Mais la réalité, une fois de plus, est toute autre. Le pharaon Kheops,
montant sur le trône d'Egypte vers 2550 avant Jésus Christ, lança très
rapidement les travaux de construction de sa pyramide sur le plateau de
Gizeh (à noter que les prédécesseurs de Kheops avaient eux aussi entrepris
de tels travaux, qui s'étaient étendus sur plusieurs décennies.).
Statuette à l'effigie de Khéops, musée du Caire.
L'historien grec Hérodote (vers 484 à 425 avant Jésus Christ.) nous
indique dans ses écrits que Kheops était un pharaon vil et cruel, et qu'il
usa la force pour faire travailler ses malheureux sujets. Cet auteur nous
raconte encore que le pharaon, en manque d'argent, aurait alors décidé de
prostituer sa jolie fille, afin de financer le coût de fabrication de la
pyramide.
Buste à l'effigie d'Hérodote,
copie romaine d'une oeuvre du IV° siècle avant Jésus
Christ, Neues museum, Berlin.
Toutefois, les récentes fouilles archéologiques nous ont récemment appris
que la réalité était sans doute bien différente. A cette époque, la majorité
des travailleurs n'étaient pas des esclaves, mais bel et bien des
ouvriers et des artisans, rémunérés par le pharaon. A noter que les villages
avoisinants participèrent de bon gré aux travaux de constructions, envoyant
des vivres et des hommes pour prêter main forte aux ouvriers déjà sur place.
Ainsi, la construction de la pyramide était considéré comme un acte
spirituel et fédérateur, symbole de l'unification de l'Egypte (en effet, le
pays avait été divisé pendant plusieurs siècles entre les souverains de
Haute Egypte, au sud, et ceux de Basse Egypte, au nord.).
La pyramide de
Kheops.
A l'aune de ces récentes découvertes, l'on peut donc se demander ce qui
entraina Hérodote à relater de telles histoires dans ses ouvrages ?
Lors de son voyage en Egypte, Hérodote chercha à rencontrer les membres du
clergé égyptien (les prêtres étaient alors la mémoire vivante du pays.).
Toutefois, considéré comme un barbare (ce terme désignant celui
n'étant pas de culture égyptienne.), Hérodote ne fut mis en relation qu'avec
des prêtres de basse classe.
Le Grec coucha alors sur le papier des récits issus de la bouche de ces
prêtres, colportés, galvaudés et déformés depuis deux millénaires (à noter
qu'Hérodote nous livra de nombreuses anecdotes dans ses écrits, souvent
totalement fantaisistes.).
Toutefois, si Kheops n'employa pas d'esclaves pour construire sa pyramide,
nombreux furent ses successeurs, plusieurs siècles plus tard, qui
employèrent une main d'oeuvre servile.
Aujourd'hui, beaucoup s'imaginent que l'Egypte, au cours de l'Antiquité,
n'évolua guère. Tout cela est faux. Au cours de ces 3 000 années, séparant
l'apparition de ce pays et son annexion par l'Empire romain, l'Egypte a
connu de très importants bouleversements.
Il serait donc aussi incongru de comparer Kheops, Ramsès II et
Ptolémée I°, que Clovis, Hugues Capet et Napoléon I°...