milliers de Suisses, fut mortellement blessé par un tir d’arquebuse dans le dos. Blessé à la colonne vertébrale, Bayard décida de rester sur place, demandant à ses amis de le quitter et de fuir les impériaux. Ces derniers dressèrent alors une tente au dessus de lui, où il reçut la visite de Charles III de Bourbon. Agonisant pendant plusieurs heures, Bayard expira au mois d’avril 1524.

Bayard agonisant reçoit la visite du duc de Bourbon, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

 

Les troupes françaises, évacuant le Milanais, essuyaient un nouvel échec. Cette défaite ouvrait ainsi la porte à une offensive ennemie, menée par Charles Quint dès l’été 1524.

 

            5° La guerre portée sur le territoire français, quatrième phase de la sixième guerre d’Italie (été 1524) – Charles Quint, satisfait du nouvel échec français en Italie, décida d’envahir la Provence au cours de l’été 1524. En août, les impériaux, commandés par Charles III de Bourbon, mirent le siège devant Marseille, et ravagèrent les campagnes alentours (Aix en Provence se rendit au mois d’août.).

La dévastation de la Provence, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

Toutefois, Marseille, contrairement aux espérances des assaillants, parvint à résister et n'ouvrit pas ses portes aux envahisseurs. Finalement, en septembre 1524, Charles III de Bourbon décida de faire reculer ses troupes, ayant appris que François I° se dirigeait vers Marseille à la tête d’une armée de secours.

 

L’offensive de Provence, bien que n’ayant rien apporté de concret à Charles Quint, fut toutefois très mal vécue par les habitants de cette région. En effet, ces derniers n’avaient pas subi d’attaques de ce genre depuis la fin de la guerre de Cent Ans…

 

            6° Nouvelle contre offensive française en Italie, dernière phase de la sixième guerre d’Italie (1524 à 1526) – Les Français, parvenant à repousser les impériaux de Provence en septembre 1524, poussèrent leur offensive jusqu’à Milan, dont ils s’emparèrent en octobre.

Les impériaux se réfugièrent alors dans Pavie, que les troupes françaises se hâtèrent d’assiéger. A noter que François I° dirigea l’armée royale en personne, tout comme au cours de la cinquième guerre d’Italie, dix ans auparavant.

 

a) La bataille de Pavie (février 1525) : toutefois, dès février 1525, des renforts en provenance d’Allemagne, commandés par Charles de Lannoy, vinrent s’installer sous les murs de pavie.

A partir de cette date, les escarmouches entre les deux belligérants se succédèrent chaque jour. Bonnivet souhaitait mettre fin à ces attaques et se lancer dans la bataille ; Louis II de la Trémoille[9], au contraire, préférait se concentrer sur le siège de la ville.

 

Finalement, le 24 février 1525 (date d’anniversaire des 25 ans de Charles Quint.), les impériaux, commandés par Charles III de Bourbon, décidèrent de lancer une attaque surprise contre le camp français. La Bataille de Pavie s’engageait…

L’artillerie du roi de France parvint à riposter, repoussant si bien l’ennemi que les impériaux craignirent un temps la défaite. Toutefois, sans que l’on n’en connaisse les raison exactes, François I° décida d’attaquer l’ennemi dans ses retranchements (peut être fut il influencé par Bonnivet ?).

La bataille de Pavie, par Jacob DE GHEYN, 1614, Deutsches historisches museum, Berlin.

Les impériaux ripostèrent alors à grands coups d’arquebuses, décimant les rangs français. L’artillerie de François I° ne pouvant riposter, la bataille fut un échec sanglant pour les troupes du roi de France. D’importants aristocrates français perdirent la vie au cours de l’affrontement, tels que La Palisse[10], Louis II de la Trémoille, et Bonnivet lui-même.

Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palisse, XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

Quant à François I°, ayant perdu plus de 10 000 hommes (soit près de la moitié de ses troupes.), il fut fait prisonnier par l’ennemi.

François I° déposant les armes suite à la bataille de Pavie, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

 

b) Le traité de Madrid (janvier 1526) : suite à la bataille de Pavie, le roi de France fut emprisonné en Espagne pendant près d’une année. Il signa en janvier 1526 le traité de Madrid, dans lequel il fut contraint de prendre une série d'engagements : céder la Bourgogne à Charles Quint ; abandonner toute prétention sur Naples et le Milanais ; épouser Eléonore de Habsbourg, sœur de Charles Quint ; restituer ses Etats à Charles III de Bourbon ; forcer Henri II de Navarre à abandonner ses possessions ; livrer comme otages le dauphin François et son cadet Henri (le futur Henri II.).

Henri II enfant, par François CLOUET, XVI° siècle, château de Chantilly, Chantilly.

 

A noter qu’il s’agissait de la première fois depuis de nombreuses années qu’un souverain français était emprisonné par une puissance ennemie.

Le royaume de France en 1526.

___________________________________________________________________________________________
comments powered by Disqus

[1] Pour en savoir plus sur Charles le Téméraire et ses affrontements contre le roi de France Louis XI, cliquez ici.

[2] Pour en savoir plus sur le règne de Jean II le Bon, cliquez ici.

[3] A noter que Lesparre reçut le commandement de cette expédition grâce à sa sœur, Françoise de Foix, qui était une des maitresses de François I°.

[4] A noter que le futur roi de France Henri IV était issu de la maison d’Albret.

[5] Colonna avait été capturé par les Français dès le début de la cinquième guerre d’Italie, en août 1515.

[6] Pour en savoir plus sur ces deux affrontements, voir le 2, section II, chapitre troisième, Louis XII, unique représentant de la branche des Valois-Orléans.

[7] Lautrec était un autre frère de Françoise de Foix, maitresse de François I°.

[8] Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Anne de Montmorency n’était pas une femme mais bien un homme. Il portait d’ailleurs ce prénom en l’honneur de sa marraine, Anne de France, duchesse de Bretagne et épouse des rois de France Charles VIII et Louis XII.

[9] Louis II de la Trémoille combattit sous Charles VIII et Louis XII, comme nous l’avons vu au cours des chapitres précédents.

[10] La Palisse, de son vrai nom Jacques II de Chabannes, avait dirigée l’armée française lors de la quatrième guerre d’Italie. Pour en savoir plus, cliquez ici.

 
Publicités
 
Partenaires

  Rois & PrésidentsEgypte-Ancienne

Rois et Reines Historia Nostra

Egypte

 

 Histoire Généalogie